Suarez en interview : « ‘The Voice’ a fait de moi un producteur et un compositeur pour les autres »

Suarez débarque avec un nouvel album. Marc Pinilla, le chanteur du groupe, s’est confié à aficia en toute simplicité.

Véritable phénomène chez lui en Belgique depuis ses débuts en 2008, Suarez compte s’imposer en France avec son quatrième album Ni rancœur ni colère. Il y a quelques semaines, Marc Pinilla et ses camarades nous ont mis l’eau à la bouche avec un premier single pop, « Sans rancœur ni colère », un titre écrit par Barcella, l’auteur du célèbre tube « Le chant des sirènes » des Fréro Delavega.

L’interview de Suarez

Peux-tu nous en dire plus sur ta rencontre avec les autres membres du groupe ?

Nous nous sommes rencontrés à Mons, qui est une ville qui se trouve à la frontière franco-belge. Il y a une dizaine d’années, mes camarades malgaches y ont ouvert un studio dans lequel je suis allé enregistrer des maquettes avec mes groupes de rock quand j’étais un jeune étudiant fougueux. Au fur et à mesure, nous nous sommes liés d’amitié et ils m’ont proposé de jouer avec eux. Ils sont quatre Malgaches et je suis le seul Belge, ce qui donne un groupe assez atypique. Mais notre rencontre est donc finalement assez simple.

Peux-tu nous expliquer l’origine de votre nom ?

Suarez, c’est le nom du premier colon portugais qui est arrivé à Madagascar. On s’est dit que ça symbolisait bien notre rencontre, celle d’un bout de l’Europe méditerranéenne dont je suis originaire et l’île de Madagascar.

Quels sont les artistes qui inspirent votre travail et votre musique ?

Ça c’est la question chiante ! (Rires)

Nous aimons tout contrôler dans notre musique.

Pardon ! (Rires)

Non, mais ne t’excuse pas ! Selon moi, c’est la question à laquelle il est le plus difficile de répondre… Il y a tellement d’artistes qui nous inspirent. En 2017, nous sommes à l’heure de la consommation musicale avec tous les services de streaming qui existent. À l’heure actuelle, les influences sont énormes et c’est difficile de ne citer que quelques artistes. Nous sommes vraiment de gros consommateurs de musique et nous écoutons tout ce qui a bougé, bouge et bougera encore à l’avenir. Donner une influence, c’est très compliqué. D’autant plus que nous sommes cinq et que nous avons des univers et des cultures totalement différents.

Vous êtes un groupe de cinq musiciens, comment le travail s’organise-t-il en studio ?

Nous travaillons essentiellement à deux, avec Dada qui est le guitariste du groupe. Nous composons, produisons, mixons toutes les chansons ensemble. Nous aimons tout contrôler dans notre musique. En ce qui concerne l’écriture des textes et notamment sur le nouvel album, nous collaborons avec des paroliers comme Barcella, Ben Mazué et les chanteurs Bensé et Antoine Hénaut. J’aime quand il y a une touche différente pour chaque chanson et sur chaque album. J’aime les beaux textes et les belles chansons. Je trouve que ces garçons ont tous une identité bien à eux dans l’écriture et ça m’a vraiment plu de travailler avec eux.

Tu chantes en français alors que tu es très influencé par la pop anglophone. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Avec le temps, je me suis rendu compte que je prenais plus de plaisir à comprendre ce que je chantais, à raconter de vraies histoires qui me parlent, et ça ce n’était pas vraiment possible en anglais. La pop anglaise permet de faire essentiellement de la musique.

Comme tu l’as dit, vous venez d’horizons différents, comment cela se traduit-il dans votre musique, pour que chacun s’y retrouve ?

Dans les productions, nous faisons essentiellement de la pop, donc nous essayons de faire des chansons aux sonorités européennes. Il y a pas mal de petites touches africaines à travers la guitare par exemple. Mais c’est surtout sur scène que ça se ressent car nous nous permettons beaucoup plus de folies. Il y a énormément de rythmiques et de guitares africaines. Sur le disque, ça reste discret avec des petites signatures et des petites interventions.

Je suis passionné par Alice on the Roof

Tu es coach dans « The Voice » Belgique, est-ce que ce cette expérience apporte quelque chose au groupe ?

Si je participe à « The Voice », c’est en grand partie pour ça. Les rencontres ! C’est un endroit où l’on peut croiser énormément d’artistes qui ont du talent. C’est là notamment que j’ai rencontré Alice on the Roof qui est une artiste que je produis. J’ai écrit les chansons de son album et elle est signée sur ma maison de disques. « The Voice » a changé ma vie de ce point de vue, ça a fait de moi un producteur et un compositeur pour les autres. J’ai envie de provoquer à nouveau ce destin. J’aime faire ce type de rencontres, car c’est si enrichissant que c’est désormais dur de se priver d’une telle opportunité.

On retrouve Alice on the Roof sur le nouvel album, vous y reprenez « L’amour à la plage ». Pourquoi ce titre ?

Dans chacun de nos albums, nous avons toujours fait une reprise car cet exercice nous plaît. Nous aimons bien, à la fin de la phase d’écriture, nous offrir un petit cadeau… Le choix s’est porté sur la chanson de Niagara car elle laissait de la place à une nouvelle interprétation. La chanson est bonne avec une mélodie assez chouette et j’ai tout de suite senti qu’avec un accompagnement à la guitare nous pouvions en faire quelque chose de différent. L’idée de la faire en duo est venue tout naturellement et comme je suis passionné par Alice on the Roof, son nom s’est rapidement imposé à moi. Elle a tout de suite accepté et voilà le résultat. Je suis très content de cette reprise !

Sur ce quatrième album, on vous sent plus sereins et épanouis. Peut-on pour autant parler d’un disque de la maturité ?

Je m’étais dit ça pour le précédent album… Il y avait déjà une sorte de maturité dans l’écriture et la production. Pour celui-ci, je dirais plutôt que c’est le disque de la sérénité. La sérénité c’est différent de la maturité. Nous continuons à être dans la maturité et nous y ajoutons vraiment la sérénité, avec moins la recherche de l’efficacité. C’est plutôt une volonté de raconter de belles histoires et de le faire avec élégance.

La scène française regorge de nombreux talents et il est parfois difficile de se faire une place en tant qu’artiste. Comment comptez-vous tirer votre épingle du jeu et séduire le public français ?

Mais grâce à des gens comme toi ! (Rires) Nous n’allons rien faire d’autre que de rester nous-mêmes car il n’y a que ça de vrai. Je crois que c’est la sincérité qui paie dans notre métier. Je pense que les artistes qui fonctionnent sont des artistes qui sont sincères. Nous ne jouerons aucun rôle mais par contre nous allons tenter notre chance avec ce que nous savons faire de mieux sur scène. J’espère vraiment que nous aurons l’opportunité de venir jouer en France pour pouvoir défendre ce disque et présenter ces nouvelles chansons.