Daniel Balavoine - DR

Daniel Balavoine, l’inoubliable

Disparu de façon tragique et bien trop tôt, Daniel Balavoine fut et reste un des chanteurs préféré des français. Retour sur la vie et la carrière de ce grand artiste en compagnie d’aficia.

Né le 05 février 1952 à Alençon, d’une mère antiquaire et d’un père ingénieur en urbanisme, Daniel Balavoine est le petit dernier d’une famille de six enfants. Son enfance, il la passera dans le sud-ouest en compagnie de ses deux sœurs et trois frères jusqu’à son entrée au pensionnat en 1959 suite à la mutation de son père en Algérie.

Cette mutation sera d’ailleurs fatale pour ses parents qui se séparent pendant cette époque tandis que Daniel Balavoine vit mal cette période rejetant en bloc la religion et le régime disciplinaire bien trop stricte de son pensionnat. Il retiendra surtout que son amour pour la musique est né dans cette enceinte suite à l’écoute d’un titre des Beatles : « She Love You ».

Débuts difficiles pour Balavoine

Lycéen brillant, surtout en littérature, à Pau, Daniel Balavoine vit pleinement les évènements de Mai 68 et s’investit dans la révolte étudiante jusqu’à penser s’engager dans la vie politique. Malheureusement, la fin des évènements et la récupération politique qui en est faite le déçoivent au point qu’il rejette cette idée. C’est décidé pour Daniel Balavoine, sa vocation ne sera pas politique mais musicale.

Daniel Balavoine devient chanteur de bal et se produit à Pau puis intègre des groupes de rock locaux tels que Réveil, Shake’s ou encore Purple Eruption. Ces associations lui donnent une petite notoriété locale, mais les groupes ne durent pas et en 1971, il décide donc de monter tenter sa chance à Paris avec ses amis. Là encore le succès n’est pas au rendez-vous et le renvoie dans sa région jusqu’à ce qu’il soit contacter par le groupe Présence suite au départ de leur chanteur. De retour sur Paris, Daniel Balavoine passe une audition où il est retenu ce qui lui permet de fréquenter les studios et de pouvoir sortir un premier 45 tours avec son groupe. Nouvel échec pour le chanteur puisque ce single ne se vendra qu’à 247 exemplaires, mais permet au groupe Présence de faire des concerts dans le pays et de pouvoir signer chez le label Warner Bros. C’est pourtant à ce moment que Daniel Balavoine peu satisfait de sa condition décide de quitter le groupe.

Il faut bien vivre, alors Daniel Balavoine trouve un emploi de disquaire qui lui permet de rester en lien avec la musique à laquelle il est toujours attaché. Contacté par le label Vogue en 1973 qui le persuade d’entamer une carrière solo, il sort un deuxième 45 tours « Viens Vite » sans guère plus de succès que le premier et l’aventure tourne court une nouvelle fois . Daniel Balavoine quitte la maison de disque et ne réussissant pas percer en tant que chanteur, il décide, en compagnie de son frère Guy, de devenir choriste et sera engagé sur l’opéra-rock « La Révolution française » de Claude-Michel Schönberg.

En 1974, il est contacté par la productrice de Patrick Juvet, qui recherchait un choriste avec une haute tessiture. Engagé sur la tournée de Juvet, il lui écrira la chanson « Couleurs d’automne ». Finalement Patrick Juvet lui laisse chanter la chanson qui sera enregistrée aux studios Barclay où Daniel fera la connaissance de celui qui deviendra son ingénieur son attitré Andy Scott. Il est aussi repéré par Léo Missir, vice-président et directeur artistique de Barclay, qui séduit par la voix haute et particulière de Daniel Balavoine décide de le faire signer chez Barclay. Prévu initialement pour un contrat de trois albums, la collaboration durera finalement toute la carrière du chanteur. Hélas une fois de plus, les productions de Daniel Balavoine ne sont pas des réussites. L’album : De vous à elle en passant par moi en 1975 ne s’écoulera qu’à 5000 exemplaires et le second : Les Aventures de Simon et Gunther… en 1977, inspiré par un voyage en Pologne où les conditions de vie le révolte, n’aura pas plus de réussite, malgré un petit succès d’estime (20 000 exemplaires), mais va pourtant changer sa vie.

Enfin le début de la réussite

La fin de l’année 1977 est une période difficile voire critique pour Daniel Balavoine qui ne perce toujours pas et voit son avenir mis en péril au sein de sa maison de disque qui s’impatiente quelque peu sachant qu’il ne lui reste qu’un album pour réussir sous peine de renvoi. Le destin s’en mêle alors par l’intermédiaire de Michel Berger

Alors qu’il est en train d’achever l’écriture de son opéra-rock Starmania et cherchant un chanteur pour interpréter le rôle de Johnny Rockfort, il repère Daniel Balavoine après l’avoir vu interpréter son titre « Lady Marlène » à la télé et décide de l’engager dans la troupe où il rejoint entre autres France Gall, Diane Dufresne et Fabienne Thibeault. L’énorme succès de cette comédie musicale et les interprétations de Daniel Balavoine sur les titres : « Quand on arrive en ville », « Banlieue nord » et le « SOS d’un terrien en détresse » vont enfin le révéler à la France entière. Pour autant la carrière solo de Daniel Balavoine n’est pas sauvée pour autant et la sortie peu couronnée de succès de deux nouveaux 45 tours, « Je suis bien » et « Le français est une langue qui résonne » n’arrange pas la situation. Vient alors le troisième album : Le Chanteur, et dernière chance pour son avenir chez Barclay, enregistré avec les musiciens du groupe Clin d’Œil.

Le 45 tour « Le chanteur », extrait de l’album éponyme, qui conte les espérances et la carrière d’un chanteur de ses débuts, sa réussite et sa déchéance face aux nouvelles générations, est un véritable carton avec plus d’un million d’exemplaires vendus, plus de 800.000 exemplaires pour l’album, et propulse Daniel Balavoine au rang de nouvelle star de la chanson française assurant au passage son avenir avec son label. Fort de ce succès, et toujours porté par Starmania, Daniel Balavoine sort en 1979 son quatrième album Face amour / Face amère et voit en 1980 sa personnalité publique prendre un nouveau virage lorsque présent sur le journal télévisé de Antenne 2, il prend à partie François Mitterrand, alors premier secrétaire du parti socialiste, sur les problèmes de la jeunesse française. De simple chanteur à succès, il devient alors l’acteur social, l’emblème et le porte-parole, un peu malgré lui, de toute une génération en mal-être

L’engagement politique, social et humanitaire de Daniel Balavoine.

1980 est l’année d’un nouvel album à succès avec « Vendeur de larmes » dont les extraits : «Vivre ou survivre », « Mon fils ma bataille », « Je ne suis pas un héros » et « La vie ne m’apprend rien » deviennent tous des tubes. En 1981 Daniel Balavoine devient militant et s’engage aux côtés de Coluche lorsque celui-ci se présente à l’élection présidentielle puis rejoint François Mitterrand, car homme de gauche, après la désaffection de l’humoriste. Il se retire pourtant quelques temps après lorsqu’il s’aperçoit à son grand dam qu’il est plus utilisé qu’utile et refuse sa récupération politique.

En 1983, passionné par les sports mécaniques, il s’aligne sur le Paris-Dakar, mais doit abandonner à la première étape suite à une panne. Décidant de rester avec la caravane pour suivre le rallye, il découvre toute la beauté de l’Afrique mais aussi toute l’horreur de ce continent au travers de la pauvreté, la famine et en revient profondément choqué : « Lorsqu’on voit au détour d’un village un môme à quatre pattes en train de ramasser des mouches pour les manger, il n’y a plus rien à dire ». Cette expérience le marque durablement lors de la composition de son septième album « Loin des yeux de l’occident » ou le chanteur se montre beaucoup plus engagé socialement et politiquement avec des titres comme « Pour la femme veuve qui s’éveille » en faveur des femmes du tiers-monde, « Frappe avec ta tête » contre la torture, « Poisson dans la cage » sur les ravages de la drogue ou encore «Revolucion » sur les dictatures sud-américaines. C’est aussi sur cet album que se trouve le titre « Partir avant les miens » qui se révélera hélas par trop prémonitoire quelques années plus tard.

Engagement social toujours en 1983 lorsque Daniel Balavoine, animant une chronique, sous forme de billets d’humeur, sur une station de radio, émet l’idée de la création d’une grande banque alimentaire en faveur des plus démunis. L’idée aurait pu voir le jour à cette époque s’il ne s’était vu une fin de non-recevoir de la part de certains hommes politiques lui signifiant qu’il ferait mieux de s’occuper de ce qui le regarde. Nullement découragé Daniel Balavoine s’engagera en 1985, à l’instar du Band Aid anglais de Bob Geldoff, aux côtés de Renaud, Michel Berger, France Gall, Jean-Jacques Goldman entre autres avec le groupe Chanteurs sans frontières en faveur de l’Éthiopie.

La disparition tragique de Daniel Balavoine

En 1984 nait son fils Jérémie dont il fêtera l’arrivée en composant « Dieu que c’est beau », allégorie poétique sur l’accouchement, puis, après une grande tournée en France, le chanteur repart sur les routes du Dakar où il finit à la trentième place en 1985. Cette même année Daniel Balavoine repart en studio en Ecosse pour son huitième album : « Sauver l’amour » qui sortira en fin d’année. L’album est un nouveau succès avec les singles « L’Aziza », en hommage à sa femme Corinne, « Sauver l’amour », « Aimer est plus fort que d’être aimé » et « Tous les cris les SOS » se vendent à plus d’un million d’exemplaires.

Parallèlement, toujours engagé socialement, il devient le premier parrain des Restos du Cœur de Coluche, et humanitairement impliqué en faveur de l’Afrique, Daniel Balavoine repart sur les routes du Dakar. Il ne concourt pas cette fois mais profite du support logistique et médiatique de l’évènement pour mettre en place l’action Paris du cœur en vue d’installer des pompes à eau dans les villages africains. C’est d’ailleurs cet engagement qui lui coûtera la vie en 1986 au Mali lors de son transport en hélicoptère qui l’emmenait de Gao au bivouac de Gourma-Rharous ainsi qu’à l’organisateur du rallye Thierry Sabine et trois autres personnes. En ce soir du 14 janvier 1986 disparaissait ainsi tragiquement un de nos grands et talentueux chanteur mais aussi un grand homme qui s’est toujours engagé aux côtés des autres pour ceux qui souffrent de leur condition, de leur naissance, de leur origine ou de leurs idées. Et plus que des chansons inoubliables, c’est aussi ce souvenir que nous garderons de vous monsieur Daniel Balavoine toujours présent dans le cœur de vos admirateurs.