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Lord Esperanza l’interview flash : “Je voulais ouvrir cet album par quelque chose d’intime”

C’est enfin officiel, Lord Esperanza est de retour. Pour illustrer son come-back après presque trois ans d’absence, l’artiste dévoile “Les Ombres”, un premier extrait de son nouvel album à paraître, Phoenix. Pause bienfaisante et coulisses de ce premier extrait, une interview signée aficia.

On vous en parlait déjà en février dernier. Après l’avoir patiemment attendu, le voici qui prend enfin forme, le retour de Lord Esperanza. L’artiste parisien renoue avec son public après avoir laissé derrière lui cinq projets (Polaroïd / LordEsperanzadanstaville / Internet / Drapeau Blanc / LordEsperanza dans ta ville partie II) et un tout récent single d’or avec “Drapeau Noir”.

À l’origine de cette nouvelle actu, un morceau, un clip, extraits de son prochain album Phoenix. “Les Ombres” tel est son nom. Cette absence a-t-elle fait du bien ? Quels contours sont à percevoir derrière ce premier titre ? Interview.

Lord Esperanza l’interview flash !

1 Te voici de retour, après ces lives entamés il y a quelques semaines. Première question, inévitable, comment est-ce que tu te sens vis-à-vis de ce retour ? Cette pause t’as-t-elle fait du bien ? Reprendre contact avec le public par ces lives c’était important ?

Cette pause m’a fait énormément de bien. C’était un aparté. Je me suis éloigné des réseaux, des attentes, de certaines tensions. Avant tout, cette pause était une grande bouffée d’air.

J’en ai profité pour travailler ma musique de manière plus intense. Je me suis rapproché des instruments, j’en ai découvert certains, j’ai appris à les apprivoiser. De même pour l’écriture, tout était plus intense. Pour la première fois, j’ai entièrement réécris des titres, certains ont eu jusqu’à 16 versions. J’ai aussi effectué des changements dans mon équipe artistique, fait des rencontres… L’album à venir porte bien son nom, Phoenix. C’est bête à dire mais je reviens vraiment de quelque chose, une forme de renaissance.

Enfin, pour ce qui est des lives, bien sûr qu’ils étaient importants. Je crois que c’était une manière de me connecter à mon public différemment, de manière plus directe, personnelle.


2 Sans plus attendre, parlons du titre “Les Ombres”, titre qui est sorti aujourd’hui. Comment est ce que toi, son créateur, tu le décrirais ? Ses enjeux, ses couleurs…? Pourquoi le choix de ce titre pour revenir, ouvrir cet album ?

C’est vrai que d’apparence ce titre est assez surprenant pour un retour. Mais je souhaitais quelque chose de personnel et “Les Ombres” l’est plus que jamais.

J’y parle de maladies mentales et tout particulièrement du vécu de mon oncle, atteint de schizophrénie et d’angoisse. Ce sont des troubles que j’ai également pu vivre, à une autre échelle bien sûr.

“Je suis allé jusqu’au bout de ce que j’osais à peine effleurer avant”

D’un autre côté, et surtout, j’ai souhaité m’adresser à mes auditeurs à travers ce titre. La question de la santé mentale est plus que jamais au cœur de l’actualité, la pandémie l’a largement prouvé. J’étais assujetti à du stress, à de mauvaises sensations, de l’oppression, comme beaucoup je crois. Parler de cette thématique, poser des mots sur cette période… Je voulais ouvrir cet album par quelque chose d’intime. En plus, c’est un registre qu’une réelle partie de mes auditeurs affectionne, je n’ai donc pas hésité longtemps.


3 Dans ce titre, comme tu viens de l’évoquer, on parle de maladie, de traitement, d’impuissance face à une situation subie par le corps, l’esprit… Comment est-ce qu’on rappe, est-ce qu’on écrit la maladie ? 

Ce n’était pas vraiment un processus à part entière, c’est venu très naturellement. C’était du vrai, il y a eu un vrai côté spontané dans les mots. Je pensais à mon oncle, à ce que j’ai vécu, aux témoignages autour de moi, au public qui me contacte souvent pour donner des récits. C’était intense comme titre. Mais je suis très fier de ce que j’y ai insufflé. 

Lord Esperanza / ©LaureeBurton
Lord Esperanza / ©LaureeBurton

4 Pour illustrer ces propos tu t’es d’ailleurs rapproché de Killian Boucheret, que l’on a découvert de notre côté pour ses travaux avec Bekar. Tu avais une idée en tête pour illustrer ce clip, cet amorce dans ton nouvel opus ?

On a avancé dans la même direction avec Killian. Dans ce clip, il y a une grosse influence de Denis Villeneuve (Blade Runner), des airs de Tokyo aussi, du Matrix parfois. On plonge dans une ambiance un peu cyberpunk très cinématographique, analogique. Je ne peux pas trop en dire encore, mais on a pensé à quelque chose de filé, d’assez vaste pour l’image de ce nouvel album.

“Le défi était de respecter cette graduation”

Dans ce titre précisément, le défi était de respecter cette graduation, cette explosion à la fin et lui donner l’impact visuel qui va avec les mots. Pour celles et ceux qui ont vu le clip et pour les autres, je crois qu’on peut le dire, on a réussi à respecter cet aspect.


5 Enfin, pour refermer cette interview, Phoenix ton prochain album est en approche. Dans ce premier extrait, on devine déjà quelques couleurs. De l’intime, accompagné de choeur, de divers instruments… En quelques mots, qu’aurais-tu à nous dire, pour donner l’envie du projet, pour nous faire patienter ?

Ce n’est pas évident comme question ! Mais que dire de plus si ce n’est que j’ai mis les moyens dans cet album. J’ai grandi, j’ai appris, j’ai essayé. Avec Phoenix, j’ai atteint (et heureusement), ce que je pense être la version la plus complète de ce que j’ai à proposer.

D’un point de vue mélodique, on s’est laissé aller, il y a une vrai identité sonore. Je n’ai vraiment pas penser aux attentes, je me suis fait plaisir. Cet album est co-produit par Nino Vella (Rouquine), avec, je suis allé jusqu’au bout de ce que j’osais à peine effleurer avant. J’ai trouvé mon équilibre entre les notes et les mots.

Avec ce projet j’ai compris qu’une carrière c’était comme un train, comme le disait Jean d’Ormesson. Certains montent au début, puis descendent, il n’y a aucun regret à assister à ce ballet. Il ne faut pas se sentir obligé de vouloir faire rester les passagers. Il y a tellement d’artistes merveilleux à découvrir, moi ou un autre, peu importe. Chaque auditeur a ses aspérités.

Bonus : On parle d’une brosse à dents comme instrument dans cet album est-ce vrai ?

Tout à fait ! C’est même dans ce titre. Sur la dernière partie des Ombres, on entend une sorte de sirène au loin. C’est le son d’une brosse à dents électrique.

Retrouvez “Les Ombres” dernier titre de Lord Esperanza :

Lucas Laberenne