Les Nuits de Fourvière avec Sting, Bon Iver, Tears For Fears, Youssou Ndour…

La semaine dernière, ce sont pas moins de six concerts qui nous ont fait vibrer aux Nuits de Fourvière. Focus sur aficia !

Les Nuits de Fourvière c’est 53 spectacles de danse, cirque, théâtre et musique qui ont lieu à l’amphithéâtre de Fourvière et d’autres lieux de la métropole de Lyon de début juin à fin juillet.

Côté musique, l’édition 2019 est rythmée par pas moins de 40 concerts qui ont déjà commencé à faire lever les foules. Zazie et M, Interpol, Mélissa Laveaux, Vanessa Paradis, Cat Power, Patrick Watson, Mac DeMarco, Ibrahim Maalouf et Haïdouti Orkestar ont déjà fait vibrer nos cœurs… Retour sur les concerts de la semaine dernière !

The Good The Bad and The Queen !

Avant l’entrée en scène de la bande de Damon Albarn, on a eu le plaisir de découvrir le groupe lyonnais Satellite Jockey et sa pop survitaminée. Habillés de combinaisons bleues dignes de la NASA, les jeunes gens ont interprété quelques titres et ont tenté tant bien que mal d’attirer l’attention du public avec leurs mélodies inspirées de la pop des années 60.

La venue de The Good The Bad and The Queen aux Nuits de Fourvière était un événement en lui-même, 12 ans après son précédent passage. Il faut dire que groupe compte autant d’albums studio que le nombre de fois qu’il a foulé la scène du festival. Les quatre ‘monstres’ de la musique, Damon Albarn (Blur, Gorillaz), Paul Simonon (The Clash, Paul Simonon), Simon Tong (The Verve, Blur, Gorillaz) et Tony Allen (batteur de Fela Kuti) sont venus interpréter plus d’une quinzaine de titres issus de The Good The Bad & The Queen et Merrie Land. C’est d’ailleurs par la chanson éponyme de son second effort que la bande a ouvert le show, installé devant un tableau représentant un pont désert et bien triste.

Dans ses textes, le frontman n’est pas tendre avec la politique britannique et partage ce pessimisme grâce à son art. Multipliant les allers-retours entre les deux côtés de la scène, le micro et son piano, le chanteur a su mettre à contribution le public à de nombreuses reprises. Le quatuor à cordes présent sur scène à amener un côté dramatique qui renforce les mots chantés par Damon Albarn. Difficile de ne pas terminer un concert tout feu tout flamme par le titre qui a donné son nom au groupe… Ou inversement !

Bon Iver et le magicien Justin Vernon

Quelques jours avant son passage à Fourvière, le groupe Bon Iver a décidé de lever le voile sur deux nouveaux morceaux de son quatrième album, i,i, prévu pour le 30 août prochain. Bien que « Faith » et « Jelmore » n’aient pas fait partie de la setlist de ce concert, les musiciens emmenés par le maestro Justin Vernon ont dévoilé une version live de « Hey, Ma » qui figurera sur ce prochain opus.

Entouré de ses machines et accompagné par ses acolytes tout aussi bien équipés, Justin Vernon a enchaîné les titres qui ont fait le succès de son groupe depuis la sortie de For Emma, Forever Ago. C’était en 2008. Casque sur les oreilles et bandana autour de la tête, il a fait résonner les mélodies de « 22 (OVER S∞∞N) », « Calgary », « For Emma » ou encore « 8 (circle) ». Moment de communion avec le public lorsque la voix de Vernon a chanté les mots de « Skinny Love » sorti en 2008 et repris par Birdy en 2011. Un concert rempli de magie et de beauté sonore !

Voyage dans le temps avec Sting et Tears For Fears

C’est un trio 100% féminin qui a devancé l’ancien membre de The Police. Les Londoniennes de Cruel Hearts Club ont réveillé un public déjà nombreux grâce à leur énergie et leurs mélodies rock. Chantant les déceptions amoureuses et leur envie d’être des femmes fortes, Gita, Edie et Gabi nous ont fait découvrir leur univers haut en couleurs.

Après avoir annulé plusieurs concerts à cause d’une infection à la gorge, Sting était bel et bien de retour sur scène aux Nuits de Fourvière. Dès le début du show qui a été adapté pour lui permettre de ne pas souffrir, le chanteur semblait bien en forme et a rapidement fait oublier cette fragilité passagère. « J’ai été malade, alors je vais faire un show plus calme et intime. Et moins difficile pour ma voix » a-t-il expliqué dans la langue de Molière avant de raconter l’histoire de l’immense succès « Roxanne ».

La setlist de la tournée ‘My Songs’, du même nom que son dernier album, est un parfait mélange de sa discographie. De l’époque The Police (« Message in a Bottle », « Walking on the Moon », « Every Breath You Take ») à son album en commun avec Shaggy (« Waiting for the Break of Day ») en passant par sa carrière solo (« Englishman in New York », « Shape of My Heart », « Seven Days »)… Il y en avait pour tous les goûts et Sting n’a pas déçu pour sa troisième venue !

Le lendemain, nous avions rendez-vous avec des garçons dont la musique n’a pas pris une ride… Le groupe Tears For Fears offre ses mélodies pop-rock depuis le début des années 80 et a signé quelques-uns des plus gros succès de ce genre. Comment ne pas citer « Everybody Wants To Rule The World », « Sowing the Seeds of Love », « Mad World » , « Change » ou « Shout » repris en chœur par un public constitué majoritairement de quadragénaires et quinquagénaires quelque peu nostalgiques de l’époque faste du groupe.

Souvent repris, Tears For Fears s’est laissé tenter par ce jeu en reprenant « Creep » de Radiohead et quelques secondes de « Let ’em in », signé de Paul McCartney. Même si les cheveux de Roland Orzabal et Curt Smith ont blanchi, l’élégance et l’énergie de ces deux-là sont toujours bien présentes. Un karaoké géant qui risque bien de rester dans les meilleurs moments de cette édition des Nuits de Fourvière ! Alors que le public était conquis depuis le début du concert, Curt Smith est revenu vêtu d’un maillot de l’Olympique Lyonnais pour le rappel. Une attention qui a particulièrement plu aux spectateurs venus en nombre…

La poésie d’Arthur H

Alors que nous avions, avec beaucoup de regrets, raté le spectacle en hommage à son père au Printemps de Bourges, nous étions bien présents pour le passage d’Arthur H aux Nuits de Fourvière. Et le chanteur n’est pas venu seul… Il était accompagné de l’Orchestre d’Harmonie de Bordeaux emmené par le chef Pascal Lacombe. L’ensemble de musiciens a sublimé la poésie des textes d’Arthur H avec des instrumentations à couper le souffle et qui ont fort bien résonné dans les travées du théâtre antique. « La boxeuse amoureuse », « La ballade des clandestins », « Adieu tristesse », ou encore « Avanti ! », dont l’air a été repris par la foule entière, ont été entonnés par le chanteur et ont illuminé cette soirée malgré la noirceur de certaines paroles. Artiste engagé dans sa musique comme dans ses textes, Arthur H a offert un moment suspendu dans le temps sous une belle nuit étoilée…

L’Afrique de Blick Bassy et Youssou Ndour

Blick Bassy est né au Cameroun et vit en France depuis plus de 10 ans. Sa musique raconte l’histoire riche de son pays. Pour le faire, il n’hésite pas à chanter en bassa, l’une des nombreuses langues parlées au Cameroun mais qui risque de disparaître comme beaucoup d’autres. Accompagné de ses musiciens, l’artiste a interprété quelques-uns de ses titres pour nous faire découvrir son répertoire riche de différentes influences.

Après une pause et une bonne dose de pluie, Youssou Ndour a fait son entrée sur scène vêtu d’un ensemble deux pièces bleu clair et blanc attirant parfaitement la lumière. Dédiant son concert aux Lions du Sénégal, tristes finalistes de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations la veille, le chanteur a enchaîné les titres qui ont fait son succès et d’autres issus de son ultime album, History. Souvent reprises par les Sénégalais venus en nombre, les chansons de Youssou Ndour sont des hymnes à l’Afrique, un continent qui doit encore se battre avec le vieux démon de la colonisation encore bien présent. Le moment de communion avec l’ensemble de l’assemblée est venu avec « Seven Seconds », son titre partagé avec Neneh Cherry. De l’énergie, de la danse, de la joie et de la musique, tous les éléments étaient présents pour passer une excellente soirée… Et ce fut le cas !