Christophe Willem en interview : « Il y a plus de folie sur mon nouvel album »

Christophe Willem opère aujourd’hui son retour avec le single « Marlon Brando », trois ans après la sortie de l’album Paraît-il. Rencontre exclusive.

Christophe Willem revient sous le feu des projecteurs avec « Marlon Brando », un single pop-funk et chargé en bonne humeur. Celui-là se veut représentatif d’un cinquième album à paraître le 29 septembre, mais aussi d’un état d’esprit. Le chanteur a choisi aficia pour dessiner les contours de ce projet qui l’emmènera sur les routes par la suite, en 2018. Il se confie sur les thèmes qu’il a voulu aborder à travers ses nouveaux titres, ou encore l’équipe avec laquelle il a travaillé, dont Zazie et Igit.

Dans quel état d’esprit es-tu, comparativement à tes précédents comeback ?

Je suis serein. Parce que j’ai travaillé dans la dynamique de la scène, juste après la fin de ma dernière tournée, avec Aurélien Mazin. Il m’avait accompagné pendant mes concerts. On a tout fait chez moi. On a composé les titres ensemble. Donc tout s’est fait tellement naturellement que je n’ai pas d’angoisses. J’espère que le public saura recevoir ma musique comme nous avons eu du plaisir à la faire. Je suis content de pouvoir partager tout ça avec lui maintenant.

Tu donnes le sentiment que ce disque-là a été fait de manière plus artisanale que les précédents.

Oui, clairement. D’habitude, quand on s’embarque dans les studios qu’on doit louer, on est tributaire des horaires. Il y a un aspect un peu plus normalisé dans la manière de faire les choses. Là, c’est vrai que le fait de travailler chez soi avec un ami de longue date, ça donne vraiment cet aspect artisanal, contrairement au côté ‘formaté’ qu’on peut parfois retrouver. C’est sans doute pour ça aussi qu’il y a un peu plus de folie sur ce disque, comme sur le premier. Parce que j’étais moins encadré.

« Igit m’a mis en confiance »

Est-ce que « Marlon Brando » annonce justement la tonalité de ce cinquième disque ?

« Marlon Brando », c’est un titre haut en couleur, qui est dans la dérision, l’humour… En termes de son et d’énergie, ça correspond plutôt bien au reste de l’album. Mais pas forcément pour les textes. Là, c’est une première amorce. Je trouvais ça marrant de revenir avec quelque chose d’emblématique, dans la veine d’un « Double je ». On retrouve mon humour qu’on n’entend pas nécessairement dans ma musique d’habitude, qui est plus introspective. Sur l’album, il y a d’autres thèmes qui sont abordés et plus sérieux, mais toujours avec une pointe d’optimisme et de l’énergie !

Avec qui as-tu travaillé sur ce projet ? On se souvient que tu avais fait appel à Jean-Jacques Goldman sur le précédent…

J’ai travaillé avec une équipe très réduite. Il y a donc Aurélien Mazin. On a tout composé à deux. Du coup, il y a un vrai fil conducteur dans cet album au niveau vocal. Il y a une certaine cohérence parce que je me suis mis dans une zone où je suis plutôt à l’aise. Alors qu’en travaillant avec des producteurs différents, tu t’aperçois très vite qu’ils veulent toujours chercher à mettre en avant ta voix sur différents plans. Donc, pour la mélodie, on va dire qu’on est sur quelque chose d’assez cool et de plutôt détendu. (Sourire) J’ai aussi écrit beaucoup de textes. J’ai beaucoup co-écrit avec Igit aussi. C’est quelqu’un de très sobre. C’était assez drôle d’ailleurs. Entre sa pudeur et ma folie, on a fait des textes qui sont assez différents de ce que j’ai pu faire avant. J’ai exploré l’écriture, ce que j’avais déjà fait, mais jamais autant. Il m’a vachement mis en confiance. Il y a eu un vrai travail en binôme avec lui.

Tu n’as pas sollicité Zazie cette fois-ci ?

Si, bien-sûr. Elle a écrit deux textes. On continue à travailler ensemble, mais d’une manière un peu différente. On a eu beaucoup de plaisir à se retrouver. Elle a été très inspirée par deux des trois morceaux que je lui ai présentée.

« J’ai écrit un titre sur le combat de Latifa Ibn Ziaten »

Est-ce qu’on peut s’attendre à quelques duos ?

Il n’y en aura pas ! (Rire) Ce disque est très différent des autres. Par contre, je peux te dire qu’il y aura un titre chanté en anglais, « Wonder », qui est plutôt dans l’esprit de ce que font ‘The xx’ et ‘London Grammar’.

Ceux qui avaient aimé tes ballades « Si mes larmes tombent » ou « Le chagrin » s’y retrouveront aussi ?

C’est vraiment l’album du lâcher prise. Il y a un côté très épicurien. J’étais en tournée pendant toute la série d’attentats qu’il y a eu. Et chaque fois j’étais en concert ce soir-là. Il fallait donc digérer tout ce qu’il s’était passé. Et en même temps essayer d’exorciser un peu les choses en les retranscrivant de la manière la plus simple et la plus pure possible si je puis dire. Il y a donc quelques titres qui parlent de tout ça, dont un qui s’appelle « Loue ange ». Il y a aussi « Madame », écrit après que j’ai rencontré Latifa Ibn Ziaten, la mère du militaire tué par Mohammed Merah. J’ai été bouleversé par le combat de cette femme, l’humanisme qui se dégage d’elle. Je voulais écrire un texte sur elle, sur sa vie, sur son courage et son combat. Derrière chaque titre de cet album, il y a une histoire.

Découvrez le nouveau single « Marlon Brando » de Christophe Willem :

Pourquoi « Marlon Brando » et pas Pavarotti, également cité dans ton nouveau single ?

Parce qu’il était l’opposé de qui je suis, dans ce qu’il représente. (Sourire) Je trouvais ça assez drôle de commencer ce titre en me comparant à lui. Et puis, tout simplement parce que c’est un nom qu’on retient, et du coup un titre dont on se souvient assez facilement.

À un moment, dans ce single, tu dis qu’une chanson populaire ne peut pas faire de mal de temps en temps. Qu’est-ce que tu entends par là ?

Cette chanson a deux lectures. On peut très bien se dire que c’est léger, que c’est un titre dans lequel je ne dis pas grand chose. D’une certaine manière, que c’est un titre pour s’amuser. Et puis, il y a un deuxième niveau de lecture où j’explique que nous sommes dans une société où tout le monde essaie de vendre quelque chose, je ne sais trop quoi, mais qu’en ce qui me concerne je veux tout simplement donner du plaisir aux gens. C’est le rôle d’un artiste après tout. Il n’y a pas de message caché. (Sourire)

« Je repartirai sur les routes début 2018, après une résidence à Paris »

J’imagine que ce nouvel album donnera lieu à une tournée dans la foulée. Qu’en est-il ?

Je repartirai sur les routes début 2018. Et puis, je ne sais pas si tu te souviens, mais j’avais organisé des nuits Paraît-il pour mon album précédent, avec des représentations dans des endroits atypiques. Là, j’ai envie de quelque chose de différent mais de marquer le coup aussi. J’ai plutôt envie d’être en résidence quelque part, à Paris, pendant un certain temps. Ce sera une sorte de showcase différent de la tournée, pendant trois ou quatre semaines cet automne. On va bientôt l’annoncer.

Tu vas aussi participer au concert Urgence Tchétchénie le 19 juin. En quoi ce rassemblement te tient-il particulièrement à cœur ?

Quand on peut mettre notre notoriété au profit d’une cause, c’est toujours intéressant. Ce sont Vincent Dedienne et Camille Cottin qui en sont à l’origine. Ils sont venus à ma rencontre, sans doute parce qu’ils ont vu que j’avais partagé pas mal de messages à ce propos sur les réseaux sociaux dernièrement. J’ai vraiment été abasourdi de voir que ce qu’il se passe là-bas est relayé à la page ‘Faits divers’ en France. Alors, je suis d’accord qu’il y a une actualité politique et électorale importante, que nous sommes dans un monde en guerre, mais ça se passe quand même juste à côté de chez nous. C’est fou de vivre dans un pays qui a légalisé le mariage pour tous et d’observer pas très loin une telle régression. C’était important pour moi de montrer que la communauté des artistes est sensible à toute cette violence inouïe, et du coup de sensibiliser un maximum de citoyens.