Julie Zenatti en interview : “Chaque album est une carte postale de ma vie au moment où je suis en train de l’écrire”

Exclusivité aficia

Avant la parution de son prochain disque studio, Julie Zenatti s’est confiée à aficia sur la genèse de ses nouvelles chansons, la préparation de sa tournée et l’évolution de sa carrière. Confidences !

Il est loin le temps des cathédrales où l’on pouvait découvrir pour la première fois les talents vocaux de Julie Zenatti, révélée par la comédie musicale ‘Notre-Dame de Paris’ à la fin du siècle dernier. Les années sont passées mais le talent demeure intact. L’artiste a fourmillé de projets en se réinventant de disque en disque, bercée tantôt par des influences RnB, tantôt par des influences plus classiques ou résolument pop, jusqu’à la culture de la méditerranée.

Forte de sept projets studio aboutis, dont les derniers en date Blanc et Méditerranéennes sont respectivement parus en 2015 et 2017, Julie Zenatti écrit une nouvelle page de sa carrière avec les singles Tout est plus pop” et Refaire danser les fleurs” qui annoncent les réjouissances d’un nouvel effort attendu dans les bacs le 22 janvier 2021.

Julie Zenatti : l’interview…

L’été dernier, vous opériez votre retour avec l’entêtant “Tout est plus pop”, est-ce que nous pouvons dire que ce single confirme une nouvelle direction artistique, le souhait de s’entourer d’une nouvelle équipe ?

Comme à chacun de mes albums, j’aime bien essayer de proposer des choses différentes. Un artiste, c’est aussi quelqu’un qui puise son inspiration et son énergie dans les rencontres qu’il fait comme dans ses influences d’enfance ou d’adolescence. Ces nouvelles chansons sont teintées d’un univers qui m’est cher et familier, celui de la pop des années 1980.

Plusieurs personnes ont pu être un petit peu déroutées par ce titre, vous appréciant sur des ballades où votre voix est davantage mise en avant. N’est-ce pas là le risque quand on est une chanteuse à voix ?

Tout dépend de quel point de vue on se place, c’est toujours la même chose ! Je n’ai pas l’impression que mes fans, du moins ceux qui suivent mon travail musical depuis des années, ont pu être déroutés parce que c’est ce goût pour les artistes de la pop des années 80 qui m’a beaucoup inspiré pour la réalisation de ce nouvel album et entre autres ces deux nouvelles chansons. Les gens savent à quel point ce sont des musiques qui me touchent et qui ont forgé mon oreille musicale et ma façon de chanter. Après, ça fait presque une décennie que ce terme de chanteuse à voix me concernant n’est pas forcément appliqué, dans le sens où j’ai la chance d’avoir une voix puissante et large mais ce n’est pas la musique que je fais. Et cela, déjà sur Blanc. Même quelque part sur Méditerranéennes qui était tout en sensibilité. C’est vrai que quelque fois je tape quelques notes mais ce n’est pas systématique. Même sur “Si je m’en sors”, j’envoie la voix au moment où j’ai quelque chose de fort à dire mais je n’ai pas l’impression que je me détourne de mon instrument qui a plein de facettes. Après c’est sûr, je pense que l’on aime autant que l’on critique tout ce qui chante fort. Mais moi, ce n’est pas forcément comme ça que je compose au départ !

Vous dévoilerez votre nouveau disque en janvier 2021, est-ce que les enregistrements sont terminés ou vous travaillez encore dessus ?

Le 22 janvier 2020 oui ! Les enregistrements sont terminés et pour être tout à fait honnête avec vous, ils sont actuellement en mixage. Mes voix sont terminées, on commence à mixer. On a un petit peu le temps d’y revenir donc on le prend pour peaufiner et aller au bout du travail. Des petites surprises feront partie de l’album, nous sommes en train de les mettre en place.

Comme définiriez-vous ce disque, notamment dans les thématiques abordées ?

Comme chacun de mes albums, celui-ci évolue en fonction de mon âge ! Forcément, j’essaie de ne pas m’inventer une vie ! C’est un album d’une femme d’aujourd’hui qui approche les 40 ans. J’aborde des préoccupations et des angoisses qui peuvent toujours être les mêmes à 40 ans qu’à 20 ans mais en les traitant différemment, que ce soit l’amour, la séparation, la rupture, la famille ou les valeurs aussi. Et puis c’est un album pour lequel j’ai eu envie d’aller vers des thématiques comparables à des doudous, c’est-à-dire parler de gens et d’instants qui m’ont marqué et qui ont fait grandir ma génération. C’est aussi ça ce disque.

Je me rends compte qu’aujourd’hui, je fais la musique de mes parents,
en tout cas celle que mes parents aimaient.

JULIE ZENATTI

À l’écoute des premiers extraits, “Tout est plus pop et Refaire danser les fleurs, il y a une grande cohérence dans la construction des morceaux. Mais dans vos albums, il y a toujours un fil directeur, un concept. Comment vous accompagnez les auteurs et les compositeurs avec lesquels vous collaborez pour parvenir à cette cohérence ?

Comme je vous le disais, chaque album est un instant, une carte postale de ma vie au moment où je suis en train de l’écrire. Finalement, que ce soit la Boîte de Pandore, Plus de Diva et même Blanc pour lequel le fil conducteur était la maternité, la page blanche et la renaissance, ça passe par ce que je suis au travers des discussions. Je ne pense pas à un concept, j’essaie d’être au plus proche de ce que je suis au moment où je réalise un album. Quand j’ai fait la Boîte de Pandore, c’était un moment où je réécoutais beaucoup de hip-hop, je revenais vers des disques de RnB. J’étais un petit peu en colère, j’avais 26 ans donc j’avais envie de dire les choses autrement. Et forcément, cette musique correspondait bien à ce que je traversais à ce moment-là. C’est comme ça que ça se passe et très souvent, j’établis des liens d’amitié avec les gens avec qui je travaille donc forcément, il y a une honnêteté qui se dégage parce que nous nous connaissons bien.

Le disque est emmené par la ballade “Refaire danser les fleurs”, c’est un hymne positif empreint de mélancolie qui n’est pas sans nous rappeler l’univers musical de France Gall et Michel Berger. Est-ce que ces comparaisons vous flattent ?

Oui, bien-sûr ! Evidemment que ça me flatte parce que ce sont des artistes qui ont bercé mon enfance, que mes parents aiment. C’est toute la base de ma construction musicale, en tout cas en français. Je me rends compte qu’aujourd’hui, je fais la musique de mes parents, en tout cas celle que mes parents aimaient. C’est drôle parce que quand on grandit, on s’écarte des influences musicales de ses parents mais avec le temps, c’est pourtant cette musique que j’ai envie de léguer à mes enfants. Je veux qu’ils connaissent Michel Berger, Françoise Hardy, Jacques Dutronc, Eddy Mitchell, tous ces artistes qui sont intemporels et en même temps qui font du bien. Cette comparaison me fait évidemment plaisir mais loin de moi l’idée de singer, de faire du mimétisme. C’est un clin d’œil et quelque part un hommage à mon enfance et à ces artistes qui m’ont fait du bien.

Vous êtes résolument pop, prête à danser, est-ce que vous pensez que le public a besoin de mantras, de chansons motivantes et réconfortantes, d’autant plus dans le contexte actuel ?

Oui, je crois que la musique a différentes façons de toucher les gens. Il y a ce que j’appelle la musique drapeau, celle qui revendique, et pour laquelle nous sommes quelque part le porte-parole d’une cause. Mais il y a aussi la musique qui réconforte. Comme je disais avant, celle qui est comme un doudou, comme un chocolat chaud, voire même un feu de cheminée ou un sapin de Noël dans l’imaginaire ! J’ai envie d’être un petit peu ça pour le public.

Sur les réseaux sociaux, vous avez dévoilé la version acoustique du titre “Paisiblement fou”, est-ce qu’il s’agit du prochain single ? Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce titre calibré pour la saison estivale ?

Je ne sais pas trop si ce sera le prochain single, on en est pas encore là. On commence à se poser la question quant au prochain titre qui portera l’album jusqu’à sa sortie. Mais en fait, ce titre-là, je venais de le recevoir et comme nous étions tous confinés, que nous ne pouvions pas faire grand-chose et que je ne joue pas assez bien du piano pour m’accompagner pendant une demi-heure en Insta ou Facebook Live, j’ai demandé à mes camarades s’ils voulaient qu’on fasse une version acoustique, juste pour faire plaisir aux gens ! Ce n’était pas réfléchi pour être un single mais c’est vrai qu’elle est cool cette chanson. Elle est née au moment de la création de l’album, on parlait de couples, de relations passionnelles, de relations plus sereines et plus sages. Nous nous sommes dit que la passion, c’était bien pour vivre un instant mais pour vivre une vie, le paisible est plus adéquat. Mais en même temps, le quotidien peut fatiguer aussi. Cette chanson raconte tout ça et c’est aussi un petit hommage à mon mari quoi !

Je lis tout sur les réseaux sociaux même si je ne réponds pas systématiquement
à tout le monde par des petits cœurs !

JULIE ZENATTI

Vous aviez également dévoilé la version acoustique de “Douce” pendant le confinement, un titre d’actualité. Est-ce que vous avez apprécié ces moments d’échange avec le public sur les réseaux sociaux ?

Julie Zenatti - © Slam Photography

Oui ! Ça vient de Fabien Galland et d’Emmanuel Rodier avec qui j’ai réalisé La Boîte de Pandore. On prenait des nouvelles les uns des autres et j’ai lu sur les réseaux sociaux que les gens trouvait que cette chanson « Douce » était d’actualité, que l’auteur, Jean Michel Beriat, était un petit peu visionnaire. J’adorais chanter cette chanson, je trouvais qu’elle avait quelque chose d’engagé, ce qui n’est pas habituel dans mon répertoire. Elle dénonçait quelque chose et c’était tout à fait l’état d’esprit au moment où tout ça nous est tombé dessus. C’est injuste parce que c’est un ennemi invisible mais est-ce que ce n’est pas un petit peu à cause de la société dans laquelle on vit ? Nous nous sommes appelés tous les trois pour effectuer un petit morceau acoustique et j’ai l’impression que les gens étaient très contents ! Ils se sont rendus compte que je les lisais ! Et oui, je lis tout sur les réseaux sociaux même si je ne réponds pas systématiquement à tout le monde par des petits cœurs ! Je crois qu’à ce moment-là, j’ai fait plaisir à ceux qui me suivent depuis longtemps.

Après le projet collectif Méditerranéennes qui rendait hommage à la culture de la Méditerranée, vous revenez en solo. Est-ce que nous pouvons tout de même nous attendre à un ou plusieurs duos ?

J’ai envie de dire…. oui, on peut s’attendre à des duos !

Avec qui avez-vous collaboré sur cet album, j’ai notamment vu que vous aviez travaillé avec Rose ?

Oui, on a travaillé avec Rose qui est aussi une amie et qui a participé au projet Méditerranéennes. J’ai adoré son dernier album et c’est marrant parce que nous nous sommes rendus compte que nous avons quasiment le même âge, à quelques années près. Nous avons également la même culture musicale. La première fois que nous nous sommes vues pour prendre un café, elle m’a fait écouter sa chanson, et je lui ai fait écouter la mienne… Nous avons tout de suite pensé que nous pourrions presque mélanger nos disques. C’est ainsi que nous avons décidé de travailler ensemble ! J’ai collaboré avec Martin Rappeneau qui est un artiste que j’aime beaucoup, avec Nino Vella qui est un grand compositeur qui faisait partie du groupe BABEL. J’ai aussi travaillé avec Barbara Pravi, une jeune artiste que j’aime beaucoup et d’ailleurs avec qui nous avons fait une reprise de “Résiste” pendant le confinement. Et mon co-auteur principal sur cet album est Vincent Brillon, que l’on appelle Vinca. C’est aussi un artiste que j’adore !

C’est une grande chance de pouvoir me dire qu’après mes premiers pas sur scène il y a 22 ans,
je continue à parler de la musique et surtout à la faire très librement.

JULIE ZENATTI

Quel regard portez-vous sur votre carrière déjà jalonnée de sept disques, six en solo ? Que dirait la Julie d’aujourd’hui à la Julie qui faisait ses premiers pas dans la Comédie Musicale ‘Notre-Dame de Paris’ ?

Dis-donc, tu vas voir, tu vas en avoir de la chance ! J’ai été portée par un projet qui m’a complètement dépassé et ensuite « Si je m’en sors », une première chanson qui a plu aux gens. Le fil s’est déroulé avec des moments plus ou moins forts avec le public mais en tout cas, toujours avec un public en face ! Donc c’est une grande chance de pouvoir me dire qu’après mes premiers pas sur scène il y a 22 ans, je continue à parler de la musique et surtout à la faire très librement. C’est le plus important !

Vous allez également remonter sur scène pour présenter vos nouvelles chansons, comment se déroulent les préparatifs de la tournée ?

Ils étaient déjà bien commencés ! On a commencé à parler des chansons, à mettre en place la couleur, modifier les anciennes chansons pour essayer de les faire entrer dans cette nouvelle couleur. Et puis on était plutôt en train de se prendre la tête pour savoir quelles seront les chansons que l’on veut faire découvrir, quelles sont celles que l’on veut garder et faire redécouvrir… On allait entrer en répétitions au moment du confinement. On était sur des plans de feux, sur la tenue, voilà !

La composition de la setlist doit être d’autant plus compliquée quand on a autant d’albums, autant de chansons !

Oui, il faut trouver un juste équilibre pour séduire les personnes qui m’auraient rencontré uniquement sur ces nouvelles chansons et ne pas décevoir les gens qui me suivent grâce à des chansons comme “Si je m’en sors”, “La vie fait ce qu’elle veut”, “Il faudrait que tu me consoles”, “Les amis”, “Comme une geisha”… C’est un moment où il faut trouver une cohérence musicale, raconter une histoire. C’est un casse-tête pour ne pas dénaturer les chansons non plus !

J’ai pu faire des choses que je n’oserais pas faire si je n’avais pas été sous un déguisement.

JULIE ZENATTI

Vous avez donné de la voix récemment dans l’émission ‘Mask Singer’, qu’est-ce qui vous a attiré dans ce concept ?

Ça me faisait rigoler, c’est juste ça ! Comme c’était la première fois en France, on ne sait jamais trop ce que ça peut donner. Mais le principe de me déguiser, de ne pas être moi, de juste donner de la voix et justement de pouvoir mettre cette chanteuse à voix en avant parce que j’étais un panda, c’était très agréable. Parce que du coup, j’ai pu faire des choses que je n’oserais pas faire si je n’avais pas été sous un déguisement. J’aurais eu peur qu’on m’accuse d’en faire trop. À chaque image, il y a son lot de critiques positives et négatives alors que là, le fait d’être cachée sous un déguisement d’animal mignon, il n’y a pas de mal et c’est chouette. La chanteuse à voix que je suis a été mise en avant, sollicitée et appréciée. C’est toujours chouette de séduire les plus ardus.

Les téléspectateurs se sont vraiment pris au jeu chaque semaine. Je vous assure que je savais que c’était vous sous le panda dès le début !

Julie Zenatti - © Slam Photography

C’est vrai ? Parce que vous connaissez bien ma carrière peut-être ! Merci en tout cas, mais c’est vrai que mes fans qui savent que j’ai travaillé avec des rappeurs, qui connaissent ma voix en anglais parce que ça m’arrive de faire des reprises sur scène, ont réussi à me capter assez rapidement. Mais pour la plupart des gens, c’était une surprise !

Oui un petit peu comme Laurence Boccolini, c’était une surprise car peu de monde sait qu’elle chante aussi bien.

Tout à fait, c’était magique. Laurence a fait beaucoup pour des associations et a chanté des chansons incroyables. Le fait qu’elle soit déguisée et que seules les oreilles travaillent, c’était une révélation incroyable.

Et vous aviez même porté des boucles d’oreilles en forme de panda dans le clip “Tout est plus pop”, est-ce qu’il s’agissait d’un clin d’œil intentionnel ?

C’était un indice oui ! Le clip est sorti peu de temps après l’émission, on n’avait pas le droit de dévoiler des indices au cours de la diffusion. Donc quand c’était sur la fin, j’ai demandé aux gens de trouver un clin d’œil dans mon clip.

C’est toujours difficile de partager le rêve de quelqu’un
et finalement d’être soumis à des règles de télé qui ne sont pas toujours les mêmes que celles du public.

JULIE ZENATTI

Est-ce qu’une nouvelle expérience télévisuelle pourrait vous plaire, par exemple remplir le rôle de jurée dans un télé-crochet, à l’image de ‘X-Factor’ il y a quelques années ?

Je ne sais pas, je me laisse un petit peu porter. Cela dépend du moment, de mon envie. C’est vrai que ‘X-Factor’ était une expérience très prenante parce qu’on vivait avec nos groupes. C’est toujours difficile de partager le rêve de quelqu’un et finalement d’être soumis à des règles de télé qui ne sont pas toujours les mêmes que celles du public. Je ne sais pas trop.

Pourriez-vous nous partager une découverte musicale, un artiste émergent que vous appréciez particulièrement ?

Il y a une artiste que j’aime beaucoup qui s’appelle Elha. Je l’adore, nous avons fait un petit truc ensemble, son EP est super. C’est une artiste qui a plein de ressources, qui a elle-même fait son clip, elle a une voix et un look qui sont supers également. Vraiment, c’est une artiste que j’apprécie énormément. Un petit coup de projecteur !

Quelles sont les chansons que vous écoutez actuellement, votre playlist idéale ?

Pour être très honnête, j’écoute surtout les mixs de mon album ! En vrai, j’écoute des playlists un petit peu aléatoire. Par exemple, je pars d’un titre d’Eddy de Pretto puis plein d’autres défilent, même des chansons que je ne connais pas. Je me laisse guider par l’assistant vocal ‘Alexa’ ! C’est vraiment très varié, j’ai mes petits fondamentaux et ma petite playlist de filles que j’adore. Ça va d’Elha, à Barbara Pravi, en passant par Clara Luciani, Juliette Armanet

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Julie Zenatti - Tournée