Nazim en interview : « Il faut parfois sortir du rang et arrêter de danser »

Nazim publie cette semaine son tout premier single « Pourquoi veux-tu que je danse ? », lui qui s’était fait un nom dans le milieu en écrivant pour le compte d’Amir, Kendji et Claudio Capéo entre autres. Rencontre exclusive avec aficia !

Nazim fait le grand saut et se présente aujourd’hui devant nous en tant qu’interprète, lui qu’on connaissait comme auteur-compositeur, ayant notamment écrit plusieurs tubes de Kendji comme « Les yeux de la mama », Claudio Capéo (« Riche », « Ça va ça va »…), Chimène Badi ou Amir, pour qui il a signé l’incontournable « J’ai cherché ». Fort de ces expériences, celui qui a collaboré avec Alma sur le titre « Requiem » avec lequel la France s’est classée 12ème à l’Eurovision cette année a rejoint le label Polydor (Bigflo & Oli, Calogero…) et publie son premier single « Pourquoi veux-tu que je danse ? ». Un album arrivera plus tard dans l’année et Nazim en dessine les contours dans le cadre de cette interview exclusive.

Nazim : l’interview

Publier ton premier single en tant qu’interprète, c’est se placer en première ligne. Est-ce que tu redoutes la critique ?

Je commence à connaître la critique à travers les chansons que j’ai faîtes pour les autres. Positive et négative d’ailleurs. J’écoute les conseils qu’on me donne, mais la critique ne doit pas influencer la façon dont je fais de la musique. Je ne dirais pas que je la redoute, mais je l’attends dans un esprit assez positif je dois dire. J’ai hâte de voir ce que les gens vont penser maintenant que j’arrive avec mes chansons, en tant que Nazim.

Prendre la parole comme cela, c’est aussi quelque chose d’assez nouveau pour toi. Comment as-tu appréhendé cette première interview ?

Prendre la parole, c’est prendre un risque. Lorsqu’on entend ou lit une critique au sujet d’une chanson dont on est l’auteur, on ne le prend pas nécessairement de façon personnelle. Là, c’est différent. Mais je dois t’avouer que je prends beaucoup de plaisir. Les chansons que j’écris pour mon premier album, j’ai l’impression que je suis le seul à pouvoir les porter pour tout un tas de raisons.

J’arrive à véhiculer un message sans en avoir l’air

Qu’est qui t’a motivé à passer de l’ombre à la lumière ?

C’est motivé par plein de choses. D’abord, j’ai commencé à écrire des chansons pour moi avant d’en écrire pour les autres. Après, il se trouve que je me suis effectivement vite trouvé à faire des chansons pour plusieurs artistes que tu connais bien. Puis, il y a eu l’envie de monter sur scène. C’est quelque chose qui compte beaucoup pour moi. À ce propos, j’ai eu la chance de faire quelques premières parties de concerts d’Amir et de Claudio Capéo. Ils m’ont gentiment invité à partager avec leur public. J’ai adoré ça ! (Sourire) À force de chanter les chansons que je proposais aux autres et qu’ils me fassent remarquer que je me les appropriais bien, je me suis dit qu’il était peut-être temps de porter un message par moi-même. Je me suis dit que c’était le moment et que si je le faisais dans dix ans il serait peut-être trop tard.

Tu parles de messages que tu souhaiterais porter, mais aussi de temporalité, de ton besoin de le faire maintenant. C’est ce qui m’amène à te demander quel est celui que tu souhaites défendre à travers ton premier single « Pourquoi veux-tu que je danse ? » ?

J’avais envie de faire quelque chose de simple mais de malin. Que ce soit dans le texte, l’image et la musique. J’ai le sentiment que j’arrive à véhiculer un message sans en avoir l’air. On peut tout à fait prendre le verbe ‘danser’ au premier degré, mais pour moi ‘danser’ est un synonyme de ‘rester dans les rangs’, ‘ne pas chercher à faire différemment’, ‘respecter les codes’. C’est faire ce qu’on nous dit de faire sans réfléchir. C’est ça que signifie le verbe danser dans cette chanson. « Pourquoi veux-tu que je danse ? », c’est un message qui s’adresse aux autres mais aussi à moi-même parce que je peux être le premier à être conformiste dans certains cas. Je me dis d’ailleurs que je devrais m’écouter un peu plus, faire ce que j’ai vraiment envie de faire. Je dis aussi à tous de faire ce qu’ils veulent faire, de le faire bien. La réponse à la question que je pose, c’est plus une désobéissance poétique plutôt que politique. Je pense qu’on gagnerait tous à être plus naturel.

Je suis d’accord, mais on trouve tout de même entre les lignes un sens plus politique justement.

On peut penser que la musique est toujours politique d’une manière ou d’une autre. Même dire « Je n’ai pas de message », c’est politique. Comme je le dis dans cette chanson, on nous fait beaucoup de promesses. Elles sont multiples. On vit tous de promesses. Elles nous font du bien, mais parfois elles nous engraissent. J’estime qu’il faut parfois sortir du rang et arrêter de danser.

MON ALBUM SERA TRÈS MODERNE

N’est-ce pas aussi adopter un ton moraliste ?

Non, je ne permettrais jamais d’être moralisateur… C’est un message que j’adresse à moi-même en premier lieu. C’est une question à laquelle chacun peut répondre librement. Tu pourrais très bien me donner les raisons qui devraient me pousser à obéir. C’est plutôt une façon de lancer un débat, de manière assez cool. C’est un modeste constat, de mon petit œil. Je ne prétends pas détenir la vérité.

Regardez le premier clip de Nazim, « Pourquoi veux-tu que je danse ? » :

Ce premier single devance un album, comme tu l’as laissé deviner. À quoi peut-on s’attendre ? Y aura-t-il quelques invités parmi les artistes que tu connais bien ?

Je pense qu’il sortira avant la fin de l’année. J’ai déjà une idée d’un nom qui pourrait apparaître dessus. On en saura plus très vite. Et en ce qui concerne la teneur de ce disque, sache que je compte rester moi-même. Tout ne sera pas du même acabit que « Pourquoi veux-tu que je danse ? ». Il y aura des chansons beaucoup plus introspectives et introverties, comme je le suis moi-même, et d’autres avec beaucoup de second degré. Globalement ce sera très moderne, il y aura de la folk et beaucoup de guitare. C’est devenu mon instrument alors que je suis pianiste à la base. Encore une fois, c’est un album à messages.

Dans quelle mesure ce que tu as réalisé pour d’autres ces dernières années nourrit ce travail autour de ton premier disque ? Autrement dit, aurais-tu pu écrire ces chansons à venir si tu n’avais pas acquis cette expérience ?

Là où je te rejoins, c’est que j’aurais quand même écrit des chansons sans ça. Mais je n’aurais pas écrit ces chansons-là. Ça c’est sûr ! Il y a des artistes qui m’ont donné envie d’entrer dans un univers un peu plus pop. Il y en a d’autres qui m’ont conforté dans l’idée de partir dans une direction plus originale. Je devais faire quelque chose de différent. Je ne pouvais pas refaire les mêmes chansons que celles que j’avais écrites pour eux. Ça n’aurait eu aucun intérêt. Donc faire des chansons pour les autres, finalement ça nous emmène ailleurs.

Mon rêve, c’est d’écrire pour Charles Aznavour

Je voulais terminer cet entretien en te demandant si tu étais actuellement occupé par des projets pour d’autres artistes, parmi lesquels ceux avec qui tu avais déjà travaillé auparavant ?

Ce n’est plus un secret, Amir prépare son deuxième album. Je suis comme sur le premier très investi dans les chansons. Je travaille aussi avec Florent Pagny. J’ai fait quelques chansons pour un artiste qui s’appelle Hoshi, dont le single « Comment je vais faire », et j’aimerais poursuivre avec Claudio Capéo.

Quels sont ceux avec lesquels tu aimerais collaborer ?

Mais mon rêve, c’est d’écrire pour Johnny Hallyday et surtout Charles Aznavour. Je me sens assez proche de lui. C’est un artiste qui a mis du temps avant de percer avec ses chansons. L’avenir me dira si j’y arrive à mon tour ou pas. C’est aussi quelqu’un qui avait pour son époque une certaine modernité. Il y avait de la poésie, mais il ne s’éloignait jamais des gens. Et puis, il a quelque chose d’oriental par ses origines arméniennes et de mélancolique dans sa musique. Je me retrouve complètement là-dedans.

Nazim - aficia le mag