France Gall : ce tout petit supplément d’âme, cet indéfinissable charme

France Gall est morte ce dimanche 7 janvier à l’âge de 70 ans. Retour sur la carrière d’une artiste qui aura largement marqué le paysage musical français avec aficia.

C’est dimanche que la France apprenait la mort de France Gall des suites d’un cancer. À 70 ans, la chanteuse laisse derrière elle un répertoire riche et indémodable, une très longue carrière qu’elle avait commencé en 1963… Rapidement les hommages se sont multipliés et ses titres se sont hissés au sommet des charts.

La musique, pour France Gall, est une évidence. Son père Robert est chanteur et auteur, travaillant pour Édith Piaf ou Charles Aznavour. Elle commence le piano à 5 ans, gratte la guitare à 11 et commence sa carrière en 1963. Elle n’a alors que 16 ans.

Isabelle devient France

Pour débuter sa carrière le 9 octobre 1963, Isabelle Gall devient France Gall. Sa voix résonne pour la première fois sur les ondes françaises avec le titre « Ne soit pas si bête », un premier succès pour la toute jeune artiste. Mais son premier vrai tube viendra un an plus tard avec « Sacré Charlemagne ».

En pleine vague yéyé qui déferle sur la France, la chanteuse arrive à se faire une place dans le paysage musical avant qu’une première rencontre ne vienne changer à jamais son destin.

Serge Gainsbourg, le premier Pygmalion

C’est une rencontre qui change tout. La petite fille sage qui chantait l’innocent « Sacré Charlemagne » se transforme en ingénue. C’est d’abord avec sa sélection au Concours Eurovision de la Chanson en 1965 pour représenter le Luxembourg. « Poupée de Cire poupée de son » fait mouche, elle remporte cette édition alors qu’elle vient de rompre avec Claude François…

Un an plus tard, elle débarque sur les ondes avec « Les Sucettes ». Un titre qui multiplie les métaphores érotiques. Serge Gainsbourg avait trouvé en elle sa première muse, sa première Lolita… mais la collaboration prend fin en 1967.

Le désert avant la résurrection

Après le succès, l’échec… En 1968, France Gall quitte sa maison de disques, signe avec une autre, sans plus de succès. Elle se tourne alors vers un label américain, mais une fois encore le succès est absent.

Rien ni fait, France Gall n’arrive pas à revenir sous le feu des projecteurs, même en appelant Serge Gainsbourg à la rescousse. Sa vie privée est tout aussi chaotique, son idylle avec Julien Clerc n’étant pas le jardin d’Eden qu’elle espérait.

Michel Berger

En 1973, France Gall découvre « Attends-moi » de Michel Berger. Elle tombe immédiatement sous le charme du titre et demande alors au compositeur des conseils artistiques. Il faut attendre 1974 pour que Michel Berger lui offre un premier titre : « La déclaration d’amour ». Il relance ainsi sa carrière et cette collaboration sera bientôt l’histoire d’une vie.

Le couple tombe amoureux, il se marie en 1976 et donne naissance à Pauline en 1976 et à Raphaël en 1981.

En 1979, Michel Berger et Luc Plamondon dévoilent l’opéra-rock ‘Starmania‘. Comme une évidence, Michel Berger lui offre un rôle. Les années 80 sont belles pour France Gall qui surfe sur la vague du succès, notamment quand elle monte sur la scène du Palais des Sports en 1982 avec son spectacle ‘Tout pour la musique‘.

Les succès sont nombreux : « Il jouait du piano debout », « Tout pour la musique », « Babacar », « Ella, elle l’a »… C’est alors comme une évidence pour le couple d’offrir en 1992 l’album Double jeu. Un opus commun qui les conduit sur les routes de France pour une grande tournée. Malheureusement, Michel Berger meurt le 2 août 1992 à 44 ans, mettant un point final à quinze années de passion.

Depuis, France Gall se fait de plus en plus discrète, absente… On note bien un premier hommage à Michel Berger en 1993 avant le décès de sa fille en 1997, emportée par la mucoviscidose, ou encore son duo avec Johnny Hallyday sur la scène de l’Olympia en 2000 pour chanter « Quelque chose de Tennessee ».

Un dernier souffle

Le dernier cadeau musical de France Gall sera la comédie musicale ‘Résiste‘. La première représentation a lieu le 4 novembre 2015 au Palais des Sports de Paris. Le public est conquis, retrouvant sur scène près de trente chansons signées Michel Berger.

Comme un dernier hommage à l’homme de sa vie, ‘Résiste’ offrait une revisite moderne avec la jeune génération de titres emblématiques gravés dans la mémoire collective, sans pour autant les trahir musicalement. Une prouesse.