Mark Daumail, un album éclectique

Sa rupture artistique avec Morgane Imbeaud et la nécessité de tout reprendre à zéro auront été pour Mark Daumail l’occasion de bondir hors de sa zone de confort, et donc de jouer sur toute la palette de ses émotions – et non plus seulement l’option romantisme folk.

L’ex-moitié et compositeur de Cocoon se lance ainsi en solo en publiant un premier album intitulé “Speed of Light”, et cela sonne comme une expérience de liberté.

En guise d’éclaireur de la nouvelle direction musicale, “Mistaken”, premier single officiel extrait de l’album a déjà commencé à fédérer à la vitesse du son, et aussi celle de la lumière avec un clip énigmatique réalisé par Benjamin Serroussi.

Monsters” est monstrueusement… pop ! Produit par Greg Wells (Mika, Adele, Katy Perry, Pharell), la chanson invoque l’efficacité brit pop de Coldplay, tandis que la production aiguisée apporte un souffle électronique pertinent et percutant, propulsant cet hymne jusqu’aux dancefloors.

Sur tout un premier album éclectique et addictif, Mark Daumail confirme sa capacité rare à vertébrer des mélodies pop à coup d’impeccables hooks et de mélodies accroche-cœurs.

Mark Daumail

La punchline claque au bout des trente premières secondes de l’album “Speed of Light” : « Don’t have to be ashamed /I’m a monster too » confie soyeusement Mark Daumail avant que le refrain ne s’emballe et nous entraîne. D’entrée, l’enjeu est posé. Non pas que l’ex-moitié – et compositeur – de Cocoon ait tout à coup rejoint le côté obscur. Mais simplement que sa rupture artistique avec Morgane Imbeaud, et la nécessité de tout reprendre à zéro en signant cette fois de son nom, aura été pour lui l’occasion de bondir hors de sa zone de confort : et donc de jouer sur toute la palette de ses affects – et non plus seulement l’option romantisme éthéré. Mark Daumail se lance ainsi en solo, et cela sonne surtout comme une expérience de liberté. De fait, son album crépite d’idées, de sons, de désirs – même sombres. Et si “Speed of Light” est garanti 0% folk, il n’en garde pas moins ce truc en plus qui a fait le succès de Cocoon : la capacité rare, dont jouit Mark Daumail, à vertébrer une mélodie pop à coup d’impeccables hooks, afin qu’elle vienne s’incruster dans vos neurones et ne quitte plus vos lèvres de la journée.

Ou l’histoire d’une prise de risque. « Je n’avais pas d’autres choix que de changer » confie aujourd’hui Mark Daumail. « Le succès de Coocon nous est arrivé comme un tsunami alors que nous avions à peine vingt ans. Et à l’approche de mes trente ans, je ne me voyais pas continuer à capitaliser sur le côté mélodie-folk-triste qui ne me ressemble plus – et ne m’a d’ailleurs jamais résumé totalement. Après tout, j’écoute depuis toujours beaucoup de hip-hop, d’électro, de R’n’B. Et puis ça faisait un moment que j’avais très envie de sauter sur scène ! »

Sur le chemin de sa métamorphose personnelle, Mark Daumail aura d’abord rencontré un aîné bienveillant en la personne de Stephan Eicher, dont il a coproduit, en 2012, le dernier album (intitulé, comme par hasard, “L’Envolée”). « Eicher m’a fait découvrir les machines. Moi qui avais un rapport assez frustre à la technologie, je me suis retrouvé dans son studio bourré de synthés, de compresseurs, de logiciels. Ça a été un genre d’initiation passionnante. Voilà, Eicher m’a fait découvrir les boutons ! Je me suis senti grâce à lui autorisé en tant que producteur, mais surtout il m’a montré à quel point on peut s’amuser avec le son. »

Il y a ensuite une méthode d’orientation simple : « J’avais écrit sur un grand panneau punaisé sur le mur de mon studio, une liste de principes intangibles: des chansons de 3 minutes, de l’humour et des punchlines, pas de corde et pas de guitare acoustique – entre autres. Du coup, je composais surtout au clavier. C’était une période assez fiévreuse, pas du tout mélancolique pour le coup, mais assez grisante. »

Il y a enfin l’ami qui vous met, brutalement, au défi d’être un peu mieux vous-même : d’arrêter de se cantonner au filet de voix pour se mettre véritablement à chanter. « Au moment de l’enregistrement, mon producteur Marlon B. m’a tout de suite fait remarquer que mon chant était beaucoup trop timide. Maintenant que je me retrouvais seul devant le micro, je devais donner de la voix. Au début, c’était un peu traumatisant d’entendre un type vous répéter “chante comme un homme pas comme un ado !” Mais quand enfin ma voix est venue, plus ample, plus tonique, c’était comme une libération. »

Un parcours d’étapes, donc, qui débouche sur un cool accomplissement. C’est que “Speed of Light” s’impose comme un passionnant comprimé de pop 2010’s : rock épique aux clins d’œil FM, circonvolutions R’n’B hédonistes, rafales d’électro aussi, viennent onduler de concert en une collection de chansons inattendues, naturellement hydrides, terriblement contemporaines. Ou pour le dire avec Mark Daumail : « notre mantra, en studio, c’était “Frank Ocean meets Paul McCartney” ».

Ça donne un album tout en ombres, d’abord, puis en lumières. Qui s’ouvre donc sur un “Monsters” gorgé de blip blip conquérants. Enchaîne sur un “Viper” qui, le long d’une trame 80’s, transforme les anciennes rancœurs en refrains crâneurs, tandis qu’un “Mistaken” parasité par une TR808 dont raffolait les premiers ravers, met en pièce la (fausse) image de troubadour folk, et que le R’n’B suave et inquiétant de “Tom Cruise” évoque de manière grinçante les situations de sexe facile qui viennent avec le succès. Juste après, déboulant en sixième position, un “Smiling Again” aux accents alternative country façon Beck 90’s, fait basculer le disque du côté joyeux. Mixant les orgues Hammond soul et psyché à une pop bubble-gum perfusée de guitare surf, “Coconut” est une délicieuse fantaisie amoureuse s’épanouissant sur une plage des tropiques. Enfin, pulsée par une batterie funky langoureuse, “Remember” dessine une ascension lente, progressivement enrichie d’orgues d’églises et de crissement des machines, vers un point final en forme de fracas mélodique.

10 pop songs qui avancent très vite, à la Speed of Light donc, comme pour nous signaler qu’une vitesse de libération a été atteinte – cette salutaire poussée en avant. Et qu’il fallait au moins ça, finalement, pour que Mark Daumail accède à sa vie nouvelle.

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