Nous avons écouté « The Hateful Eight » la BO du dernier Tarantino par Ennio Morricone

Lorsqu’une encyclopédie vivante du cinéma, et réalisateur hors-norme comme l’est Quentin Tarantino, redonne ses lettres de noblesses au genre cinématographique qu’est le western, il était plus que probable qu’il croise la route de la légende des musiques de film de ce genre, Ennio Morricone, une rencontre que ne pouvait pas rater aficia.

The Hateful Eight - BO by Ennio MorriconeQuentin Tarantino est un fan absolu de cinéma, quel que soit le genre, et sa filmographie parle pour lui. Révélé par le film Reservoir Dogs en 1992 mais surtout par son premier grand succès Pulp Fiction en 1994, qui lui vaudra une Palme D’Or au prestigieux Festival de Cannes, Quentin Tarantino s’est ensuite spécialisé dans les films de genres.

Genres cinématographiques qu’il mélange allègrement dans ce qui sera son plus gros succès médiatique et commercial, avec Inglorious Basterds, Kill Bill 1 et 2 inspiré à la fois par les westerns Spaghetti, les films de kung fu chinois et de sabres japonais. Les Westerns Spaghetti, terme né d’un certain mépris du western américain traditionnel pour les œuvres d’origine italienne, Tarantino en est un grand fan, fin connaisseur, et reprendra les codes du genre de l’anti héros, cher à des grands réalisateurs comme Sergio Corbucci ou Sergio Leone, la référence majeur du western italien.

Après Django Unchained sorti en 2013, inspiré par le Django de 1966, c’était donc au tour de The Hateful Eight de faire son apparition en ce début d’année 2016. Comme son nom français l’indique, Les Huits Salopards, ce western est un nouveau clin d’œil à une autre référence du genre, Les Sept Mercenaires de John Sturges sorti en 1960 lui-même très largement inspiré du film japonais Les Sept Samouraï, du maître des films de sabres Akira Kurusawa, sorti en 1956.

Une légende peut en cacher une autre

Mais plus que le film, c’est surtout la bande originale musicale « The Hateful Eight » qui allait nous surprendre avec la signature d’une légende en matière de musique de film et surtout de western, Ennio Morricone, compositeur attitré du grand Sergio Leone avec qui il connaîtra la gloire en réalisant la B.O. de films tels que Pour une poignée de dollars, Le Bon, la Brute et le Truand et surtout Il était une fois dans l’Ouest. L’anecdote voulant que le compositeur italien agacé par les fréquents emprunts de ses compositions par Tarantino pour ses films lui lança officiellement le défi d’écrire carrément la bande originale de son prochain film.

Occasion rêvée et défi relevé puisque cette nouvelle œuvre du réalisateur américain était justement un western reprenant le principe du huis clos déjà entrevu lors de son premier film. Dès la première piste « L’Ultima Diligenza Di Red Rock », Ennio Morricone pose l’ambiance en plus de sept minutes, avec une atmosphère lourde, oppressante, préambule au déchaînement de violence auquel nous a accoutumé Tarantino. C’est d’ailleurs cette ambiance pesante qui illustre toute la B.O. de ce Hateful Eight enregistrée à Prague par l’orchestre philarmonique national tchèque, renforcée par la présence des percussions de « L’Ultima Diligenza Di Red Rock #2 », l’orchestration des morceaux « Neve », « l’Inferna Di Bianco » ou encore « La Lettera Di Lincoln » avec sa trompette en guise d’hymne funéraire.

Entre maillée de dialogues incluant les personnages du film, cette Bande originale est aussi entrecoupée de titre plus variés apportant un peu de légèreté comme « Apple Blossom » des The White Stripes à la sonorité très western des guitares, « Jim Jones at Botany Bay », nous rappelant pourquoi Jennifer Jason Leigh est actrice et non chanteuse ou « Now You’re Alone » de David Hess chaleureux et suave avant de se faire dézinguer d’un coup de colt, histoire de rappeler que l’on se trouve dans une production made in Tarantino.

Au final cette bande originale de « The Hateful Eight » est une vrai réussite démontrant que, malgré son grand âge, il a eu 87 ans au mois de novembre, Ennio Morricone n’a rien perdu de sa maestria et son sens de l’orchestration qui avaient fait sa renommée depuis les années soixante et fait de lui une des personnalités majeures dans le monde des compositeurs de musiques de film au même titre qu’un John Williams ou Hans Zimmer.

Découvrez la B.O. du film « The Hateful Eight » de Quentin Tarantino et Ennio Morricone :