‘XX5’ de Georgio : une troisième ère musicale, une troisième page de vie

Georgio nous livre en cette fin d’année XX5, son troisième album studio. Retour avec aficia sur un projet phare de cet automne 2018.

C’est un rappeur qui évolue au fil de sa carrière musicale. La raison ? Une plume intimiste qui trace les contours de ses pensées, des pensées tirées d’un esprit continuellement tourmenté. Il y a trois ans, Georgio sortait Bleu noir, un premier projet concret qui donnait de la texture à une musique défendue par un public déjà solide. La rage s’alliait alors à une dimension cafardeuse et le jeune artiste de 22 ans savait nous capter avec ses mots.

L’année d’après, c’était la venue d’Héra, qui marquait la naissance des espoirs de Georgio, une positivité assumée tout en gardant cette mélancolie typique. Bref, le parisien est de retour ce vendredi 23 novembre avec XX5, un troisième album qu’on a pu écouter un peu avant tout le monde et qui s’est imposé dans la bagnole.

Des allures de retour aux sources…

Il ne l’a pas caché, Georgio avait des envies de retour aux sources et il l’avait magnifiquement exprimé avec ‘la tournée de l’ombre’, mettant en avant la proximité dans des petites salles. Dans XX5, ça se retranscrit avec des morceaux bruts dans la forme, qui permettent d’enchaîner ses états d’âme. Le panel de souvenirs est large, Georgio confronte passé et avenir sur « Ça bouge pas », « Haute couture » ou même « Hier ». Il évoque la peur de la rupture sur « Prisonnier » et offre un texte motivant au fil de « Les yeux en face des trous ». Avec « J’roule », il représente bien le côté underground qu’il peut dégager grâce à sa rage naturelle.

Concrètement, on sent que Georgio s’est détaché de l’autocritique permanente de son esprit, de ces traits de déprime fatalistes, il se sert  au contraire des années écoulées et de ce mal-être pour accéder à un autre palier d’espoir, où la mélancolie est bien plus positive.

… et la touche Georgio qui rend le morceau exceptionnel.

Si y’a bien un son qui se démarque dans cet album, c’est « Miroir ». C’est d’ailleurs peut-être pas un hasard si le titre s’est paré d’un clip. Georgio sait manier sa voix, varier les rythmes, transmettre une énergie, exploiter une instrumentale puissante. Ce cocktail, on le retrouve sur « Aujourd’hui », mais aussi avec « Dans mon élément », où le rappeur Isha pose un couplet simplement magique. Dans la même veine, on pourrait citer « Monnaie », un titre rythmé, quasi-dansant. Nul doute qu’un de ces quatre morceaux pourrait chatouiller les oreilles d’un plus large public…

Découvrez le clip de « Miroir » : 

De la chanson sophistiqué au texte plus authentique, Georgio se démarque avec cette plume qui privilégie la réflexion aiguisée à la punchline acerbe. L’équilibre est bon, il ne se force pas à telle ou telle direction et c’est ce qui rend l’opus varié.

Des feats diamétralement opposés…

Evidemment, c’est le feat avec Vald qui était le plus attendu. « Barbara » ne déçoit pas, avec une instru déjantée et une énergie qui pourrait faire son petit effet en concert. Vald nous fait du Vald et c’est un régal : « Les pétasses qui me disaient nan, aujourd’hui chantent ah ouais ouais ouais / sur Insta j’choisis mes viandes, un peu comme au Subway ouais ouais ».

Changement de décor brutal avec « 31 janvier », morceau symbolique partagé avec Victor Solf, membre du groupe Her, qui a vu son partenaire musical et ami Simon Carpentier rejoindre le ciel durant l’été 2017. C’est la petite douceur de l’album, Georgio s’adresse à celle qui lui a inspirée le nom de son deuxième album. Une belle déclaration.

…et des expériences musicales.

Georgio a décidé de franchir les limites de sa zone de confort pour nous balancer une poignée de titres assez originaux. « Akira » est purement chill, sans la moindre trace de rap, et c’est particulièrement prenant. Dans une toute autre atmosphère, on retrouve « Coup sur coup », doté d’un refrain intriguant. Ça passe ou ça casse. « J’me couche », est un récit bourré d’ironie qui raconte l’histoire d’une soirée bien trop arrosée. La légèreté contraste avec ce ton bien plus grave qu’on peut retrouver sur d’anciens sons qui abordent le thème, c’est donc très instructif. On posera une oreille attentive sur « Seul », avec un côté pop assumé et réussi.

L’artiste de 25 ans a de la ressource et il le prouve. Loin de vouloir se cantonner à un rap directif, il s’essaye dans d’autres styles et aurait tord de ne pas l’exploiter davantage.

Découvrez XX5, le nouvel album de Georgio : 

À noter que Georgio s’offrira la scène du Zénith de Paris le 15 mars 2019. En attendant, son album est toujours disponible en pré-commande ici.

Georgio - XX5
Verdict
Avec XX5, Georgio offre un projet relativement riche, aux multiples facettes, qui pourraient surprendre à la première écoute. La rage du rappeur est intacte, les espoirs de l'homme s'intensifient. Georgio s'inspire de son entourage, de l'amour, mais aussi de la nostalgie, d'une certaine noirceur pour continuer à avancer. Le bleu noir s'éclaircit de deux teintes.

Nos coups de coeur : « Miroir », « Dans mon élément », « Ça bouge pas » et « 31 janvier ».
3.5
Note de la rédac'