BB Brunes en interview : « Ce serait un plaisir de travailler avec Étienne Daho et Christophe ! »

BB Brunes est de retour avec l’album Puzzle, cinq ans après la succès de long courrier qui augurait déjà un premier virage. Place à la métamorphose en 2017 !

BB Brunes a opéré son comeback à la rentrée avec un quatrième album très éclectique gorgé de nombreuses influences, et qu’il défendra sur scène l’an prochain dans le cadre d’une tournée d’une quarantaine de dates. Ce Puzzle qui mêle la pop au rock, la chanson française au hip hop, est promu en radio par les singles « Terrain vague », « Pyromane » et « Éclair éclair » qui donnent un très bel aperçu de ses différentes couleurs. Le guitariste Félix Hemmen en fait l’éloge et accepte pour nous de se replonger dans dix ans de carrière auréolés de succès. Les critiques, l’attente, la métamorphose… Rencontre.

On a voulu proposer un son qu’on n’avait pas entendu avant.

Votre précédent album long courrier date de 2012. Il n’y avait jamais eu autant de temps entre deux disques de BB Brunes. Y-a-t-il des raisons qui expliquent cette longue pause et qui soient étrangères à la confection de vos nouveaux morceaux ?

Disons qu’on avait énormément tourné sur les trois albums d’avant. En tout et pour tout, je crois qu’on a quand même fait plus de 500 dates. Je pense qu’on était tous fatigué. On avait besoin de repos, et puis on a vaqué à nos occupations. Adrien voulait pour sa part du temps pour enregistrer son album solo. Comme tu le suggères dans ta question, notre nouvel album a pris pas mal de temps aussi. Plus de temps en tout cas que les précédents. On ne savait pas avec qui l’enregistrer, ni dans quoi on s’engouffrait vraiment au niveau du son. On s’est cherché parce qu’on ne voulait pas se tromper. C’est pour ça qu’on a travaillé avec plusieurs réalisateurs avec qui ça n’a pas fonctionné. On est finalement tombé sur Louis Sommer, et ça a matché complètement.

Ce que tu m’expliques me fait penser à deux choses. Tout d’abord, ce temps long pendant lequel vous avez été séparés, a-t-il été salvateur pour la suite ? Et dans un second temps je me demande si ce n’est pas un peu frustrant de devoir changer plusieurs fois de réalisateur pour un même projet, avec bien-sûr la crainte de ne pas atteindre les objectifs fixés…?

Pour répondre à la première question, je dirais en effet que ça a été salvateur dans la mesure où chacun a pu faire de la musique de son côté, sans le reste de BB Brunes. On avait chacun un groupe à côté, et Adrien a évolué en solo. C’est de l’expérience en plus, et c’est forcément bénéfique pour BB Brunes. Quand on s’est retrouvé tous les quatre par la suite, on a eu de nouvelles choses à partager. Concernant ta deuxième question, on a aussi ressenti cette petite  angoisse de savoir si on arriverait ou pas à trouver le son qu’on voulait. Et puis, aussi la peur de faire quelque chose qui ne serait pas bien… D’un autre côté, ces peurs-là nous ont permis de ne pas tomber dans le panneau, de ne pas nous répéter. On voulait se renouveler. Bosser avec d’autres avant, ça reste malgré tout de bonnes expériences. C’est simplement que ce n’était pas ce qu’on voulait. C’est pour toutes ces raisons que je ne parlerais pas de frustration. Je dirais au contraire que ça a confirmé nos envies.

Découvrez le titre « Bora Bora » de BB Brunes :

Y-a-t-il eu un avant et un après BB Brunes depuis qu’Adrien Gallo s’est lancé en solo ? Et notamment depuis la sortie de son album Gemini il y a deux ans.

Je pense que cet album solo était surtout pour lui une façon de sortir tout tranquillement et librement ses titres qui sont fortement influencés par la chanson française. Tout cet aspect-là, c’est lui qui l’amène au groupe. Ce projet l’a aussi ouvert à d’autres choses, et aujourd’hui il s’inspire plus librement d’artistes comme Christophe, Balavoine ou Bashung. Mais pas de là à dire qu’il y a eu un avant et un après… Je ne sais pas. En ce qui nous concerne, et ça rejoint cette idée sur l’apport d’Adrien dans le groupe, on a voulu évoluer et proposer un son moderne, qu’on n’avait pas entendu avant.

On ne veut pas avoir de regrets.

Combien de temps de travail nécessite la création d’un album aussi éclectique que Puzzle du coup, pour avoir un ordre d’idée ?

On a commencé à faire les premiers essais il y a deux ans il me semble. Tu peux ajouter qu’on a passé six mois en studio pour l’enregistrement. C’est relativement long, même si on n’était pas tous les jours en studio. Ça s’est étalé sur plus d’un an pour tout ça. En plus, on a travaillé différemment. Pour la première fois, avec Louis on a fait des programmations de batterie dans son propre studio. C’est un tout petit endroit, tu ne peux pas mettre de vraie batterie dedans. Sur ces programmations, on a ensuite posé les synthés et les guitares. Ensuite seulement on est allé dans un grand studio où là on a pu enregistrer les parties de batterie.

Quelles ont été la première et la dernière pièce de ce Puzzle ?

Je dirais que la première a été « Puzzle » justement… Je me rappelle qu’Adrien était venu me voir, qu’il m’avait dit qu’il avait écrit une chanson qui s’appelait « Puzzle » et qu’il pensait avoir trouvé l’idée pour savoir comment faire sonner cet album. Le but était de trouver une mélodie assez pop, avec un retour de gros riffs de guitares modernes, pas sixties comme on avait pu le faire avant. Là, ce sont des guitares qui sont trafiquées. On dirait presque des synthés. Et puis, on a clôturé l’album avec « Motorama », qui figure dans les bonus. C’est le dernier titre qu’on a enregistré. Quand je l’écoute encore aujourd’hui, il me fait vraiment penser à la fin de quelque chose, à la fin de sessions. Elle me donnerait presque envie de pleurer cette chanson… (Sourire)

Ne craignez-vous pas de dérouter le public en opérant un virage aussi majeur, même si votre précédent disque représentait déjà une ouverture sur un son différent ?

Quand on fait un album très différent de ce qu’on faisait avant, c’est sûr que certains fans peuvent être déçus. Il y en a déjà qui n’avaient pas aimé long courrier, qui était plus pop et 80’s. C’est peut-être un peu égoïste comme procédé, mais quand on travaille sur des chansons, on pense surtout à nous en réalité. On n’écrit pas des chansons pour les gens, mais ça ne veut pas dire qu’on n’est pas hyper content de retrouver ceux qui nous suivent. Notre musique, on a envie qu’elle nous plaise. On a envie de sortir quelque chose dont on est vraiment fier. On ne veut pas avoir de regrets.

C’est un album métissé.

Comment pensez-vous que cette évolution est perçue par le public et la critique spécialisée ? Et quel regard portez-vous sur votre propre métamorphose ?

On a eu de bons retours de la presse pour le moment. C’est quasiment unanime ! Mais je suis bien conscient qu’on ne peut pas non plus plaire à tout le monde. On verra en ce qui concerne les gens qui viendront nous voir en concert. On ne peut pas encore vraiment savoir ce qu’il en est pour le public pour le moment. C’est peut-être encore un peu tôt, même si on a reçu pas mal de photos de nos fans avec Puzzle entre les mains. Après, de mon côté, je ne saurais pas trop te dire comment je perçois notre évolution. Même si je trouve qu’elle est finalement assez classique. Mais je ne pense pas pouvoir être objectif. (Sourire)

Rock, electro, pop… Quels mots peut-on mettre sur Puzzle ?

Je dirais qu’il est métissé. On retrouve vraiment beaucoup d’influences qu’on a réussi à regrouper sur un même album. Comme je le disais, Adrien s’inspire beaucoup de la chanson française, notamment de Daho, qu’on adore tous d’ailleurs. Moi j’ai écouté beaucoup de musiques électroniques ces derniers temps, que ce soit de la house ou de la techno. Des choses vraiment très différentes en fait. On a tous aussi beaucoup écouté de hip hop, en particulier Drake et Kendrick Lamar. On a pris tout ça, on a un peu secoué et le puzzle est sorti. Gardons le mot « coloré », c’est celui qui me vient à l’esprit tout de suite…

Penses-tu qu’un projet comme celui-là puisse inspirer d’autres artistes et les sollicitations ?

Je pense que plus le temps passe et plus Adrien est sollicité. Il a déjà écrit une chanson pour Vanessa Paradis. J’adore sa plume ! Je pense que plus on est ancré dans le paysage, plus on a de chances d’être repéré. C’est une évidence. Ce serait un plaisir de travailler avec Étienne Daho par exemple, avec Christophe aussi. On avait fait une reprise de son titre « Aline » sur un plateau TV il y a quelques années. Je sais qu’Adrien est carrément allé le voir chez lui. Ils ont partagé un bon moment d’après ce qu’il m’a raconté.

Regardez le clip « Éclair éclair » de BB Brunes :

Vous fêtez cette année vos dix ans de carrière. Quelle a été votre plus belle surprise durant cette décennie ?

Pour moi, je dirais les débuts, quand on était quatre mecs en studio de répet’ et qu’on a décroché un contrat avec une grosse maison de disques. C’était un vrai bonheur de pouvoir enregistrer un premier disque et de commencer à rencontrer un public en concert. La plus belle surprise reste le fait d’avoir pu continuer. On aurait pu croire qu’il y avait une émulsion autour des débuts… qu’on nous oublierait avec le deuxième album. Mais on est encore là aujourd’hui ! C’est un bon pied-de-nez à tous ceux qui n’y ont pas cru.

Et votre meilleur souvenir de studio ?

L’enregistrement du deuxième album ! C’était à la campagne, dans un petit studio. On a enregistré une trentaine de chansons en deux semaines. J’ai bien aimé l’ambiance, parce qu’on était dans un environnement différent et très convivial.

Quelle a été votre rencontre la plus improbable ?

Je dirais sans trop hésiter François Hollande ! (Sourire) On participait à un festival. On le voyait arriver de loin, il est passé entre des barrières, et on lui a serré la pince. Je pourrais aussi te citer Johnny Hallyday ou Jack White… Ce n’était pas vraiment improbable, mais ça a été des moments incroyables !