Michael Calfan en interview : « Mon rêve est de travailler avec Pharrell Williams ou Drake ! »

À l’occasion de son passage à l’Electrobeach Festival où nous étions également conviés, aficia a rencontré le jeune producteur français Michael Calfan. 

Michael Calfan fait partie des jeunes talents français de la musique électronique sur lesquels on peut désormais compter. S’inscrivant dans le genre Soulhouse dont il est l’un des protagonistes majeurs, il a marqué l’industrie du disque avec « Resurrection », puis plus récemment avec des tubes qui s’enchaînent comme « Treasured Soul », « Breaking The Doors » et « Nobody Does It Better ». Son ascension est fulgurante. Pour preuve, il est invité à mixer sur la scène de l’Electrobeach Festival. À cette occasion, nous sommes allés à sa rencontre afin de parler de sa musique, de ses envies et de ses projets.

L’interview de Michael Calfan

Tu fais ce que l’on appelle de la « Soulhouse ». Comment définis-tu ce style ?

Ce que j’appelle la Soulhouse n’est pas comme on peut le percevoir d’un premier abord, c’est-à-dire un mélange de la soul et de la house. Les gens l’ont beaucoup pris comme ça et en fait il ne faut pas du tout. Personnellement, je l’interprète pas comme un style précis, c’est plus quelque chose qui provient de l’âme, du cœur, ce genre de choses, quelque chose d’assez émouvant. On aurait pu appeler ce style ‘émotion house’ tu vois ? Ça veut dire ça en fait.

Au même titre que la deep-house, as-tu la sensation d’avoir apporté un nouveau souffle à la musique électronique ?

Honnêtement, je ne pense pas que moi, j’emmène un nouveau souffle sur scène. Je pense que c’est un ensemble de producteurs, de DJ, qui en ont eu marre, sûrement au même moment que moi je pense, peu importe avant ou après d’ailleurs, de ce son hyper EDM (Electronic Dance Music, nldr), hyper violent. La violence c’est cool, mais ça devenait vraiment de moins en moins kiffant. Tous les morceaux commençaient à se ressembler etc… Je pense que c’est un peu l’envie de faire de la vraie musique, d’explorer de nouvelles choses avec de vraies mélodies, un truc qui s’écoute et en même temps qui se danse. C’est tout une scène qui, ça l’est depuis un moment, depuis 2-3 ans, émerge dans le mainstream et pas dans le underground, et c’est ça qui est cool.

Quels artistes actuels te font bouger, ou t’inspirent ?

J’aime bien Duke Dumont, Disclosure, Flume. Là il y a Justice qui a sorti un nouveau single, et j’adore. J’aime bien ces gens-là. J’aime beaucoup Christine and The Queens, j’aime bien The Weeknd, Pharrell, Drake aussi…

Quel est ton truc en plus, face à des artistes tels que Klingande, Bakermat, Sam Feldt et toute cette jeune génération de DJ ?

Il n’y a pas de concurrence en fait, car je n’ai pas l’impression de faire la même chose qu’eux. Comme Klingande, je n’ai pas l’impression qu’il fait ce que peut faire Bakermat. Après, on est tous une bande où l’on est assez potes. Il n’y a pas vraiment de compétition. Je dirais plutôt que c’est une émulation, où l’on joue chacun les titres des autres, où l’on se supporte, mais pas parce qu’on est potes, mais parce qu’on aime les morceaux des autres. On se retrouve dans pas mal de soirées. Mais il n’y a pas de concurrence. Le mec qui se dit être en concurrence n’a probablement pas confiance en lui, je pense.

Parmi tous tes derniers sons, il y a bien sûr « Nobody Does It better ». En combien de temps l’as-tu créé ?

Ça m’a pris un an, car de la première idée de vouloir reprendre le morceau de Nate Dogg, à la sortie finale, il y a eu tout un processus. Nous avons dû demander l’accord d’utiliser la partie de Nate Dogg, on l’a fait rechanter etc… Mais après l’idée m’est venue en une semaine.

Puis, il y a ton tout dernier son, « Thorns », qui semble être nettement dans une autre direction. Je me trompe ?

Certes, le morceau est très sombre, mais ce n’est pas l’idée véhiculée. C’est vrai qu’il a ce côté dark… je ne suis pas du tout quelqu’un de dark dans la vie. C’était cool de faire aussi quelque chose de plus sombre, mais ce ne sera vraiment pas ce que j’ai envie de faire par la suite. C’est un peu un ovni par rapport aux sons que je peux sortir habituellement.

Après, est-ce qu’il est moins public ? Je ne sais pas. Je n’ai jamais su d’ailleurs. Je n’ai jamais essayé de faire des morceaux pour que le public aime. À chaque fois que j’ai essayé de le faire, ça n’a pas été grand public, et dès que j’ai fait des trucs où je me suis dit qu’il n’y a que moi qui allais aimer, ce sont les trucs qui ont le plus marché. Quand tu aimes vraiment un truc, il faut le sortir. S’il y a au moins toi qui aime, il y a aura forcément du monde pour te suivre derrière… et puis même si les gens n’aiment pas, tu t’en fiches car toi tu aimes ! Ça, c’est le plus important.

Écoutez le nouveau single « Thorns » de Michael Calfan :

J’aimerais évoquer avec toi ta tournée qui marche très bien. Le fait d’être booké à l’étranger, beaucoup en Italie et au Nord de l’Europe, c’est une volonté de ta part, ou c’est la demande qui est ainsi ?

Honnêtement, c’est la demande qui est comme ça. Je n’ai jamais eu un gros succès en France, très honnêtement. Enfin si, mais comme un DJ qui tourne les week-ends. Mes principaux territoires sont Angleterre, Italie et États-Unis. Après, je vais également en Allemagne et en Espagne oui. Mais je pense que ça dépend vraiment si les singles marchent. En Angleterre par exemple, « Treasured Soul » a énormément marché, chose que je n’aurais jamais imaginé car ce n’était pas un truc anglais. En France, ça a marché mais pas autant qu’ailleurs, et en Italie, ça marche super bien pour moi depuis « Resurrection ». Le ressenti des gens est vraiment différent pas pays.

Justement, comment es-tu perçu à l’étranger ? Es-tu une référence de la « french touch », un DJ comme un autre ? 

Déjà, je pense qu’il n’y plus de french touch. Et ce serait une insulte grave de dire que nous sommes la french touch, car pour moi, Cassius, Justice et Daft Punk sont les représentants de la french touch. Moi, je me sentirais mal à l’aise de dire ça, car ces mecs sont tellement au-dessus. Nous sommes une jeune génération de producteurs français en electro, et je pense que nous sommes perçus comme les meilleurs dans le reste du monde. Il y a beaucoup de styles et de talents différents qui émanent. On a DJ Snake qui cartonne, Brodinski, Tchami, on a Daft Punk, Justice, Martin Solveig. Tu vois, dans n’importe quel style on est présent, et c’est cool quoi !

Une petite anecdote sur ta tournée internationale à nous donner ?

Alors, il y a un mec qui me poursuit pour que je lui donne mon casque audio. Et je ne comprends pas ! (Sourire) Il me l’a demandé une première fois, et je lui ai dit, « mais comment tu veux que je fasse après ? Je vais mixer le lendemain ». Et là, je l’ai revu aujourd’hui. Bon, la prochaine fois, si j’ai un casque en trop, c’est avec plaisir que je lui donnerai, mais c’est vrai que c’est un truc que je ne comprends pas trop ! (Rires)

T’es-tu intéressé à la proportion de tes fans français, contre tes fans étrangers, sur Facebook notamment ?

J’ai vraiment l’impression de n’avoir que des fans italiens sur Facebook. C’est beaucoup d’italiens, d’anglais, d’américains un peu mixés, et un tout petit peu de français. C’est cool, du moins c’est marrant, parce qu’en France, j’ai l’impression, que l’on me perçoit comme un DJ dans un certain style, alors qu’en Angleterre, ça n’a rien à voir. C’est assez drôle.

En France, comment analyses-tu ton succès ? Te vois-tu comme une référence ?

Franchement, je m’en fous. Déjà, là, c’est très beau. Je vis de ma passion, sans trop d’efforts. Je ne fais que de la musique. Je ne sauve pas des vies. On est là, je vais mixer, je fais des morceaux chez-moi la semaine, c’est déjà bien.

Du côté des charts par exemple, ton dernier single marche plutôt bien en Irlande, en Angleterre ainsi qu’en Allemagne et en France pas grand-chose. Comment ça se fait d’après toi ?

Ça dépend en fait. Pas forcément beaucoup moins. « Resurrection » a énormément marché en France, et pas du tout en Allemagne. Ça dépend vraiment. Après, tu as des mecs comme FEDER, qui arrivent à fédérer dix pays avec ça, et ça c’est génial. Et j’ai envie de dire que forcément un jour, je vais arriver à en mettre un comme ça car je fais beaucoup de morceaux. C’est marrant après tout de voir que les goûts et les couleurs changent d’un pays à l’autre. Si tout le monde était un peu sur les mêmes trucs, ce serait un peu chiant.

Il y a des artistes pour lesquels tu aimerais travailler, ou que certains t’appellent pour collaborer avec eux ?

Mon rêve, c’est de travailler avec Pharrell. J’aimerais beaucoup faire un truc pour Drake aussi. Je ne te dis pas moi de faire un truc, ce serait ridicule, mais en tant que producteur, pourquoi pas, ça me ferait kiffer.

Une exclusivité à donner à aficia ?

Alors, on est en train de voir pour travailler avec Clean Bandit. Ce serait vraiment chouette. C’est en cours !

Regardez le clip de « Nobody Does It Better » de Michael Calfan :