00:01AM (c) iNi
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iNi en interview ‘Sans filtre’ : « Mon premier EP est à 100% le reflet de moi-même »

À l’occasion de la sortie de son premier EP ‘00:01AM’ nous sommes partis à la rencontre de iNi, une jeune artiste polyvalente, indépendante et à l’univers intriguant mais fascinant. C’est à découvrir sur aficia !

À l’âge de 17 ans, iNi émerge de l’obscurité avec un talent indéniable. Fille d’un batteur/guitariste, elle est imprégnée de musique depuis son plus jeune âge. Mais contrairement à beaucoup de jeunes artistes de son époque, iNi refuse catégoriquement de se plier aux conventions des télé-crochets ou autres voies préfabriquées vers la célébrité. Elle se forge son propre chemin, affirmant avec assurance ses ambitions et son art. Dotée de multiples cordes à son arc, iNi incarne l’essence même de l’autonomie artistique, convaincue que personne ne saura mieux défendre sa musique qu’elle-même. À en juger par son premier EP 00:01AM dévoilé le 29 mars dernier, iNi a raison de persévérer dans cette voie.

iNi, l’interview ‘Sans filtre’ : 

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle iNi, j’ai 17 ans. Ça fait presque deux ans maintenant que je me suis plongée dans la création de mes propres compositions, en prenant en charge tous les aspects du processus, que ce soit de la composition des « prods » à l’écriture, en passant par les arrangements et la production. En fait, ma passion pour la musique remonte à mes 3 ans, lorsque j’ai commencé à suivre des cours de musique au Conservatoire. J’y ai étudié le piano pendant 6 ans, et, malgré que ça ce soit mal passé, c’est grâce à ces bases solides que j’ai pu vraiment me lancer dans la création.

Comment te sens-tu après la sortie de ton tout premier EP ?

Je suis incroyablement fière de ce que j’ai accompli, et je tiens vraiment à mettre un point d’honneur sur cela. En musique, j’ai toujours été très critique envers moi-même, me comparant souvent à d’autres artistes et doutant de la qualité de ce que je créais. C’était une erreur. Je me rappelle que lorsque je composais mes propres morceaux, je n’aurais jamais imaginé qu’ils quitteraient ma chambre. C’était impensable pour moi que quelqu’un les écoute, je n’osais même pas les faire écouter à mes parents.

Le fait d’avoir maintenant sorti un projet, un EP qui est à 100% le reflet de moi-même, que ce soit dans les morceaux que j’ai travaillés dans ma chambre ou dans la conception de la pochette que j’ai réalisée seule, me remplit de fierté. J’avais peur d’être déçue du résultat, mais au contraire, je suis très satisfaite. J’ai reçu énormément de retours positifs et, sachant que c’est seulement le début (son premier single est sorti il y a seulement 6 mois, NDLR), cela me motive encore plus pour l’avenir, ça me donne l’élan nécessaire pour continuer à créer et à partager encore plus de musique. C’est exactement le coup de pouce dont j’avais besoin pour persévérer.

Le titre « Dommage » est très réussi, avec un mélange à la fois de jersey, de drill et de pop. Un mélange peu commun. Peux-tu nous raconter la génèse et le choix de ce morceau ?

« Dommage » est le dernier morceau que j’ai composé pour l’EP. Il a été créé cet été, juste avant que je ne parte en studio pour le mixage. Pour celui-ci, je voulais vraiment explorer de nouvelles sonorités, quelque chose de différent par rapport aux titres précédents. C’est là que j’ai été attirée par le style Jersey Drill. J’écoute beaucoup d’artistes comme Sto, qui intègrent beaucoup de sonorités brésiliennes et Jersey Drill dans leur musique. Généralement, dans ce style, on entend souvent des voix masculines avec un style de rap bien distinct, un peu « bre-som ». Étant donné que je ne suis pas dans cette dynamique de rap, j’ai trouvé fascinant l’idée de fusionner ces sonorités Jersey Drill avec des mélodies, à la fois dans la production et dans le chant.

Le morceau est un mélange de basses profondes, de synthés et de voix. Je sens que j’ai un peu bousculé les codes par rapport à ce qui se fait généralement dans la Jersey Drill. Au début, j’ai même douté de ma direction, me demandant si j’étais allée trop loin. Mais je n’ai aucune limite dans ma créativité musicale, c’est l’avantage, donc j’ai pris le risque et tout le monde a vraiment adoré le résultat.

Le morceau « Olala » cartonne déjà lorsque tu le fais en live…

Le morceau « Olala » a été choisi comme focus track de l’EP car c’est le morceau le plus énergique oui. Il aborde le thème des moments difficiles, de la résilience et de la capacité à se relever lorsque tout semble aller de travers. Pour moi, ce morceau incarne la puissance et la force intérieure que l’on peut ressentir lorsque les choses ne vont pas bien. Il est hyper énergique et il m’inspire à me sentir forte et confiante, même dans les pires moments. J’ai eu l’occasion de le jouer aux Inouïs à Lille, et voir les gens chanter le refrain c’est vraiment cool, c’est un son qui rassemble.

00:01AM (c) iNi
00:01AM (c) iNi

Tu es effectivement la seule artiste présente dans tes crédits. Tu es au micro comme derrière ton ordinateur. Peux-tu nous parler de cette double casquette ?

Au départ, je me suis lancée dans la création de musique sur mon téléphone, avec l’application GarageBand. C’était vraiment une extension de ce que j’avais appris au piano, notamment au Conservatoire. J’expérimentais en jouant des drums sur mon téléphone, et je créais des maquettes. Parallèlement, j’ai commencé à explorer davantage les « Type Beat » sur YouTube, mais je me suis rapidement rendu compte que les possibilités sur téléphone étaient limitées. J’en ai parlé à mes parents, qui m’ont soutenue en m’achetant un Mac. Par contre, même avec cet équipement, je suis restée fidèle à GarageBand pendant un certain temps. En fait, plusieurs sons de mon EP, comme ‘Pardonne-moi’, ont été créés sur cette application.

C’est ensuite que j’ai reçu des conseils de professionnels qui m’ont suggéré de passer sur Logic. Depuis un an, je travaille exclusivement sur ce logiciel. J’ai dû apprendre par moi-même, en tâtonnant et en cherchant. Je regardais beaucoup de vidéos d’américains pour me guider. Je n’ai pas vraiment de formation technique en ingénierie du son, je me contente d’assembler des sons et de voir ce qui fonctionne le mieux. (Rires)

Pour moi, la prod est vraiment l’élément clé de tout le processus.

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Et quelles sont tes étapes de création d’une prod ? Tu commences par la mélodie, par le beat, par le chant d’abord ?

Pour moi, le processus créatif commence toujours par la production musicale avant l’écriture. Je m’installe dans ma chambre, devant mon ordinateur, avec mon synthé. En réalité, je n’ai jamais une idée préconçue en tête, aucune mélodie à l’esprit au départ. Mais je commence par produire un son au synthé et c’est là que je commence à tâtonner. Si quelque chose accroche, si une ambiance se crée, alors les paroles commencent à émerger naturellement. Pour moi, la prod est vraiment l’élément clé de tout le processus.

Quel événement ou moment a été le catalyseur pour que tu décides de mettre ta voix sur ces compositions et les partager avec le grand public ?

C’était au cours du premier confinement, j’étais inspirée pour créer mes propres chansons. Mais je me suis retrouvée seule, je n’ai pas d’ami.e.s dans le domaine musical. C’était juste moi, face à moi-même, et je sentais que je devais tout faire toute seule. J’ai commencé par faire des morceaux au piano et chanter par-dessus.

Une anecdote d’ailleurs : pendant cette période, j’écoutais beaucoup Tessae. Quand j’ai regardé les crédits d’une de ses chansons et vu tous les artistes impliqués, j’ai été vraiment surprise. Je pensais naïvement que chaque artiste faisait tout par lui-même ! Mon père, qui est musicien (batteur et guitariste, c’est lui qui l’a plongé dans la musique, NDLR), m’a expliqué le processus. Ça m’a ouvert les yeux et m’a donné envie de m’entourer de pleins de musiciens, producteurs parce qu’au début ce n’était pas un kiff, je tâtonnais, je galérais pas mal seule… Mais finalement, j’ai découvert que j’appréciais aussi le plaisir de faire tout soi-même.

Si tu devais identifier tes sources d’inspiration musicales, quelles seraient-elles ?

Sur le plan musical, je trouve que Billie Eilish m’inspire beaucoup, à la fois par son parcours et le fait qu’elle ait commencé dans sa chambre, ainsi que par sa manière d’incorporer les chœurs dans sa musique. Elle a vraiment été une source d’inspiration importante pour moi au début de mon parcours, elle m’a beaucoup nourrie artistiquement.

Ensuite, il y a Tessae, que j’ai évoqué, dont la musique et le parcours résonnent particulièrement avec moi. Elle m’a vraiment influencée et motivée à poursuivre dans cette voie. Chilla représente pour moi le côté urbain, un peu pionnier du rap. Son style chill et sans prise de tête me parle énormément. Quant à Rounhaa, je suis impressionnée par son travail, notamment sa direction artistique. Il a sorti un album avec une pochette que je trouve incroyable.

Je rajouterais peut-être Laylow dans la direction artistique et parfois musicale aussi ?

Bien que je ne sois pas forcément une auditrice assidue de Laylow, ce n’est pas un artiste que j’écoute forcément, plusieurs personnes autour de moi m’en ont, en effet, parlé. Ce qui m’a amené à réfléchir à son travail également.

Quelle est la suite pour toi après la sortie de ce premier EP ?

La suite comprendra un travail sur l’aspect scénique. Cet été, j’ai l’opportunité de participer au festival Retour des Étripés, même si la programmation n’est pas encore définie. Pour moi, rien ne vaut le partage et l’échange avec le public pour faire vivre mon EP. C’est là que la magie opère vraiment.

Je suis consciente que les clips peuvent être moins regardés aujourd’hui que la musique elle-même, mais pour moi, c’est une étape cruciale pour donner vie à chaque chanson, renforcer mon identité.

iNi

Je vais également continuer à composer de nouvelles musiques et à travailler sur les visuels pour les clips de mon EP. Je suis consciente que les clips peuvent être moins regardés aujourd’hui que la musique elle-même, mais pour moi, c’est une étape cruciale pour donner vie à chaque chanson, renforcer mon identité. C’est une manière de créer une expérience complète pour mes auditeurs et de leur permettre de comprendre pleinement mon univers.

Le retour de la Star Academy connaît un véritable succès. Tu as 17 ans, est-ce que tu participerais à une émission comme celle-ci pour faire connaître davantage ton talent ?

J’ai effectivement été contactée pour participer aux castings de la Star Academy, mais après en avoir discuté avec mon éditeur, nous avons convenu que ça s’éloignerait trop de ma vision artistique. Ce genre de compétition met l’accent sur l’interprétation, et si on gagne, on se retrouve sous contrat, ce qui peut limiter la liberté créative. Pour ma part, j’apprécie l’aspect underground et moins formel de ma musique. Participer à des émissions telles que The Voice par exemple, ne correspond pas vraiment à ma démarche. Je préfère poursuivre mon chemin en restant fidèle à ma vision.

Découvrez 00:01AM de iNi :