Yann Muller (c) Maxime Poriel - Festival Festidreuz
(c) Maxime Poriel - Festival Festidreuz

Yann Muller en interview Dix-moi : ses débuts tonitruants, ses covers, son look… 

C’est le phénomène de la scène électro en France. aficia a eu l’occasion de rencontrer Yann Muller avant sa grande tournée qui s’annonce. 

Yann Muller, c’est ce DJ et producteur originaire de Nice que l’on voit sur tous les festivals et qui cartonne sur les plateformes de streaming. Réputé pour ses mixes ensoleillés et sophistiqués, il mêle habilement reprises incontournables pop acoustiques, influences jazz, deep house et lounge. Dans sa discographie, on compte ces belles covers de “Les oies sauvages” de Michel Delpech, “Englishman in New-York” de Sting ou encore “Paroles” de Dalida.

Il compte actuellement 1,2 million d’auditeurs mensuels sur Spotify. C’est assez dingue ! Et Yann Muller n’a pas fini de faire parler de lui puisqu’il sortira très bientôt son premier album.  On a posé 10 questions à cet artiste qui écoute “beaucoup de jazz, de variété française, mais aussi beaucoup de morceaux très calmes, très lounge”. C’est notre interview Dix-Moi. 

Yann Muller, l’interview Dix-Moi :

1) Avoir en tête de sa discographie “Les Oies Sauvages”, “Mourir Sur Scène” et  “Paroles”, c’est quand même pas anodin. C’est ce que tu as toujours écouté ? 

Honnêtement, oui, oui. J’ai toujours écouté les CDs de mes parents, j’ai donc toujours baigné là-dedans. C’est pour ça que j’ai une grosse culture musicale de variété française. Mes parents écoutaient ça sur tous les voyages en voiture qu’on faisait. J’ai toujours écouté ça et j’ai toujours été attiré par ça, même jeune. Je n’ai jamais vraiment subi les tendances, comme celle de l’afro-house aujourd’hui par exemple, je trouve ça génial. Je suis très curieux dès qu’il y a des nouveautés. C’est un style très élégant, j’aime beaucoup. Ça me touche en tant que spectateur, mais pas en tant qu’acteur. Ce n’est pas la musique que je vais produire. C’est pour cela que, lorsque j’ai la chance de faire des festivals, j’adore rester après mon set et écouter le set des autres artistes. Je suis avant tout un passionné et je suis à l’écoute de ce qui se fait. 

2) Il y a eu Ofenbach, Kungs, Synapson, Feder il y a dix ans…. Il y a visiblement maintenant Yann Muller. Ces pointures de la nouvelle french touch t’inspirent ? 

Ah oui oui, complètement ! Je trouve que la scène française est excellente en France. Elle est connue et reconnue dans le monde entier. On a une sorte de savoir-faire Français, qui est exceptionnel. Je suis admiratif et je rêve de suivre ces mêmes carrières. J’ai d’ailleurs déjà eu l’occasion de rencontrer The Avener, qui est Niçois. On a travaillé ensemble il y a 15 ans. C’est quelqu’un qui m’a aidé à mes débuts. Je le connais très très bien. J’ai suivi son évolution et j’en suis très admiratif aujourd’hui.

3) Cette montée fulgurante est folle dans ta carrière. Est-ce qu’il y a eu un élément déclencheur ? 

Je dirais le remix des “Oies sauvages”. Je l’ai sorti l’année dernière et j’ai vraiment senti qu’il y avait un phénomène autour du morceau. Depuis l’hiver, tous les gens me parlent de ce morceau. J’ai hâte de le jouer tout l’été, les gens l’attendent. L’année dernière, je l’ai lancé sans trop réfléchir et il a déjà fait son petit bout de chemin, mais là il se passe vraiment quelque chose. Cet été, ça va être la folie ! Est-ce que c’était le bon morceau à sortir au bon moment ? Je ne sais pas. Je ne réfléchis jamais à ça, c’était vraiment un feeling, à l’instinct. Ce morceau je l’aimais beaucoup mais je ne pensais pas qu’il aurait ce succès. Ce sont des choses qui ne s’expliquent pas. 

4) Tu as toujours eu ce style un peu dandy, bobo et chic à la fois, avec ce chapeau qui crée vraiment un style bien à toi ? 

J’ai toujours aimé la mode et avoir un style apprêté. En revanche, l’histoire du chapeau, c’est dû au hasard et c’est resté. A mon retour de Californie, j’avais laissé pousser les cheveux, et quand j’étais à St-Tropez, je me suis mis un chapeau pour créer un style et il est toujours resté. Les gens ne retenaient que ça. C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il fallait que je le mette tous les soirs. Quand je marchais dans les rues de St-Tropez, les gens se retournaient quand j’avais le chapeau, mais ne me reconnaissaient pas quand je ne le portais pas. C’était rigolo ce contraste. C’est là que j’ai compris qu’il fallait se démarquer.

Mais pour le coup, ce n’était pas calculé. C’était vraiment parce que les gens m’appelaient “le DJ au chapeau”, et du coup c’est resté. Depuis le début de ma carrière, beaucoup de choses sont à l’instinct, sans être réfléchies. J’essaye d’avancer au jour le jour. Ce n’est que du plaisir. Après tant mieux si les gens retiennent le look. 

5) Tu as dévoilé plus d’un titre par mois depuis 2019. C’était une cadence de dingue. C’est aussi ça qui a fait le succès ? 

Je pense que ça fait partie du succès, évidemment. Les gens attendent beaucoup de nouveauté. En fait, j’ai été très productif pendant le COVID. Cela a été une véritable étape dans ma carrière. Les gens m’ont découvert à ce moment-là. Je ne m’en rendais pas compte car j’étais enfermé à la maison. Je postais mes musiques sans attendre en retour. C’est lorsque j’ai reçu par dizaines, par centaines, des messages des gens qui me remerciaient de les avoir accompagnés pendant le COVID, que je faisais partie de leur famille parce qu’ils m’écoutaient du matin au soir, que je m’en suis rendu compte. C’est assez exceptionnel pour moi, ça m’a poussé à continuer, à garder cette cadence. Ces morceaux sont des souvenirs pour eux. Chaque morceau a son histoire et chaque personne à un souvenir personnel ou d’enfance, lié à ce morceau. 

6) J’imagine que ce n’est pas évident de trouver LE titre à reworker. L’inspiration te vient comment? 

Ça dépend vraiment du moment, des voyages, des rencontres, de beaucoup de choses. C’est toujours sur le feeling ou le moment. Mes amis et mes proches me soufflent continuellement des idées. Sur les réseaux sociaux, je demande tout le temps à mes abonnés de m’envoyer des titres. Ils font partie de l’histoire. Il y a plein de morceaux que j’ai sorti qui sont partis de mon public. Ils participent beaucoup à mon évolution aussi. 

7) Est-ce que parfois tu as l’impression de tourner en rond dans tes propositions ?

Non, je ne pense pas car je pense que mon évolution dans la production est quotidienne. Il y a toujours des logiciels à exploiter, il y a l’intelligence artificielle qui vient d’arriver. On est continuellement dans l’évolution. Il n’y a plus le temps pour tourner en rond. Le plus long est la production. C’est facile d’avoir l’idée, mais il faut le produire. Quand je produis un morceau, je le refait de zéro. Je refais chanter tous mes morceaux, je fais rejouer les instruments un par un… Sur mon projet Ableton, j’ai un soixantaine de pistes audio. C’est beaucoup de travail et d’éléments à traiter.

8) On est bien d’accord que comme on parle de re-work, il n’y a pas d’autorisations de droits d’auteurs à demander aux interprètes originaux? 

Exactement, ça compte comme un cover, une reprise. C’est aussi pour ça que je refais chanter les morceaux, car je n’ai pas les droits d’auteurs ou d’exploitation. Mais ce qui est rigolo c’est que je me suis fait connaître grâce aux covers mais aujourd’hui j’ai l’impression que je me démarque des artistes eux-mêmes qui me sollicitent pour remixer leurs morceaux eux-mêmes. C’est plutôt rigolo ! 

9) J’ai ouï dire qu’un album arrivait bientôt. Peux-tu m’en parler ? 

C’est un album qui sortira avant l’été, avril début mai. Il sera à l’image de ce que les gens attendent de moi. Beaucoup de reprises françaises, remises au goût du jour, avec une sélection que je vais faire moi, avec des morceaux qui me touchent. C’est un album dance. Mon envie première, c’est que l’album ait une continuité entre la première et la dernière chanson, qu’il y ait un vrai suivi , qu’on puisse mettre la première jusqu’à la quinzième. Comme s’ils participaient à une soirée avec moi.

10) Et pour finir, je veux une petite exclusivité ! Y a t-il un projet complètement fou qui arrive bientôt ? 

Oui j’ai des idées, après est-ce que ça va se réaliser je ne sais pas, mais j’aimerais beaucoup faire une salle parisienne d’ici la fin de l’année, avec mes musiciens, du style un Zénith, un Olympia ou une autre salle parisienne. Ce serait une vraie consécration pour moi et un moyen de remercier tous les gens qui me suivent autour d’une belle fête de fin d’année et clôturer une belle saison. On a ça en tête et on y pense ! Et si l’album cartonne, ce serait un joli moyen de fêter ça. Je veux que ce soit un vrai live.