VSO en interview : « On est de vrais artistes à fortes personnalités »

En pleine tournée avec son EP Kintsugi, VSO est venu se confier à aficia sur son récent succès et ses projets à venir…

C’est le groupe de rap français qui monte : VSO ! Vous avez peut-être découvert Pex, Vinsi et Alien avec leur titre « Southcoaster » ou bien plus récemment avec « Toréador » ou « Iceberg » ? Après trois premiers EP sortis où il se cherchait, VSO a enfin pu sortir les griffes avec Kintsugi, un mini format pourtant long de neuf titres paru en juin 2018 et qui devrait bientôt laisser place à un vrai album. C’est en partie à ce sujet que le groupe a bien voulu répondre à nos questions…

C’est à l’Usine à Istres (13) que VSO a évoqué avec une bonne humeur communicative sa musique au sens large : le projet VSO, les différentes étapes de création de sa musique, sa cohésion, jusqu’à ses récentes collaborations avec Maxenss et Kikesa qu’il aimerait d’ailleurs bien renouveler. On parlera forcément aussi de son premier album en cours de réalisation. Découvrez les premières indiscrétions sur aficia…

VSO

Vous dites faire de la ‘murder pop’. Pouvez vous expliquer ce terme au grand public ?

Alien : [En pleine réflexion] Ça commence bien ! Moi j’ai ma propre définition. On aime bien raconter des cochonneries, mais enrobées à des choses assez douces et chantantes. Maxenss fait aussi de la murder pop avec sa chanson « La démonétisation » par exemple. On trouvait que ça collait bien pour le Southcoaster.

Pex : Oui, c’est aussi l’art de raconter des choses dures avec une forme douce.

Alien : J’avais autre chose aussi. C’est l’état d’esprit ‘ni rappeur ni rockeur’ ! C’est un peu faire rentrer la pop dans le rap, essayer de tirer vers un côté plus pop.

C’est aussi un peu une musique représentative de la consommation actuelle, entre beats électro et rap contemporain si-je puis dire ?

Alien : C’est exactement ça, essayer de faire un pont entre tout ça, en donner un nom et l’adapter à notre style à nous.

Quand on monte un projet comme le vôtre, en proposant cette version du rap, sans limites, sans codes, sans frontières, est-ce que c’est quelque chose de mûrement réfléchi en amont ?

Vinsi : Pas du tout. Franchement, non ! À l’instinct. Par contre, on essaye de réfléchir pour la suite. Là, on travaille un album. Par rapport aux EP où on a voulu mettre des titres qui représentaient tout ce que l’on savait faire dans le rap, là on essaye vraiment de définir notre univers. On travaille beaucoup plus et il y a beaucoup plus de prises de tête, surtout sur la direction artistiques (thèmes, choix des prods…). On commençait à s’éparpiller trop. C’est bien aussi, mais on essaye de se canaliser vers une direction précise.

Toréador est un titre très pop qui équilibre notre projet

Aujourd’hui, vous savez ce que vous voulez donc ?

Alien : Exactement. Je pense qu’aujourd’hui on a tapé un peu partout et on sait véritablement ce que l’on veut aujourd’hui. Grande nouveauté ! (Sourire)

Vinsi : Mais dans les précédents EP Southcoaster et Kintsugi, on les a touché des doigts ces univers-là. 

Avez-vous la prétention de toucher le grand public ?

Alien : On vient du rap et on aime le rap. Ça, c’est indéniable. Peut-être que plus tard, on ira vers d’autres choses…

Comment fonctionnez-vous à l’écriture ? Vous grattez chacun de votre côté ou c’est un pur travail de groupe ?

Pex : La plupart du temps, c’est de la mise en commun. On écrit de plus en plus ensemble. Il se trouve qu’on se connaît tellement bien que quand on écrit un texte, on le fait ensemble, on se le fait lire ensemble. Certaines bonnes idées sont toujours les bienvenues parce qu’Alien me connaît très bien et il peut être amené à dire « C’est marrant que tu dises ça parce que tu parles de ça et dans ta vie c’est plus représentatif ». Des fois, on écrit tout seul, des fois on met en commun…

Vinsi : On pourrait presque savoir quel couplet va ressortir de là, donc c’est drôle.

Alien : C’est surtout qu’on commence à se connaître très très bien. Parfois, on crée des couplets chacun de notre côté. Quand on se réunit, il nous arrive de chanter les couplets d’un autre et de changer des couplets des autres. Ça peut arriver qu’on rappe des trucs qu’on écrit pour les autres.

Vous pouvez alterner chill et titres survoltés. Qu’est-ce que vous préférez entre les deux ?

Vinsi : Moi je dirais que j’ai un penchant pour les titres survoltés. Ça va dépendre du live. On a fait beaucoup de dates en un an et demi et ça fait plaisir de jouer des titres comme « Rollercoaster », c’est trop bien, ou même deux fois plus avec « Wheelin ». On se régale !

Pex : Mais même des titres plus introspectifs comme « Kintsugi » qui a ce côté émouvant, on arrive à bien capter le public. C’est probablement dû justement à ce contraste des chansons très tranquilles et celles qui donnent de la pêche. C’est d’ailleurs ce qui fait cette double facette du groupe, le côté survolté et le côté on l’on a envie de poser des chansons un peu plus sincères.

Alien : Mais même en live, on a retapé un peu les instrus de manière à ce que même les chansons calmes cognent un peu sur scène. Donc même en live, les chansons dites douces sont désormais plus énergiques.

« Toréador » est un titre à percussions ensoleillées. Il a beaucoup été joué sur les ondes ces derniers mois. Une surprise ou un morceau un peu calculé ?

Vinsi : On ne calcule jamais trop. « Toréador » en live, c’est vraiment quelque chose que l’on a pensé. On savait qu’il pouvait plaire. Après, est-ce qu’on l’a calculé pour qu’il passe en radios, bien sûr que non…

Découvrez « Toréador » de VSO :

Pex : On a aussi un côté chill-summer qu’on aime beaucoup de base. Ça collait à l’univers Fun Radio, en gros. C’est vraiment génial qu’on soit playlisté. Mais on a quand même une musique assez particulière. On sait que dans notre cas c’est difficile d’entrer sur une radio. En l’occurrence, « Toréador » était plus accessible.

Alien : Je pense qu’on l’a tout de même pensé dans la mesure où c’est un titre qui manquait à l’EP. Si on regarde bien, c’est un projet assez sombre et assez nostalgique. « Toréador » est dansant, up-tempo et mélancolique. C’est réfléchi par rapport à la cohérence et l’équilibre sur l’ensemble du projet.

On a envie de donner de la nouveautés aux gens !

Rap frais, thèmes variés, musicalité… On sent trois potes qui chantent sans prise de tête. C’est tout le temps comme ça ou est-ce qu’il y a des moments de galère parfois ?

Alien : On se prend la tête, sur plein de choses ! (Rires) C’est un vrai calvaire ! (Sourire)

Pex & Vinsi : Ah, ça y est, ça commence à clasher comme ça ! (Rires)

Alien : Non, en vrai on vit ensemble, on dort ensemble, on fait de la musique ensemble, on est constamment en tournée, donc on se voit tout le temps. Donc il y a forcément des moments d’exaltation et des moments où on n’en peut plus de se supporter !

Vinsi : Je pense qu’on est de vrais artistes tout simplement, dans le sens où l’on a ce côté où l’on est très délurés et qu’on est très différents. Alors, autant des fois, ça va, mais à d’autres moments… Cela va créer des embrouilles (Rires). On a tellement des personnalités fortes.

Alien : Après on est bipolaires. On va se prendre la tête et deux secondes plus tard tout va bien. Il y a au moins une chose de sûre, c’est qu’on n’est pas rancuniers les uns envers les autres. Quand on a un truc à se dire on se le dit direct.

Pex : La musique et l’alcool nous rapprochent de toute façon. Surtout l’alcool ! (Rires)

Découvrez « Iceberg » de VSO :

Déjà 4 EP à votre actif. Il faut autant de temps pour attiser la curiosité du public avant la publication d’un album ?

Vinsi : Pour nous l’album est super important. Donc on recule l’échéance…

Pex : Disons que l’EP est une sorte de carte de visite, une présentation bateau. L’album est l’objectif final.

Alien : C’est aussi une question de maturité. Là, à l’heure actuelle, je pense qu’on est assez mature pour concevoir tout un album. Avant, on ne l’était pas parce qu’on se cherchait. Il y a eu le délire avec Maxenss, lui nous a ouvert des portes qu’on aurait jamais explorées sans lui je pense, et inversement. Aujourd’hui, on sait où l’on va et ça rejoint justement la première question que tu nous as posée. Le but était de trouver une direction artistique qui nous correspond avant tout, et là, on l’a trouvé.

Vinsi : Et clairement, ça fait aussi chier de sortir un album quand tu n’as pas de public. Là, on commence à avoir du monde à nos concerts, des gens qui nous écoute, donc forcément, là on se sent de sortir un album car en vrai, le premier EP qu’on a sorti, c’était nos premiers pas dans la musique, donc bon…

Pex : Si on parle d’Hiphopia, ce n’était même pas sûr qu’on le fasse car on avait gagné un tremplin qui nous a permis de le réaliser. Puis, Capture c’était vraiment pour avoir un peu d’actualité et sortir quelque chose et essayer de percer. Kintsugi est une présentation de tout ce qu’on sait faire dans le rap. On sait faire « Wheelin », on sait faire « Toréador », on sait faire des guitares voix, d’accord, mais là, maintenant on sait la direction qu’on va prendre. Ça va être l’album de la maturité.

Prévu pour quand ?

Alien : Dans le courant de l’année ! Après, on ne sait pas exactement quand est-ce qu’on va le finir. Mais c’est sûr que cela serait bien que ce soit pour cette année car là on tourne avec un EP qui date de juin 2018. C’est quelque chose d’atypique. On a envie de donner de la nouveauté aux gens, de sortir des morceaux, montrer ce qu’on a en tête parce que le disque commence à dater un peu.

Vinsi : Il y a aura un album puis encore un ensuite si l’on s’est pas disputé d’ici là… (Sourire)

Est-ce que la possibilité d’une carrière solo vous a déjà traversé l’esprit ?

Alien : Les trois on fait des morceaux en parallèle. On n’a aucun complexe avec ça en fait. Ce n’est pas parce qu’il y aura un membre qui voudra faire un son de son côté qu’on ne refera jamais d’album ensemble ensuite, pour la simple et bonne raison qu’on ne fait pas la même musique quand on est trois que seul. On se le dit des fois que c’est évident que chacun individuellement on ne ferait pas ce qu’on fait à trois. S’il y avait des redites ce serait bizarre. Et nous n’avons pas les mêmes envies artistiquement parlant pour après.

Vinsi : En tout cas, j’ai hâte d’écouter nos futurs projets solo… Je ne sais pas où est-ce que ça ira mais je pense que ce sera très cool.

Dorénavant, c’est le titre « Iceberg » qui est exploité. Que peut-on souhaiter à ce titre ? Il y a un message caché ?

Vinsi : C’est un titre instinctif. C’est une période où on est arrivé sur Paris où on a signé sur Polydor. À partir de ce titre, c’est là qu’on a débloqué beaucoup de chakra et qu’on a beaucoup écrit et qui a donné la vibes Kintsugi. Cela a été un élément déclencheur mais il n’y a pas réellement de sens caché au morceau. Ça reste un morceau ultra important pour nous.

Alien : C’était un peu la volonté de faire un titre un peu perché aussi. On voulait que ce soit un ressenti, un feeling, plus que quelque chose d’explicite. Après chacun voit ce qu’il veut derrière…

De nouveaux projets de prévus avec Maxenns ou un petit rap challenge de prévu avec Kikesa ?

Pex : On n’est pas fermé ! On n’y a pas vraiment pensé. On re-collaborera avec eux très bientôt sur d’autres trucs, c’est sûr ! On ne calcule pas ce qu’on veut faire avec eux. Ça doit être naturel.

Alien : N’empêche que ce serait cool de faire un « Southcoaster 2 ». On s’est toujours dit avec Maxenss que ce serait énorme d’en faire un… mais plus tard. Je pense qu’il faut qu’on fasse chacun notre petit bonhomme de chemin et que si on fait une V2, il faut que ce soit différent.

Pex : Après peut-être que des sons avec Maxenss il y en aura d’autres. Les deux sont des hypers potes de toute façon. On a partagé un an et demi de tournée, donc ça rapproche !

Découvrez « Magma » avec Maxenss :