Nous avons écouté « Lay Low » de Lou Doillon…

Lou Doillon, qui s’était déjà essayée à la musique avec l’album « Places » qui avait reçu un très bon accueil, nous revient avec « Lay Low », comptant bien transformer l’essai et passer définitivement du statut de mannequin-actrice à celui d’artiste musicale complète. aficia vous dit si cette tentative s’est révélée fructueuse …

Née d’un métissage franco-britannique et artiste aux multiples facettes puisqu’elle est à la fois actrice, mannequin mais aussi auteure, compositrice et interprète de tous ses morceaux, Lou Doillon avait récolté en 2014 une Victoire de la musique qui l’avait érigée au rang d’artiste interprète féminine de l’année, récompensant alors indirectement son premier album qui l’avait révélée au public intitulé « Places ». Cet album qui comportait des pépites telles que «  ICU », « Devil Or Angels » ou encore « Defiant » nous avait laissé un goût sucrée de miel coupé avec l’odeur corsée d’un café court qui plane dans l’air, l’accent anglais de la chanteuse donnant plus de profondeur à tous les mots qu’elle prononce de son grain de voix si particulier.

« Lay Low », l’album du changement ?

Lou Doillon - Law Low - AlbumOn se demandait bien si Lou Doillon nous avait concocté un album suivant le même fil conducteur que « Places » et dès le premier morceau de « Lay Low », on a notre réponse : oui … et non ! D’ailleurs, si on y pense bien, la pochette de l’album affichait une photographie patinée de son visage caché par une chevelure ébouriffée montée en chignon désordonné qui pouvait nous laisser deviner un opus plus … décoiffant !

Bien sûr, la grâce et la magie sont encore là, mais, s’étant offert les talents de Taylor Kirk, le songwriter du groupe montréalais Timber Timbre, Lou Doillon pose son filet de voix sur des morceaux plus souvent accompagnés de cordes pincées avec un mélange de frénésie et de douceur. « Lay Low » et ses accords de guitare est un morceau simple car électrisant à la manière de certains titres défendus par chanteuse Izia. Efficace, « Weekender Baby » passe bien car il donne une touche de charme là où l’on reconnaît avec fascination la voix de Jane Birkin comme si elle était imitée par la fille, à la perfection.

Sur « Worth Saying », Lou nous parle plus qu’elle nous chante et on aime cette bulle intime dans laquelle elle nous englobe pour nous conter son histoire. « Where To Start » qui est le morceau choisi comme premier single pour lancer l’album se révèle assez folk voire jazz et est bon sans être le meilleur. D’ailleurs, il reflète assez peu l’ensemble de l’oeuvre qu’il faudra aller chercher un peu plus en profondeur. Ainsi, loin de changer, Lou campe sur ses acquis sans forcément briller à tous les coups !

Lou Doillon, un arnaqueuse ?

Certes, « Robin Miller » nous rappelle grandement l’attitude boudeuse et traînante de Lana Del Rey qui nous susurre ses paroles à l’oreille et « So Still » fait écho à l’ambiance d’« Angus & Julia Stone », mais ces deux morceaux sont réussis, alors pourquoi bouder notre plaisir ?

Et s’il est vrai que « Good Man » a un côté dark et pesant qui est manifestement emprunté à Timber Timbre dont on distingue clairement l’atmosphère sombre, on ne peut pas en dire autant du reste des morceaux de l’album. Et puis, qu’importe l’inspiration pourvu qu’elle serve le morceau sans imiter à outrance un autre artiste !

Lou Doillon s’en tire comme une grande…

On a eu beau la critiquer de toutes part pour être une « fille de », Lou vaut largement les récompenses qu’on lui attribue et le succès qu’elle reçoit car, lui reprocher d’être une touche à tout devient illégitime à partir du moment où elle réussit ce qu’elle touche ! Seule la jalousie pourrait expliquer cet acharnement et on sait tous ce qu’il en est de ce (vilain) défaut …

Ainsi, les jolies accords de « Let Me Go » nous frappent comme des balles nous cribleraient, les instruments répétant une incessante et tonique mélodie qui élève le morceau au rang des incontournables de cet album, la voix de la chanteuse s’y mêlant à la perfection.

« Left Behind » et est morceau minimal et onirique dont la douce mélodie au piano oscille entre les ténèbres et le paradis au gré des notes atteintes par Lou Doillon qui s’amuse en parfaite magicienne des mots et de la musique. L’orchestration y est magistrale : impressionnante sans être pressante et cela nous permet d’apprécier un magnifique morceau qui nous fait entrer avec douceur dans un album très attendu.

« Above Head » est plus rythmé, la mélodie plus soul est chaude et devient finalement rock sur la fin. Sur certaines amorces de phrases, Lou y dévoile une voix rauque de crooner qui décape bien le fond de nos oreilles innocentes sur des paroles qui disent « pourrais-tu, s’il te plaît, t’éloigner de mon chemin » avec plus d’insistance que la politesse de rigueur à laquelle la chanteuse se conforme. On aime son impétuosité !

On sentait de la détermination, mais aussi le besoin -voire la nécessité- de faire ses preuves en même temps que ses armes pour mettre tout le monde d’accord mais Lou Doillon y parvient et campe peut-être là encore un peu trop sur ses acquis pour pouvoir rallier tout le monde à sa cause si facilement. Il n’en reste que son talent est indéniable et qu’elle le met au profit dans un album où les morceaux sont plus courts et donc moins lassants que sur son premier opus, puisque -il faut bien l’avouer- la voix monotone et les mélodies souvent ressemblantes pourraient faire piquer du nez certains d’entre-nous, dans le cas contraire.

Découvrez « Lay Low », le nouvel album de Lou Doillon :

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