Claudio Capéo en interview : « Le mot star, j’ai du mal à me l’approprier »

[dropcap]A[/dropcap]lors qu’une ultime réédition de son disque éponyme vient de sortir, Claudio Capéo fait le bilan d’un an et demi de succès pour aficia, et se projette dans le futur. Rencontre.

Remarqué dans « The Voice » 5 en 2016, Claudio Capéo a depuis embrassé le succès avec un album ayant accouché de plusieurs tubes dont « Un homme debout », « Ça va ça va » et « Riche », lequel s’est écoulé à plus de 500.000 exemplaires. Un disque de diamant en poche, le chanteur poursuit sa route et fait désormais escale dans les Zénith. Rencontre avec un homme franc qui ne prévoit aucun plan de carrière.

On a toujours dit avec mes amis qu’on n’y arriverait pas.

Ton succès fulgurant, est-ce que tu le perçois comme un pari réussi ?

Pour être tout à fait honnête, il n’y avait aucun pari. On n’a rien calculé. On vient comme on est et on fait les choses à la bonne franquette. On est des copains d’enfance qui avons envie de faire de la musique. Alors on se donne du mal, on travaille comme des fous, pour donner du plaisir et s’amuser. C’est comme ça que nous arrivons à prendre du plaisir. Et voilà où nous en sommes, avec notre sincérité restée intacte. Je dois quand même avouer qu’effectivement on hallucine complètement. (Sourire)

Penses-tu que c’est aussi cet état d’esprit qui plaît au public ?

On n’a pas envie de mentir, de s’inventer des images. On essaie d’être sincère le plus possible, et peu importe ce qu’on peut penser de nous. Quitte à passer pour des débiles !

Est-ce que tu ne te sous-estimerais pas un peu ?

C’est vrai que j’ai toujours été comme ça. C’est ma façon d’être. Tout est arrivé si vite que je n’ai probablement pas eu le temps de le réaliser. Quand je croise des gens dans la rue ou à la sortie d’un concert et qu’on me demande de poser pour des selfies, j’ai toujours une petite gêne. On reste « Claudio », on reste « Capéo ». On est fidèle à ce que l’on est. Le mot star, j’ai du mal à me l’approprier.

Te considères-tu comme étant à l’écart du star-system ?

Le mot « people », c’est un mot qui me dérange un petit peu. On est comme tout le monde. La seule différence est qu’on est médiatisé. Nous, on fait de la musique. On fait ce qui nous plait.

Comment est-ce qu’on gère un succès aussi important dans ton cas ? Qu’est-ce qui te permet de garder les pieds sur terre ?

C’est vrai que ce n’est pas tous les jours facile. On est toujours très occupé, parce qu’on a beaucoup de concerts et beaucoup de promo en ce moment. Ce qui nous fait tenir, c’est le fait d’être une grande bande de potes. Les musiciens, comme les techniciens, on est sur la route ensemble. On parle beaucoup, on partage des choses aussi. Dès qu’il y a un coup dur pour quelqu’un, on est là pour l’épauler. On fait en sorte que ça se passe bien. On se donne du courage ! (Sourire)

Mon duo avec Vitaa a choqué beaucoup de monde.

En t’écoutant, je comprends que « Claudio Capéo » n’est pas qu’un nom sur une pochette de disque ou une affiche de concert, mais qu’en réalité c’est aussi une équipe soudée.

Tout à fait ! Je travaille dans ce milieu depuis très longtemps, et pas uniquement en tant que chanteur. Mais aussi comme technicien. On a toujours dit avec mes amis qu’on n’y arriverait pas, et qu’on faisait ça uniquement pour l’amour de la musique. Pas pour en vivre ! Quasiment tous les Capéo ont été technicien. Et maintenant, toutes ces personnes avec lesquelles j’ai grandi, appris, sont autour de nous dans le tour-bus. On se connait tous depuis plusieurs années. Je considère que c’est une chance énorme qu’on a aujourd’hui. C’est la récréation ! (Rire)

J’imagine que ce succès induit de nombreuses sollicitations. Comment fais-tu le tri ?

C’est le cœur qui parle ! Je ne fais pas ce que je n’ai pas envie de faire. J’ai récemment enregistré un duo avec Vitaa. Ça a choqué beaucoup de monde. Tout simplement parce que les gens attendaient plutôt que je fasse un duo avec Zaz ou avec Christophe Maé. Je comprends tout à fait et ça ne me dérange pas du tout. Ce sont des artistes que j’admire et que j’aime beaucoup. Ce sont des personnes qui ont du cœur. Là, j’avais envie de marquer le coup avec une personne que je n’écoute pas forcément. Je voulais rappeler qu’il ne faut pas être fermé et savoir aller un peu plus loin. Mais au-delà de ça, Vitaa est quelqu’un que j’apprécie beaucoup parce qu’elle est très sensible. La collaboration s’est très bien passée, c’était cool ! Je me dis qu’à deux, on est plus fort. Alors pourquoi pas avec Vitaa ? Il faut bien tenter des choses. C’est ce qui nous fait avancer.

Qu’est-ce qu’il représente pour toi ce duo-là ?

Ce titre rappelle qu’on a tous besoin de rêver, qu’on a tous besoin d’aller plus loin. On a tous besoin de croire en quelque chose ! C’est assez simple en fait, c’est la vie de tous les jours… On a le droit de rêver, alors qu’on a tendance à se morfondre naturellement. Ça rejoint ce que je dis dans mon nouveau single « Dis-le moi ».

Écoutez le titre « Un peu de rêve » de Vitaa et Claudio Capéo :

D’ailleurs, ne crains-tu pas d’être sur-exposé et que le public succombe à l’overdose ?

J’y ai pensé souvent et j’y pense encore. Je ne regarde pas trop la télévision et je n’écoute pas trop la radio. Tout ça, je ne le vois pas et ce sont plutôt mes amis, mon entourage, qui parfois se posent la question à ma place. Mais c’est clair que je n’ai pas envie d’en faire trop et que le public soit dégoûté. J’essaie quelque part de mettre des freins, mais ce n’est pas évident.

Ça veut dire qu’on te verra un peu moins en 2018, après ta tournée ?

L’année prochaine, après les Zénith on prévoit de jouer dans les festivals qu’on n’avait pas fait cette année. On va jouer un maximum, faire de la scène…

Regardez le clip « Dis-le moi » de Claudio Capéo :

Il y a peu, en coulisses du Concert pour la tolérance, tu t’es exprimé au sujet des moqueries qui ont marqué ta jeunesse. Te considères-tu comme un exemple de réussite ?

Je n’ai jamais cherché à dépasser tout ça à proprement parler. Tu sais comment sont les enfants entre eux. Je vois le cas de mon petit garçon… C’est dur ! Ils n’ont pas peur de dire les choses et ils y vont franchement. Par contre, ce qui m’amuse, c’est de voir les personnes qui reviennent au bout de 20 ans pour faire « copain-copain ». Je ne suis pas mauvaise langue, mais je pense qu’il ne faut pas non plus prendre les gens pour des cons.

Quels conseils pourrais-tu donner justement au jeune public qui écoute ta musique pour qu’il puisse s’épanouir dans la vie ?

Simplement à ces jeunes-là de faire ce qu’ils ont envie de faire, d’être ceux qu’ils sont au fond d’eux. On a toujours l’impression de ne pas être assez bien, de ne pas être fort, d’être trop petit… C’est important de se faire plaisir et de profiter de chaque instant. Être adolescent, ce n’est pas toujours facile. Mais il faut malgré tout apprendre à passer outre le regard des autres.

Je vis les choses au jour le jour !

Nous parlions de tes collaborations à l’instant. Avec quels artistes souhaiterais-tu travailler par la suite ?

Je n’en sais rien du tout ! (Sourire) Je n’ai pas d’envie précise pour le moment. C’est une question assez délicate pour moi parce que je vis les choses au jour le jour. S’il y a des envies, ça viendra peut-être. Mais pour l’instant, je n’ai aucune idée et je ne me pose aucune question.

J’imagine que tu as toutefois déjà quelques idées quant à la suite à donner à ta carrière. Je pense notamment à un nouvel album.

Il y a effectivement des petites idées qui commencent à germer. Mais, encore une fois, tout se fait sans prévoir, sur le moment. Ça se passe dans le car de la tournée, pendant les heures de transport. Je peux quand même te dire que ce sera une suite logique de tout ce qu’on a déjà fait. Ce sera des mots simples et des choses sans prétention. Pour l’instant, ma réflexion en est là. Mais c’est possible que ça change. Dans quelques mois, il n’est pas impossible que je vois les choses différemment en fonction des événements.

Tu es signé dans un petit label (Jo&Co). N’as-tu pas été sollicité par d’autres équipes intéressées compte tenu de ta notoriété croissante ?

Tu sais, je ne suis pas du tout lèche-cul. Mais je le redis, j’ai des producteurs qui sont géniaux, qui nous suivent et qui n’ont jamais dit non. Je trouve ça chouette ! C’est une chance d’être signé dans un label indépendant. On se dit souvent qu’on aimerait pouvoir continuer comme ça toute notre vie. Ce serait merveilleux !