Festival Paroles & Musiques

Paroles & Musiques : le festival qui célèbre la chanson pop, nous y étions ! 

Paroles & Musiques n’a jamais aussi bien porté son nom. Retour sur une 34e édition où les mots, les émotions et la proximité ont pris le pas sur les paillettes.

Il ne s’agit pas d’un “festival” à proprement parler comme nous avons l’habitude d’en faire, avec des animations, des foodtrucks à gogo et différentes scènes à ciel ouvert. Non, à Saint-Étienne, le festival Paroles & Musiques se vit plus comme une succession de confidences musicales que comme un événement spectaculaire. Loin du tumulte des grands rassemblements estivaux, cette édition 2025 a célébré la proximité entre artistes et public, dans une atmosphère souvent intimiste, toujours sincère, dans des salles à petites jauges (de 100 à 1 500 personnes).

Le public, d’un certain âge pour la majeure partie des têtes d’affiche, a pourtant semblé conquis par des artistes comme Sylvain Duthu (hélas blessé ce soir-là), le Canadien Pierre Lapointe, qui revenait pour la 3e fois, ou la douce Lisa Pariente, que nous découvrions pour la toute première fois en live.

Pour le directeur du festival Paroles & Musiques, Simon Javelle, cette édition 2025 est le fruit d’un travail d’adaptation entamé il y a plusieurs années :

“On est très contents de ce qu’il se passe. Nous sommes complets sur le format Usine, mis en place il y a trois ans. Il permet au public de découvrir tout d’abord des premières parties émergentes, puis d’aller savourer les têtes d’affiche. Le format est vraiment pensé en deux temps.”

Il s’agit d’un format assurément conçu pour remettre l’émergence au cœur du projet :

“Depuis le COVID, nous constatons un vrai manque de curiosité du public. En plus de cela, nous étions complets les soirs en semaine à 23 h ; aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les habitudes ont changé, alors nous nous sommes adaptés. On a dû créer un environnement qui redonne envie. Mais aujourd’hui, c’est une pleine satisfaction.”

Côté programmation, le directeur s’est entouré d’un nouveau programmateur depuis quatre ans, également conseiller artistique des Inouïs du Printemps de Bourges, David Rivaton :

“J’avais besoin de renouveau.”


Nos 5 jolies pépites découvertes cette semaine :

Le choc Sam Sauvage

Impossible d’oublier le passage de Sam Sauvage, véritable révélation. Un talent brut, presque incandescent. Sa performance oscillait entre frissons, décadence assumée et vérités balancées en interprétant son nouveau single « Bourré » au micro, comme un écho désespéré à la nuit. Une claque, littéralement. Le directeur du festival valide d’ailleurs complètement :

“Sam Sauvage, c’est exactement tout ce que j’aime dans la chanson : une présence, des textes, une musique, un charisme.”

– le directeur du festival

À découvrir bientôt en interview vidéo sur notre compte Instagram.

La subtilité d’Asfar Shamsi

Il se passe clairement quelque chose autour du phénomène Asfar Shamsi, récemment invitée sur Planète Rap par Youssef Swatt’s pour chanter 2006. Nous avons tout de suite compris pourquoi. Après une entrée de scène timide, l’artiste a finalement brillé par sa polyvalence : chansons, rap, slam, électro, cymbale… Elle monte en puissance au fil de son set, jusqu’à un final presque en DJ set avec ses deux musiciens qui l’accompagnent. Une montée en tension maîtrisée pour un talent à suivre de près. Hormis un léger manque d’articulation par moments, c’est une vraie découverte, à retrouver très bientôt en interview flash.

L’effervescence de St Graal

Nous l’attendions de pied ferme : il ne nous a pas déçus, loin de là. St Graal fait partie des talents aficia que nous suivons depuis un moment maintenant. Sur scène, il confirme sa force et toute son énergie provocatrice. Il a su créer un véritable mouvement de foule en appelant tout le monde à descendre en fosse dès le premier morceau. Un moment rare, où la frontière scène/public s’efface totalement — qui plus est dans une salle en configuration assise. Bravo l’artiste !

Le maestro Léman

Alors qu’il avouait sur scène vouloir tout plaquer aux prémices de sa jeune carrière, Léman a prouvé qu’il était une bête de scène. Celui qui connaît un joli succès radio avec Les étoiles, et qui s’est fait connaître sur les réseaux sociaux avec une reprise (osée) de La danse des canards, mêle texte lyrique et énergie rock avec justesse. Il fait preuve d’une puissance vocale extraordinaire et prouve qu’il fait partie de ces futurs grands de la variété pop/rock. Gros coup de cœur pour son morceau On attend.

Jyeuhair, le (futur) génie du rap

L’avant-dernier soir, Jyeuhair faisait partie des artistes les plus attendus du festival, en collaboration avec le Fest’U. Au-delà d’être un humain fantastique (interview à découvrir prochainement), l’artiste a démontré son talent multi-casquettes : chanteur, danseur, performeur, rappeur ! Le finaliste de Nouvelle École saison 3 a littéralement conquis un public en transe, créant un moment de communion intense. Chapeau l’artiste !

(c) Etienne Simouneau

Nous n’oublierons pas non plus de citer l’énorme show de Jérémy Frérot au Zénith, George Ka, qui a frappé fort à coups de mots ciselés entre slam et chanson engagée, et Victor Solf, qui a tout donné, jusqu’à la sueur.

Nos seuls bémols de la semaine iront vers le duo Adele & Robin, apparus plus en retrait. Malgré le fait qu’ils forment un couple dans la vie, nous avons ressenti un certain manque de dynamisme qui a amoindri l’impact de leur passage. Pourtant, la qualité des compositions était là. Même chose pour Whisper, touchante de timidité… mais peut-être trop justement. Elle ne semblait pas tout à fait à sa place. Techniquement, cela ne semblait pas (encore) rodé. Il nous tarde de découvrir l’évolution du projet…


Malgré ces très bons moments de musique, le directeur du festival reconnaît quelques déceptions. Comme le faible engouement autour de Clou (et sa magnifique violoniste), ou Sylvain Duthu (ex-chanteur du groupe Boulevard des Airs). Et ce malgré une standing ovation inattendue pour la première. De même, la soirée du Zénith n’était pas complète, malgré la présence d’Emma Peters, Jérémy Frérot & Hoshi :

“Je n’ai pas toujours réponse à tout”, argumente Simon.

Il a également été mis au courant de mauvaises nouvelles concernant l’avenir du festival :

“Non seulement le département va nous sucrer des subventions, mais en plus l’Usine sera en travaux. Il faudra repenser toute l’organisation. Depuis 1992, on n’a jamais cessé de s’adapter.”

Et malgré l’envie de redonner un côté plus festif à l’événement, les choix écologiques priment :

“Nous aimerions rendre le festival plus festif. J’ai pensé à l’installation d’un chapiteau, mais écologiquement, ce n’est pas viable. Je préfère être dans le renoncement sur ce point.”


Conclusion :

Cette édition 2025 de Paroles & Musiques a prouvé que la force des mots et l’intimité des lieux peuvent suffire à faire vivre des concerts mémorables. Un festival à taille humaine, où les émotions sont à fleur de peau, et où l’on découvre que, parfois, c’est dans les silences que naissent les plus beaux frissons.
Encore de beaux artistes découverts dans de petites salles, là où, habituellement, nous les voyons sur des plus grosses scènes. On sent tout de suite qu’il y a moins d’enjeux pour eux… et plus de proximité.
Paroles & Musiques, nous vous disons certainement à l’année prochaine !

Nos interviews de Léman, Lisa Pariente & Sylvain Duthu :