Ofenbach en interview : « On veut vraiment développer notre marque »

[dropcap]E[/dropcap]ntre deux sets et alors qu’il travaille sur son premier album, le duo Ofenbach a trouvé du temps pour répondre aux questions d’aficia. Rencontre.

Après avoir publié plusieurs singles en 2015, Dorian et César on vu leur carrière décoller véritablement l’an dernier avec le succès de leur titre « Be Mine », et plusieurs collaborations. Ayant mis sa griffe sur l’album du spectacle musical « Saturday Night Fever », le duo qui est attendu en Amérique cet hiver et en quête d’une reconnaissance internationale cherche à présent à transformer l’essai avec son nouveau single « Katchi », prélude d’un premier album à venir en 2018.

Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis notre dernière rencontre, en 2016 ?

César : Pour commencer, on est très heureux. On en profite d’ailleurs pour remercier tous les gens qui nous ont supportés. On attendait depuis très longtemps de pouvoir vivre de notre musique et faire ça à temps plein. C’est ce que le succès de « Be Mine » nous a permis. On ne s’en remet pas vraiment… Ça nous motive surtout pour la suite, à travailler sur de nouveaux morceaux, à préparer un album. Et c’est dans cette optique-là qu’on a sorti « Katchi ».

N’est-ce pas aussi une forme de pression pour la suite ?

César : Pour nous, l’important n’est pas de proposer quelque chose qui va forcément plaire, mais de rester cohérent avec nous-mêmes et avec notre son. On veut vraiment développer notre marque, cette empreinte deep house/rock. C’est vraiment ça notre but. L’album qu’on prépare sera dans cette veine. On veut que le public puisse tout de suite nous identifier en écoutant nos sons, plus que d’enchaîner les tubes.

N’est-ce pas présomptueux de penser pouvoir imposer un style aussi rapidement alors que certains artistes mettent plusieurs années avant de se créer une véritable identité ?

César : C’est une volonté. Nous avons fait beaucoup de musique avant « Be Mine ». On a cherché un son qui nous est propre. On était dernièrement plutôt dans un registre deep house/pop, et nous avons voulu revenir à nos origines, parce qu’on a d’abord été influencé par des groupes de rock. Ça nous ressemblait plus, et c’est pour ça qu’on a voulu aller dans cette direction.

Être deux, ça aide pour la confiance !

Comment s’organise votre binôme ?

Dorian : César joue du piano, moi de la guitare. On produit chaque titre tous les deux, c’est vraiment un échange permanent. On s’échange les projets via des logiciels de création musicale, via Internet, jusqu’à ce qu’on parvienne à dessiner dans le détail un morceau. On se rejoint ensuite soit chez moi, soit chez César, et à ce moment-là on finalise le morceau jusqu’à ce qu’on soit totalement satisfait. Après, je te dirais malgré tout que chaque morceau à sa propre histoire… La mélodie de base n’est pas nécessairement instrumentale. On peut tout à fait partir d’un rythme ou d’un sample. Pour « Be Mine », tout s’est organisé autour de la mélodie vocale de Dorian. Pour le moment, ça change à chaque fois. Donc c’est assez compliqué de faire des généralités.

César : Quand on enregistre la voix, dans un premier temps on ne chante pas les paroles. On fait ce qu’on appelle du yaourt. Être deux, ça peut aussi aider pour la confiance. Échanger avec un pote, c’est forcément un atout. On est complémentaire.

Est-ce qu’on peut penser que vos récents voyages, qui découlent évidemment des sets que vous avez joué un peu partout dans le monde, ont inspiré le single « Katchi » et notamment son clip tourné en Espagne ?

César : Les voyages inspirent toujours, c’est une évidence. Mais c’est vrai que pour ce clip-là, on voulait vraiment faire voyager les auditeurs pour qu’ils deviennent des spectateurs. La vidéo est totalement raccord avec notre état d’esprit. On aime bien l’ambiance vintage. L’idée d’aller dans un désert collait aussi très bien avec la musique.

Dorian : L’aspect chaud et ensoleillé permet aussi de souligner le côté joyeux du titre.

Regardez le clip « Katchi » d’Ofenbach :

Qu’avez-vous vu ou appris lors de vos derniers voyages ?

Dorian : On a appris tellement de choses qu’il serait difficile de résumer tout comme ça… (Rire) Je dirais volontiers les rencontres. On a rencontré pas mal de personnes assez différentes les unes des autres, qui bossent dans la musique ou dans d’autres domaines. Ils nous ont beaucoup apportés.

Comment choisissez-vous les voix sur vos titres ?

Dorian : En général, on avance un titre au maximum et en fonction du style, on commence à penser à certains chanteurs dont la voix irait bien dessus. On va prendre des chansons « référence » et on va chercher la même ligne de voix. On regarde un peu partout sur Internet, on demande à ceux qui nous entourent… On a toujours des idées assez précises.

César : Le fait de changer de chanteur sur chaque titre, ça permet d’imposer un style singulier tout en renouvelant notre univers, en apportant un grain différent à chaque fois. Je pense que ça permet d’apporter une certaine fraîcheur. Notre projet, avec notre premier album, c’est de pouvoir multiplier les expériences avec des voix assez originales et pas nécessairement connues.

On assiste à l’émergence d’une french touch 2.0.

Avez-vous déjà des noms en tête ?

César : Oui, évidemment. Notre rêve serait d’avoir Jack White par exemple. On aimerait bien aussi pouvoir collaborer avec Portugal. The Man… Mais, encore une fois, on n’a pas vraiment cette volonté de travailler avec des gens connus pour travailler avec des gens connus. Si quelqu’un a du talent, on décide de bosser avec lui. Tout simplement.

Y-a-t-il des échéances pour ce premier album ?

Dorian : Déjà, on peut assurer qu’il sortira l’année prochaine. Dans notre tête, l’idéal serait de le sortir avant l’été. Mais on ne peut présager de rien. On a déjà bien avancé dessus, sur certains titres notamment. Mais aucun n’est encore véritablement terminé. On se consacre à 100% dessus, ce qui nous impose d’une certaine façon de refuser certaines propositions de collaborations sur d’autres projets. On les accepte de moins en moins, sauf si ça nous correspond vraiment. On a réalisé un remix pour Portugal. The Man récemment par exemple. On est tombé amoureux de la chanson « Feel It Still ». On a fait aussi des remixes pour des confrères, pour Robin Schulz ou Rudimental. Ça va de soi, dans l’électro on doit s’entraider.

Découvrez le remix de « Feel It Still » par Ofenbach :

Qu’entendez-vous par là ?

César : Pour nous, il n’y a pas de concurrence. Chacun apporte sa patte, chacun amène quelque chose de différent. On est content parce qu’en ce moment on assiste à l’émergence d’une french touch 2.0 avec par exemple Feder, Kungs et The Avener, qui commence à être là depuis un moment… Il y a pas mal de noms qui ressortent actuellement, et qui s’exportent à l’étranger.

Dorian : On s’entraide, comme on peut le voir dans le rap. Les rappeurs partagent très souvent des featurings ou font des concerts ensemble.