$-Crew : Nous avons écouté « Destins Liés »…

Destins Liés, le deuxième album du S-Crew, vient de sortir, et nous avons eu l’opportunité de l’écouter un peu en avance. Un album unique, surprenant, aux multiples enseignements, et qui certainement animera de nombreux débats. On vous en dit plus sur aficia…

Cet album s’apparente à une longue ballade tranquille, dictée dans une écriture riche et fluide, parfois ponctuée de purs moments de rage. C’est avec « On va le faire » que le S-Crew amorçait la promotion de l’album, pour un plongeon instantané. Dans ce morceau, aborder le thème de la flemme est, avec un peu de recul, tout sauf une banale anecdote. Framal a poussé le champ lexical jusque dans son flow, puisque ce son marque le départ de sa nouvelle signature vocale. Car oui, Framal adopte pour cet album cette voix nonchalante, qui semble faire grincer des dents une partie des plus anciens fans du rappeur. Un style qui annonce la musicalité de l’album. On le retrouve notamment au refrain dans « Nés pour mener », où le crew fait une mise au point sur sa capacité de conquête. Dans ce morceau, Nekfeu rejoint Framal avec ce flow typique, créant un son relativement anesthésiant.

Et puis la ballade se poursuit avec « C’est pas un film », premier éclat de hargne pour Nekfeu. Certainement un des meilleurs titres de l’album. Dans le fond mais aussi dans la forme, où le fennec brille d’ingéniosité dans le refrain en jouant avec les sonorités. Le flow de Framal vient couper cette rage et le contraste est plutôt bien foutu. Une polyvalence qu’on retrouve finalement dans l’ensemble de l’opus.

D’ailleurs, dans le titre suivant, « L’art et la manière », Nekfeu revêtit de nouveau sa parure « nonchalante », dans un son posé où Doum’s peut lâcher son 16. Mais le plus intéressant ce sont les lignes de Mekra : « Les groupies c’est fatiguant ça veut pas lâcher / Les concerts c’est pas là-bas que t’auras ta cavalière ». Rien d’anodin, car dans l’album, nombreuses sont les attaques de ce genre. On sent que le S-Crew veut mettre les choses au clair, en honorant ses « vrais fans ». D’ailleurs, un peu plus loin dans la tracklist, Nekfeu déballera : « Si tu me demandes un selfie, c’est surement qu’tu m’écoutes pas pour les bonnes raisons » et « J’aimerais voir que des vrais dans la fosse ». Des mots qui risquent encore de diviser. Paradoxalement, on retrouve des titres plus mélodiques comme « J’aurais pas dû » et « Démarre », qui peuvent plaire à un public moins habitué au caractère initial du groupe.

D’autres richesses ? Oui ! Et notamment le titre « Fausse note » où les quatre rappeurs jettent leurs mesures avec une sacrée puissance. Tous sans exception. Même Framal avec son nouveau flow écrase l’instru avec un excellent débit. Du bon S-Crew, du très bon S-Crew. Dans un autre style, il y a « Félins ». Une petite beauté musicale, loin d’être niaise dans les lyrics. La technique est soignée et se base sur une jolie métaphore. Dans le même genre, le tissage de « Fugazi » est simplement magique. Fugazi, c’est l’expression pour désigner l’apparence trompeuse d’une fausse pierre précieuse. Dans ce morceau, le crew utilise le champ lexical lié au diamant, à tout ce qui resplendit à l’extérieur. Une vraie dextérité se dégage de ce titre.

On retrouve des morceaux plus obscures et pessimistes, avec notamment « Plus pareil ». Dans « Bresson », impossible de rester indifférent face à la longue tirade de Nekfeu, qui expose avec rage le malaise de la jeunesse actuelle. Un engagement assumé, d’autres allusions politiques sont éparpillées un peu partout dans l’album. La team fout le bordel dans un hôtel avec « Une étoile », parle d’argent dans « Sereins ». Dit comme ça, le propos peut paraître réducteur mais les rappeurs se sont clairement appliqués dans l’écriture. Aucun faux-pas. C’est avec « Labo » que S-Crew termine l’album, un morceau conçu avec un réel sentiment de nostalgie. Début de carrière, nombreux souvenirs des premiers concerts… Un son exclusivement dédié aux premiers fans du groupe, 2zer le dit sans concession : « Celle-là c’est pour les fans, qui sont là depuis le début dans toutes les salles / On était que dalle au départ, mais ne confond pas la gazelle et le guépard ». Une récompense pour les plus fidèles.

Découvrez l’album Destins Liés de S-Crew :