Elvis Presley - DR

Elvis Presley, the « King »

Avec 700 millions de disques vendus de son vivant, chiffre qui aurait dépassé le milliard aujourd’hui, Elvis Presley est l’artiste solo qui a vendu le plus de disques au monde dans l’histoire de la musique. Mais Elvis Presley c’est aussi un homme, une vie, une histoire que vous retrace aficia aujourd’hui.

Si Elvis Presley n’a pas inventé le Rock’n roll, il est sans conteste celui qui l’a rendu populaire aux yeux de toute une génération en mal de repères. Aimé, adoré, adulé, vénéré même, il sera un des rares artistes à devenir une légende de son vivant et à le rester encore aujourd’hui presque cinquante ans après sa tragique disparition le 16 août 1977.

Né le 08 janvier 1935 à Tupelo, dans l’état du Mississipi, Elvis Aaron Presley est l’enfant unique, son frère jumeau Jessee Garon Presley n’ayant pas survécu à l’accouchement, de Gladys Love Smith et de Vernon Elvis Presley. D’une enfance sans histoire, mais économiquement difficile dans une famille aux revenus modestes, le jeune Elvis en retiendra surtout sa passion pour le gospel qu’il découvrira à l’église de la Pentecostal First Assembly of God que ses parents, fervents chrétiens, fréquentent régulièrement.
Ayant déménagé à Memphis, dans le Tennessee, en 1948 où ses parents espèrent mieux vivre, Elvis Presley y découvrira le blues et la country et cultive une vrai passion pour la musique et les artistes dont il retient les noms et les morceaux et en dehors des études et des petits boulots qu’il exécute pour aider ses parents, il s’exerce à la guitare et au chant.

1953, L’année qui changera sa vie

Véritable passionné de musique, le jeune Elvis Presley décide de tenter sa chance et franchit le seuil du petit studio Sun Records, spécialisé dans l’enregistrement de musique noire, en 1953. Il enregistre alors à ses frais, pour la somme « astronomique » de quatre dollars deux morceaux : « My Happiness »et « That’s When Your Heartaches Begin » qu’il compte offrir à sa mère pour son anniversaire. Repéré par la secrétaire du studio, Marion Keisker, trouvant qu’il possède une belle voix à ballade, il est convoqué quelques temps plus tard par Sam Phillips, le directeur du studio en recherche de nouveaux talents, en vue de passer une audition.

Si Sam Phillips est peu convaincu par les prestations vocales du jeune Elvis Presley, ce sont surtout ses connaissances musicales et sa détermination qui le persuadent de poursuivre l’aventure un peu plus loin. En 1954, lui adjoignant un groupe musical pour soutenir sa voix Sam Phillips lui donne une nouvelle chance. Réunis en juillet en présence de Scotty Moore (guitare) et Bill Black (contrebasse), Elvis Presley entame sa session mais convainc peu ses musiciens et encore moins Sam Phillips qui s’apprête à tout stopper jusqu’à ce qu’Elvis entonne les notes d’un vieux titre « That’s All Right (Mama) ». Titre blues au départ, Elvis Presley se l’approprie et en délivre une version rock’n roll qui scotche tout le monde au point que Phillips décide de lui faire enregistrer cette version qui sera le premier succès du futur « King » avec plus de 20 000 exemplaires vendues dans la ville de Memphis.

Le fameux déhanché du King

Ayant formé le groupe The Blue Moon Boy avec ses musiciens auxquels se joindra D.J. Fontana à la batterie, et s’appuyant sur le succès de son premier titre, Elvis Presley entame une tournée dans le sud des États-Unis. C’est au cours de ses concerts qu’il adoptera ces fameux mouvements brusques et suggestifs du bassin, qui lui vaudront le surnom de « Pelvis », qui assureront sa popularité auprès du jeune public tout autant que l’ire de l’Amérique puritaine et bien-pensante outrée par la gestuelle du jeune chanteur. Le scandale est tel que certains de ses concerts sont annulés et ses disques brûlés en public, mais contribue en même temps à  faire d’Elvis Presley la nouvelle idole de millions de jeunes américains. Ses singles comme « I Forgot to Remember to Forget » et sa reprise rock d titre blues « Mystery Train » deviennent rapidement numéros un des ventes et propulsent Elvis Presley au rang de star dans tous le sud des États-Unis.

Elvis Presley multiplie alors les concerts, déclenchant l’hystérie des jeunes filles prêtes à tout pour l’apercevoir à la fin de ses prestations au point qu’il est obligé de quitter discrètement les salles pour éviter de déclencher une émeute de ses groupies féminines. La phrase de l’annonceur : « Elvis has left the building » deviendra d’ailleurs culte et un rituel après chaque concert du chanteur.

Le colonel Parker

C’est à la sortie d’un de ses concerts qu’Elvis Presley va faire la rencontre qui changera définitivement sa vie et le propulsera au sommet de l’industrie musicale américaine lorsqu’il est abordé par un homme qui se réclame imprésario, Thomas Andrew Parker alias le Colonel Parker. Homme charismatique et autoritaire, le colonel Parker impressionne le jeune Elvis Presley et le convainc de devenir son manager : « Jeune homme, pour l’instant vous valez un million de dollars, bientôt vous les aurez comptant ».

En 1955, le colonel Parker signe un contrat d’exclusivité sur vingt ans moyennant 15% des revenus d’Elvis Presley et va révolutionner les méthodes de gestion d’un artiste. En effet, mené par un sens aigu des affaires et surfant sur la popularité d’Elvis Presley, celui-ci va transformer son jeune et très prometteur poulain en véritable produit marketing avec toute une collection de produits dérivés à l’effigie du chanteur, montant de toute pièce une véritable industrie sur le nom Elvis. Mais si le colonel Parker contribue à l’essor phénoménal d’Elvis Presley grâce à un contrat avec Radio Corporation of America, le label le plus puissant du moment, une apparition au Ed Sullivan Show (monopolisant 82,6 % de l’audience télé) et un premier disque d’or avec « Heartbreak Hotel », les premières critiques ne tardent pas à fuser de la part de la presse américaine concernant le duo. La presse spécialisée et les grands quotidiens, toujours scandalisés par la gestuelle provocante du chanteur, se déchaînent, accusant Elvis Presley d’être devenu le pantin sans volonté d’un manager avide de gains au détriment de son propre artiste.

Mais la campagne de presse à charge contre Elvis Presley n’entame en rien sa popularité, bien au contraire, auprès du jeune public et ses disques : « Blue Suede Shoes », « I Want You », « I Need You », « I Love You », « Don’t Be Cruel », « Hound Dog » ou encore « Love Me Tender » sont tous d’énormes succès tandis que ses concerts déclenchent l’hystérie de ses fans et l’adulation d’Elvis qui à la fin de l’année 1956, soit trois ans après ses timides débuts, en est déjà à son 48e disque d’Or. C’est à cette époque que Elvis Presley devenu le « King » s’offre, afin de se préserver du harcèlement de ces admirateurs, la propriété de Graceland pour la modique somme de 125 000 dollars. Il y investit immédiatement un demi-million de plus pour transformer la propriété en havre de paix et forteresse et y installe sa famille ainsi que ses proches et amis qui deviennent aussi ses employés, le royaume Graceland est né.

Parallèlement à sa carrière, Elvis Presley est aussi devenu une star du cinéma à Hollywwod qui, séduit très tôt par le physique avantageux du jeune chanteur lui fait les yeux doux dès l’année 1954. Elvis enchaînera alors de multiples films comme : « Le Cavalier du crépuscule » (Love Me Tender) en 1956, « Le Rock du bagne » (Jailhouse Rock) en 1957, « Bagarres au King Créole » (King Creole) en 1958, « Viva Las Vegas » en 1964 ou encore « Charo » en 1969 pour les plus connus parmi la trentaine de films de l’acteur Elvis. Si ces productions ne sont pas des chefs d’œuvres, reprenant pour la plupart le même créneau du jeune chanteur qui réussit malgré les épreuves, leur succès commercial auprès du public est indéniable et servent surtout de support à la carrière discographique d’Elvis Presley par le biais des disques tirés des BO des films.

Départ à l’armée et déclin du « King »

En janvier 1958, Elvis Presley est appelé sous les drapeaux pour servir son pays, au grand dam de ses fans, et effectuera son service militaire en Allemagne sur la base américaine de Ray Barracks et résidera à Bad Nauheim jusqu’à sa libération en mars 1960. Difficile et triste période pour le chanteur qui déprime loin de son pays et sera surtout marqué par le décès de sa mère Gladys qui affectera profondément Elvis Presley. C’est aussi à cette période qu’il rencontrera une jeune fille de 14 ans, lors d’une soirée organisée chez lui, Priscilla Ann Beaulieu qui deviendra Priscilla Presley en 1967 à l’Aladdin Hotel de Las Vegas. De cette union naitra Lisa-Marie Presley, unique héritière de l’empire Presley, le 1er Février 1968.

À son retour de l’armée, le colonel Parker reprend en main la carrière du chanteur, dont il veut absolument lisser l’image sulfureuse pour l’adapter à un public plus large, et le cantonne essentiellement à sa carrière cinématographique hollywoodienne avec pas moins de 27 films en neuf ans. Encore portée par les singles issus des films, la popularité d’Elvis Presley s’étiole peu à peu, minée par un éloignement de son rock d’origine et des ballades fades comme « It’s Now or Never » (1960) ou « Can’t Help Falling In Love » (1961). Le monde évolue, la musique change et la déferlante du rock britannique des groupes tels que The Beatles et The Rolling Stones va reléguer Elvis Presley au rang de simple faire valoir et non plus image emblématique de ce rock’n roll qui appartient à d’autres désormais. Fatigué et lassé d’un quotidien qu’il trouve désormais bien trop morne, Elvis Presley plonge dans une vie dès lors recluse, cachée derrière les murs de sa forteresse, faite de soirées mondaines, de fêtes, de nuits blanches et d’excès en tous genres.

Elvis Presley revient en force

Il faudra attendre l’année 1968 pour voir réapparaitre Elvis Presley à la télévision, après sept ans d’absence, sur NBC ou il interprète ses anciens succès, mais aussi de nouveaux morceaux et connait ainsi un regain de popularité grâce à la diffusion télé de ses shows et une nouvelle image imposée par Elvis à son manager. Cette nouvelle popularité lui permet de retourné en studio et, sous la direction de Chips Moman, de proposer de nouveaux titres plus en adéquation avec les standards musicaux de l’époque et de revenir auprès de son public grâce à des morceaux comme « Suspicious Minds », « In The Ghetto », « Don’t Cry Daddy », « Long Black Limousine », « Inherit The Wind », « Rubberneckin », ou encore «Without Love ». Ces nouvelles prestations retournent la presse américaine qui l’encense désormais et permet à Elvis Presley de préparer son retour scénique grâce à une série de contrats à Las Vegas qui verront ses concerts faire salles combles à chacune de ses apparitions avec à chaque fois des recettes records. C’est un retour en force pour le chanteur dont les documentaires entretiennent la légende et en font l’icône de toute l’Amérique.

La longue descente aux enfers

S’il est à l’aube d’une nouvelle et extraordinaire gloire, les années qui suivent voient aussi apparaître les premières failles du chanteur, miné par son divorce en 1972 et la surconsommation régulière de médicaments liée à des problèmes de santé et le rythme de vie infernale imposé par ses concerts et des tournées à répétitions. Devenu un véritable mythe vivant Elvis Presley multiplie les apparitions sur scène au détriment de sa santé et l’oblige à encore plus de médications qui ont un effet de plus en plus désastreux sur son physique.

En 1977, à nouveau rongé par des problèmes de santé, il est obligé de stopper sa tournée et doit se faire hospitaliser suites à des soucis gastriques et d’hypertension. Même si sa voix reste toujours aussi performante, et malgré quelques regains de forme lors de ses concerts, le temps qui passe est une lente dégradation physique et morale pour Elvis Presley qui ne s’achèvera qu’avec le décès du chanteur en ce jour du 16 août 1977, peu après sa dernière tournée, suite à une arythmie cardiaque provoquée par la prise prolongée et massive de médicaments.

Enterré dans sa propriété de Graceland auprès des membres de sa famille, les funérailles du «King » seront un évènement national et verront près de 100 000 personnes venir lui rendre un dernier hommage. Sa tombe deviendra dès lors un lieu de pèlerinage pour tous ces admirateurs faisant du lieu une des « attractions » touristiques américaine les plus prisées et le deuxième lieu historique le plus visité après la maison blanche avec pas moins de 600 000 visiteurs par an.

Mais c’est avant tout l’idole de toute une nation et la figure emblématique, reconnue de tous au fur et à mesure des années, du rock’n roll qu’il a popularisé dans le monde entier et inspiré des générations entières d’artistes. Si le « King » n’est plus, sa mémoire et son héritage sont toujours bien présent dans nos esprits et dans le cœur de millions d’admirateurs qui le garde encore bien présent dans le panthéon des stars et si certains sont des étoiles, Elvis Presley était à lui seul toute une constellation.

On vous laisse en compagnie de « Love Me Tender », le titre emblématique du King Elvis Presley :