Élisa Tovati : faut-il écouter ‘Le cœur est la locomotive des filles émotives’ ?

Plus de cinq ans après la parution de son dernier effort, Elisa Tovati opère un retour brillant et intime avec Le cœur est la locomotive des filles émotives en écoute sur aficia !

Comédienne et chanteuse, Élisa Tovati nourrit chacun de ses disques studio de ses expériences cinématographiques et théâtrales, se racontant en musique sur des projets cohérents et singuliers. Avec une discographie enrichie de quatre disques et déjà huit années après l’immense succès radio du titre « Il nous faut » en collaboration avec Tom Dice, l’artiste française est enfin de retour avec un nouvel effort joliment intitulé Le cœur est la locomotive des filles émotives. Ce dernier succède ainsi à Cabine 23 paru en 2014 et pour lequel l’exploitation avait été pour le moins enrayée en raison d’une polémique impliquant la SNCF…

Enrichi de 13 pistes, ce nouveau cru est le fruit de nombreux mois passés en studio aux côtés d’une pléiade d’auteurs et compositeurs tels que Bertrand Soulier, John Mamann, Romain Millot ou encore Madame Monsieur. Très éclectique à l’image de l’équipe en charge de sa réalisation, Le cœur est la locomotive des filles émotives s’ouvre sur une introduction folk-rock du même nom qui annonce la couleur d’un album intimement pluriel.

L’amour déçu en avant-propos

S’ensuit la saisissante ritournelle « 1.2.3.4 », le premier extrait dévoilé il y a quelques mois et sur lequel l’artiste s’est entourée du canadien Matt Epp pour un duo sensuel. Les deux voix se marient à merveille scandant tantôt dans la langue de Shakespeare tantôt dans celle de Molière pour évoquer un cycle de l’amour plutôt pessimiste, celui qui débute par l’euphorie de la rencontre et qui s’achève par une rupture vivement alimentée de non-dits et d’incompréhensions. Élisa Tovati chante ainsi les désillusions d’un amour qui n’est plus réciproque sur le mélancolique « Dinan 22 ». Une piste qui s’achève en apothéose, véritablement sublimée par la tension des cordes comme pour exacerber la douleur post-rupture également mise en avant dans le très révolté « Le soufre », up-tempo imparable habilement agrémenté de notes synthétiques.

Et le meilleur ne reste qu’à venir après ces morceaux déjà très aboutis puisque l’artiste nous scotche avec « Memory Almost Full ». Mais il ne faut pas se fier au titre anglais de la chanson qui signifie littéralement ‘mémoire presque pleine‘. Sur une mélodie pêchue et entêtante, elle se révèle plus solaire, convaincue que les plus beaux souvenirs resteront et cela qu’importe le dénouement d’une relation. « Nous sommes programmés mon amour / Pour se dire adieu depuis toujours / Vider nos mémoires qui se touchent / Memoy Almost Full » entonne-t-elle sur un refrain efficace parfaitement taillé pour les radios.

Un opus aux arrangements léchés

Si la thématique de la gravité de l’amour occupe une place centrale dans le disque, à aucun moment Élisa Tovati ne tombe dans le piège de la récurrence et du rébarbatif. Elle se moque d’ailleurs gentiment des diktats imposés par la société sur l’hymne rock « La machine », bien déterminée à rester elle-même. Presque apaisée, la chanteuse effectue un virage résolument pop en nous ouvrant les portes de la « Rainbow Island », paradis insulaire imaginaire loin des soucis et de la routine où elle pourrait pleinement profiter de son idylle. Mais la réalité la rattrape rapidement dans l’intrigant « Tokyo » qui à l’instar du précédent morceau est empreint de cet intérêt qu’éprouve la chanteuse pour la culture japonaise : « Je lève mon verre et te salue / Tokyo t’es sans issus / Je me rends, tu m’as eu ».

Après les riffs cinglants d’une guitare électrique, les sonorités s’entrechoquent une nouvelle fois sur « Après la nuit », ode enivrante aux amours indélébiles. C’est le portrait d’une femme sensible que dresse l’artiste sur les derniers morceaux du disque, à commencer par la ballade « Mon havre de paix » en hommage à la douceur du temps passé dans la maison familiale en Normandie. Suivent « L’alpha, l’oméga » ainsi que « Tout est bleu » dotés d’arrangements chaloupés qui nous transposent dans une atmosphère aérienne quasiment mystique. L’opus se referme tout en douceur avec un piano-voix intime et puissant intitulé « Bye bye mon ange ». Minimaliste d’un point de vue des arrangements, le titre est l’occasion d’apprécier l’interprétation très juste d’Élisa Tovati peinée par le départ de son fils en colonie de vacances. On se contente d’écouter ardemment, forcément émus par l’universalité et la simplicité des mots qu’une mère adresse à son enfant.

Découvrez Le coeur est la locomotive des filles émotives, le nouvel album d’Elisa Tovati :