Un QR code, 5 déclinaisons de CD, 25 morceaux. Le marketing déployé est efficace, la musique l’est encore plus. Retour avec aficia sur V, le génialissime album de Vald ( + tous les bonus).
En 2019, Vald sortait Ce monde est cruel, un opus mettant en avant cette noirceur sociétale forte, presque inévitable mais teintée d’une forme d’espoir. Presque trois ans après, le rappeur français débarque avec V, et enjambe un nouvel échelon musical.
Textes persos, thèmes familiers
Sur ce quatrième album, Vald fait du bon Vald. On sent qu’il est toujours à l’affut de ce qui se passe, de ce qu’il voit, entend, comprend et de ce qu’il ne comprend pas. Il relève les incohérences, capte ce qui est bancal et le déplore dans des vers vraiment bien construits. Son entrée en matière “Pandémie” est un résumé non exhaustif de son écriture. Il est gavé du Covid. Pas du virus en lui-même, mais de tout ce qui l’entoure : politique, avis désastreux des gens, contradictions… Le tout en glissant habilement sur d’autres thèmes. Comme d’habitude, Vald joue sur le terrain du très personnel : les ex y passent, l’amour commun, l’industrie de la musique, la défonce plus trop récréative, les fans, sa vision de la déshumanisation, l’argent… Toujours avec cet angle sociétal délicieux, où chacun peut se prendre une belle claque.
Flow ciselé, prod et mélodies
Manier l’art du sombre, de l’ironie, de l’épique et de la mélancolie : V est un condensé technique de ces quatre adjectifs. Inutile de se faire un historique sans saveur des 25 titres, mais penchez-vous par exemple sur “Rappeur conscient”. Sur un texte à l’ironie palpable, Vald déballe un flow à l’allure épique, qui tape l’ouïe dès la première écoute. De manière générale, il a cette capacité à user délicieusement des productions qui s’offrent à lui. Véritable usine rythmique, Vald peut s’immiscer dans le morceau brut et percutant (“Cafards” ; “Chu Immunisé”…) ou dans des morceaux mélancoliques, emprunts de tristesse (“Regarde toi” ; “Laisse tomber”…).
Un aspect qui divisera forcément ses fans. Amusez vous sur Twitter à taper les titres de l’album, vous verrez que des groupes de sons se forment. Mais cette diversité, ce touche à tout reste fascinant. Vald a de la réserve sous le pied, une belle assurance pour encore durer dans le temps, des années et des années…
La finesse des feats
Trois collabs dans cet album. Trois pépites aux tons complètements différents. On va se retrouver dans une volupté incroyable sur “Maudit”, avec Hamza au refrain, dans son jardin, incontestablement. Sur “Peon”, Vald invite Orelsan pour dépeindre une situation capitaliste ultra réaliste et étouffante. On sort plus léger avec “Happy End” et Suikon Blaz AD, un mariage subtil qui tourne autour de la fausse facilité de la musique, sous fond de relation amoureuse toxique…
Découvrez V, le nouvel album de Vald :
On peut dire que Vald signe un album relativement complet. Jamais dans le sombre abyssal, toujours dans cette ironie dévastatrice. Avec V, il balance un va et vient d'émotions où chacun arrivera à s'identifier. Inspiré, créatif et bavard, Vald brille également par la diversité de sa voix. Une voix au service de nombreux flows percutants et sans fausse note. Un atout sublimé par le travail d'une horde de producteurs. De l'impertinence, des éclats de vérité, des paroles intimistes... Bref, un grand album.