Anggun en interview : portrait d’une femme libre, inspirée et investie.

C’est à l’occasion de sa participation au RFM Music Live de Lyon qu’aficia a rencontré la chaleureuse et envoûtante Anggun. Entre la sortie de son dernier album Toujours un ailleurs et la préparation de sa prochaine tournée, Anggun nous parle de ses expériences, de ses voyages et de ses combats…

Nous connaissons déjà deux extraits de son tout dernier album Toujours un ailleurs : le très beau duo avec Florent Pagny, « Nos vies parallèlles », et l’épatant « Face au vent ». Anggun vit à 100 à l’heure, participe à de nombreux projets, mais prend également le temps de défendre ses convictions et aider de nobles causes quand elle le peut. Elle prend également le temps de répondre aux questions d’aficia.

Anggun, l’interview…

Bonjour Anggun !

Bonjour !

Ce soir, tu vas participer au RFM Music Live avec un beau plateau, comment tu te sens ?

Ça va ! Tout va bien !

Pas d’angoisse ? De stress ?

Non ! Tu sais, c’est un plateau radio partagé avec plusieurs artistes, l’ambiance est détendue… À partir du moment où on se produits devant les gens… On sait qu’ils aiment la musique… À partir de là, c’est que du partage !

Et la scène en général, ça représente quoi pour toi ?

Moi, j’ai commencé la musique sur scène… Je chante depuis toujours en Indonésie, j’étais une toute petite fille ! Quand on fait un album, c’est un peu un prétexte pour retrouver son public. En France, je n’ai pas fait énormément de tournées. J’ai la chance de pouvoir travailler dans beaucoup de pays… Le public français est assez infidèle (Rires). C’est vrai ! (Rires) Mais en même temps, c’est toujours intéressant et excitant d’essayer de regagner le cœur du public, le reconquérir… Je ne prends jamais les choses comme acquises.

« J’ai peur q’on s’habitue à cette violence, que ça devienne banal… »

Tu viens de sortir un nouvel album Toujours un ailleurs avec de beaux titres à l’intérieur. Tu peux nous en dire quelques mots, nous raconter comment il est né ?

C’est un album qui est né de manière assez naturelle. La gestation a été longue parce que je suis assez lente… (Rires). C’est vrai ! Ça a pris presque deux ans ! J’ai trouvé un partenaire, Fred Château, avec qui j’ai construit cet album, et puis une autre équipe anglaise. Et là, le fait que cet album existe, tu sais, c’est une espèce de soulagement. Parce que, lorsqu’on est en studio, moi je compare ça au fait d’être enceinte… Une fois que l’album est sorti, l’enfant est né… Maintenant, il faut qu’on le veille, qu’on le porte… (Rires). Mais, en même temps, maintenant, je n’ai plus aucun pouvoir, plus du tout de contrôle, parce que, maintenant, il appartient au public !

Il y a beaucoup de toi dans cet album, de ta culture internationale, inspirée de plusieurs endroits du globe… Tu peux nous parler de cet aspect-là ?

Je suis naturalisée française depuis une dizaine d’années, mais je reste Indonésienne… Tu le vois ! Je ne peux pas passer pour une Suédoise ! (Rires). Mais j’ai vécu dans pas mal d’endroits différents : j’ai vécu sur trois continents, je parle trois langues, je voyage énormément. Je me suis rendue compte que c’est le voyage qui forme une personne. Il n’y a rien de plus excitant et de plus enrichissant que de me retrouver dans un pays où je ne comprends rien, où tout m’est étranger. Je n’ai absolument pas peur de l’autre, de l’étranger. C’est le message que je voudrais véhiculer à travers cet album. C’est cette vie que nous partageons, cet air que nous partageons… Faut pas avoir peur de l’autre ! Et puis, surtout, on parle de la bienveillance, de l’amour… Mais surtout de la bienveillance, en fait.

Un beau message dans le contexte actuel…

Mais c’est surtout, qu’actuellement, surtout avec les réseaux sociaux, on partage davantage des choses choquantes, qui nous font peur et on ne partage pas assez de bons exemples, des héros. On ne partage pas des choses qui nous touchent. On est plus habitués à des images qui sont choquantes qu’à des images positives. J’ai peur qu’on s’habitue à cette violence, que ça devienne banal dans notre quotidien…

Avec Florent Pagny, vous partagez une belle amitié, longue de 20 ans. Comment est-ce que vous l’entretenez ?

On l’entretient peu finalement ! (Rires). On ne se voit pas, ou très peu, très ponctuellement, mais il reste un homme d’une gentillesse, d’une générosité !!! Ce n’est pas pour rien qu’il est le juge le plus apprécié de The Voice ! (Rires). Il est tellement franc… Il est tellement juste et honnête ! Puis, c’est un homme très intelligent ! Il est vrai… Je pourrais te parler de lui pendant des heures ! Je l’admire ! Et en plus, il y a sa femme ! Il a sa vie professionnelle qui est admirable et, surtout, il a sa vie personnelle qui est incroyable ! Ils sont ensemble depuis 25 ans et je me disais que pour les gens de notre génération, réussir sa vie professionnelle, c’est une chose… Mais réussir sa vie amoureuse, c’est vraiment le plus grand défi ! Pour moi, c’est un exemple ! À chaque fois, je lui demande son secret… Il me dit : « On communique, on parle, on passe du temps ensemble… ». Il admire, il adore sa femme. Le besoin d’admirer l’autre, c’est important.

C’est ça le secret ?

Peut-être… Mais parmi tant d’autres… Je pense aussi qu’il fait partie des gens chanceux !

Alors, pourquoi avoir attendu 20 ans pour faire un duo ?

Parce que c’était le moment. Avant, on n’avait pas la chanson, pas le bon timing… Et puis, peut-être pas l’envie non plus… C’est un vrai cadeau… Parce qu’il n’a pas de manager… Il gère plein de choses lui-même. Il n’a qu’un numéro de téléphone, qu’il allume de temps en temps… C’est un électron libre ! Il fait absolument ce qu’il a envie de faire ! Le moment où on l’a appelé, il venait d’allumer son téléphone ! C’est un truc aussi bête que ça… Et puis, on lui dit : « C’est pour faire un duo… ».

 – Ohhh pfffffff, c’est pour qui, pour quoi, quelle chanson ? Pffff…..

– C’est pour Anggun !

– Ah !!! Ok alors ! »

Ça m’a vraiment touchée ! Et puis, on s’est retrouvés avec beaucoup de plaisir.

Après l’album, une tournée qui se prépare ?

Oui ! À partir de juin 2016 ! Je serai à Paris les 1er, 2 et 3 décembre.

Et en dehors de France aussi ?

Oui, mais ça sera avec la sortie de l’album en anglais qui va sortir à la fin de l’année.

Et l’aventure d’Asia’s got talent, une belle expérience ?

Oui, super cool ! Mes collègues jurés sont des gens admirables : il y a David Foster qui a gagné 17 Grammy Awards (il a produit Whitney Houston, Céline Dion, Michael Jackson et j’en passe !), un artiste asiatique qui s’appelle Vanness Wu (un acteur, chanteur, créateur… ) et puis Mel C, des Spice Girls. On s’entend très bien, on a fait une première saison assez inattendue, parce qu’on ne savait pas que ça allait avoir un tel succès. L’émission a été diffusée dans plus de 20 pays en Asie. C’était une aventure assez mémorable pour moi. En Asie, il y a 3 milliards d’habitants, et on ne connait pas cette Asie-là, talentueuse. Parmi les 3 milliards, il y a forcément des gens talentueux. Ça nous a étonnés de trouver autant de talents qui peuvent être insolites, étonnants, touchants… J’attends avec impatience la saison 2.

Tu es une artiste engagée, tu as pris des positions sur la peine de mort en Indonésie, tu t’investis dans La voix de l’enfant, tu es ambassadrice de l’ONU, c’est important pour toi de porter tes convictions ?

C’est important pour moi comme ça pourrait l’être pour chaque être humain. On sait très bien qu’il y a beaucoup de choses injustes dans notre monde… Lorsque l’on peut un peu aider… Parce que sinon, on devient des complices silencieux… Et je ne pourrais pas vivre avec ça, avec l’éducation que j’ai reçue, le fait d’être maman, une femme… Il y a beaucoup de choses avec lesquelles je ne suis absolument pas d’accord… Mais, au lieu de rouspéter seule ou faire un statut Facebook long comme mon bras, il vaut mieux aller sur le terrain… L’avantage d’avoir un peu de notoriété, c’est que justement, tu me poses une question, je te réponds, et puis ça va être publié. Ça veut dire que, peut-être, s’il y a un lecteur ou une lectrice qui voit ça, ça peut le réveiller sur la notion d’humanité, et ça sera déjà ça de gagné…

Anggun : sa playlist exclusive…

C’est une tradition chez aficia : à chaque rencontre avec un artiste, on lui demande de partager avec nous ses coups de cœur musicaux, sa playlist du moment. En pleine tournée promotionnelle pour son album Toujours un ailleurs et en préparation de sa prochaine tournée, Anggun ne cesse jamais d’écouter de la musique, et de tous les styles ! Du Neil Young qu’elle écoute beaucoup,  notamment « Only Love Can Break Your Heart », Adele, comme beaucoup, avec entre autre « When We Were Young » ou encore du Billie Holiday, qu’elle adore, avec, par exemple, « Strange Fruit ».

Mais elle écoute également beaucoup de chansons françaises comme « Je vole » de Louane, que sa fille vénère, ou encore Gérald De Palmas (« Il faut qu’on s’batte ») pour qui elle a un amour immense.

Anggun : sa Playlist exclusive !

Anggun, l’interview décalée…

Interview Voyage

Quel est le pays que tu n’as pas encore visité et que tu aimerais visiter ?

L’Australie ! C’est bizarre, hein ? L’Indonésie n’est pas loin… Mais quand j’ai quitté l’Indonésie, au départ, je voulais aller en Australie, mais je me disais que ce n’était pas assez loin ! (Rires).

À part l’Indonésie et la France, quel est le pays qui t’a le mieux accueillie ?

L’Italie ! Ce sont de bons clients ! (Rires) Ils m’ont adoptée… J’ai chanté 5 fois pour le Pape au Vatican. Mes chansons ont toujours été bien accueillies là-bas. En plus, les Italiens sont très beaux, ça ne gâche rien… (Rires).

Quel est le plat que tu préfères dans le monde ?

Ce serait japonais. Ce que j’aime dans la cuisine japonaise, c’est que l’on déguste d’abord avec les yeux ! On est allés dans un restaurant qui serait un peu le 3 étoiles du sushi. Après avoir mangé dans ce restaurant, on ne peut plus jamais manger dans un autre sushi ! (Rires). Le sushi, c’est un art ! Parce que, dans ce restaurant, pour être chef, il faut apprendre à choisir le riz pendant 5 ans. Ensuite, on a le droit de faire le riz. Après on observe la découpe du poisson… Pour travailler dans ce restaurant, il faut au moins 15 ans de métier. En 4 ou 5 mouvements, ils vous font des sushis ! Ils nous disaient qu’on pouvait manger les sushis avec les doigts, mais on ne le trempe pas dans la sauce soja ! On fait tout à l’envers ! Ils ont un goût pour la perfection qui est très touchant.

Et la musique du monde que tu préfères ?

La musique du monde en général ! Lorsque j’entends les chants a capella des îles de Pâques, je me demande d’où ça vient…enfin, on n’a même pas envie de savoir d’où ça vient ! Ou alors des voix bulgares… Les mongols…  Tu sais qu’ils arrivent à chanter en 2 voix… La même personne ! C’est incroyable ! C’est une technique particulière maîtrisée par très peu de mongols.

Un petit mot pour les lecteurs d’aficia ?

Ecoutez de la musique ! Aimez la musique ! Aimez les artistes  pour que notre métier perdure !