Bastian Baker en interview : « Cette négativité autour de moi m’a saoulé, je veux désormais donner la parole aux gens positifs »

Nouveau style, nouvel album et nouvelles orientations… Bastian Baker se livre comme jamais lors de notre entretien où l’on va parler 100% musique. C’est sur aficia !

Le charismatique Bastian Baker est de retour ! Celui qui a notamment brillé dans ‘Danse avec les stars’ puis avec son premier album Tomorrow May Not Be Better revient sous le feu des projecteurs avec un nouvel album éponyme et avec comme locomotive le single « Stay« . Un album nettement plus audacieux, plus éclectique aussi, qu’il nous décrit dans une interview très riche.

Non seulement très riche, mais aussi très intéressante. Bastian Baker revient rapidement sur ses premières années de succès, notamment en France, où il avoue ne pas avoir compris ce qu’il se passait. Il nous parle également de la confection de son nouvel album écrit entre Lausanne (Suisse) et l’Amérique du Nord. Un besoin de s’oxygéner pour aller de l’avant ? Bastian Baker nous raconte tout…

Bastian Baker… l’interview !

Les Français ont tendance à te présenter comme le jeune artiste qui a repris « Hallelujah » de Leonard Cohen en 2011 et le danseur qui s’affirme dans ‘Danse avec les Stars’. N’est-ce pas un peu réducteur de te présenter aujourd’hui comme tel.. car tu as depuis évolué, et mûri musicalement….

Je pense que c’est une phase de ma vie qui remonte gentiment. Effectivement, il y a eu énormément de choses qui se sont passés entre les deux, que ce soit la récente tournée avec Shania Twain ou tous les albums que j’ai sortis. Après voilà, je pense que ‘Danse avec les Stars’ a été une expérience très intéressante. Ça m’a permis de savoir qui j’étais et qui je n’étais pas. Ce que je voulais et ce que je ne voulais pas faire. Je pense que cela a été très positif pour moi. Je ne dirais pas que c’est réducteur. Mais se ‘contenter’ de ça, c’est mal connaître l’artiste.

Est-ce que pour autant, cette période où tu étais au sommet de l’affiche en France et à l’étranger te manque ?

Non, je ne pense pas. C’était vraiment une période de rush pour moi. Je n’ai pas l’impression d’avoir vraiment compris ce qu’il m’arrivait. C’est comme si tout avait été trop vite. J’ai repris conscience de tout ça et gagné en maturité seulement en 2015, alors qu’à l’époque je pensais déjà être mature. En revanche, je garde de très bonnes bases de tango. Aujourd’hui, quand je vais dans les bars, je fais le spectacle pour tout le monde ! (Rires)

Avec ce nouvel album, te revoilà dans un registre qui évolue… Qu’as-tu envie de prouver avec ce nouveau disque ?

Je ne pense pas qu’il ait une optique de prouver quoi que ce soit derrière. J’ai toujours fait de la musique pour le plaisir d’en faire, et je pense que c’est ça qui a vraiment dirigé la direction artistique de ce nouvel album. On avait un deuxième album plus rock et le troisième plus folk. Et là, c’est vrai qu’on part dans quelque chose de très éclectique. On passe de la country avec « Blame In On Me » à de l’électro-pop sur « Stay ». Pour la première fois depuis quelques années, j’ai simplement pris le temps de voyager en Amérique du Nord, non pas pour m’exiler, mais pour prendre le temps. Ça m’a fait beaucoup de bien.

Qu’est-ce qui en est ressorti ?

Il y a une soixantaine de chansons qui ont été écrites l’an passé. J’ai choisi les 14 meilleures pour les mettre sur l’album. Mais là où cela a été intéressant, ce sont les personnes avec qui j’ai pu travailler qui m’ont aidées à amener de la nouveauté dans mon son. Je pense notamment à Vlad Holiday à New York. C’est un mec extrêmement connu pour ses sons un peu plus électro et rétro. Notre collaboration sur « Stay » et « All Around Us » a vraiment donné une des couleurs fortes de l’album. Il y a également des choses plus classiques aussi. J’ai également trois chansons, « Time », « Down » et « Love On Fire », qui sont peut-être les chansons les plus organiques. Je ne bosse pas pour prouver quoi que ce soit. J’ai eu la chance de vivre ma passion et ça restera comme ça.

Découvrez « Stay », le nouveau single de Bastian Baker :

N’as-tu pas envie de montrer également que tu es un artiste polyvalent, qui sait aussi bien naviguer dans la pop, la folk, le rock ?

Bien sûr ! Je pense que cet album propose une diversité très large. Je ne suis pas celui qui va sortir un album avec deux bonnes chansons et le reste un peu de remplissage. Là, chacune de mes chansons pourraient avoir un album qui suit et qui irait dans la même veine. C’est ça que j’aime vraiment bien ! Et je m’éclate ! C’est le cas avec la chanson « Yokko ». On va avoir de quoi courir dans tous les sens sur scène, ça va être vraiment cool !

Tu dis avoir crée une soixantaine de chansons pour n’en garder que 14. Que comptes-tu faire des quarante autres ?

Elles sont toutes là écoute… J’en ai quelque unes qui sont déjà pitchées pour que d’autres artistes les prennent. J’en ai une qui est en compétition pour représenter la Suisse à l’Eurovision. Il y a vraiment plein de projet en cours. Mais il faut savoir une chose, c’est que les 14 chansons que j’ai gardées, ce sont celles que j’ai jugé les plus audacieuses, les plus intrigantes aussi. Certaines s’éloignent de mon répertoire habituel. Du coup, il y a pas mal de chansons acoustiques dans celles qui restent. Peut-être que lorsque j’aurais un moment, j’irais en studio pour les enregistrer sous forme de bonus. Ce ne sont pas des chansons que je déteste pour autant. Mais en choisir 14, c’est déjà pas mal pour un album. Mais voilà, ces chansons existent. Elles sont toutes sur un vieux dossier Dropbox sur mon téléphone.

Pour l’enregistrement de l’album, tu as quitté la Suisse pour les États-Unis. Est-ce ton équipe ou est-ce toi qui a organisé ce voyage ?

Ce qu’il s’est passé c’est que c’est une décision que j’ai prise moi. Mais à la base, ce n’était pas forcément pour aller bosser. C’était dans le but de prospecter un peu, voir s’il y avait des gens qui étaient intéressés pour travailler avec moi. Et de fil en aiguille, j’ai commencé à avoir un réseau qui s’est élargi, surtout à Nashville où je suis rentré dans des cercles d’auteurs compositeurs. J’ai pu y écrire ces chansons. Au final, j’ai reprogrammé, rebooké, des voyages aux États-Unis car j’avais beaucoup à faire là-bas. Aujourd’hui, c’est vrai que c’est un marché tellement intéressant. Surtout depuis ma tournée avec Shania Twain. C’est vrai qu’il y a un peu une effervescence autour de mon album. Il y a pas mal de presse qui commence à sortir. Hier encore j’étais à l’affiche des « 10 artistes à écouter ce mois-ci » dans le Rolling Stones. C’est un pays dans lequel je me sens bien, où je me sens le bienvenu et où la culture va avec ce que j’aime faire. Nashville est vraiment une ville géniale. J’aime bien y passer du temps. Il n’y a jamais eu de pression pour aller aux États-Unis. J’y vais de mes propres choix.

Qu’est-ce qui t’a poussé à passer du côté de la pop ?

Ce qu’il s’est passé sur « Stay » en fait, c’est que c’est une chanson que j’ai mis trois ans à écrire. J’ai commencé à marmonner cette mélodie lorsque j’étais en Australie en 2015. C’est une chanson que je n’arrivais pas à terminer parce que l’a trouvais cool, mais quand je l’a joué à la guitare, je ne l’a trouvais pas excitante. Quand je suis allé en studio avec Vlad Holiday à New York, c’était un lendemain de fête, je suis arrivé avec la voix un peu effacée, une attitude nonchalante. J’ai montré cette mélodie et il a bien aimé. Finalement, je lui ai dis « Je n’ai pas envie de jouer de la guitare. Viens, on fait un beat, un truc ! ». Il a fait quelque chose de différent et on a joué avec ce beat très simple, très binaire. Une petite basse… On a commencé à bien kiffer. J’ai commencé à délirer sur le refrain. Ce jour-là, j’ai enregistré les voix qui ont fini par être les voix définitives, malgré ce côté décontracté que j’avais. Il y a vraiment eu une construction petit à petit sur cette journée, sans avoir en tête d’avoir conçu un tube en fait.

Mais il y a bien un moment où tu t’es aperçu du potentiel ?

C’est vraiment lorsque je suis rentré en Suisse et que j’ai fait écouter mon album à mon label. De suite, on m’a dit « OK, on a un numéro un ! ». J’étais surpris. J’ai ensuite fait écouter mon album à ma famille et j’ai laissé « Stay » en dernier, exprès. Et tout le monde avait les yeux écarquillés. Je me souviens même de ma sœur qui m’a dit : « Mais c’est toi qui a fait ça ? », comme si je n’étais finalement pas capable ! C’est à ce moment-là que je me suis aperçu du potentiel commercial de « Stay », mais pas avant.

Plus concrètement sur cet album, quand je l’écoute, j’ai l’impression que chaque chanson est indépendante. Est-ce que l’album raconte malgré tout une histoire ?

Non pas vraiment, et c’est justement pourquoi j’ai donné à cet album un titre éponyme. C’est parce que pour moi, un titre d’album peut avoir un fil rouge, ou une phrase qui peut résumer la teneur de l’album. Et en fait, je trouve que ce n’est pas forcément le cas. Il y a tellement de sons différents, d’histoires différentes. Je me suis dis que le nom Bastian Baker était une façon assez simple de montrer les différentes facettes de ma musique, de ma personnalité aussi.

Tu sembles proposer un disque plus lumineux, plus optimiste aussi. C’est aussi ça le message que tu veux transmettre ?

Ouais, c’est clair. Il y a beaucoup plus de chansons positives. « All Around Us » par exemple est vraiment un message qui pousse à regarder autour de nous de manière positive. En fait, j’ai été très saoulé par la négativité ambiante de ces dernières années. On vit quand même dans une période entachée de terrorisme, de guerre, de réchauffement de la planète, d’hashtag… Et parfois, j’ai envie d’être tout seul, dans ma bulle. Et au final, je me rends compte que par tous les voyages que j’ai pu faire et les expériences que j’ai eu, qu’une grande majorité des gens sont très positifs et que la vie est lumineuse. Je me suis dit qu’il était peut-être temps de donner la parole à ces gens-là. Je parle par exemple de relations qui marchent bien, même dans de la jalousie. C’est vrai que j’ai abordé ce thème sur « Another Day ». Pas mal de mes connaissances m’ont dit que c’était devenu pour eux une chanson presque thérapeutique. Il y a peut-être ce trio de chanson qui est très positif oui.

Découvrez « All Around Us », un extrait de l’album Bastian Baker :

J’ai également l’impression que tu gardes deux sortes de visages dans cet album avec le côté charmeur avec le clip « Stay », mais aussi le chanteur aux balades pop romantiques ? C’est presque contradictoire !

Je pense que ça fait partie des deux phases, qu’ont tous les humains. Je ne connais personne qui est tout le temps content, et je ne connais personne, du moins j’espère, qui est constamment triste non plus. C’est vrai que la vie, dans ma manière de l’aborder, c’est une balance entre ces deux thèmes là. Il y a des chansons comme « Time » et « Down » qui sont des chansons plus nostalgiques, des ballades pop effectivement avec « You Should Call Home ». Je pense que ce sont des valeurs et des ambiances qui arrivent à cohabiter. Ça reprend un peu l’humain tel qu’il est en fait.

C’est un pari extrêmement risqué de chanter en anglais et vouloir toucher le public français. En as-tu conscience ?

Bien sûr. Là, je suis en France, je fais de la promo. Mais j’ai cette chance avec l’anglais de pouvoir jouer dans d’autres territoires. J’aime passer du temps en France, c’est sûr. J’ai été pas mal absent ces dernières années. Je suis content d’y revenir car je vois qu’il y a un certain engouement quant à mon retour, autour de « Stay » notamment. Plusieurs radios commencent à monter dans le train en playlistant le titre. Mais c’est certain que c’est la question numéro un que l’on me pose toujours, sachant que je suis Suisse : « Pourquoi ne chantes-tu pas en français ? ». Je réponds toujours avec plaisir que ça viendra avec le temps, je pense. C’est juste que pour l’instant, je n’ai pas envie de faire de la musique en Français. J’aime écrire en français, car c’est une langue très riche, mais la mettre en musique, je ne m’en sens pas capable, car déjà, je n’ai aucun artiste qui m’inspire et puis retranscrire de la pop ou de la folk en français, je trouve ça très sheep. Ce n’est pas quelque chose que j’ai envie de faire pour l’instant. Mais je comprends que je puisse partir avec un certain handicap d’une certaine manière.

Étais-tu nerveux à l’idée de ne peut-être plus intéresser le jour de la parution de « Stay » ?

J’essaye vraiment d’évoluer sans craintes. J’essaye d’être content du produit, en adéquation avec ce que je vais sortir. Une fois que je suis ok avec moi, une fois que j’ai sorti mes tripes, c’est aux gens de faire leur propre itinéraire, de savoir s’ils aiment, s’ils n’aiment pas, s’ils préféraient ce que je faisais avant, ou maintenant etc. Je leur laisse vraiment cette liberté là sans que cela me tracasse, sans que je puisse plaire à tout le monde car il y a une règle : tu ne peux pas plaire à tout le monde. Quand tu comprends ça, la vie devient plus simple tout d’un coup. Je n’avais pas forcément d’anxiété avant la sortie du clip, j’étais même très excité car c’est quelque chose de plus audacieux, plus sexy très léché aussi car j’ai incarné quelque chose de très old fashion avec les vêtements, le cut, l’ambiance, les lumières… Il y a tout ce côté là que je voulais mettre en avant.

#WTF

La dernière chose que tu ferais avant de mourir ? J’espère que j’éclaterai de rire.

Quelque chose que tu changerais dans le monde ? J’essayerai juste de faire comprendre aux gens qu’on est tous fait de la même manière et que cela ne sert à rien d’être raciste.

Ta devise dans la vie ? Pendant longtemps, j’ai beaucoup eu les deux titres de mes deux premiers albums à savoir Tomorrow May Not Be Better et Too Old To Dye Young qui veulent dire de profiter du moment. J’essaye toujours d’être dans le présent et je pense que c’est quelque chose qui me caractérise.

As-tu un TOC ? Ouais, j’ai la jambe qui bouge tout le temps là ! C’est nerveux ! Chaque fois que je rentre à la maison, ma mère essaye de bloquer ma jambe. Et ça ne fonctionne pas !

Une question que tu redoutes ? Il n’y a pas vraiment de questions que je redoute. J’adore les interviews car je trouve que c’est une vraie manière de réfléchir sur soi-même et se redécouvrir. J’aime bien, de temps à temps, avoir des questions un peu challenging où je peux un peu cogiter avant de répondre !

Et si je te pose la question suivante : La partie de ton corps que tu détestes ? Ah, je pense que ce n’est rien de nouveau et beaucoup de gens sont dans le même cas que moi… Je ne suis pas hyper fan de mes pieds. Je fais partie des gens qui les cachent dans le sable à la plage !

Et si tu avais un pouvoir magique ?  Je serais invisible ! J’ai trop envie de faire des petites enquêtes, d’aller dans les bureaux des plus grandes entreprises, dans les gouvernements. Ce serait par intérêt, pour comprendre les dynamiques. C’est déjà très intéressant dans le monde de la musique d’être de l’autre côté de la barrière… Je ferais ça avec tous les autres secteurs du coup !

Une chanson qui te fait passer par tous les états ? « Show Must Go On » de Queen. À chaque fois que j’entends cette musique, je suis obligé de chanter, de m’arracher les cheveux, de dire à tout le monde que c’est la plus belle musique qui fut écrite. Et depuis mon plus jeune âge ! C’est le premier triple album que j’ai acheté quand j’étais jeune ! « Show Must Go On », j’avais sept ans que je l’écoutais, j’étais déjà débile à cet âge là !

L’une des choses les plus absurdes que tu fais avant de monter sur scène ? (Rires) Je bois un truc que peu de gens boivent avant de monter sur scène. Je bois du jus de poire. Je bois mon petit jus de poire en backstage. Et sinon, j’ai une petite phrase que je dis toujours aux techniciens des retours avant de monter sur scène, qui peut paraître surprenante mais qui permet de dédramatiser tout ce qu’il se passe, c’est-à-dire que chaque soir avant de monter sur scène je dis : « Je vais vite faire un concert et je reviens ». C’est une petite routine que j’ai… Sinon je ne crois pas trop être spécial. J’aime bien être occupé avant les concerts. Je n’aime pas attendre. J’ai l’impression que cette période là est néfaste en fait. J’arrive 15 minutes avant mon concert, je reste dans la même tenue que j’ai pu faire les répétitions et Let’s Go ! Je suis très à la cool en fait !