Simia - © Melie Hirtz
Simia - © Melie Hirtz

Simia l’interview Flash : “J’ai vraiment eu le sentiment de reprendre possession de ma vraie identité”

Simia est une découverte aficia. À l’occasion de la sortie de son projet ‘Trop Tard’, nous lui avons posé 5 questions !

Son univers hybride entre le rap et le rock, ses textes intimes aux sujets profonds nous ont donné envie d’en savoir plus sur Simia. Qui se cache derrière cet artiste qui joue des textures de guitares et exprime ses émotions avec autant de précision ? 
Quelques jours après la sortie de son nouvel EP Trop Tard, aficia a pu partir à sa rencontre et lui poser 5 questions. Ni plus, ni moins pour se concentrer sur l’essentiel et découvrir un chanteur plus aligné que jamais avec son art.

Simia, l’interview ‘Flash’ :

1 Trop Tard est le nom de ton nouvel EP. Dans quel mood tu l’as conçu ?

Cela fait un moment que je travaille sur ce projet. Le premier morceau que j’ai écrit est “Trop Tard”. Le texte est comme un constat sur ma vie à ce moment-là. J’ai un peu ressenti une espèce de flottement, c’était avec la pandémie du covid-19. Écrire comme ça, cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps, c’est-à-dire que j’avais besoin de dire tout ce que je ressentais dans ma vie actuelle. 

J’ai rencontré en parallèle les compositeurs de tout le projet Renaud Amiard et Carl Amiard. Cela faisait un moment que j’avais envie de creuser le côté rock. Depuis petit, je suis un fanatique du rock indie. J’ai commencé par faire du rap parce que je voulais essayer. Et après la sortie de mon précédent projet, je me suis dit que certes j’avais kiffé mais que maintenant je voulais faire du rock. Il y a eu une espèce de mouvement de sincérité et d’honnêteté. J’avais envie d’écrire des choses personnelles comme avec le titre “Trop tard” ou “Sens inverse”. Il n’y a pas vraiment de volonté de raconter des histoires, c’est juste ma vie. Comme on parlait de moi, je voulais mettre ce que j’aimais en avant. On y retrouve du rock et on a beaucoup travaillé sur les textures de guitares.

C’est quand j’ai lâché les brides sur l’écriture que ça m’a ouvert complément l’inspiration. J’ai rencontré des gens plus sérieux, j’ai signé en maison de disques. Et tout cela entre 2020 et 2022. 

2 Est-ce qu’il y a un message que l’on doit retenir ? 

Ce serait te mentir de dire que n’importe qui, qui fait de la musique et veut la diffuser ne peut pas prétendre le faire juste pour soi. Le message principal que j’avais envie de faire passer avec ce projet-là c’est vraiment quelque chose de sincère. La musique est comme un déguisement. Les mélodies ce sont des choses qui vont être douces à l’oreille, le rythme c’est une chose qui facilite le message. Je veux que le message soit brut. Je n’ai pas envie qu’on se demande ce que je pense réellement. Avant, je faisais du rap, je faisais des ego-trip où je m’inventais des vies. 

3 Je vais te parler de “Trop tard”, le dernier titre que tu as sorti. Dedans tu parles de ta place dans cette société, dans ta vie, ton rapport vis-à-vis des autres. Comment te sont venus tous ses constats ? 

Avant d’être un artiste, je suis une personne qui me prend énormément la tête. Je pense que c’est pour ça que j’écris. À force d’embêter mon entourage avec mes questions existentielles, l’écriture m’a permis de tout poser. C’est la représentation de ma place dans un monde que je trouve très problématique à plein d’égards. Je suis actuellement en train d’écrire de nouvelles chansons, avec encore des nouvelles choses à dire. J’essaye de tout mettre en perspective. “Trop Tard” et “Sens Inverse” arrivent comme un cri de l’intérieur, c’est très spontané par exemple. J’ai un peu un rapport hyper bizarre à l’écriture. Quand j’écris comme ça, c’est comme si j’étais dans une espèce de trans. Il y a un surplus et je dois poser tout ce qui se passe dans ma tête. 

Il y a d’autres morceaux où je vais plus réfléchir car je vais avoir une volonté de parler de plusieurs sujets. Comme “Doucement” qui parle du mal-être de notre génération. 

4 Du rap, du rock : un mélange hybride. Elle vient d’où cette envie de connecter ses deux styles ? 

Je pense qu’il y a avait vraiment trois éléments importants. À la sortie de mon précédent EP Spécial, j’avais commencé à mettre des guitares dessus mais je n’osais pas. Par la suite, je me suis demandé pourquoi je n’avais pas sauté le pas. J’ai donc commencé à chercher des producteurs qui faisaient du rock. Bien évidemment, je n’en connaissais pas. C’est hyper compliqué ! Ceux que j’ai rencontrés, ce sont les seuls qui ont cette double culture. Ensuite, ça a été de me replonger dans mon adolescence. J’étais rentré dans une spirale du rap, il y a beaucoup de sorties, tu écoutes, tu essayes de te mettre à jour. À un moment, j’en avais marre d’écouter du rap, aussi pour les propos, je ne me retrouvais plus. 

Le confinement a été pour beaucoup. Je prenais des journées entières, ce que je ne faisais plus pour écouter toute une discographie. J’ai vraiment eu le sentiment de reprendre possession de ma vraie identité. Quand j’avais 15 ans, je faisais du skate et j’écoutais du rock toute la journée et petit à petit le rap est venu à la mode et ça a pris une énorme place dans ma vie. J’ai oublié cette notion de pure vérité de l’adolescence. Quand tu aimes quelque chose pendant cette période, tu l’aimes vraiment. Encore une fois, c’est un mouvement de sincérité, revenir qui tu es avant tout. 

5 D’ailleurs, tu as repris “Je sais pas danser” de Pomme et tu l’as adapté à ton univers. Pourquoi ce titre ? 

C’est très marrant parce que de base j’aime beaucoup Pomme, aussi pour ce côté très sincère qu’elle a. C’est une artiste que j’admire de ouf parce qu’elle a une certaine visibilité mais elle garde ce côté “normal”, très sincère. Les failles, c’était déjà un album que j’écoutais beaucoup dont notamment le titre “Je sais pas danser” qui me parlait de ouf. On s’était lancé dans des reprises avec mon équipe et on avait essayé des choses. Moi j’avais ce morceau et j’étais sûr qu’il fallait le faire comme ça. Je la voyais trop en rock, j’avais envie de la gueuler (rires). J’étais un peu seul contre tous sur cette reprise et elle a fini sur l’EP. 

Souvent j’écoute beaucoup les personnes avec qui je travaille et là, c’est moi qui ai imposé ce truc-là. Je savais que ce morceau allait bien sonner en l’arrangeant avec des grosses guitares, des VPM ou PPM, des grosses batteries… C’est l’un des morceaux de ces dernières années qui m’a profondément marqué dans le texte et la manière de faire.