Marlin en interview : « Je me sens partout et nulle part à la fois »

[dropcap]À[/dropcap] l’occasion de la sortie de son premier single « 5 4 3 2 1 », aficia a souhaité en savoir plus sur l’identité de Marlin. Portrait de cette jeune pousse pleine de promesses… 

Valentin Marlin de son vrai nom, l’artiste a choisi de ne garder que son nom de famille pour se présenter au public. Repéré dans un concours de remixes qu’il a remporté haut la main, Marlin s’est surtout distingué avec un EP, nommé Nights, sorti cet été. aficia vous propose de pousser les portes de l’univers de cet artiste surfant sur une vague indie pop et electro dans l’air du temps, et qui risque de faire bientôt sensation…

Raconte-moi un peu d’où tu viens et ton parcours atypique.

Je viens du Nord de la France et de la région parisienne par mes parents. Concernant mon parcours musical, je joue de différents instruments, à savoir la guitare et la batterie, et je chante depuis l’âge de sept ans. Et là, plus récemment, je me suis mis à la musique électronique.

Devenir artiste était comme une évidence par conséquent ?

On peut dire ça comme ça, oui. En tout cas, même si je devais me réorienter professionnellement, je pratiquerais toujours la musique. Même à l’avenir, je ne me vois plus ne pas en faire. Ça fait trop partie de ma vie ! C’est mon dada !

Qu’est-ce qui t’a poussé à franchir le pas ?

Ça a été naturel en fait, car j’ai commencé par publier plusieurs productions sur Internet. J’ai eu de très bons retours. À côté de ça, j’ai fait des concours de remixes qui m’ont permis de rencontrer des gens dans le show-business. Depuis mes 15/16 ans maintenant, je suis dans cette industrie naturellement.

Je fais de la musique, peu importe le style !

Parmi les artistes qui t’influencent, est-ce qu’on peut citer Daft Punk et Justice ? 

Absolument ! Surtout au niveau de la partie électronique. J’ai beaucoup écouté Justice durant mon adolescence, vers 14 ans. J’ai vraiment découvert ça à ce moment là !

Paradoxalement, est-ce qu’on peut mentionner également Booba ou Rohff, des pointures du rap français ?

Pourquoi pas… Mais en fait, c’est juste que quand j’étais petit, j’écoutais presque bêtement ce qu’écoutaient mes potes ou ce qu’on entendait à la radio.

Est-ce que tu aurais pu devenir rappeur ?

Ça m’est égal en fait. Tout ce que je voulais, c’était de faire de la musique, peu importe le style. Je ne me dis pas rappeur, je ne me dis pas DJ ni même chanteur pop. Tu vois ? Je veux faire de la musique en fait, peu importe les genres. Je suis un artiste au sens large !

Tu t’inscris un style déjà très saturé qu’est la musique électronique. Quel est ton truc en plus ?

Disons que je fais de la musique électronique et que je chante. En réalité, je n’ai pas de truc en plus, je fais juste de la musique. On est tous dans la même galère !

Je comprends la comparaison avec Calvin Harris.

Pourtant, quand j’écoute ton EP, j’aurais tendance à te comparer à Calvin Harris, qui mêle sur son dernier album des influences urbaines et électro, avec des guests, et qui chante sur certains de ses titres. Un peu comme toi finalement ?

J’aime beaucoup ce qu’il fait, bien que je n’ai pas énormément écouté sa discographie. C’est une très bonne comparaison effectivement, car il ne se donne aucune limite. Il a fait de l’EDM pure et dure, et là il est revenu avec un album funk mais avec les plus gros rappeurs du moment comme Snoop Dogg, Travis Scott, Migos, et je trouve ça cool ! C’est un mec qui touche à tout. Il est à la fois DJ et musicien. Il chante aussi. Je comprends ta comparaison en tout cas !

Tu saurais donner trois arguments pour que le public écoute ton EP Nights ?

(Après mûre réflexion) Je vous conseille de l’écouter parce que je passe par plusieurs ambiances on va dire. La deuxième raison, je dirais que ça peut être apprécié par des gens qui aiment aussi bien l’électro que le hip-hop, vu qu’il y a plusieurs styles mélangés. Et le dernier argument, je dirais que pour ceux qui ne me connaissent pas, ils pourront me découvrir ! (Sourire)

Découvrez le titre « 5 4 3 2 1 » de Marlin :

Tu as remixé des titresde  Selah Sue, Rihanna ou Naïve New Beaters, et fait de nombreuses scènes. Dans quelle(s) mesure(s) ces expériences t’ont servi sur ton premier EP ?

J’aimais bien faire des remixes pour plusieurs raisons. Quand j’ai travaillé sur le morceau de Rihanna, c’était déjà construit. Il y avait une bonne mélodie. Ce que je fais maintenant, c’est que je prends des voix de remixes et que je change la mélodie. C’est un peu l’effet inverse et je pense que ces expériences m’ont bien servi effectivement.

On est dans une industrie où la scène urbaine semble prendre de plus en plus de place par rapport à la scène pop. Comment l’analyses-tu ?

C’est pas faux. Je pense simplement qu’à l’instar du rock qui est arrivé dans les années 60 et qui fut dans un premier temps rejeté, le rap connaît les mêmes controverses. Si on regarde le rock, il y en a énormément de différentes formes. Ce registre-là a beaucoup évolué avec, par exemple, l’arrivée du hard-rock. Le hip-hop c’est pareil. Le hip-hop d’avant n’a plus rien à voir avec le hip-hop d’aujourd’hui. On est davantage dans un registre que l’on appelle la trap. C’est un genre qui était inconnu il y a quelques temps, qui a d’abord attiré les jeunes, et c’est finalement le genre qui s’écoute le mieux aujourd’hui dans le hip-hop. Et ça ne m’étonne pas ! Déjà dans les années 2000, ça marchait vraiment et aujourd’hui c’est ce qui marche le plus. Moi comme je te l’ai dit, je me sens partout et nulle part à la fois. On s’en moque en fait ! Dans mon EP, tu trouveras des morceaux qui seront plus pop, d’autres plus hip-hop, d’autres plus électro… C’est vraiment ce que j’ai envie de faire sur le moment qui en ressort en fait.

On a tous quelque chose qui nous anime.

J’ai remarqué qu’il y avait également une certaine sensibilité et de la nostalgie dans tes morceaux. D’où est-ce que ça vient ?

On a tous quelque chose qui nous anime. La musique, elle doit faire ressentir une émotion, sinon elle n’est pas intéressante. Elle vient du truc qui nous anime, comme les chansons ‘un peu love’ en ce qui me concerne.

Tu es un jeune artiste qui se fait connaître grâce aux plateformes de streaming. Après des années de refus, Francis Cabrel, un artiste pourtant confirmé, a enfin décidé d’y intégrer son répertoire. Penses-tu que le streaming est l’avenir comme on aime le dire ?

Je pense qu’il faut faire avec ce qu’on a. Tant que je suis écouté, par n’importe quel moyen… Au jour d’aujourd’hui, je suis censé te dire que je suis dans une optique de vendre des disques et d’être diffusé en radio ; mais en réalité, j’ai énormément téléchargé de musique illégalement durant mon adolescence, j’ai écouté sur YouTube gratuitement… Cette pratique ne changera pas. C’est un accès facile, gratuit. Pour l’instant, je trouve le streaming très bien. Francis Cabrel a eu raison de se mettre sur les plateformes de téléchargement. Tant mieux pour lui ! Après, je t’avoue que je n’ai jamais trop écouté sa musique…