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Naestro en interview : “J’ai été en laboratoire en studio pour trouver le bon compromis vocal”

Naestro publiait au début de l’été son premier album Dans les cordes. À cette occasion, aficia est allé à sa rencontre à Marseille pour connaître les dessous de cet album… 

Il y a un après ‘La France a un Incroyable Talent’ pour Naestro. Après avoir cartonné avec “Bella Ciao” en compagnie de Dadju, Gims, Vitaa ou encore Slimane, le chanteur a proposé une palette de morceaux aussi efficaces que surprenants.

Au tour d’un album de voir le jour, baptisé Dans les cordes. C’est en bord de mer, à l’Estaque à Marseille qu’aficia est allé à sa rencontre pour remonter le temps et en savoir plus sur la confection de cet album

Naestro : l’interview… 

Avant de faire carrière dans la musique, tu étais vice-champion du monde de MMA. Tu avais également ouvert ton propre restaurant. Quel parcours atypique !

J’ai un parcours un peu spécial c’est vrai. J’ai vécu dans les quartiers de Marseille. Je suis passé par le karaté, puis les MMA où j’ai été vice-champion du monde il y a une dizaine d’années et le hasard a fait que j’ai découvert cette voix de ténor. Je m’y attendais pas du tout. J’aurais presque pu me vexer si on m’avait dit “Nabil, tu seras chanteur”. Pour un boxeur, c’est comme une insulte, surtout de l’opéra. C’est vraiment un parcours inattendu et je suis très fier de là où je suis aujourd’hui. 

Est-ce que sans ‘La France a un Incroyable Talent’, tu aurais pu construire l’homme que tu es devenu ? 

L’émission m’a permis d’être vu, connu et reconnu. Je lui dois cette notoriété qui prend petit à petit. Je ne la remercierai jamais assez. Après, il y a l’après. Il ne faut jamais lâcher. Ce n‘est qu’un tremplin et il faut savoir saisir cette opportunité car ce n’est pas une fin en soit. Il faut le prendre comme une marche d’escalier et il y en a plein d’autres à gravir après ça… 

Aujourd’hui, tu prends davantage la vie comme une chance ?

Évidemment, surtout quand on a un chemin aussi difficile que le mien et que d’un coup, du jour au lendemain, tu te retrouves à faire quelque chose que tu aimes car j’ai découvert pas mal d’émotions que je ne connaissais pas.

Est-ce que tu consacres ta vie uniquement à la musique aujourd’hui ? 

J’ai lâché la boxe pour me consacrer pleinement à la musique oui !

On va parler de ton album justement… Entre ta première TV et la publication de ton premier album, il s’est écoulé quelques années. Pourquoi avoir pris tout ce temps ?

À l’époque, j’aurais pu sortir un album de suite après l’émission, mais je sentais que ce n’était pas le moment pour moi. Pourtant, les propositions pleuvaient, ce n’est pas ce qui manquait. J’ai eu plein de maisons de disques qui voulaient me récupérer. J’ai tout refusé. On m’a pris pour un fou. J’avais un truc en tête. Après, est-ce que c’est mon caractère de boxeur qui voulait tout fracasser en musique d’entrée ? J’ai gardé les pieds sur Terre. Je voulais que mon premier titre cartonne. Jusqu’au jour où j’ai eu l’opportunité d’enregistrer “Bella Ciao” qui est devenu, cet été, Disque de Diamant. 

“Bella Ciao” représentait le style musical que tu voulais offrir au public pour un premier single ?

En genre musical, c’est tombé ‘pile poil’ comme il fallait, comme on dit à Marseille, car j’ai retrouvé cet air lyrique et d’opéra, ce qui fait que je me suis très vite accaparé ce titre. 

12 titres ont été écrits et produits au cours des 4 dernières années. Comment tu décris cet album ? 

Il est assez compliqué à décrire. J’ai dû faire une cinquantaine de titres pour cet album. Beaucoup de démos et beaucoup de travail. Je remercie d’ailleurs toutes mes équipes car c’est un travail très dur ! Mais on n’a rien lâché. La difficulté, c’est que j’ai plusieurs palettes vocales, je ne savais pas où partir. Si je chantais en reggaeton j’avais une voix, si je chantais de l’opéra j’en avais une autre, sur “T’as pris mon cœur”, j’ai une voix cassée… et du coup on ne savait pas vraiment où partir. Je dirais qu’il est éclectique, qu’il peut plaire à différentes catégories de personnes. Je raconte différentes parties de ma vie comme sur “Solo”. Celui-là est assez lyrique. J’essaye de garder cette tessiture lyrique qui coule en moi, je ne peux pas l’enlever non plus. Il y a une palette vocale assez large !

Je reviens sur ce premier titre qu’on retrouve sur la tracklist de l’album : “Bella Ciao”. Tu partages l’affiche avec Gims, Dadju, Vitaa et Slimane, soit les plus gros vendeurs de disques de ces dernières années. Rêves-tu d’une carrière similaire ? 

Oui bien sûr, ce sont des gens qui ont cartonné et qui cartonnent encore. Cela reste des exemples. Quand quelqu’un réussit, on garde la personne comme un exemple. Après, je leur tire mon chapeau. Pourquoi est-ce que j’ai mis “Bella Ciao” en premier ? Tout simplement parce que c’était une manière de rendre hommage à cette réussite commune. De suite la personne qui écoute l’album et entend “Bella Ciao” sait que c’est Naestro. Je garde les pieds sur terre, je sais que je ne suis pas hyper connu. Je suis connu à ma petite échelle et cela fera l’effet boule de neige. 

Tu continues à garder des liens avec eux d’ailleurs aujourd’hui ?

Oui, on se croise en concerts, on s’envoie de temps en temps des messages. Après j’ai d’autres collaborations plus fraternels comme avec Soprano avec qui j’ai sorti mon nouveau single “Leçon N°1”.

Soprano, c’est la plus belle rencontre que j’ai faite dans le milieu artistique.

Parlons-en ! Belle collaboration, belle pioche, belle surprise aussi ! Que raconte ce titre ?

C’est un peu un titre qui raconte notre histoire à tous les deux, qui remonte le temps où les profs nous disaient “Tu n’arriveras à rien, tu n’es qu’un vaurien”.

Le fait que vous soyez tous les deux marseillais vous a rapproché dans la création du titre ?

Possible, possible ! J’ai rencontré beaucoup d’artistes. Certaines rencontres que j’ai faites seront sur le prochain album. Mais Soprano c’est pour moi, en dehors d’être un marseillais, la plus belle rencontre que j’ai faite dans le milieu artistique. C’est quelqu’un de vrai. Soprano est vraiment un frère pour moi. C’est un cœur sur pattes !

J’aimerais revenir sur le nom de ton album. Peux-tu nous l’expliquer ? Je crois savoir qu’il y a un sens caché… 

Oui, Dans les cordes car ça rappelle le côté boxe, et les cordes vocales. On cherchait quelque chose qui reliait toute ma vie. 

As-tu écris sur cet album ?

Je ne suis pas cet artiste qui attend qu’on m’envoie les textes et où j’ai simplement à chanter. J’ai besoin de m’investir dans le projet. J’ai co-écris la moitié de l’album et co-composé une partie. Maintenant, je suis assez fier de ce qu’on a fait. Sans mon équipe, je n’aurais pas pu le faire tout seul ! 

Finalement, cet album ressemble à ce que tu imaginais ? 

Beaucoup de monde ne croyait pas en ce coté lyrique qui est difficile à placer dans la musique. Cela fait des années que je suis en laboratoire en studio pour trouver ce bon compromis vocal.

À quel point cela a été difficile d’allier ton côté ténor à celui de chanteur pop urbaine ?

On avait pensé à faire des reprises au début, je n’ai pas voulu. Et le fait de chanter en français, avec une voix lyrique, c’est très dur. Surtout qu’il faut placer tout ça sur une instru très actuelle. Ça complique encore plus la chose. C’est pourquoi on a essayé plein de choses, au risque d’en mettre de côté… On a gardé finalement que 12 titres.

Si la ‘leçon numéro 1’ est la persévérance et l’espoir, quelle serait la leçon 2 d’après toi ?

La famille, sans doute ! Ça compte beaucoup pour moi. Sans la famille, on avance pas, on n’a plus de moteur.

À quel point es-tu fier de cet album ?

Je ne connais pas d’artiste qui sorte un album avec de telles légendes. Je le dis toujours en gardant les pieds sur terre et sans me la péter comme on dit à Marseille, et sans frimer. C’est un honneur d’avoir ces gens sur l’album, j’en suis fier. 

Sur l’une de tes chansons baptisée “Je les entends râler”, tu dis “Je les entends râler, et vivre comme des pantins, je fais comme si j’entendais rien”. Quel message fais-tu passer ici ? 

C’est un petit clin d’oeil que je fais avec le sourire à tous les schtroumpf grincheux. Je les entends râler. Ils vivent comme des pantins car ils veulent faire comme tout le monde. J’ai pris un autre chemin. J’ai rien lâché et j’ai persévéré !