Sianna en interview : « Mon album, c’est un petit clin d’œil à Diam’s »

Sianna vient de dévoiler son premier album, Diamant noir. 14 titres entre ego-trip et morceaux plus intimistes. Elle s’est confiée à aficia sur ses débuts prometteurs et la place de la femme dans le rap…

Sianna fait partie de la nouvelle génération du rap féminin en France. À 22 ans à peine, la jeune artiste originaire de Beauvais a déjà reçu le soutien d’artistes du monde du rap comme Booba et Soprano. Avec son premier album, Diamant noir, Sianna compte bien s’imposer dans cet univers encore très masculin.

L’interview de Sianna

N’es-tu pas trop stressée à quelques jours de la sortie de ton premier album ?

Je suis un petit peu stressée, mais ça va ! Je ressens plus de l’anxiété.

Tu as été validée par Booba et Soprano dès tes débuts, cela ne met-il pas trop la pression pour la suite ?

Ça met un petit peu la pression, c’est sûr. Leur soutien est arrivé très tôt mais cela m’a aussi donné de la force et l’envie de donner encore plus.

Comment en es-tu arrivée au rap ?

Au début, je ne faisais qu’écouter et j’avais des amis qui évoluaient déjà dans le rap. Nous avons commencé à écrire des textes ensemble et à faire des freestyles. Tout est parti de là !

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Mes sources d’inspiration viennent par période. En ce moment, j’écoute des titres d’artistes comme Mac Tyer, Booba, Sofiane… J’écoute aussi beaucoup de musique sur SoundCloud. Ils ne sont pas forcément très connus mais ils font de la très bonne musique. Je prends et j’écoute ce que j’aime.

Ton premier album arrive dans quelques jours, peux-tu nous parler de son titre, Diamant noir ?

Je ne l’ai pas choisi par hasard, il y a toute une histoire derrière ce titre. À l’époque de la promotion de mon premier EP, Sianna, en 2015, de nombreuses personnes m’ont fait des retours en me désignant comme la relève de Diam’s. Au départ, l’album devait s’appeler Cœur orphelin et je me suis rapidement rendue compte qu’il n’y avait qu’un seul morceau sur ce thème et que le reste n’avait rien à voir. Je l’ai appelé Diamant noir au dernier moment. C’est effectivement un petit clin d’œil à Diam’s, mais c’est aussi pour montrer que j’ai ma propre identité. Je suis peut-être la relève mais je ne suis pas une simple copie.

Tu es encore jeune et sur l’album on sent que tu te cherches encore entre ego-trip et morceaux à thème. Selon toi, c’est une force ou tu aimerais partir dans l’une de ces deux directions ?

Je pense que c’est une force. Je me cherche toujours musicalement et cela a été un réel plaisir de faire cet album. J’ai choisi des morceaux différents et je suis partie dans des délires très différents. Comme je ne me suis pas encore trouvée musicalement, cela m’a permis de réaliser ce que je sais faire de mieux. Je mélange l’ego-trip et les titres à thème, il y a toujours un message derrière chaque morceau et je m’adresse aux personnes qui me comprennent.

On sait que tu as été adoptée alors que tu n’avais que quelques mois. Sur le titre « Cœur orphelin » tu parles de l’Afrique et du Mali, ton pays natal. Penses-tu y retourner un jour ?

Bien sûr ! C’est la Terre-Mère ! Si Dieu le veut c’est sûr…

Découvrez « Cœur orphelin », le nouveau single de Sianna :

Dans plusieurs de tes textes, tu évoques tes origines et le racisme dont tu as déjà été victime. Selon toi, la société française est-elle raciste ?

Franchement, je ne sais pas, je ne sais plus… À une époque, je t’aurais dit non, mais c’est plus compliqué aujourd’hui. Avec mon histoire personnelle, je ne peux pas donner un oui totalement affirmatif et en faire une généralité. Mais il ne faut pas se le cacher, cela existe. Je trouve que c’est de pire en pire avec les derniers événements qui ont fait l’actualité, mais il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac.

Te considères-tu comme une artiste engagée ?

Les journalistes me posent souvent cette question (Rires). Je suis encore jeune et dire que je suis une artiste engagée c’est peut-être encore un peu tôt. Je ne suis ni Kery James, ni Youssoupha, qui sont des artistes qui ont du vécu et qui savent de quoi ils parlent. Je n’en suis pas encore à ce niveau-là. Mais je m’intéresse réellement à l’actualité et j’essaie d’exprimer ce que je pense.

Que penses-tu de la situation du rap féminin en France et à l’étranger ?

Concernant le rap féminin en France, cela me fait plaisir d’entendre un morceau de Shay partout à la radio. J’y crois encore plus ! Même si nous ne sommes pas dans le même registre, elle a ouvert une porte. Cela prouve que même les garçons peuvent bouger la tête sur des sons de Shay. Et pourquoi pas sur mes sons ? Niveau mondial, les artistes aux États-Unis ont déjà fait leur preuve depuis bien longtemps et c’est déjà ancré dans les mentalités. Ça ne les choque plus ! Une artiste comme M.I.A., même si ce n’est pas vraiment du rap, elle a son propre univers et c’est une artiste très engagée, qui a des idées à revendiquer et qui fait des millions de vues. Je me dis que tout est possible en France !

Est-ce que le fait d’être une femme a été un atout ou un handicap dans ton parcours ?

Je pense qu’à certains moments, ça m’a aidé. Pour certains concerts, les organisateurs cherchaient des filles et ils savaient que sur scène je me débrouille bien, donc ils venaient me chercher directement. Mais c’est vrai que nous, les rappeuses, nous devons en faire deux fois plus que les garçons, et c’est un peu plus compliqué sur certains aspects comme celui dont nous avons parlé. Ce n’est pas très commun et le fait que cela ne soit pas ancré dans la culture ne nous facilite pas le travail !