Motörhead perd son leader Lemmy Kilmister

Le monde du rock et du metal est en deuil suite à la disparition de l’un de ses monstres sacrés. Le vieux lion Lemmy Kilmister s’en est allé rugir au panthéon de nos regrettés disparus. Retour sur sa vie et sa carrière en compagnie d’aficia.

Contrairement à ce que l’on aimerait parfois, nul n’est éternel et la disparition aussi soudaine que fulgurante du charismatique leader du groupe de heavy metal anglais Motörhead en est malheureusement bien la preuve. Après la disparition de Ronnie James Dio en 2010, c’est une autre légende et figure emblématique du heavy metal qui disparaissait, Lemmy Kilmister.

Ian Fraser « Lemmy » Kilmister est né à Burslem, un quartier de la ville anglaise de Stoke-on-Trent, le 24 Décembre 1945, d’un père ancien aumônier de la Royale Air Force qu’il ne connaîtra d’ailleurs pas puisque celui-ci quitte sa mère alors qu’il n’a que trois mois. C’est lorsqu’il vit en Galles du Nord que Ian Fraser commence à s’intéresser au genre grandissant qu’est le rock’n roll en Angleterre et qu’il acquiert son surnom de Lemmy, issu du raccourci Lemme, de l’expression « Lend Me A Fiver » (prête-moi un billet) alors qu’il passait son temps à quémander de l’argent auprès de ses camarades d’école pour pouvoir jouer aux jeux, et surtout les machines à sous.

Découvrant la musique des Beatles à l’âge de seize, il décide de se mettre à la guitare et intègre plus tard, alors qu’il vit à Stockport, des groupes locaux tels que The Rainmakers, The Motown Sect puis les Rockin Vickers avec qui il enregistrera trois singles chez CBS. Mais Lemmy Kilmister veut voir plus grand et, dans le but de vivre de sa musique, vient vivre à Londres en 1967 ou il est engagé d’abord comme roadie, technicien accompagnant les groupes pour leurs concerts, de la formation de Jimmy Hendrix avant de rejoindre le groupe Opal Butterfly, qui splittera malheureusement quelques temps plus tard.

Naissance et débuts chaotiques de Motörhead

Il lui faudra alors attendre 1971 pour connaître une certaine notoriété avec son intégration en tant que chanteur et bassiste, qui deviendra ainsi son instrument de prédilection, au sein du groupe de space rock Hawkwind. Hélas c’est un nouvel échec puisque Lemmy est renvoyé du groupe en 1975 suite à son arrestation à la frontière canadienne pour détention de produits illicites (amphétamines). Il décide alors de créer sa propre formation avec Larry Wallis (guitare) et Lucas Fox (batterie) nommée dans un premier temps Bastard, mais qu’il rebaptise, sur les conseils de son manager de l’époque jugeant le premier nom nuisible à la possible notoriété du groupe, Motörhead, venant du dernier titre enregistré par Lemmy pour son ancien groupe.

Dès le début, la volonté de Lemmy est d’imprimer un son lourd et un rythme rapide à la musique du groupe, où vient se poser sa voix gutturale, qui deviendront l’empreinte du groupe. Si la réussite de leurs premiers concerts leur permet de faire la première partie de Blue Öyster Cult et d’entrer en studio pour l’enregistrement d’un album, les ennuis commence avec le renvoie de Fox pour consommation excessive de drogues et son remplacement par un ami de Lemmy, le batteur Philthy « Phil » Animal Taylor. L’enregistrement est un échec pour Motörhead car leur label de l’époque, United Artists, mécontent des titres, refuse de les sortir.

Si l’année 1976 voit le recrutement d’un second guitariste « Fast » Eddie Clark, c’est aussi le moment que choisit Wallis pour quitter le groupe afin de se consacrer à son ancienne formation. Réduit à trois, le groupe enregistre un single « Leaving Here » pour son nouveau label Stiff Records dont leur ancien label empêche la sortie au prétexte qu’ils seraient toujours sous contrat avec eux. Repoussé à 1977, la sortie du single voit fondre sur le groupe une pluie de critiques assassines allant jusqu’à les qualifier de pire groupe de monde. Dépité, lâchés par leur label, le groupe est au bord de l’implosion, Taylor et Clarke voulant abandonner, et décide d’offrir un dernier concert en guise d’adieux.

Pour se faire, Lemmy demande à son ami Ted Caroll du label Chiswick Records de leur amener un studio mobile afin d’enregistrer cette dernière prestation. Dans l’impossibilité d’accéder à leur demande, Caroll leur offre en échange deux jours d’enregistrement à l’Escape Studio afin de produire un dernier single. Le groupe saisit sa chance et au lieu d’un titre arrive avec onze compositions pour lesquelles Caroll donne quelques jours de plus afin de finaliser la sortie d’un album qui verra donc la sortie d’un premier single « Motörhead » en juin 1977 suivi par la sortie de l’album Motörhead au mois d’août.

1978, le début de l’ascension pour Motörhead

Pourtant malgré ce renouveau, Motörhead connait de nouveaux remous notamment à cause de leur manager Tony Secunda qui les sépare du label Cheswick Records et amène le groupe au bord de la séparation. Il leur faudra attendre 1978 et l’éviction de Secunda au profit de Douglas Smith pour voir Lemmy et Motörhead signer avec un nouveau label : Bronze Records. La sortie d’un single « Louie Louie » leur apporte un premier succès suivi par le titre « Overkill » premier extrait de l’album du même nom qui sort en 1979 et qui emmène le groupe à la 24e place au Top 40 britannique.

Commence alors véritablement le succès du groupe qui plait autant aux fans de heavy metal qu’à ceux de la scène punk rock en plein essor à l’époque, avec cette musique lourde et la voix unique de son leader. Malgré encore quelques turbulences au sein de la formation qui verront les départs successifs de Clarke et Taylor, Lemmy porte son groupe à bout de bras et le chemin de Motörhead ne sera qu’une longue ascension portée par des titres et des albums majeurs comme « Bomber », leur hymne « Ace Of Spade », Rock ‘N’ Roll, Motörizer, Iron Fist, March Or Die, 1916…… jusqu’à leur dernier opus Bad Magic paru en 2015.

Si il a toujours été classé comme appartenant au genre heavy metal, Lemmy a toujours considéré qu’il appartenait au rock’n roll et concrétisera cette appartenance au travers de sa formation parallèle The Head Cat formée avec Slim Jim Phantom (Stray Cats) et le guitariste Danny B. Harvey consacrée à la reprise des plus grands artistes du genre.

Lemmy Kilmister ne cachera jamais non plus ses addictions et fera sienne la maxime sex, drug et rock’n roll qu’il appliquera à la lettre tout au long de sa vie. Mais s’il sera toujours amateur de femmes, de whisky, de tabac et de diverses drogues, il sera toujours en revanche un farouche adversaire des drogues comme la cocaïne ou l’héroïne.

Hormis la vie dissolue que vous impose le fait d’appartenir à un groupe reconnu mondialement, ce sont peut-être aussi ces excès en tout genre, qui l’auraient détruit depuis longtemps s’il n’avait pas eu une constitution physique peu commune, qui l’ont malheureusement amené à cette fin toute aussi rapide que soudaine avec ce cancer foudroyant qui l’emporte en quelques jours. Lemmy est décédé comme il a vécu, à sa façon, et il aura eu la chance de ne pas souffrir de cette saleté de maladie.

Quoiqu’il en soit c’est avant tout une légende et un grand homme auquel nous rendons hommage et bon sang qu’elle va nous manquer cette musique et cette voix unique et si particulière de ce sacré gaillard. Alors s’il survient un orage rempli d’éclair et de tonnerre, ne soyez pas surpris, cela voudra simplement dire que le sieur Lemmy a commencé ses concerts au firmament de nos stars disparues et ça risque bien de déménager pendant quelques temps là-haut et la réserve du patron risque bien d’en prendre un coup. Reposez en paix Monsieur Kilmister, votre musique vous survivra et imprimera à jamais votre souvenir dans le cœur de vos fans.

On vous laisse en compagnie d’ « Electricity » issu du dernier album de Motörhead :