Lombre - La lumière du noir
Lombre - La lumière du noir

‘La lumière du noir’ : Lombre confirme avec un projet criant de justesse et de poésie

En cette rentrée musicale chargée, Lombre se fraye un chemin avec l’intriguant La lumière du noir. Que retenir de ce nouveau projet ? Réponse avec aficia !

Lombre est sous les feux des projecteurs avec La lumière du noir, un mini-disque riche de six compositions originales à travers lequel il se met à nu et dévoile une identité artistique singulière. Originaire de Rodez, le jeune artiste fascine pour son parlé-chanté percutant et oscille à merveille entre rap et musique alternative électronique, inspiré par les carrières de #Fauve, Bigflo et Oli ou encore Georgio.

Tout au long de l’année, l’artiste a dessiné les contours de son nouveau projet studio, le second de sa carrière publié trois années après Eau Trouble. On y retrouve à nouveau des imageries et sensations de noirceur mais Lombre se veut rassurant sur un EP bercé d’espoir, fruit de plus de deux années d’un dur labeur. Voici nos impressions !

Un projet ambitieux, musicalement riche

Le rideau se lève sur “Lombre”, une piste autobiographique en guise d’introduction. D’emblée, c’est la frénésie des cordes qui capte l’attention de l’auditeur, avant que l’ensemble soit souligné par des nappes synthétiques frénétiques, brutes et futuristes. L’atmosphère de la piste se révèle plutôt obscure, l’artiste scandant avec férocité la genèse de son avatar Lombre, comme un être qui veille sur lui et qui lui permet d’affronter le monde, ses peurs et ses failles. “C’est cette ombre qui malgré la noirceur exprime son ressenti / Une manière particulière de s’échapper, se donner une seconde chance” entonne l’artiste en quête d’évasion.

Les failles, Lombre les exacerbent dans le poignant “Cryptée” en dépeignant les phases de l’enfance et de l’adolescence, qui malgré une certaine insouciance, sont aussi celles où le rapport au regard des autres est autant crucial que destructeur. L’artiste scande les diktats formatés d’une société, assumant avoir pu se cacher derrière une façade de sentiments joyeux pour dissimuler un mal-être palpable et des défauts pourtant risibles. Aérienne, la piste confirme la capacité de Lombre à mêler sonorités organiques et synthétiques sur des pistes musicalement très riches.

Quand la ville dort encore” est la contemplation d’un monde endormi, où l’effervescence n’a pas encore gagné la ville. Lombre goûte et partage cette sensation de solitude qui se révèle inspirante et protectrice. Cette pureté éphémère offre un sentiment de plénitude, sans que rien ne puisse atteindre à la beauté de ce moment privilégié. Et tout un chacun peut en faire sa propre expérience. Le timbre de voix de Lombre est mis en exergue sur ce titre bouillonnant et progressif. Les cordes et le synthé sont rapidement étayés d’arrangements électroniques et urbains, jusqu’à l’apothéose lorsque la ville finit par s’éveiller.

Un continuum de lumière

Au fil de l’écoute, Lombre nous plonge dans un voyage musical visant à panser les peines et à puiser du positif dans les sentiments négatifs. Cela se confirme avec “Espoir Noir”, un titre radiophonique à souhait qui mise sur un refrain addictif. Tout en confirmant une direction artistique mystérieuse, c’est la quête de lumière et d’espoir dans un monde douloureux qui est évoquée sur cette piste. Entêtante et moderne, cette production jouit d’un crissement de synthés addictif sur les refrains. “L’espoir noir c’est la vague qui aborde le rocher, qui l’asphyxie dans son élan, qui le fait couler / Un rocher solide qui malgré tout ne bouge pas, résiste au froid, à la pression, aux fracas ” scande Lombre, employant l’image d’une nature résistante, résiliente malgré les douleurs.

C’est à partir de cette piste que l’EP bascule vers un état d’esprit plus apaisé. S’en suit ainsi “La Colombe”, une ritournelle particulièrement harmonieuse et sans fioritures grâce aux riffs d’une guitare acoustique qui met en lumière la diction de l’artiste. Progressivement, des arrangements orchestrales raffinés ponctuent l’intensité du morceau. Sur cette piste, Lombre invite l’auditoire à se libérer des chaînes pour atteindre ses rêves et profiter des beautés offertes par le monde. Le parallalèle entre l’homme et la colombe est pertinent, l’animal s’évadant pour voler de ses propres ailes et se défaire de toute contrainte. C’est un véritable retour à l’essentiel que scande Lombre, porteur d’un message optimiste et conscient que les épreuves du passé nous forgent et nous rendent plus forts.

Avec “La lumière du noir”, l’EP atteint son paroxysme, comme une fin logique dans cette quête révoltée et assidue de positivité et d’une sensation de plénitude. Lombre avance avec espoir et ténacité, aspirant à une vie épanouissante. Il conte les grandes étendues, les paysages éblouissants en s’oxygénant des ressources de l’environnement, d’une nature mère qui finalement règne en maître. Après un flot de dires renversants et ciselés, le disque s’achève en douceur sur quelques notes de piano qui invitent à la cogitation.

Découvrez La lumière du noir de Lombre :

Lombre - La lumière du noir
Lombre - La lumière du noir
Verdict

La lumière du noir est l'EP d'un artiste singulier en pleine éclosion qui a la tête sur les épaules, conscient de la noirceur du monde, mais se battant pour vivre chaque jour un petit peu plus fort. La conception de chacune des pistes résulte d'un travail d’orfèvre incontestable, mots et mélodies entrant en résonance et sublimant l'interprétation en 'spoken word' de Lombre. Les mots se révèlent à la fois poétiques et d'une grande justesse sur ce projet prometteur.

Il en faudra bien plus d'une écoute pour apprécier pleinement le contenu de l'EP dans son intégralité tant les messages sont des mantras d'espoir saisissants, preuve d'une jeunesse désireuse de se battre pour construire un avenir à la hauteur des espérances. On se penchera aussi aisément une nouvelle fois sur le projet dont l'écoute se déroule de manière logique, comme un fil conducteur, de l'obscurité la plus totale jusqu'à l'embellie. Lombre donne de la voix sur un EP plein de surprises. La prise de risque est certaine sur La lumière du noir qui met en avant des moments instrumentaux plaisants, comme des interludes qui donnent de la contenance au projet.

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