Joysad - Palindrome
Joysad - Palindrome

Joysad avec ‘Palindrome’ : une souffrance qui bascule vers l’espoir

Bien lancé durant 2020, Joysad a débuté l’année avec ‘Palindrome’, un second projet à la construction propre et aux propos relativement émouvants. On vous en parle sur aficia.

À tout juste 20 ans, Joysad possède de nombreux atouts musicaux, et son début de carrière est bourré d’espoir. Remarqué sur Instagram, à l’aise en Planète Rap, le jeune rappeur originaire de Périgueux a sorti en juillet 2020 Fernandez, un premier EP. Ses clips ont accumulé les vues, dépassant pour certains le million de clics assez facilement. Le 22 janvier 2021, il est revenu avec Palindrome, un second projet de 9 tracks délicieusement abouti. Un second cap franchi.

Une tragédie, trop tôt

Joysad - Palindrome

C’est un des fait divers qu’on croise par dizaine dans les journaux. Des tragédies froides, inattendues qui ne nous touchent que très peu quand on n’est pas concerné. Le 14 juillet 2017, Joysad perd son frère dans un accident de la route, à quelques centaines de mètres du domicile familial. Un tournant cruel dans la vie du jeune rappeur. Palindrome résonne d’abord comme un exutoire, Joysad gravite autour de ce drame tout au long de l’EP, chaque morceau, ou presque, est un hommage à son frère. Les mentions sont nombreuses, les angles de vue s’enchevêtrent.

Rage de vivre

Avec un recul assez fou, Joysad évoque d’abord ses moments noirs, quand la weed et l’alcool s’illustraient en échappatoire. Il y aborde son incapacité à trouver le sommeil chez sa mère, quand la disparition de son frangin lui revenait brutalement. Un épisode sombre qui, pourtant, dessine les contours d’un avenir plus lumineux. On sent bien que le jeune artiste a fortifié les relations familiales, qu’il est sur la pente ascendante et prêt à évoluer positivement.

Tous ses éléments, on les retrouve sur « Le monde est à l’envers », « Près des miens », « Ciel & Terre » et « Marchand de sable ». Des morceaux piliers. Le titre final « Le monde est joli » débarque comme une synthèse globale, où la douleur du drame glisse une dernière fois vers quelque chose de positif.

Et technique…

Au-delà de ce fond captivant, Joysad brille également dans la rythmique. Ses changements de flow sont maitrisés, la tenue des vers est exemplaire. Il y de l’intelligence dans la construction, avec des rimes courtes à l’impact certain, couplées à des fins de phrases plus travaillées. En un exemple : ‘J’ai plus l’temps d’traîner, maintenant, j’ai l’temps d’m’entraîner / Là, c’est moi qui navigue, j’ai la rage de la vie, j’avance sans freiner’.

Joysad ouvre également d’autres perspectives avec « Venin », « 2020 » et l’ultra-détaillé « Mauvais flic ». Il se positionne sur des sujets de société, avec cet esprit aiguisé d’un jeune de vingt ans. Une autre facette qui nous donne un peu de répit, qui fait redescendre un peu l’émotion. Un bon point donc.

Découvrez Palindrome de Joysad :

Joysad - Palindrome
joysad - Palindrome
Verdict

Bref, Joysad nous livre un projet relativement convaincant. Grâce à son fil conducteur parfaitement défini et personnel, le jeune rappeur parvient à toucher, à mettre des mots forts sur le tournant de sa vie et instaure ainsi une ambiance particulière. Le fond de ses pensées est sublimé par une excellente technique. Joysad ne tombe jamais dans la tristesse absolue, ni dans un espoir formaté. Un EP solide, cohérent et simplement beau à écouter.

4