Aslove en interview : « J’espère pouvoir m’exporter, la musique n’ayant plus aucune frontière aujourd’hui »

Il fait partie des nouveaux espoirs de la scène électronique en France. aficia a eu la chance de recevoir Aslove le jour de La Fête de la Musique en interview. Confidences de la part d’un jeune homme mature, qui a la tête sur les épaules, et qui a un avenir presque assuré… 

Guillaume Banet, mieux connu sous le nom d’Aslove est un jeune producteur originaire de Lons-le-Saunier (Jura). Il fait partie de cette jeune génération de DJ qui est en train de percer avec une musique généreuse, dans un registre pop, électro et mélodic-house. Tout simplement savoureux !

Après avoir remixé « Bon Appétit » de Katy Perry, l’artiste sort tout juste son nouveau single « Good Ideas » et espère conquérir le cœur des français et pourquoi pas l’international. Jour de la Fête de la musique, nous l’avons rencontré afin de parler de sa vision de la musique, sa percée dans le monde de la musique électronique et sur ses projets. Et c’est avec un certaine assurance qu’Aslove s’est livré en toute simplicité…

Aslove… l’interview !

Il y a trois ans tu étais totalement inconnu dans le paysage musical. Qu’est-ce qui a tout fait basculer selon toi ? 

J’ai publié en janvier 2015, pour la première fois, un morceau sur SoundCloud. C’était ma première cover de Gym Class Heroes, un groupe pop rap américain. Le titre s’appelle « Cupid’s Chokehold ». Quand j’ai publié ce titre, il y a eu trois écoutes : moi, mon père et ma mère. Petit à petit, en le partageant sur mon compte Facebook, j’ai commencé à avoir une dizaine, une trentaine, une cinquantaine d’écoutes. Jusqu’au jour où un blog musical tombe sur ma chanson et a décidé de la poster sur sa page SoundCloud. C’était un blog assez influent qui avait plusieurs milliers d’abonnés. La magie d’Internet a opéré. Cela a commencé par être partagé par d’autres personnes, sur d’autres plateformes, d’autres sites. C’est devenu viral et mes vues ont commencé à être exponentielles.

C’est à ce moment là que tu te dis que tu peux faire carrière ?

Ce jour-là, quand j’ai commencé à voir ça, j’étais fou. J’étais très heureux. Je me suis dit qu’il commençait à se passer quelque chose et qu’il fallait l’exploiter à fond. J’ai commencé à sortir une cover par mois. Pendant six mois, j’ai fait ça. Je choisissais les chansons qui me tenaient à cœur. Je les remodelais de A à Z. De la voix aux instruments. Je refaisais tout, à part la composition. Ce qui a fait que tout cela a décollé et s’est transformé très vite, c’est qu’un jour j’ai posté une cover de « Put Your Records On » d’une chanteuse anglaise qui s’appelle Corinne Bailey Rae.

Pour cette cover, j’avais choisi la voix d’une jeune australienne Mia Fray que j’avais repéré sur YouTube. Je lui avais emprunté sa voix pour la mettre dans ma musique. À la base, j’avais vraiment fait cette cover pour m’amuser, de façon gratuite comme toutes les autres. Elle avait simplement pour vocation d’être téléchargée et que les gens kiffent. Sauf que j’ai, à ma grande surprise, reçu un mail, un beau jour, de Radio FG qui me demandait le son pour la passer sur leur antenne… À l’époque, je n’avais aucun label. Je leur ai dit « Allez-y, de toute façon, c’est une reprise, même si j’ai l’autorisation de personne, comme c’est une reprise, vous avez le droit ». Ils ont commencé à diffuser ma musique et de là, tout s’est enchaîné ! C’est ce qui a fait que j’en suis là aujourd’hui.

Tu as gravi les marches une par une. Puis ça s’enchaîne très vite pour toi avec une signature chez Capitol (Universal Music). Comment vit-on ça à seulement 22 ans ?

Et ben franchement, ça se vit très simplement. La seule différence, c’est que je suis passé d’une cover qui était gratuite, créée dans ma chambre, qui m’a amené à un métier que je fais tous les jours. Au final, ça reste très artisanal. En fait, ça ne change pas grande chose, hormis le fait que tous les matins, tu dois te lever pour aller travailler comme n’importe quelle personne qui travaille. Mais ça reste un boulot à temps plein. Tu bosses le samedi, le dimanche parce que c’est un boulot où tu as zéro limite. À mon niveau, il n’y a rien qui a encore changé. Je ne suis pas encore en yacht à Los Angeles, tu vois ? [Rires] Je suis encore dans le Jura, à faire ma musique et à me faire plaisir !

Quelle vision as-tu de la musique à l’heure actuelle ?

La musique va plutôt bien je trouve, malgré le fait que tout évolue. On a eu les vinyles, ensuite on a eu les CD. Cela a été la première grande évolution. Puis, on a eu le MP3, puis le téléchargement des MP3, puis le streaming. Désormais, le téléchargement peine à disparaître pour ne laisser place qu’au streaming. Et pourtant, l’industrie musicale génère toujours autant d’argent. Ce n’est même pas le problème. À côté de ça, les styles et les tendances changent, évoluent très vite. Personnellement, je suis un grand fan de la musique live, de rock, ce genre de choses. Même si aujourd’hui c’est peut-être moins ce que les gens écoutent. Mais ça le redeviendra puisque ça revient toujours. Je trouve que la musique va quand même très très bien !

Et comment décrierais-tu ta musique ? 

Écoute, je suis un partisan de l’éclectisme et je pense justement ne pas avoir forcément ‘mon son’. J’en sais rien si je l’ai. Je n’aurais pas la prétention de te dire oui, mais quoi qu’il arrive, c’est que j’aime bien faire des choses différentes. C’est comme dans mes DJ-sets, j’aime bien mettre du relief en mettant plein de morceaux différents.

Si tu regardes, sans me comparer à eux évidemment, les grands groupes, les grands musiciens ou les chanteurs, je pourrais t’en citer plein, souvent d’un album à l’autre, ils changent quasiment de style. Donc je ne vois pas pourquoi, moi, DJ, je ne pourrais pas faire de même. Du coup, je ne ferme aucune porte. C’est pour ça que je suis passé de « Put Your Records On » à « So High » qui était beaucoup plus dance, et puis maintenant à « Good Ideas » qui est beaucoup plus funky. Après la cohérence de mes sons se fait davantage dans ce que je kiff comme instruments, dans ma façon de composer. Je prends plaisir à essayer de changer de styles, m’essayer à plein de choses.

Découvrez « Good Ideas » d’Aslove :

Quand on te dit que tu fais partie des nouveaux espoirs de l’électro français ?

On me dit ça parce que je n’ai que 22 ans, c’est tout ! [Rires] Non, je plaisante bien sûr ! C’est hyper flatteur tu vois, mais… j’espère que je ne décevrais personne. Après, quand on dit ‘nouvel espoir’, c’est parce qu’un titre a marché et que maintenant, on attend de voir la suite.

Est-ce que ce statut de ‘nouvel espoir’ te donne une certaine pression de toujours bien faire ?

C’est un peu le jeu quoi qu’il arrive. Quand tu travailles avec des gens comme Universal, que tu as une équipe derrière toi, que tu as un manager… tu as une certaine pression. Même si tu ne les fais pas vivre non plus, ils sont aussi dépendants que toi. Au final, ça me met forcément une pression. Mais ça reste que de la musique. J’essaye d’abord de me faire plaisir et ensuite faire en sorte que ça marche. C’est leur job aussi. Moi j’essaye de faire l’artistique et eux le reste…

Si je te cite des artistes comme KLYMVX, Trinix, Synapson, Kungs, peut-on parler d’une petite famille de l’électro ?

C’est clair ! Je peux tout simplement te dire que la plupart des gens que tu as cités je les connais. Je suis ami avec eux car au final, en France, si tu recenses le nombre de DJ de cette catégorie de musique et que tu les mets ensemble dans une même pièce, on a quasiment tous le même âge. On fait tous quasiment la même chose.

C’est un peu comme toi, si tu rencontrais une personne qui faisait le même métier que toi, tu te dirais vite que tu as des points communs. Là, c’est pareil. Au final, la concurrence n’existe plus, surtout avec Internet où tu es très vite en compétitivité avec Drake, avec Rihanna.. tu es concurrent de tout le monde en fait ! Ce n’est plus de la concurrence entre DJ français, on s’en fiche de ça. On est tous copains maintenant !

Vous en profitez pour vous soutenir mutuellement aussi… 

Bien sûr, il arrive que l’on s’entraide, oui. Il m’arrive de remixer un titre pour un copain. On se donne des coups de mains comme ça, c’est génial. Je n’ai jamais ressenti une quelconque jalousie, concurrence ou quoi que ce soit. Donc c’est super oui.

Pour ton nouveau single « Good Ideas », tu t’entoures d’artistes internationaux. C’est une volonté, une opportunité ou une envie d’aller s’exporter ?

C’est un peu des trois. C’est une envie parce que j’ai toujours été fan de pop américaine avec des grosses voix américaines. Sur le morceau, il y a un rappeur. Cela a toujours été quelque chose que j’avais envie de faire. Après, c’est une musique qui s’exporte. Elle est en anglais…

Après, ça ne veut rien dire. Stromae a réussi à cartonner partout dans le monde ! Mais voilà, c’est mon souhait de m’exporter c’est sûr. Mais je ne suis pas bloqué sur ça. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, je peux travailler aussi bien avec des artistes français que des internationaux. Que ce soit en anglais, en français ou d’autres langues. Je pense qu’il n’y a pas de limite tant que la musique reste là et qu’il reste une bonne émotion.

Tu démarres une carrière. N’as-tu pas peur de ce monde qu’est le monde de la nuit ? Je fais notamment référence au décès d’Avicii… 

Les gens se font très vite des idées, des a priori de ce monde. Ils ont des idées sur comment ça se passe, mais ça reste des métiers ‘passion’ comme je te le disais au début. Ta vie fusionne avec tout ça. Ça peut être très dangereux, très fatiguant et c’est justement pour ça qu’il faut avoir une hygiène de vie irréprochable. Mon petit truc que j’ai instauré, c’est que j’ai installé mon studio à un endroit où je suis obligé de me lever, de m’habiller, de me faire propre.

Imagine si j’avais mon studio dans ma chambre, il y aurait sans doute une routine qui s’installerait et je reporterais mes tâches au lendemain. Il faut très vite instaurer une certaine rigueur et des règles sinon tu pars en vrille. Pareil dans le monde de la nuit, quand tu as trois dates par week-end, tu dois avoir de la rigueur et ne pas picoler, ne pas faire de la merde. Si tu te tiens à ça, tu garderas le cap. Ça reste des métiers difficiles dans le sens où tu as quand même beaucoup de pression sur les épaules. Mais ça reste avant tout du plaisir et de la passion !

Aujourd’hui c’est la Fête de la Musique. Que représente cette journée pour toi ?

J’ai la chance de fêter la Fête de la Musique à la Monnaie de Paris, dans un lieu qui n’a jamais été utilisé depuis sa construction pour une quelconque manifestation de ce genre. Pour moi, c’est juste incroyable de pouvoir mixer dans un endroit comme celui-là et en plus devant des gens qui ne l’ont jamais vu de leur vie. Et je pense qu’ils ne me connaissent pas… C’est vraiment l’occasion pour moi de me faire connaître et de faire découvrir une partie de moi aux gens.

Découvrez « Put Your Records On » d’Aslove :