Interview : 5 questions à Claire Laffut…

À l’occasion de sa venue au festival Woodstower, Claire Laffut a pris le temps de répondre à nos questions… Confidences d’une artiste aux multiples facettes !

Claire Laffut n’a que 25 ans et pourtant, elle a déjà tout d’une grande ! Auteure, compositrice, interprète, artiste peintre, danseuse, créatrice de bijoux éphémères et mannequin, la jeune belge a décidé de se concentrer sur la carrière qui l’amène à se mettre à nu devant un public qui finit bien souvent conquis quand il ne la connaît pas encore.

Alors que nous avons pu l’entendre sur “Vision” de Fakear, c’est bien à travers son premier EP, Mojo, qu’elle s’est dévoilée. C’est à l’occasion du festival Woodstower qu’aficia a croisé la route de cette jeune artiste pleine de ressources et qui n’a pas fini de faire parler d’elle…

5 questions à Claire Laffut…

Pour commencer, peux-tu nous parler de tes influences ?

Le problème, c’est que j’ai mille influences ! Je n’ai pas une influence précise. J’aime les chanteuses qui ont des univers forts comme Sade ou Jorja Smith. Je m’inspire aussi beaucoup d’artistes peintres dont Miró et Cocteau. Mes inspirations viennent de la world music. J’essaie de mettre dans ma musique des éléments de musique du monde pour créer un univers coloré. C’est pour ça que j’emprunte à plein de styles de musique différents. Mon style musical n’est pas si facile à définir que ça…

Tu as de nombreuses cordes à ton arc dont la peinture… Quelles relations ont la peinture et la musique dans la manière dont tu les exerces ?

J’ai l’impression que la peinture me permet de créer l’imaginaire autour de la chanson. Quand je fais une chanson, je creuse à l’intérieur de moi, comme si je me trouvais dans une mine, pour trouver plein de choses différentes comme de la poussière, des cailloux, des pierres semi-précieuses, des diamants qu’il faut ramener à la surface. La peinture me permet d’aller encore plus loin que la simple empreinte émotionnelle qu’elle me coute.

Dernièrement, tu as participé à la compilation Molitor aux côtés d’Yseult. Peux-tu me parler de cette expérience et de cette collaboration ?

Je voulais faire un son d’été, ensoleillé, qui fasse danser. J’avais vu Yseult lors de l’un de ses concerts. J’avais trouvé qu’elle tuait et que sa musique faisait du bien en étant hyper positive avec son corps. J’avais envie de faire un featuring avec une artiste comme ça parce que je trouve que ça manque les feats chez les filles en ce moment. Mais je me dis qu’avec tout ce qui se passe au niveau du féminisme, ça ne va pas tarder à recommencer. J’ai proposé à Yseult que nous travaillons ensemble directement après son concert et elle a été partante tout de suite.

Nous avons fait ce titre avec mon musicien Gaspard. Le problème qui s’est posé c’est que ça n’a pas plu à mon label quand nous leur avons fait écouter. Nous, nous l’aimions trop et nous devions le sortir avant l’été ! C’est à ce moment-là que nous avons trouvé Molitor dont l’équipe avait envie de faire une compil’ pour l’hôtel. Par contre, nous leur avons dit que s’ils voulaient le morceau, ils devaient nous payer le clip (Rires). Nous avons pu bénéficier du très beau cadre de l’hôtel, c’était vraiment cool !

Tu fais partie d’une génération qui a grandi avec de nombreux artistes qui chantent en anglais et pourtant tu as fait le choix d’écrire et de chanter en français. Peux-tu m’expliquer ce choix ?

Pour tout te dire, au début, je ne voulais pas chanter en français. J’étais une jeune chanteuse qui essayait de trouver sa voie et son style. Pour moi, l’anglais c’était une langue beaucoup plus stylée et je n’écoutais pas beaucoup de chansons en français. L’écriture en français me semblait intéressante car je pensais qu’elle allait m’amener de la précision et de la sincérité dans les mots. J’ai essayé et j’ai immédiatement eu un coup de foudre pour le son des mots !

Mon écriture, c’est une écriture de collage. Je travaille beaucoup avec l’inconscient. Je jamme, j’improvise et j’ai des mots qui tombent comme ça… Ce sont ces mots qui vont être le squelette de la chanson. Je les relis, je fais attention aux sons qu’ils ont. J’ai tellement exploré le français que je ne pense pas que je retournerai à l’anglais. Et le problème qui se pose avec l’anglais, c’est qu’il faut avoir un bel accent.

Nous ne pouvons pas terminer cette interview sans évoquer la Belgique et la scène belge qui connaît un bel essor ces derniers temps…

Je suis trop fière que la Belgique soit autant présente ! Je suis partie à Paris il y a cinq ans et quand les artistes dont on parle beaucoup en ce moment ont émergé, j’étais déjà installé là-bas. On m’a rapidement associée à ce petit groupe que je trouve génial parce qu’il y a beaucoup de créativité. Ils ont chacun un personnage hyper attachant, drôle et sur les réseaux sociaux c’est addictif. Par exemple, j’adore les blagues de Roméo Elvis. Il me fait trop rire ! Cependant, ce qui a été compliqué à gérer c’est quand les médias ont commencé à nous comparer Angèle et moi. Ça n’a pas été facile pour moi car, à l’époque, nous ne nous connaissions pas et on nous a rapidement mises en compétition. Quand tu es jeune artiste, ça peut être un peu dur et créer des tensions…

CLAIRE LAFFUT