Interview de Caravan Palace : Un groupe déjanté qui revient sur son succès ! 

À l’occasion de leur concert à Istres ce 11 mars, annulé au dernier moment, aficia était pourtant sur place et en a profité pour interroger les Caravan Palace. Ils reviennent tout particulièrement sur leur dernier album mais aussi sur leur succès à l’étranger.

Né d’une rencontre de trois artistes, le groupe Caravan Palace s’est finalement associé à quatre autres talents pour constituer le groupe qu’il est aujourd’hui. Une énergie débordante, un swing à la fois electro et instrumental avec Hugues au violon, Charles à la contrebasse et Arnaud à la guitare, le groupe déménage à chaque apparition. Après un premier album éponyme en 2008 puis un second intitulé PANIC, sorti en 2012 suite à une consécration européenne, le groupe revenait en octobre dernier avec un nouvel opus <I°_°I>.  Sur ce dernier, les rythmes de charleston improbables se mêlent parfaitement à des sons plus modernes, comme l’electro et le jazz. Le tout est simplement frétillant et jubilant. À l’occasion de leur tournée qui traverse les quatre coins du monde, aficia s’est rendu à leur concert dans le Sud de la France, à Istres plus précisément, afin de les interroger sur leur état d’esprit. Tandis que la chanteuse fut emmenée à l’hôpital rapidement, devant annuler le concert à la dernière minute (il ne sera finalement pas reporté), deux des membres, à savoir Arnaud et Hugues, étaient très disponibles pour répondre à nos questions.

L’interview de Caravan Palace :

Pour commencer, comment allez-vous ?

Arnaud : On va bien. On est en plein milieu d’une tournée assez importante dont les dates se rajoutent tous les jours, notamment aux États-Unis. On va dire que c’est intense ! Sinon ça va, on a le moral ! Regarde ! On est pimpants !

J’imagine que votre tournée se passe donc bien ?

Arnaud : Elle se passe très bien ! Ça remplit bien ! À part peut-être ce soir, mais, on nous a dit qu’à Istres c’était toujours un peu comme ça. Sinon ça se passe bien.

Hugues : Bon accueil, dans tous les pays, oui !

Vous tournez depuis janvier à travers la France mais pas uniquement. Vous faites autant de dates à l’étranger qu’en France, et vous venez même d’annoncer une tournée aux USA et au Canada, c’est assez fou !

Arnaud : Ouais, c’est assez fou ! Surtout que ce sont des belles salles. C’est étonnant. Ça vient d’Internet. On s’est beaucoup développés à l’étranger. Par exemple, on a les statistiques par le biais de YouTube. Sur nos lectures, on est à peu près à 6% en France et 46% aux États-Unis. C’est incroyable !

Justement, quel est le pourcentage de vos fans français sur Facebook en comparant au reste du monde. Ils sont plus nombreux ?

Arnaud : Sur Facebook, sans doute, car historiquement, on a quand même beaucoup décollé sur le premier album. Maintenant, je pense qu’il doit y avoir un tiers de français. Après les anglophones sont beaucoup plus bavards sur les réseaux sociaux. Donc souvent, on a des tonnes de commentaires en étranger et assez peu en français. Ça dépend.

Hugo : Ouais, quand on annonce une date en France, on a souvent des commentaires du genre « When you come in our country ? ».

Vous avez toujours eu un certain succès à l’international. Qu’est ce que ça fait aujourd’hui pour vous de toujours avoir l’opportunité de tourner à travers le monde ?

Arnaud : En fait, à l’origine du projet, vu que c’était un projet qui était inspiré du jazz qui n’est pas la musique la plus écoutée dans le monde, on ne voulait pas être un groupe très connu, mais plutôt un peu connu dans plusieurs pays, vu qu’on chantait en anglais etc. Et il s’est avéré qu’on a été très connus en France, grâce à notre maison de disque à ce moment, mais à long terme, le projet est retombé comme tous les projets en terme de notoriété médiatique, malgré qu’à l’étranger cela montait en croissance…

Hugues : Oui, avec l’évolution du style electro swing, qui s’est mondialisé entre le premier et le deuxième album, c’est un truc un peu étrange. Par exemple, des potes à nous nous ont envoyé depuis Beyrouth « J’entends votre musique dans un bar », grâce à Internet je suppose. Mais c’est vrai que c’est rigolo car on a rien fait pour. On a jamais tourné au Liban ou en Argentine. Pourtant, la musique s’est développée rapidement comme avec Parov Stellar qui ont réussi à internationalisé le truc.

Hugues : Ouais, c’est étonnant, on fait des salles immenses. En Angleterre elles sont plus grandes qu’en France. En Espagne par exemple, on a fait une grande salle. C’est bizarre tu vois, en fait. C’est chouette. L’inconvénient après, c’est fatiguant… Le voyage, les trajets. Tout est long, c’est loin… C’est génial de faire les grandes villes européennes, ou mondiales même. Mais bon, le trajet… c’est loin ! Mais bon !

Votre album <I°_°I> se prononce t-il ?

Arnaud : En fait, on est partis au début sur cette idée farfelue que cet album ne se prononcerait pas. C’est très amusant sur les réseaux sociaux, mais c’est beaucoup plus difficile en vrai, vu qu’on ne lui avait pas donné de nom. Alors on a décidé à un moment donné, que ce serait le public qui le nommerait. Au bout d’un moment ils l’ont appelé « Robots Face ». On a dit d’accord.

Hugues : On était partis sur autre chose, sur « The Icon » au début, mais ce n’est pas ce qui revenait le plus souvent. Or, c’était un peu le moyen de jeter ça en peinture, et de dire « est-ce que ça vous parle », ou pas. Et les gens ont très vite donné un nom et c’est cool. C’est gratifiant pour nous, c’est rigolo.

Arnaud : Après médiatiquement, sur les médias traditionnels, c’était un peu plus compliqué. Comment ils allaient annoncer l’album en radios etc…

Hugues : Ouais mais justement, ça crée un intérêt différent. C’est rare que l’on se demande comment on prononce un album. Là, les gens sont là, à se demander. Ils ne sont pas non plus étonnés que cela vienne de nous, d’un groupe à l’ère 2.0, où tout est virtuel. On a beaucoup eu de chance de le faire avec cet émoticône de robot. C’était cool de le faire nous, dans ce cadre particulier, c’est vrai que ça colle assez à l’époque.

Qu’est-ce qu’il y a de nouveau par rapport à PANIC, sorti en 2012 ?

Arnaud : On a vraiment pris notre pied. Je pense que c’est assez ‘codage’. Dans nos influences, dans les notes, dans notre façon d’être… Qu’est ce qui a changé d’autres ? Disons, que chronologiquement, notre premier album était vraiment jazz manouche. Il était influencé par les années 30. Notre dernier album, on était plus dans les années 40. Et là, notre nouvel opus, je dirais qu’on est plus dans des choses rythm & blues, des influences plus soul, donc ça sera plus années 50. On dirait qu’on remonte la chronologie avec 100 ans de retard, au fur et à mesure (Rires). Ce sont des choses qui se font très naturellement.

Hugues : Par contre, je ne dirais pas qu’il y a des choses en moins ou en plus. C’est juste qu’on a un même chemin, mais on le voit d’un angle différent. Aujourd’hui, on monte sur un bureau, alors qu’avant on était moins en hauteur, on était sur une chaise dans un coin de la pièce.

Votre album n’a pas vraiment quitté le top 100 sur iTunes depuis sa sortie. Est-ce qu’on peut parler de succès ?

Arnaud : Disons qu’on ne fait pas beaucoup de ventes. On fait énormément de lectures YouTube et de streaming, comme tout le monde d’ailleurs… Après oui, c’est un succès. Ce n’est pas un album qui est parti en radio, mais après nos concerts, il y a toujours du monde !

Hugues : Ah ouais, ouais ! Ce n’est pas aussi passionné que le premier, où il y avait un côté « wouah, d’où ca vient ce truc », il y a eu le deuxième, où on s’est pris forcément le côté deuxième album, c’est parti à gogo et finalement le troisième… On n’a jamais changé d’optique. On voulait juste continuer à faire la musique qu’on aimait faire avec ce concept là. Et c’est reparti peut-être parce qu’on a réactualisé beaucoup aussi, notre façon de voir ça, peut-être que, ça ne regarde que moi, j’aurais tendance à dire qu’on a été moins égoïstes dans notre façon de voir les choses, sachant que dans notre second album, on a fait un album presque très « musiciens ». Beaucoup de gens se sont pas retrouvés dedans, car ils n’ont pas su où on voulait aller. Moi aujourd’hui, je le réécoute, je le trouve super cohérent, intéressant artistiquement, mais je comprends qu’il y ait des gens qui ne se soient pas retrouvés.

Arnaud : Le troisième album, on est plus revenus vers le public… vers le grand public, mais pas totalement.

Combien de temps a pris la réalisation de cet album ?

Arnaud : Nous on met du temps à faire des albums !

Hugues : Ça dépend de beaucoup de choses ! Des instruments du groupe etc… Mais oui c’est long !

Arnaud : 1 an, 1 an et demi je dirais. On est déjà quatre compositeurs, et rien que ça, il faut se mettre d’accord. Je pense que si on était deux, on ferait nos albums en six mois.

Hugues : Ça a du bon aussi. Mais ça a du mauvais. Au bout d’un an et demi, tu te dis qu’il faut vraiment que cela se termine (Rires). Mais dans les six premiers mois, ça a du bon car on sort beaucoup d’idées, de trucs. Ça foisonne beaucoup ! Et puis on est contents de se dire qu’on a beaucoup de matériels sur lesquels bosser et affiner. Et c’est au moment de peaufiner qu’il faut savoir faire ressortir ses dons de diplomatie !

Arnaud : Et c’est normal ! C’est ce qui fait que nos albums sont si spécifiques.

Quels sont les artistes qui vous plaisent aujourd’hui dans l’industrie du disque ?

Hugues : On est très un peu différents sur ça. Il n’y a pas longtemps, tu (ndlr, en s’adressant à Arnaud) avais une phase guitare africaine. Moi en ce moment c’est plutôt trap, futur beat. C’est ça aussi la force du groupe, car on part tous sur des manies musicales du moment, sur certains styles. Dans l’ensemble, on est tous d’accord pour dire qu’on écoute plus des choses actuelles. On parlait tout à l’heure des tempos qui ont ralenti. On est plus là-dedans que dans des choses d’il y a dix ans où c’était très clubs. Mais quand même…

Un artiste international à inviter sur l’un de vos titres, ça ne vous est jamais venu à l’esprit ?

Arnaud : On y a pensé. Mais c’est compliqué. Ce sont souvent des processus un peu glauque où les artistes n’en n’ont vraiment rien à faire, ils viennent et enregistrent en deux secondes. J’ai même entendu une histoire où les artistes ne viennent carrément pas.

Hugues : Oui, ça se fait par Internet maintenant…

Arnaud : En effet, médiatiquement, c’est bien. Les featurings, machin, ce ne sont pas des expériences jolies artistiquement. Il ne faut pas en faire des généralités. Des artistes se trouvent, il se passe vraiment quelque chose, et puis, ça fait des supers morceaux.

Hugues : Tu remarques que les artistes que l’on invite ne sont pas connus, soit, ils sont connus dans une certaine niche, ce sont d’excellents musiciens… Quand tu passes à un certain stade, je crois que le marketing prend une grosse part sur la pure collaboration, et c’est ça qui nous déplaît dans l’ensemble.

Arnaud : On n’y est pas opposés après. On serait chauds, mais il faut que cela se passe dans des conditions sympas, il faut qu’il se passe un truc. Je ne sais pas. Des atomes crochus ?

J’aimerai votre avis sur une question, le plus difficile, c’est de gérer son début de carrière ou de la maintenir ?

Arnaud : Je pense que c’est assez difficile de commencer. Mais le maintien d’une carrière, c’est très compliqué, surtout de nos jours en fait. Quand on te parlait du premier album tout à l’heure… Aujourd’hui, le nombre d’artistes qui sortent un album et puis après plus personne ne s’y intéresse…

Hugues : Moi je suis fasciné par Souncloud que j’ai récemment découvert. Il y a des artistes qui ont des dizaines, voire des centaines de followers sur ce site là, et ils sont totalement inconnus. Jamais on n’a vu un album 2, jamais on les a vus sur scène. On est vraiment dans une époque particulière pour ça. Dans ce sens là, je suis d’accord pour dire que c’est très difficile de commencer une carrière aujourd’hui, et fatalement la maintenir. On n’a pas encore assez de recul pour savoir dans quelle mesure. C’est un investissement différent pour les artistes. Avant, ils faisaient ça pour la musique, ils avaient des gens qui s’occupaient de tout le reste. Aujourd’hui, ils doivent eux-mêmes tout gérer. Leur design, leur réseaux sociaux, leur site, leur visibilité… C’est assez récent.

Quels sont vos projets après votre tournée et les festivals qui sont prévus tout l’été ?

Arnaud : Et ben encore d’autres tournées ? (Rires) C’est le problème quand on a du succès à l’étranger. Elles sont un peu interminables. Mais non, il faut qu’on se mette à la composition de notre prochain album.

Hugues : Il n’y a pas de date pour le commencer, c’est ça aussi !

Arnaud : Disons que là, on a encore 100 dates, jusqu’à novembre, décembre, et même jusqu’à l’année prochaine, dans certains territoires qui en redemandent.

Hugues : Rien que de la dire… Wouuah !

Y aurait-il par hasard une question que l’on ne vous a pas encore posée en interview et à laquelle vous auriez aimé répondre ?

Hugues : Je ne vois pas. D’autant plus qu’on a un groupe qui a eu du succès et qu’on a fait beaucoup d’interviews, dans des contextes différents. À un moment ou à un autre, on a dû répondre à toutes les questions. Tu sais, les individus se cachent derrière un groupe. Tout à l’heure, j’ai dit « Selon moi », c’est vrai qu’on est tous compositeurs, on répond chacun différemment aux questions… On a des points communs concernant le groupe. On pourrait te parler de nos vies pendant des heures, on aurait plein de choses à se dire.

Je me souviens une fois, avec Charles, on a fait un petit sujet pour France Info. La journaliste essayait absolument de nous faire dire que cet album était un album intimement lié à notre vie quotidienne, personnelle, machin. Et à un moment donné, elle nous coupe pour nous dire qu’il lui fallait des anecdotes etc. On lui dit qu’en fait, ce n’est pas le journal de notre vie Caravan Palace. On bosse là-dessus, on fait de la musique, on a ce concept là, mais cela n’a pas de résonances particulières sur notre vie quotidienne. On n’y met pas des émotions qui nous ont rendus dingues. Les attentats, même si cela nous a affectés , on a pas fait de chansons dessus. Donc c’est vrai que pour nous, c’est difficile de dire « j’aurais aimé que tu nous interroges là-dessus, ça aurait été intéressant ». En vrai, c’est ce groupe là, ce concept là qui est important, et dans ce groupe là, tout est finalement transparent, assez claire. C’est une réponse, sans question, avec de bons  arguments. Pas mal non ?

Avant de terminer cette interview, auriez-vous une petite exclusivité à livrer à aficia ?

Arnaud : Allez EXCLU ! On est en train  de réaliser deux clips. Un en images réelles qui tournera autour de nous. Ce sera une performance un peu live. Un second en animation, on adore faire des clips.  À priori, il aura une super gueule ! Les gens nous le rendent bien, on fait beaucoup de lectures sur YouTube, donc on tourne des clips, on adore ça !

Caravan Palace, la playlist exclusive…

À chaque interview, aficia a pour habitude de demander aux artistes de nous indiquer ce qu’ils écoutent en boucle dans leur PlayList quotidienne. Ils nous livrent leurs récents coups de cœur.

C’est  avec curiosité que nous avons demandé à Caravan Palace de partager avec vous les titres des artistes qui font vibrer leurs oreilles en ce début d’année 2016. On commence donc avec du très bon Gorillaz en passant par un classique de Daft Punk, le tout agrémenté par de nombreuses découvertes que nous vous invitons à écouter.

Caravan Palace : la Playlist exclusive !

Vous en savez maintenant un peu plus sur Caravan Palace, leur univers artistique, leur actualité mais aussi sur leurs projets futurs. L’année 2016 continue de briller pour eux, et cela continuera avec une tournée qui n’en finit plus ! Leur univers artistique mêlant le jazz à l’electro s’exporte comme des petits pains à l’étranger. Dans l’interview, le groupe confirmait d’ailleurs qu’il partait en tournée jusqu’au moins en décembre !

De notre côté et fidèles à nos mauvaises manières, nous avons voulu en savoir plus sur ce groupe, qui paraît très sage. C’est avec notre portrait décalé que Caravan Palace se dévoile encore un peu plus. Des questions pas forcément très sérieuses mais qui nous ouvrent, toujours davantage, la porte de son univers artistique et humain.

Le portrait décalé de Caravan Palace :

Vous rencontrez des Martiens, comment  décrivez-vous votre musique en trois mots ? Arnaud : Énergique, rétro, futuriste !

Hugues : Ouais parfait, il y a tout !

La plus grosse bêtise de votre vie ? Hugues : Ah, tu nous demandes des choses négatives… Euh, on n’a pas le droit de dire des choses négatives… (Rires) On pourrait mais… Il y a tellement de choses qu’on peut regretter.

Arnaud : Allez je me lance ! Je balance ! Tant pis ! Une fois, il y a eu une embrouille entre notre tourneur et le promoteur écossais. Ils se sont embrouillés car ils ne voulaient plus payer nos billets d’avion, alors que c’était prévu dans le contrat. Ça m’a trop énervé. Notre tourneur a dit qu’on allait annuler le concert. Je me suis dis que c’était une bonne idée de dire à nos fans la vérité sur Facebook. Je l’ai dit : « Nous ne viendrons pas parce que l’organisateur ne veut pas financer les billets »  Et je me suis fait allluuumméé ! Mais un truc de dingue. Par tous les écossais. On nous en parle trois ans après ! On a rejoué depuis en Écosse, ça se passe bien. Mais c’était sans doute la plus grosse bêtise que j’ai faite sur les réseaux sociaux.

Hugues : Une erreur de communication, mais je ne te l’aurais pas mise dessus. Je l’aurais mise sur l’ensemble du processus qui a merdé totalement, et nous on s’est retrouvés entre le marteau et l’enclume.  Il fallait choisir.

Arnaud : Oh mais finalement c’est pas très intéressant, tu ne mettras rien !

La chanson qui vous fait danser ? Arnaud : Moi je danse sur des trucs très bizarres en ce moment. J’aime bien danser sur « Drunk In Love » de Beyonce, à double tempo. Les gens ne comprennent pas pourquoi je danse comme ça, car le tempo est très long. J’aime bien danser là-dessus, comme sur du Rihanna. Après je dis ça, mais, j’aime aussi danser sur des trucs encore plus barrés. Mais ça, ce sont des trucs qu’on met en soirée pour faire plaisir à tout le monde, voilà !

Au contraire, une chanson qui vous fait pleurer ? Hugues :  Il y en a un sacré paquet…

Arnaud : Il y en a une qui me fait toujours pleurer. Ce n’est pas une chanson, c’est « La mort d’Iseut », dans Tristan et Iseut de Wagner, la fin notamment, « Les préludes » aussi. C’est un peu too much…

Un livre que vous emporteriez partout avec vous… Hugues : Très bonne question ça !

Arnaud : Ce serait certainement un livre de Zola.

Hugues : Maintenant, avec le recul, je m’y suis replongé il y a quelques jours, ce serait probablement un recueil de poésie, soit de Baudelaire, soit d’Heredia. Je ne sais pas encore lequel. En fait, j’ai remarqué que la forme poétique me remplissait plus que la forme prosaïque. C’est vrai qu’avec un simple poème, on peut se nourrir des jours entiers, alors que sur un bouquin, même si on le relit, on aura jamais cette force du mot qui te saute à la gueule quoi, à faire « Oh la vache, c’est incroyable ce que je suis en train de lire là », juste sur une phrase, et du coup, j’aurais plutôt tendance à prendre un recueil de poèmes.

Arnaud : Je suis assez d’accord. Et Baudelaire, incroyable !

Hugues : Oui, incroyable, ce langage… Incroyable !

Votre citation favorite ?  Hugues :  C’est à double tranchant, car ça te fige dans une phrase. Je pourrais te citer une phrase d’Hugo, de Verlaine, mais aucune d’entre elle n’a la force d’une devise. Ce sont juste des phrases que tu trouves tellement belles que tu pourrais en faire ta nourriture spirituelle.

Si vous étiez un regret ? Hugues : Elles sont bizarres tes questions ! (Rires)

Arnaud : je regrette de ne pas chanter !

Hugues : Et moi de ne pas être pianiste !

Votre dernier coup de cœur musical ? Hugues : Moi j’en ai un ! C’est un, ou deux d’ailleurs, ils sont parisiens. Ils s’appellent Point Point. Je les ai découverts sur Soundcloud, sur lesquels je reviens très souvent. Ce qu’ils produisent, je trouve ça très fin, très sympa. Il y a des trucs vraiment de mauvais goût.

Arnaud : Tu n’es pas obligé de le dire ! (Rires) En même temps, tu vas leur faire de la promo et de l’autre côté tu …

Hugues : Mais c’est vrai ! Mais en même temps, j’aime bien. Je pense qu’ils le savent que ce qu’ils mettent dans ce passage là, ce qu’ils font, c’est de mauvais goût. Ça fait partie de leur musique. Ça met en valeur ce qui suit. Je ne sais pas comment expliquer ça.

Arnaud : On va dire autre chose ! (Rires) On va te parler de nos potes Vendredi. C’est un groupe qui s’appelle Vendredi qu’on a rencontré comme ça. Tout le groupe a adoré. On les a emmenés en tournée avec nous et c’est très sympathique !

Votre meilleur souvenir de scène ?  Arnaud : Et ben écoute, c’était sans doute notre dernière date à l’Olympia, qui s’est déroulée une semaine après les attentats du Bataclan. C’était hyper fort. Nous n’avions pas l’impression d’être les vedettes, c’était le public. C’était assez difficile. On montait sur scène devant 2.000 personnes, qui étaient là, pas forcément pour nous, mais pour exorciser cette semaine. À Paris, il y a avait ce poids en plus… c’était dur psychologiquement.

La, ou les, personnes avec qui vous rêveriez de travailler ?  Hugues : Ça c’est compliqué ! On ferait bien un duo avec Melody Gardot non ? On serait ravis et hyper chauds ! C’est un appel ! Si jamais elle nous entend.

Si tu étais une insulte ? Hugues : Olalala, on passe notre journée à s’insulter ! Franchement, c’est connard ! Non, je ne sais pas, j’en ai pas d’autres. C’est vrai qu’on est un groupe où l’on se vanne assez souvent. On a des running gag comme ça… Tu nous l’aurais demandé il y a quinze jours avant, on t’en aurait dit une autre… Je préfère ne pas m’arrêter aux insultes…

L’album indispensable quand vous partez en vacances ? Arnaud : Je dirais des Nocturnes de chopin

Hugues : Ouais c’est bien !

Arnaud : Dans l’ensemble, ça colle à beaucoup de choses

Hugues : Moi j’adore Chopin ! C’est un classique. Cela a un côté intemporel, plus que dans les musiques actuelles. C’est du fondamentaux. Il y en a peu dans le groupe qui diront « je n’aime pas Chopin ». C’est essentiel, depuis très longtemps, surtout en tant que musiciens…

Un artiste dont vous aimeriez suivre les pas ? Arnaud : On aime bien le pianiste jazz Herbie Hancock, car il a fait énormément de choses différentes. Il est parti un peu sur des prémices sur… c’est devenu la musique après. C’est vraiment un mec dingue. Il a bossé avec beaucoup de monde. C’est un vrai exemple de carrière.

Le pays de la fête est pour vous ? Arnaud : L’Angleterre !

Hugues : Ouais, l’Angleterre. On y ressort débridé ! On est d’accord !

Le plus beau des mots d’amour, la plus belle des phrases d’amour ? Hugues : Ce sont toutes les phrases que je dis à mes filles tous les jours. Par exemple, quand je leur dis « Je t’aime », il y a pas de mots pour dire ça.

C’est la fin de notre interview, mais la tradition chez aficia est de toujours laisser le mot de la fin à l’artiste. Tu as donc carte blanche pour t’adresser à nos lecteurs, ton public, tes fans.

A nos lecteurs, je leur dirais suis-nous, saches que ce n’est pas fini, on te fera danser pendant plusieurs années, reste à l’écoute et surtout, n’oublie jamais de swinguer !