Klingande - DR

Klingande en interview : “Je suis français, mais je ne suis pas clairement identifié”

Klingande est de retour sur les ondes avec “Big Love”, l’occasion de parler de cette collaboration avec Wrabel, de revenir sur sa non reconnaissance en France et d’évoquer de ses projets. Interview à lire sur aficia !

Il a connu un vif succès en France et à l’international avec le morceau “Jubel” il y a un peu plus de sept ans (300 millions de lectures sur YouTube). Mais depuis, le public n’a pas réussi à mettre une vraie identité sur le projet Klingande, du moins dans l’Hexagone. Car ce même tube qui l’a fait connaître continue, aujourd’hui encore, de caracoler en tête des charts en Estonie, Moldavie et même au Mexique. 

Alors qu’il publiait un premier album en novembre 2019, Klingande revient avec “Big Love”, un nouveau single qui annonce une nouvelle direction artistique que nous aurons l’occasion d’aborder durant l’interview…

Klingande : l’interview… 

Comment vis-tu cette période actuellement ?

C’est une période assez spéciale. Ce qui a été dur c’est qu’au début j’étais parti pour faire une tournée autour de l’album. Je me suis mis à faire de la musique tous les jours. Et puis finalement, je me suis dit que jamais dans ma vie j’aurais autant de temps à dépenser pour faire de la musique. C’est pourquoi j’ai beaucoup regardé de tutoriels YouTube pour me perfectionner et apprendre encore plus de choses. Car finalement, dans une carrière où tout s’enchaîne, tu n’as pas le temps de progresser. J’ai également pris le temps de me recentrer sur ma direction artistique. Je sais là où je veux aller dès 2021.

Beaucoup de changements sont à prévoir ? 

Je vais peut-être aller chercher à faire des titres un peu plus clubs, des titres que je pourrais intégrer dans mes mixs, car, par exemple, sur mon dernier album très peu de chansons peuvent être jouées et ça me pose problème. Certains morceaux, je ne sais pas comment les jouer. Soit parce que les BPM sont très lents ou parce que c’est trop mélancolique. C’est un peu le problème de ma musique. J’adore faire ça, mais je sais que sur scène, ce n’est pas ce qui se retranscrit le mieux, à part certains morceaux que j’ai pu faire qui ont marché. “Messiah”, qui figure sur mon dernier album, est par exemple très compliqué à jouer !

Tu n’as peut-être pas eu les clubs avec toi, mais les radios auraient pu adhérer à “Messiah”, et cela n’a pas été le cas non plus finalement…

Exactement. “Messiah”, je l’ai vraiment fait dans une optique de m’amuser, de faire ce que j’aime. Je sais qu’à l’avenir, j’irai sur quelque chose de plus club, sans pour autant délaisser cette vibes plus douce, un peu plus mélancolique. Et j’espère que je public suivra. 

Tu as publié en 2019, ton premier album après 8 ans de carrière ! Quand on est DJ, on sait pertinemment que c’est difficile en termes de ventes. Tenais-tu à sortir cet album malgré tout ?

Oui, disons que j’en ai tellement parlé de cet album qu’à un moment donné je voulais tout mettre ce que j’avais fait sur un double album pour mieux repartir de zéro et sur de nouvelles choses ensuite. C’est pour ça que j’ai appelé l’album The Album, et que sur l’album il y a d’un côté les anciens morceaux et les nouveaux. Je voulais vraiment avoir sorti un album dans ma vie ! C’est une fierté quelque part. J’en suis très content et je suis en train de penser à un deuxième. 

Tu pourrais le sortir cette année ? 

Je pense que je le sortirai si j’ai un morceau qui a vraiment breaké. Si c’est le cas, je sors l’album direct ! 

Ce fameux tube que tu recherches, c’est ce que tu espères avoir avec “Big Love”, ton nouveau single ?

Ouais, c’est un peu le single qui amène la nouvelle direction dans laquelle je veux aller. Ce morceau est un peu plus club dans le drop, assez dansant, assez enivrant. Alors oui, c’est une direction que je voudrais prendre. Mais encore une fois, cela peut ressembler à des morceaux à l’ancienne. J’ai reçu le vocal de ce titre, et j’ai voulu le faire comme je le sentais, je ne voulais pas me fermer des portes ou me dire de rester dans telle ou telle direction. 

Ce n’est pas forcément ce que je recherche le gros nom, je suis plutôt intéressé par une voix unique.

Klingande

Comment est née cette collaboration avec Wrabel ? 

C’est Wrabel qui m’a envoyé la démo du titre et j’ai trop kiffé. Le challenge était que cette démo devienne dément à la fin. Je pense que ce morceau était un morceau qu’il aurait voulu garder pour son propre album d’ailleurs. Et moi j’ai tellement kiffé que j’ai insisté pour la faire ! Étant donné que cela fait un an que je n’ai rien sorti, je voulais vraiment faire un beau retour. C’était important que ce soit un morceau que je me réapproprie. 

Où vas- tu puiser tes inspirations pour trouver de nouvelles mélodies à chaque fois ?

Il y a plein de processus différents ! J’ai la chance de travailler avec de nombreux musiciens, comme un saxophoniste et un violoniste en tournée. Je commence à réfléchir à une mélodie et puis ensuite on s’enferme en studio pour développer la mélodie encore plus loin. Après j’ai beaucoup de samples… Sur chaque morceau, j’essaye de garder quelque chose d’assez organique et de live music, et c’est ça la problématique, comment faire pour ne pas se répéter à un moment ou à un autre. 

C’est une vraie question ça, comment fais-tu pour ne pas tourner en rond ?

C’est ça… C’est le vrai challenge ! Pour l’instant ça va, mais dès fois c’est vrai que… (Sourire) Mais après, c’est aussi la patte de Klingande. C’est d’avoir ce style live et organique dans ses chansons, et ne pas entrer dans l’aspect électronique que je me refuse pour l’instant. Peut-être plus tard, mais pas aujourd’hui. Je me plais dans ce que je fais actuellement. 

Tu arrives à avoir un joli nom sur ton nouveau single. Ta notoriété à l’internationale te sert-elle encore de façon générale ?

Très bonne question. J’ai quand même du mal à avoir de gros chanteurs, c’est vrai. Je ne suis pas encore arrivé à ce stade où c’est facile. Ce que je fais le plus souvent c’est d’organiser des Writings Sessions, pas forcément avec des gros chanteurs à la base. Ils font des démos et ensuite on essaye d’envoyer à des plus gros noms. Après, ce n’est pas forcément ce que je recherche le gros nom, je suis plutôt intéressé par une voix unique. 

Le public connait “Jubel” mais pas forcément le projet Klingande.

Klingande

Quand tu dis que tu n’arrives pas à aller chercher les “gros” artistes, c’est une volonté de ta part ou est-ce dû à ta notoriété encore trop faible ? 

Je pense que beaucoup d’artistes sont encore trop durs pour accéder à mon niveau. Un Kygo peut avoir qui il veut, mais je ne suis pas à ce niveau-là. Mais encore une fois, cela ne m’intéresse pas forcément, je préfère avoir des voix spéciales et intéressantes. Si j’avais fait chanter “Big Love” par quelqu’un d’autre que Wrabel, je suis convaincu que cela n’aurait pas été la même chose !

As-tu essayé d’en contacter pour autant ?

J’avais parfois de grandes listes oui. On s’y était mis avec mon manager à l’époque, c’est vrai qu’on en avait contacté pas mal. Mais c’est compliqué. Après, c’est vrai que je suis très influencé par le milieu rock également. Mais ces gars que je trouve ont souvent déjà une carrière solo et ne recherchent pas forcément à faire de la musique électro en parallèle. 

Tu me parlais de Kygo à l’instant. Il a remixé un titre de Tina Turner récemment. Que penses-tu de cette pratique ?

C’est pas mal ce qu’il a fait en vrai ! Ce n’est pas bête. C’est un très bon tuyau qu’il a trouvé que de proposer un remake des vieux titres des années 1980. Ça marche toujours ! J’avais moi-même sorti un remix de “Pumped Up” de Foster The People. Cela avait bien marché d’ailleurs ! Les gens se repèrent sur le morceau, c’est instantané. Le truc, c’est que j’ai déjà essayé de le faire, mais je n’ai pas d’idée. J’ai pourtant passé du temps à fouiner à droite à gauche, mais je n’ai jamais eu de coup de cœur pour me dire de remixer ça ou ça. Si tu as une idée n’hésite pas. C’est dur de trouver un titre qui n’a pas été remixé et d’en faire quelque chose.  (Sans trop réfléchir, nous lui avons soumis “Forever Young” d’Alphaville, ndlr)

Je ne peux pas forcer les choses mais c’est dommage qu’en France on ne vante pas suffisamment nos artistes.

Klingande

Tu fais partie de cette vague de DJ français : The Avener, Kungs, Synapson, Trinix… comment sortir du lot ? 

Alors c’est marrant parce que je suis français, mais ce n’est pas le pays qui est le plus fort pour moi. Je ne suis pas clairement identifié. Le public connait “Jubel” mais pas forcément le projet Klingande. Même quand “Messiah” était à la radio, beaucoup ne savaient pas que c’était moi. 

C’est marrant de s’en rendre compte en tant qu’artiste finalement aussi… 

Au début, c’était un peu une frustration, et maintenant ça viendra quand ça devra venir. Je ne peux pas forcer les choses mais c’est dommage qu’en France on ne vante pas suffisamment nos artistes. Par exemple, en Belgique, ils supportent à fond leurs artistes. Chaque sortie de titre entre en radio. En France, il faut vraiment faire ses preuves.

Il y a des milliers d’artistes en France. Cela peut s’expliquer comme ça ?

Oui, sans doute. Il doit y avoir de multiples raisons. Mais c’est vrai qu’en France, des artistes comme Synapson, j’adore car ils ont une vraie identité, un vrai univers. 

Pour terminer, aficia étant précurseur de nouveaux talents, est-ce que tu auras une découverte à nous faire écouter ? 

Je suis tombé sur un truc il y a trois jours, ça s’appelle Alygia avec “Remember me”, c’est une sorte d’un cover d’un vieux truc, et c’est vraiment pas mal, dans une veine tropical house.