Kaky - © Natas
Kaky - © Natas

Le Grand Rendez-Vous avec Kaky !

Quelques jours avant la sortie de son premier album Joli monde, aficia a pu s’entretenir avec son coup de cœur musical depuis 2020 : Kaky ! Bienvenue dans son univers… extraordinaire.

De son premier EP Room 404 à son premier album Joli monde dévoilé le 17 juin dernier, aficia s’est montré conquis par le talent de Kaky. La sensibilité dans sa voix, la finesse dans son écriture et sa créativité font que chacun de ses morceaux sont des histoires à découvrir, à explorer et surtout à apprécier.

Son nouvel album Joli monde est une entrée lumineuse vers des sonorités apaisantes, des bruits du bonheur réconfortants et des mots qui font sens. Il faut dire que l’artiste a su regarder au plus profond de soi pour parler à l’enfant qui ne l’a jamais quitté. Sans tomber dans les stéréotypes de la vie parfaite et d’un monde meilleur, Kaky apporte une vision brute dans lequel il s’amuse à “dessiner la vie comme un dessin”. Un message d’espoir, de force et de résilience vers un monde qui nous pousse très souvent à nous oublier, nous et nos rêves. 

Pour l’occasion, on s’est donné le droit de parler longuement autour de ce thème et de donner la parole à un artiste qui nous touche particulièrement. Parce qu’aficia est un média indépendant, apportant la lumière suffisante sur les artistes qui le méritent ! 

Kaky, l’interview !

Tu vas sortir ton album Joli monde ce vendredi. Comment te sens-tu plus d’un an après la sortie de ton dernier projet ?

En vrai c’est assez marrant, je suis en plein dedans, dans le doute, il y a plein de remises en question. Pour Room 404, j’avais passé beaucoup de temps à travailler sur les titres, presque jusqu’à m’en écœurer. Avec Joli monde, le processus a été beaucoup plus court. Je redécouvre encore un peu les titres. Je ne suis pas celui qui découvre le son comme un auditeur lambda, mais je ne suis pas non plus celui qui les a écouté un million de fois.

Justement, comment peux-tu nous présenter ton nouveau “bébé” Joli Monde ? Il a eu quelle place ces dernières années pour toi ?

J’ai l’impression que c’est un peu un résumé de toute ma vie. C’est assez marrant. C’est comme un livre qui représente mon enfance, mon adolescence, ma vie de jeune adulte. Il y a un peu de tout dedans, tout ce que je sais faire, tout ce dont j’avais envie de parler. Musicalement, il y a aussi beaucoup d’influences différentes, c’est un peu une carte de visite, ma pièce d’identité musicale.

L’album s’ouvre sur une bande audio où tu te livres entièrement sur le regard que tu portes quant à l’évolution de l’Homme, la place de ses rêves dans sa vie… Il y a une raison pour laquelle tu es sensible à cette thématique ? 

J’ai l’impression que je me suis enfermé là dedans très rapidement, quand j’ai commencé à vouloir faire de la musique vraiment à temps plein. C’est vrai que chez moi et par rapport à mes camarades à l’école, j’étais un peu celui de côté, celui qui veut faire de la musique. Je ne viens pas de Paris et dans les petites villes, tu peux te sentir seul et avoir la sensation de ne pas avoir connu ton alter ego amical. Lorsque je suis arrivé à Paris, je me suis rendu compte que l’on est plein comme cela. Ça fait un bien de fou !
Je suis sensible à ce thème car je trouve qu’aujourd’hui, réussir à convaincre les gens que tu as un rêve et qu’il est possible de le réaliser, c’est vraiment très dur.

Je pense qu’il y a pleins d’enfants qui ont oublié leurs rêves, qui ont laissé passer des opportunités parce qu’un professeur, un élève, un parent un jour lui a dit “non mais qu’est-ce que tu racontes, oublie ça !”. À cet âge- là, on est très sensible et influençable. C’est pour cela que j’ai envie d’aider les gens qui doutent encore. Je reçois encore des messages de gens qui ont des souhaits et qui me disent que ma musique les aide. Et ça, c’est le meilleur cadeau !

Je suis sensible à ce thème parce que je trouve qu’aujourd’hui, arriver à convaincre les gens que tu as un rêve et qu’il est possible de le réaliser, c’est vraiment très dur.

Kaky

Comment t’es venu ce déclic de te dire “je suis artiste, j’assume, je vais le faire” ?

C’est beaucoup venu de moi à la base. J’étais le seul à y croire. Après j’ai eu la chance d’être entouré rapidement quand je suis monté à Paris (pour la fac) de gens qui m’ont donné beaucoup de confiance. J’ai toujours eu cette mentalité de sportif, de par mon père qui était sportif avant. J’ai toujours la niaque de me dire que je n’en fais pas assez, qu’il faut que je bosse plus, que j’aille plus loin. C’est une mentalité qui parfois peut être fatigante. Tu as un peu l’impression de ne jamais être content de toi, mais en même temps quand je lève un peu la tête, je me dis que si je n’avais pas été exigeant comme cela, je ne serais pas là.

Est-ce que tu as écrit les textes que toi tu aurais aimé écouté à l’âge de l’adolescence ou la période jeune adulte ?

C’est exactement ce que je me dis maintenant. Quand je réécoute l’album, limite pour moi tout ce que j’ai écrit, je l’ai compris, je l’assimile. Lorsque j’écris, c’est une façon de figer et de me dire “ça c’est acquis”. C’est vrai que j’aurais aimé entendre un album comme ça à 15 ans. Je me suis fait la réflexion en mode “j’ai écrit une truc qui était pour moi avant” sauf que là je l’ai écrit, maintenant je peux passer à autre chose. C’est un peu des bases solides, des valeurs parce qu’il y a tout ce qui est de croire en ses rêves et d’autres thématiques comme des valeurs de vie, de solitude.  

Lorsque j’écris, c’est une façon de figer et de me dire “ça c’est acquis”.

Kaky

Comment tu envisages la suite ? Tu as des idées de ce que tu aimerais mettre en place ?

Oui je suis en train de travailler dessus. C’est vrai que j’ai eu une phase où, quand j’ai livré l’album, je n’avais plus grand chose à faire. J’aime bien faire de la musique quand personne n’est au courant. Quand tu t’enfermes et que tu n’as pas de pression de gens qui te demandent où en est ton titre.
Pour la suite, je suis parti dans quelque chose où j’ai plus envie de produire par moi-même. J’ai envie de composer de A à Z un titre et d’attendre beaucoup plus longtemps de le partager avec un producteur. Je suis en train de partir sur quelque chose de différent, je test. C’est cool, je réécoute beaucoup de son car lorsque j’ai commencé l’album, j’ai arrêté pour pouvoir m’enfermer dans un univers. Aujourd’hui, je me réécoute du Mac Miller, Frank Ocean, Disiz… Il y a pleins d’artistes que j’écoute et ça me nourrit.

D’ailleurs on entend des bruits bruts de nature, des bruits de voiture, de pluie, de papier qui s’arrache… pour toi, ça représente les bruits du bonheur de ton “Joli monde” ?

C’est vrai que j’aime bien mettre ce genre de sound design un peu film. C’est une façon de rentrer plus rapidement dans l’univers. Je trouve que parfois il suffit juste de mettre l’environnement sonore dans lequel tu te trouves pour capter l’auditeur. Je trouvais ça mieux que de dire “je suis dans une cours d’école”. J’ai l’habitude de faire ça, je trouve que ça embellit. Cela permet aussi aux morceaux de mieux se relier entre eux. C’est un peu ce truc de monde féérique. Tu entends des bruits et “bruit du bonheur” c’est une bonne façon de le dire oui.

Je trouve que parfois il suffit juste de mettre l’environnement sonore dans lequel tu te trouves pour juste capter l’auditeur.

Kaky

Sur cet album, on découvre une voix plus assumée, notamment sur le titre “Berceuse”. Est-ce un choix de montrer toute l’étendue de ta voix sur ce projet ?

De base, je chante vraiment. C’est vrai qu’en français c’est plus difficile de chanter en mettant l’accent sur le texte. Il y a une balance à avoir et je suis assez content car je l’ai trouvé sur cet album. J’arrive à mélanger du chant et quand même des messages forts dans les textes. Sur l’EP, j’étais un peu frustré de ne pas avoir plus poussé ma voix parce que j’ai multiplié plusieurs façons de chanter. Sur l’album, je voulais vraiment partir sur des choses plus extrêmes.

Berceuse”, j’adore ce titre parce que je fais une voix de tête au début avec une voix très grave et après je reprends ma voix normale. Je trouvais l’enchaînement très cool. On a pas mal bossé sur des textures de voix, il y a eu toute cette partie où j’ai beaucoup plus ouvert ma voix à du chant, des choses plus rapées. En mélangeant pleins de choses, on a testé des trix qu’on avait vu nul part ailleurs mais qui fonctionnent assez bien. 

Justement quand tu dis “on”, est-ce que c’est la même équipe qui t’a accompagné depuis le début ?

J’ai gardé la même team musicalement parlant. J’ai bossé avec Caméléon, avec qui on avait fait l’EP. Il y a Timsters qui m’a rejoint il y a environ un an et c’est un peu lui qui est à l’essence même de la composition du premier titre de l’album, “1er avril”. 

Découvrez “1er avril” de Kaky :

Timsters est plus âgé que nous donc il a plus d’expérience dans la musique. Aussi, il a un côté beaucoup plus indie rock. Il est très bon guitariste et bassiste, il a une couleur dans sa prod qui m’a beaucoup plus. Camélon a lui un côté plus pop et du coup il y avait un mélange assez cool avec moi entre les deux. On a donc réussi à faire un album quand même très organique dans les sons. Il y a beaucoup de piano, il y a de vraies prises de guitares, de basses, de batterie. Puis, en même temps dans le mix, il y a quelque chose de plus moderne qui vient beaucoup de Caméléon qui a apporté une touche plus “fat” avec des gros refrains.

Il vaut mieux s’entourer de gens qui comprennent et qui vont apprendre à connaître sur le long terme. Si tu bosses avec des gens à droite, à gauche c’est difficile d’instaurer une cohérence et une confiance. Ta team va toujours se donner beaucoup plus que quelqu’un qui ne te connaît pas.

Certains titres sont acoustiques comme “Lune” et d’autres plus produits comme “Caprice”. Est-ce que les titres que tu as écrit étaient dans des moments spontanés où tu avais trop d’amour à donner, trop de colère à exprimer ?

Il y a des titres qui se sont fait naturellement et très rapidement parce que l’émotion. “1er avril” a été faite en une journée car j’ai tout de suite su de quoi je voulais parler, la façon dont je l’aborde, le fait de raconter du storytelling d’une période très courte période d’une rencontre. C’est un truc que j’avais trouvé sur le moment et du coup je l’ai fait naturellement.

En général, on est beaucoup plus rapide avec l’équipe à faire la musique que moi d’écrire mon texte. How Many, le deuxième couplet, j’ai mis 3 mois à l’écrire. Il n’y a rien qui sortait et tout ce que je faisais n’était pas bien, du coup “stand by” et on attend.

L’écriture c’est toujours quelque chose qui est assez compliquée. Ça ne vient pas au moment où tu t’y attends et moi, si je n’ai pas trouvé l’angle de vue du thème que je souhaite aborder, j’ai beaucoup de mal. Si tu prends mon exemple, chaque titre a un peu sa façon d’aborder le sujet, que ce soit dans la structure, dans les mots que je vais utiliser, dans le point du vue dans lequel je me situe en fonction de qui je m’adresse. Le temps que je n’ai pas trouvé ce petit truc, je peux prendre beaucoup de temps à finir une chanson.

Cet album, c’est aussi beaucoup de sincérité et d’honnêteté notamment avec le titre “24”. Se livrer de manière la plus directe possible, comment était l’exercice ?

Si je ne l’ai pas fait avant c’est que je n’étais pas prêt. “24” c’est un titre super personnel. Au début, on voulait le mettre en single mais finalement je n’étais pas d’accord. Je préférais que ce texte soit un peu caché dans l’album mais en même temps je voulais qu’il soit écouté.

Cela met du temps avant de prendre confiance et de se dire que mon rôle est d’écrire des choses que les gens ont du mal à dire. C’est de l’introspection, c’est sincère. Quand j’ai commencé à faire l’album je me suis dit que je n’avais pas envie de mentir, de tricher quitte à être passé au ridicule. Mais quand quelqu’un est honnête, c’est rare que l’on se moque. En général, c’est même une force. Et moi j’avais vraiment envie de raconter mon histoire car sur l’EP, je trouvais que je n’avais pas encore réussi à le faire.

D’ailleurs il y a plusieurs avis, il y a des gens qui vont dire que se livrer comme ça sur un premier album, c’est peut être se tirer une balle dans le pied. Tout simplement, parce que tu n’as pas forcément l’audimat ou l’expérience pour être écouté et compris. De toute manière, il faut être sincère avec ce que tu fais. C’était aussi une manière d’exprimer des sentiments que j’ai forcément plus de mal à dire dans la vraie vie, donc je le dis en chanson.

Kaky - © Natas

Cela met du temps avant de prendre confiance et de se dire que mon rôle est d’écrire des choses que les gens ont du mal à dire.

Kaky

“Pléiade” – Une interlude de 1 minute – sans parole qui intervient au milieu du projet. Comment veux-tu que les personnes vivent ton album ?

Je veux juste montrer que la chanson n’est pas morte en France. Il y a beaucoup de rap en ce moment. Je suis un peu attristé de toujours entendre la même chose. Et c’est vrai qu’il y a tout un univers que je développe avec cet album. Je montre aussi qu’il y a d’autres styles de musiques, d’autres façons d’écouter de la musique en France.

Tu seras sur scène en fin d’année à la Boule Noire (14/09/22), Maroquinerie (7/12/22). Comment tu souhaites défendre tes titres sur scène ? 

C’est la prochaine étape du travail. La scène c’est quelque chose que je n’ai pas travaillé depuis longtemps. J’ai envie de développer beaucoup plus de matière, d’avoir un ensemble plus LIVE. Je manque un peu d’expérience scénique. Je n’ai pas vu énormément de concerts dans ma vie. J’ai envie de me nourrir de ce qui me plaît, ce qui est faisable. J’aimerais bien être 3 sur scène et plonger dans l’univers de Joli monde directement. Cela peut passer par de la scénographie, du décor… Je veux vraiment accentuer au maximum les sensations que tu as quand tu écoutes le projet avec tes écouteurs et les dupliquer sur scène. C’est les premiers concerts en mon nom et je n’ai jamais fait de vrai show structuré, j’ai trop hâte de voir ce qui est possible, ça m’intéresse.

Découvrez l’album Joli monde de Kaky :

© Natas