Ben L'Oncle Soul (c) Mathieu BAUMER
Ben L'Oncle Soul (c) Mathieu BAUMER

Ben L’Oncle Soul en interview ‘Sans Filtre’ : “Aujourd’hui, on est plus du tout dans la culture de l’album”

Quelques jours après la sortie de son nouvel album Is It You ?, Ben L’Oncle Soul répond à quelques questions, toujours ‘Sans Filtre’ sur aficia !

Une superbe année 2022 vient de s’écouler pour Ben après la sortie de son album de reprises reggae baptisé Red Mango. Désormais de retour avec Is It You ? , un nouvel album de chansons originales, l’artiste s’est confié à aficia sur ce projet pensé plus lisible. Particulièrement riche, cette interview a été réalisée en deux parties. La première, publiée en fin d’année dernière sur notre site, se consacre à son enfance, son parcours, ses victoires et ses déceptions. Notre entrevue se poursuit ainsi sur son nouveau projet musical.

Interview enregistrée le 12 novembre 2022

Ben, l’interview !

Bonjour Ben ! Nous nous retrouvons à nouveau pour la deuxième partie de cet entretien sans filtre. Peux-tu nous raconter la genèse de ce nouvel album ?

Is It You ? est né d’un questionnement sur le berceau de la création, du piano qui trône chez moi dans mon salon, qui me regardait et me disait : « mec, tu t’occupes pas beaucoup de moi en ce moment! » (Rires). Et comme c’était le confinement, il a fallu que je m’assieds devant cet instrument, que j’y passe du temps. Chose que j’avais un peu arrêté de faire… moi j’ai commencé la musique comme ça en fait, il y avait un piano chez ma mère et je passais des heures à trouver des mélodies, à chercher des accords qui me plaisaient. Ensuite, j’ai rencontré des musiciens plus expérimentés, qui sortaient des écoles de jazz donc ils avaient clairement un niveau au-dessus en termes de musique lorsque j’ai commencé le chant. Du coup, peut-être par timidité ou autre, je me sentais un peu inférieur niveau musique, je leur demandais toujours de réaliser mes disques. Mais là je me suis dit, « si on coupe tout, qu’est-ce que tu fais ?« . Es-tu capable de faire de la création, de la musique ? Ou est-ce que tu as besoin des autres pour le faire ?

Et je me suis dit que j’allais reprendre ce rituel que j’avais et cette conversation entre mon piano et moi de faire de la création tout seul, dans mon coin. Et évidemment, c’est l’attrait positif de la Covid et de ces deux années et demie, presque trois, à être un peu isolé. Mais je pense que c’est aussi l’apport d’un artiste, on va pouvoir créer à partir de rien et c’est ce que j’ai fait. Et je me suis posé en même temps, par rapport aux thématiques des chansons, toutes ces questions sur des choses très simples, d’émerveillement, notre aptitude à voir, à sentir, à ressentir et les textes sont une jolie ballade dans toutes ces couleurs de sentiments et de perception.

Ben L'Oncle Soul (c) Mathieu BAUMER
Ben L’Oncle Soul (c) Mathieu BAUMER

Tu es donc parvenu à puiser ton inspiration durant cette période de Covid, elle n’a pas été un frein pour toi ?

Exactement, je me suis servi de la création pour continuer de me stimuler, ne pas perdre pied non plus et pour me protéger aussi. Moi je me suis toujours créé ma bulle artistique pour me protéger et prendre un peu de distance par rapport à ce que l’on vivait.

J’ai eu un gros coup de cœur pour “The Greatest” qui est une piste très forte. Peux-tu nous parler de ce morceau ?

C’est vraiment génial que tu me dises ça car ce n’est pas un morceau que j’ai choisi comme single pour l’album mais c’est un morceau qui a une importance particulière puisque c’est le premier morceau que j’ai composé pour le projet. Si on compare cette chanson à une construction, je dirais que c’est la première pierre et c’est toujours la plus importante puisque c’est celle qui va nous permettre de nous donner une direction.

Et “The Greatest” c’est vraiment ce qu’elle a fait. J’ai essayé de simplifier au maximum tout ce que j’avais compris et appris en musique. J’ai essayé de simplifier. Il me fallait une mélodie vocale, j’ai une voix donc pas besoin d’ajouter dix mille artifices, j’ai déposé quatre accords et il me fallait une petite gimmick de musique et c’est ce petit sautillement qui revient tout le temps. J’avais ma mélodie, mes accords et il me fallait juste une rythmique puis une ligne de basse qui tue.

Je suis ensuite allé voir mes musiciens à la fin du confinement pour enregistrer tout cet album. Je ne leur avait pas envoyé les morceaux avant, ils sont arrivés en studio avec leurs instruments mais ils ne connaissaient pas les morceaux. C’était très perturbant pour eux. (Rires). Mais lorsque je leur ai fait écouter les morceaux, ils ont trouvé ça tellement simple. Ils ont de suite compris le projet dans sa simplicité et ils ont accompagné les morceaux. Tout de suite, ça l’a fait ! Bon après ça fait quinze ans que je fais de la musique avec eux, donc il n’y a pas de secret.

Ben – Le nouvel opus Is It You ? enfin disponible !

Tu ne voudras pas faire de “The Greatest” un prochain single ?

Sur scène on la joue déjà, on a fait plusieurs concerts que ce soit en France ou en Allemagne. Et ce morceau, c’est vrai que lorsqu’on le joue, il se passe quelque chose dans la salle. C’est aussi parce que j’avais dit au public que c’était le premier morceau que j’avais fais, ce qui donne au public une certaine attente vis-à-vis de la couleur du nouvel album. Et quand ils ont entendu les premières notes, j’ai eu des retours très positifs quant à la beauté, l’efficacité et la simplicité de la piste.

Effectivement, je pense que ce morceau a un gros potentiel et je finirai peut-être par le clipper parce-que j’ai déjà des idées. C’est un morceau vraiment édifiant, c’est vraiment ce morceau qui m’a donné envie de créer un nouvel album.

Pourquoi le nom “The Greatest” ?

Le morceau s’appelle ainsi en hommage à Mohammed Ali, considéré comme le meilleur boxeur et sportif de tous les temps. Là, j’avais juste envie de trouver cette gimmick qui dit que la chose la plus grande c’est toi-même. Il n’y a rien de plus fort que quelqu’un qui tient debout, qui est complètement là et qui a envie de faire des choses… notamment de la musique.

Il y a un morceau en particulier sur lequel tu aimerais revenir ?

Oui, “Is It You ?” ! C’est le titre qui a donné son nom à l’album, je trouvais cela intéressant. Je cherchais un nom d’album mais il y a ce truc un peu trop cérémonial alors je me suis dit que tous ces morceaux ont des perceptions et des couleurs différentes mais il y a toujours ce même questionnement, ce point d’interrogation qui est à l’origine de cet album.

Il est très intéressant, c’est le fil rouge de cet album en quelque sorte…

C’est ça, puis c’est le morceau le plus groove de cet album je trouve, il a un groove très intéressant, très épuré, très dépouillé mais ça donne vraiment envie de danser, j’adore ce morceau aussi.

Tu es revenu avec un style Soul mais aussi RnB comme il y a quelques années après un projet aux influences reggae. Le RnB est une musique qui t’inspire beaucoup ?

En fait, là où on a de la chance, c’est que depuis 10 ans, il y a comeback en force autour du RnB, notamment à travers les artistes anglais. Moi je suis très fan de Jorja Smith notamment, il y a PJ Morton qui continue de sortir des bombes, c’est vraiment génial, ça continue de m’inspirer énormément aujourd’hui. J’ai pu mettre les premiers titres de Summer Walker dans mon MP3 tous les jours de ma life, j’ai dû remettre du Usher car le remix de son premier titre est carrément ouf. Il y a eu plein de trucs qui se sont passés dans le RnB qui continuent de me motiver et d’abreuver mon imagination.

Je peux citer des artistes vraiment incroyables dans ce comeback du RnB comme Teyana Taylor qui débarque d’une autre planète, c’est incroyable d’être aussi talentueuse, que ce soit en danse, en chant, en rap, il n’y a pas de limites à son flow, elle peut même faire du jazz si elle veut. D’ailleurs c’est vraiment à l’image des sportifs d’aujourd’hui, leurs aptitudes à faire beaucoup de choses, ils sont très athlétiques et les artistes d’aujourd’hui aussi sont, sans doute, dans une souplesse, de par leur curiosité, qui fait qu’ils arrivent à aller prendre des artistes très différents et à en faire une sorte de résumé, de les incorporer et être capable d’être eux-mêmes. Je trouve ça génial vraiment, je me régale en ce moment. (Rires)

Comment résumerais-tu ton album ?.

C’est un album assez court d’une certaine manière, même si les titres ne le sont pas. En gros il y a neuf titres, j’ai essayé de me concentrer sur les choses élémentaires. Comme c’est un album, je n’ai pas eu l’habitude de beaucoup parler de la manière dont je conçois la vie. Et je trouve qu’elle se conçoit avec très peu de choses. J’ai donc essayé de faire un album assez court pour qu’il soit aussi manifeste.

Aussi, j’ai monté mon label. C’est assez significatif mais pour moi c’est le premier disque avec mes créations dessus que j’offre et je voulais que ce ne soit pas un truc trop compliqué à comprendre, ça me donne une direction pour continuer à faire des albums. J’ai pas essayé de m’ensevelir sous une tonne de morceaux et de directions, j’ai fais un album assez lisible et assez simple.

C’était un peu le cas aussi sur un de tes précédents albums : Addicted to you. Je trouve que ça a ce côté plus percutant.

C’est ça et c’est peut-être plus identifiable au final aussi. Moi je compare ça aux films de 3 heures. Aujourd’hui, ils n’arrêtent pas de sortir des films de 3 heures et demie, mais moi je peux pas en fait. C’est trop long, c’est comme s’il y en avait deux à la suite ou deux en un… Quelque part, je préfère répéter des albums, j’en ai déjà six et j’espère bien en faire une vingtaine mais je préfère répéter le mouvement et que l’on se rappelle des albums puisqu’aujourd’hui, on est plus du tout dans la culture de l’album, on est tellement dans une culture de la playlist où on met un titre par ci, un titre par là que se souvenir d’un album c’est très compliqué !

Et du coup dans cette démarche là, je me dis que réaliser des albums, pas forcément courts, ce n’est pas forcément dans leur durée, mais dans le geste et le tempérament du disque. C’est ce qui doit être cohérent. Tant que ça marche et que c’est clair, je peux mettre 32 titres dessus, c’est pas la question mais faut que ça reste dans un geste, dans un mouvement. Il y a un début et une fin. J’arrive moi-même à identifier et analyser les énergies de mes albums.

Quels arguments donnerais-tu pour que le public découvre ton nouvel album Is It You ? ?

Pour moi, s’il y a un moment pour écouter l’album : c’est un dimanche. Un dimanche où on fait le ménage à la maison, t’as envie d’être tranquille, de te mettre dans une vibe pour commencer la journée, tu fais ce voyage d’une heure avec moi où je vais t’emmener avec ma voix et tu vas essayer de rencontrer des couleurs, des sensations, tu vas découvrir des pays encore jamais visités.

Enfin, qu’est-ce que l’on pourrait te souhaiter pour la suite ?

Plein de succès pour ce disque, pour les concerts et la santé… Oui, la santé surtout, sans ça on a pas grand chose.

Chez aficia, on te le souhaite sincèrement ! Merci encore d’avoir répondu à l’invitation.

Merci en tout cas pour le partage, c’était mortel. Et j’espère à très bientôt !

Découvrez Is It You ?, le nouvel album de Ben L’Oncle Soul :