Après deux années de pause, Jérémy Frérot revient avec un nouvel album et une tournée ambitieuse. Il en parle à cœur ouvert sur aficia.
Dans cette interview, le chanteur revient sur les raisons qui l’ont poussé à faire une pause dans sa carrière. L’artiste partage avec nous son processus créatif, son rapport à la scène, et la manière dont il conjugue vie personnelle et artistique. Une plongée au cœur de son univers, marqué par une quête d’équilibre et d’authenticité.
Jérémy Frérot, l’interview ‘sans filtre’ :
Tu reviens d’une pause de deux ans. Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à faire ce choix ?
Depuis les Fréro Delavega, je n’ai pas forcément eu un moment pour moi. On a été propulsé depuis The Voice qui a été un tremplin énorme et grâce à ça on a pu remplir beaucoup de salles, faire beaucoup de tournées, vendre beaucoup d’albums et ça a été très beau mais ça s’est arrêté très rapidement. J’ai pas eu envie d’attendre pour sortir un projet tout seul parce que j’avais encore l’énergie et l’envie. Je voulais panser aussi les maux que j’avais eu de cette séparation. J’ai sorti un album très vite, un deuxième et au bout de ces plus de dix ans, j’ai eu besoin de stopper, de faire un retour en arrière, de voir ce qui se passait. J’ai une chanson qui parle de ça, elle s’appelle “Revoir” où j’explique que c’est bien d’aller vite, c’est beau, c’est important, mais de stopper, de regarder, de digérer pour repartir de la meilleure manière possible, c’est ce que j’ai fait au cours de ces deux années. Je me suis arrêté, j’ai regardé si j’avais réussi à faire ce que je voulais et avec ces constats-là, j’ai pu écrire un album de manière plus sereine.
C’est en te ressourçant que tu as réussi à te relever, à retrouver l’inspiration et à te relancer aussi ?
Bien sûr, être sur le bassin d’Arcachon, aux côtés de mes proches, de mes amis, de ma famille, a été très ressourçant. Ça a été bon car même si je n’avais pas forcément envie au début de me remplir la tête d’idées pour écrire des chansons, j’avais juste envie de décompresser, d’être avec eux et de ressentir un peu la vie de là-bas. Finalement sans le faire exprès, ça a créé des idées et des chansons.
Avais-tu la crainte de ne pas réussir à repartir à ce moment-là ?
On a cette crainte tous les jours mais il faut qu’elle existe car si elle n’est pas là, on devient trop sûr de nous, on a des œillères et on fonce dans un mur. Si on ne discute pas autour de nous et que l’on ne se remet pas en question c’est beaucoup trop dangereux. Il faut toujours douter, c’est important de douter, de se poser la question mille fois. Est-ce que c’est bien ce que je fais, est-ce que j’en suis fier ?
Peux-tu me parler de la tournée des zénith qui va arriver incessamment sous peu ?
Je suis déjà très heureux de pouvoir arriver à ce stade là. On commence la tournée en janvier dans des salles plus petites. Ça fait deux ans que je n’ai pas joué, alors j’ai souhaité commencer dans des espaces plus intimistes. Mon retour sur scène va me permettre de retrouver mon public et de partager des anecdotes autour des différentes chansons. J’aimerais également faire l’éloge d’une petite vie car c’est ce que j’ai fait sur le Bassin d’Arcachon, j’ai vécu vraiment très modestement et en essayant d’être touché par ce qu’il y a autour de moi. Et c’est ce qu’il s’est passé, j’ai été touché par beaucoup de choses sans avoir vraiment besoin de voyager. Je recevais les gens, je recevais les cultures, tout ce qu’il y avait autour de moi et j’en étais touché. Ça m’a permis d’écrire des chansons et de partir en tournée en janvier.
J’ai envie de parler de tout ce que j’ai pu vivre ces deux dernières années. J’avais envie d’une tournée où on augmente au fur et à mesure la jauge. On arrive aussi dans des festivals où tout va reposer sur l’énergie. J’ai envie de continuer avec cette dose d’énergie. Et donc arriver dans des zénith, c’était un pari, une envie et c’est une victoire aussi. La dernière fois que j’ai fait des zénith, c’était avec les Fréro Delavega, donc réussir à faire des zénith tout seul, c’est même une grande victoire.
Espérais-tu faire des zénith seul ?
Ce n’était pas l’objectif initial, qui était simplement de beaucoup jouer. Cependant, face à la demande, il est naturel d’augmenter la jauge. J’en suis profondément honoré et touché, et nous mettrons tout en œuvre pour offrir un spectacle à la hauteur de la salle.
Cet été tu vas participer à des festivals, c’est une première ?
Ça fait 15 ans que je fais ce métier donc des festivals en tant qu’artiste j’en ai fait beaucoup. Ce sont des moments très enrichissants où je me suis révélé. L’énergie qui passe dans ces endroits-là me plaît. C’est là où je me suis rendu compte de ce que j’avais envie de faire sur scène. C’est beaucoup d’énergie de tenir les gens. Quand on est dans une salle, on fait venir les personnes dans notre salon et l’énergie reste à l’intérieur. Alors qu’en festival, l’énergie sort, s’échappe, on est à l’extérieur et puis les gens ne sont pas forcément venus pour nous donc il faut les tenir, il faut essayer d’aller jusqu’au bout. C’est un exercice que j’adore faire et le retranscrire en salle ça crée une émulsion et une émotion beaucoup plus forte.
En tant qu’artiste, on peut avoir la peur que les salles ne se remplissent pas, est-ce ton cas ou es-tu plutôt confiant au vu des premiers retours du nouvel album ?
Je suis très heureux de ce qu’il se passe. Remplir des salles aujourd’hui est quelque chose de beau. Ce n’est pas forcément simple de réussir à créer l’envie chez les gens de sortir de chez eux. Suite au Covid, on a appris à rester chez nous, devant la télévision et à attendre que la musique arrive. Avoir envie d’acheter une place pour sortir et aller voir un spectacle vivant c’est quelque chose de très difficile dans la tête des gens donc réussir à remplir des salles ça devient de plus en plus beau de donner envie et c’est ça que je retiens à chaque fois.
Tu es père, comment appréhendes-tu ta tournée vis-à-vis de tes enfants ? Comment gères-tu ta vie de père et d’artiste ?
Comme toutes les autres personnes. Ce n’est pas parce que je suis chanteur que c’est plus difficile qu’un mec qui part bosser à 6h du matin et qui revient à 20h. Il ne voit pas beaucoup ses enfants non plus. Qu’est-ce que tu veux faire ? Comment tu veux le faire ? J’essaie de m’organiser de manière à ce que je ne sois pas déçu de mon rôle de père et rempli de mon rôle d’artiste.
Dans ton nouvel album, tu évoques notamment l’état du monde de manière générale. Est-ce que tu penses avoir un rôle à jouer en tant que citoyen, en tant que papa pour changer ce monde ou l’améliorer ?
Je n’ai pas l’impression de rendre état du monde dans mon album, j’ai plus l’impression d’expliquer ce que je vis et ce que je ressens. J’essaye d’expliquer le monde à mes enfants de manière très poétique, essayer de ne pas trop leur faire peur malgré le fait que la direction qu’on est en train de prendre me fait vraiment très peur. J’ai envie qu’ils voient le beau, qu’ils comprennent les mécanismes du monde et qu’ils en fassent quelque chose de bien et de beau pour eux.
Est-ce facile de rester soi-même dans l’industrie de la musique ?
On n’est jamais vraiment soi-même, après on essaie de mettre de nous-mêmes dedans. Si on est la même personne chez nous et en tant qu’artiste ça devient beaucoup trop dangereux, on ne voit plus la limite. Tous les gens qui travaillent mettent leurs costumes de travailleurs et quand ils rentrent chez eux, ils mettent leurs costumes de père, de mari ou d’homme célibataire. Il faut dissocier les deux mais ça n’empêche pas de mettre de nous-même. En plus, on fait un métier artistique donc on a le droit de mettre un peu de notre part d’être humain dans notre métier, c’est ça qui est beau dans notre travail. Ouvrir cette porte de temps en temps pour écrire des chansons et créer c’est ça qui est très beau. Les métiers passions comme ça sont inestimables.
Est-ce que depuis The Voice tu penses avoir changé ou évolué ?
Je pense que j’ai changé depuis une heure, je pense que je change toutes les minutes, à chaque instant. C’est plus probant sur des enfants car on remarque quand ils apprennent quelque chose de nouveau, nous ça se voit moins parce qu’on a un cerveau, un disque dur qui est plein et c’est compliqué de voir, de mettre des informations, de bourrer le disque dur encore plus. Disons que les changements qu’on opère sont plus subtils, mais oui je change, je change tout le temps.
Comment gères-tu ta notoriété au quotidien ?
Je m’en réjouis, j’aime ce que je fais, j’aime prendre le temps chez moi et être qui je suis mais j’aime aussi me mettre en lumière et faire des spectacles. C’est ça que j’aime faire, c’est créer de l’émotion chez les gens.
Découvrez le dernier album de Jérémy Frérot :