Julia Jean Baptiste vient de sortir son premier album Cinérama.
Photo : Quentin Lacombe.

Julia Jean-Baptiste en interview ‘Sans Filtre’ : “J’ai eu envie de raconter les nuances de la vie avec cet album”

Quelques mois à peine après la sortie de son premier album Cinérama, Julia Jean-Baptiste répond à nos questions ‘Sans Filtre’ !

Après avoir officié dans des projets collectifs comme Pendentif ou Nouvelle Vague, Julia Jean-Baptiste s’est lancée en solo il y a quelques années. Plusieurs supers EP sont venus ponctuer cette aventure perso et on était clairement impatients de découvrir le premier album. Cinérama lui ressemble particulièrement bien tant il est lumineux, contrasté et amoureux. Elle a pris le temps d’échanger avec nous !

Julia Jean-Baptiste, l’interview !

Hello Julia, comment tu vas ?

Écoute je vais très bien. Je sors de résidence là et je commence les concerts dans deux semaines. Il me tarde ! C’est un peu une obsession les concerts en ce moment pour moi.

Ta musique est particulièrement solaire, même si elle regorge aussi de pas mal de contrastes. Quand tu as conçu ce disque, tu étais dans quel état d’esprit ?

Je pense que ça résume bien la personne que je suis au quotidien l’aspect solaire en fait. Finalement, j’ai tendance à voir le verre à moitié plein, ça fait partie de mon tempérament. Après, je suis forcément aussi nuancée dans mes émotions comme tout être humain. Il y a des moments plus sombres parfois.

J’ai pas vraiment réfléchi à ce que je voulais faire avec ce disque. C’était très instinctif et très naturel. Il a été composé en grande majorité dans mon salon, qui est l’endroit où je me sens le plus en sécurité et où je recharge mes batteries. L’inspiration vient beaucoup dans cet endroit. Finalement je ne suis pas une compositrice de studio. Mais un jour peut-être je travaillerais autrement.

Pour le côté solaire d’un point de vue musical, ça renvoie à la musique que j’écoute et que j’aime. Ça a une connotation organique. C’est la musique de l’âme en fait. Ce qui est certain c’est que je voulais de la lumière dans cet album et je souhaitais qu’il fasse du bien aux coeurs !

Tu te souviens de la première chanson que tu as écrite pour cet album ?

C’est Serra Do Mar. C’était juste après une séparation. J’étais sur le lit dans ma chambre d’adolescente chez ma mère. Elle a été conçue sans savoir qu’elle serait sur mon premier album, je finissais d’ailleurs mon précédent EP. Pour la première fois, je me suis laissée aller avec ma guitare, j’étais en pleurs. Le nom de cette chanson renvoie à une chaine de montagne au Brésil. Ça résume bien mon état d’esprit à ce moment-là, j’avais l’impression de devoir franchir une immense montagne pour pouvoir affronter cette tristesse. D’ailleurs, j’avais fait une note vocale qui est très proche du résultat final.

Qui est le premier auditeur de tes chansons ?

C’est mon amoureux en général. C’est lui qui a réalisé le disque. Il m’a donnée beaucoup de force pour ce disque. J’ai vachement douté de moi en ce qui concernait la musique pendant longtemps.

Qu’est-ce qui te faisait douter à cette période ?

En 2019 je me suis séparée de mon ancien label et de la personne avec qui j’étais en couple pendant cinq ans. J’ai un peu touché le fond émotionnellement. On dirait que je pleure tout le temps alors que pas du tout je te rassure (rires). Mais c’est sûr que j’ai parfois des émotions très fortes. Et c’est pas toujours évident de les gérer.

Je me rappelle d’un trajet en vélo où je me questionnais sur l’utilité de faire de la musique, ou en tout cas de continuer à en faire. Et bien sûr que oui, j’avais envie de continuer à faire de la musique ! Je ne voulais juste plus faire les choses qu’on projetait pour moi. A partir de là, j’ai commencé à me faire confiance et à prendre du plaisir dans l’écriture de mes titres. Aussi, j’ai travaillé avec des personnes formidables qui sont aujourd’hui sur cet album d’ailleurs. J’ai fini par suivre mon instinct et arrêter de ne plus me sentir légitime. La chanson « Faux amours » en 2019 sur mon précédent EP, parle justement du fait d’arrêter de se comparer aux autres. Aussi, d’accepter de prendre enfin la lumière. C’est un long chemin, c’est certainement le chemin d’une vie d’ailleurs.

Sur scène, je pose mon cerveau

Je t’ai découverte grâce à la reprise de « La p’tite lady » de Vivien Savage en 2016. Pourquoi avoir repris cette chanson ? Elle est plutôt méconnue par rapport à d’autres titres plus populaires des années 80.

Je ne la chante plus sur scène mais je l’aime trop cette chanson. Elle passait beaucoup à la maison, c’est un peu une madeleine de Proust finalement. Vivien Savage m’a d’ailleurs écrit pour me remercier, il était touché par cette adaptation. J’espère le croiser un jour, ça me ferait vachement plaisir !

Tu l’évoquais tout à l’heure, tu es actuellement en résidence. Comment tu envisages les prochains concerts ?

La scène c’est l’endroit où je me sens le mieux. C’est pour cette raison que je fais ce métier. Mon cerveau je le pose et je me libère totalement de tous les doutes qui me gagnent. Sur scène, les chiffres n’existent pas. Il y a juste les gens qui sont là pour écouter les histoires que je chante. C’est l’endroit du « vrai ». J’aime trop les gens, j’aime trop chanter en fait ! Aussi, il y a un truc animal tu vois ?

« Je continue à danser » / Julia-Jean Baptiste :

Quand je t’entends dire ça je pense au clip de « Je continue à danser ». Je te vois danser sur le balcon. Tu me racontes comment il a été tourné ce clip ?

En fait quand j’ai écrit le morceau, j’étais chez moi et c’était au troisième confinement si je me souviens bien. En tout cas c’était le couvre feu. J’étais en manque de danse. C’est parti de « qu’est-ce qui m’empêche de danser dans mon salon toute seule ? ». On n’a pas besoin d’être dans une boite une nuit ou dans un carnaval à Fort-de-France pour danser. Je parle comme une boomeuse (rires). On a juste besoin d’un corps qui peut se mouvoir en fait ! Dans la vie de tous les jours, j’aime amener de la folie et du fun.

J’avais pas d’argent pour faire un clip. Une pote à moi m’a proposé de m’aider à le réaliser. On est allés dans un petit supermarché, on a filmé depuis son balcon etc… Les gens qui me voyaient se mettaient à danser avec moi. C’était génial ! Tu attends ton bus, eh ben tu sais quoi, vas-y, danse sur place !

Il y a un morceau que lequel j’aimerais revenir, c’est « Le désamour ». Ça me parait assez clair que tu évoques la fin brutale d’une amitié. Mais je me demandais si tu t’adressais à une personne de ton entourage proche ou si tu t’étais inspiré d’une histoire qu’on t’a racontée ?

Je m’adresse un à un ami en particulier. Il y a vachement de chansons qui m’ont permise de tourner la page avec ce disque. Avec celle-ci, j’avais l’espoir que ce soit le cas, mais il se trouve que je n’ai pas encore fait le deuil.

Photo : Quentin Lacombe

Je peux te demander si tu lui as envoyé la chanson ? Sais-tu si il a écouté ce titre ?

Non je ne sais pas. Je pense d’ailleurs que je ne l’enverrais jamais. C’est une amitié qui a été très intense pendant des années et qui s’est éteinte de manière soudaine. Cette absence reste un des plus grands mystères dans ma vie. Il faut parfois accepter qu’une amitié peut s’abimer et s’arrêter sans raison précise ou grave. J’ai toujours cru que l’amitié était une forme d’amour destinée à perdurer dans le temps. En fait, il y a juste parfois des liens qui se défont. Moi, j’aime pas trop le drame dans la vie, j’ai vu trop de gens se déchirer. Le truc de la passion ça me fait pas bander pour le dire vulgairement. Je préfère de loin les relations douces et profondes. Cette personne a pris une route opposée et ça fait partie de la vie. Cette chanson, c’est la dernière que j’ai écrite d’ailleurs pour cet album.

C’est marrant mais avec cet album Cinérama, je pioche clairement les chansons selon mon état d’esprit. Ce titre me remue particulièrement. Mais je sais que je peux aussi compter sur « Je continue à danser » par exemple pour des jours plus joyeux. La musique c’est quand même le truc le plus réconfortant non ?

Franchement c’est merveilleux ce que tu me dis parce-que j’ai eu envie de raconter les nuances de la vie avec cet album. J’adore l’idée qu’en fonction d’une humeur on pioche une carte dans ce disque. Cette image me plait. Et personnellement quand je suis triste j’adore aller chercher des chansons encore plus tristes, pour aller au bout des choses.

La Star Academy j’ai pris ça comme un stage dans l’audiovisuel

Il y a une autre chanson « Music Hall » où je me suis demandée si cette chanteuse qui attend derrière le rideau c’était toi ?

Non pas du tout. J’ai écrit cette chanson en pensant très fort à ma grand-mère. Elle est d’origine martiniquaise mais elle est née à Paris. Après la Seconde Guerre Mondiale, elle ma racontait que petite fille il y avait des entractes où des chansonniers habillaient l’entracte. Elle trouvait ça aussi fabuleux que le film lui-même. Et moi j’imaginais ma grand-mère sur la scène. J’ai crée une sorte de vie rêvée. C’est une chanson qui parle de toutes les femmes. C’est encore ce truc avec la lumière.

En parlant de lumière, à 18 ans tu as fait la Star Academy. Tu retiens quoi de cette période ?

J’en retiens beaucoup de tendresse envers la petite Juliette qui arrive dans ce rouleau compresseur. C’était un pari avec des copines en fait. Ça m’a bien dégoutée du showbiz clairement. Tu es pas libre de tes choix artistiques. C’était pas mon rêve cette émission. Après, je pense que ça a changé aujourd’hui les télés-crochets, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de liberté artistique. J’ai pris ça comme un stage dans l’audiovisuel en fait !

Merci Julia pour ce super échange !

Je t’en prie ! J’espère que je n’ai pas trop parlé !

« Music-Hall » / Julia-Jean Baptiste :

Julia Jean-Baptiste sera en concert à la Boule Noire le 16 mars