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Martin Rappeneau en interview ‘Sans Filtre’ : “J’ai eu envie de raconter les nuances de la vie”

Cela fait près de quinze ans que Martin Rappeneau n’a pas sorti d’album studio. Après des années à composer pour le cinéma il renoue (enfin) avec ses premières amours, la chanson ! Son nouvel album Une histoire est sorti au printemps dernier. A cette occasion, Martin Rappeneau répond à nos questions ‘Sans Filtre’ !

Cela fait près de quinze ans que tu n’as pas sorti d’album studio. Qu’est-ce qui t’a donné envie de finalement t’y remettre ?

Ça me parait totalement délirant quand tu le dis. Presque quinze ans déjà ! J’avais des chansons un peu partout dans des mémos, dans des tiroirs, dans des carnets. Mais je ne savais pas très bien quoi en faire. Et puis, le troisième album avait moins fonctionné, j’étais en train de changer de maison de disques. Aussi, le métier était en train de changer. Je me suis dit que j’y reviendrais après. C’est pour cette raison que j’ai fait des musiques de films d’ailleurs. Finalement, les années ont passé et ça m’a un peu déconnecté de mon karma de chanteur. Parfois, j’entrais en studio, j’écrivais des trucs. Je mettais des choses de côté.

Il y a eu comme une sorte de déclic lié à ce retour ?

Tout à fait, c’est un texte de Rose qui s’appelle « Maintenant ». C’est une chanson qui ouvre l’album d’ailleurs. Il y a cette phrase « Dis moi qu’est-ce qu’il reste de moi ? ». Cette partie a été comme un guide et un fil conducteur. Les choses faisaient sens, je pouvais dorénavant habiter cet album.

Qu’est-ce qui se passe dans la tête d’un artiste quand un album ne prend pas ? Comment on se sent quand on l’impression d’avoir bien fait les choses ?

On comprend ce qu’il se passe. Il n’y a pas de clips, pas de promo. D’ailleurs, on se sent un peu délaissé. Nous les chanteurs, on a envie d’être aimé ou regardé. Et puis, j’avais l’impression de ne pas être à ma place. J’étais dans une maison de disques où je me sentais clairement perdu au milieu de la foule.

Je te pose la question car c’est un sujet peu abordé par les artistes

En fait, il faut tout de suite remonter à cheval. Ce que je n’ai pas fait. Les musiques de films remplissaient ma vie de compositeur. Doublé à ça, j’ai eu des enfants, ce qui remplissait ma vie d’homme aussi !

Te réfugier dans les musiques de films, ça t’arrangeait avant de reprendre la casquette de chanteur ?

J’avais pas spécialement peur. Tiens, je lisais un article de Miossec qui disait que quand on se met sur un album, il faut avoir une histoire à raconter. C’est ça qui me manquait. Avec un film on te donne de la matière à raconter.

Il y a eu des moments où quand tu écrivais des musiques de films, tu sentais qu’il se dessinait certaines de tes futures chansons ? Même si évidemment il s’agit de commandes.

Ça serait malhonnête de dire oui. Les musiques de films m’ont apporté une certaine aisance dans la composition. C’était très libérateur. Les chansons que j’ai mises de côté appartenaient à d’autres moments, pas dans un cadre cinématographique.

J’espère qu’il y a dans mes albums cette sensation de séquences qui défilent

– Martin Rappeneau pour aficia

Tu as travaillé pour ton frère et surtout pour ton père aussi.

D’ailleurs, quand j’ai commencé les musiques de films je savais que mon père sortirait quelques années plus tard un nouveau film. Finalement je me suis préparé à travailler avec lui. Après, il est très exigeant aussi. J’ai eu l’audace et l’envie de lui dire que j’avais envie de collaborer avec lui.

Tu as grandi dans un univers très visuel avec ce papa cinéaste. Il reste quoi de cette enfance dans tes chansons ? De quelle manière ça imprègne encore ta musique aujourd’hui ?

J’espère qu’il y a dans mes albums cette sensation de séquences qui défilent. C’est mon ambition. Quand j’étais petit, à la projection de « Tout feu tout flamme » avec Michel Berger en composition pour ce film. J’avais six ans, j’étais au quatrième rang et j’ai pris le thème musical de Berger en plein cœur !

Je suis une grande fan de Michel Berger. C’est certainement pour ça que j’ai aimé ton premier album. Et c’est marrant, mais je me disais que forcément la collaboration avec ton papa n’y était pas pour rien...

C’est certain que ça m’a marqué ! Je me passais les films de mon père en boucle en VHS à la maison. Aussi, harmoniquement les BO de films font partie des musiques que j’ai le plus écouté. Celle avec Michel Berger aussi !

Tes albums correspondent à un instantané de ta vie ? Comme une bande originale justement.

J’espère que le dernier correspond aux dernières années passées en tout cas.

Tu vas commencer la scène, comment tu penses intégrer les précédentes chansons pour les mêler à ce nouveau projet ?

J’essaie de garder des chansons qui dressent le portrait du chanteur plutôt que celui de l’homme. Volontairement, il y aura peu de chansons tristes. Après, c’est sûr que c’est difficile de ne pas rechanter « Les figures imposées » par exemple.

Sur cet album il y a de très beaux noms ! Je pense à Rose évidemment mais aussi à Amanda Sthers et surtout Séverin. Comment tu l’as rencontré ?

Séverin, je l’ai rencontré grâce au producteur Marlon de l’album. Une pure rencontre. C’est un collaborateur je l’espère solide pour le présent et pour le futur.

Tu as désormais envie de continuer les albums sur la durée ?

Absolument. Sinon ça ne sert à rien de déployer toute cette énergie !

Martin Rappeneau sera en concert au Café de la Danse le 27 septembre 2023

Découvrez le single Appels en absence de Martin Rappeneau :