Naâman en interview : « Je fais de la musique par souci d’émancipation et d’indépendance »

À l’occasion de son passage au festival Woodstower, Naâman s’est confié à propos de sa musique, sa vision de la vie, le reggae… C’est avec aficia !

Peu diffusé sur les ondes, le reggae compte un certain nombre de talents en France. Naâman, de son vrai nom Martin Mussard, fait partie de ces artistes. Selon lui, le reggae une « musique du peuple ouverte à tous tant qu’il s’agit de défendre des valeurs positives et de respect ». Son dernier cru, Beyond, porté notamment par les singles « Simplicity », « Own Yourself », et « Love is Allowed », ne déroge pas à cette règle de partage d’ondes positives.

C’est sur les bords du lac de Miribel Jonage que l’on s’est donné rendez-vous pour échanger avec lui avant sa montée sur scène au festival Woodstower

Naâman… l’interview !

Salut Naâman, ton nom d’artiste vient du personnage biblique Naâman, peux-tu nous expliquer avoir fait ce choix ?

Quand je me suis approché de mes 18 ans, je me suis cherché un nom d’artiste. Ça faisait déjà quelques années que je faisais de la musique à l’époque. J’en cherchais un qui soit vraiment inscrit dans la civilisation dans laquelle nous vivons. Mes parents sont chrétiens, moi je ne le suis pas tout. Je n’ai pas accroché avec la religion. J’ai quand même feuilleté la Bible par curiosité, je suis tombé sur le personnage de Naâman, lieutenant du roi d’Aram, et ce nom m’a parlé tout de suite. J’ai pu relier son histoire à la mienne concernant certains aspects. Ça s’est fait au feeling.

Concernant la musique, tu as créé ton propre label Big Scoop Records pour travailler sur ton dernier album. Penses-tu que cela t’ait en partie libéré dans ton développement artistique ?

Je pense que ça a surtout servi à mon plaisir de faire de la musique. Je fais de la musique par souci d’émancipation et d’indépendance. J’ai toujours été très bien entouré par des amis qui travaillent bien alors je me suis dit pourquoi pas créer un label. Je pense qu’il y a aussi des labels qui laissent les artistes assez libres de leurs choix. Nous, nous voulions travailler en famille et pour le plaisir de jouer ensemble.

Sur ton dernier album, Beyond, et plus précisément dans le morceau « Own Yourself », tu nous fais le plaisir de chanter en français. Était-ce un one shoot ou penses-tu recommencer sur d’autres morceaux ?

Je conçois vraiment ma musique au feeling alors des fois je sens que c’est le moment propice et d’autres fois non. Ça a d’ailleurs été très souvent non. (Rires) Effectivement, ça a été un vrai plaisir de chanter en français. Une expérience à renouveler sans aucun doute ! J’essaie de ne pas trop l’« intellectualiser » et de privilégier le changement de langue seulement si je sens que c’est le bon moment.

Découvrez  « Own Yourself » de Naâman :

Tu es très positif dans tes textes et ta musique. N’est-ce pas trop difficile quand on voit tout ce qui se passe dans le monde ?

Vraiment pas tant que ça ! Tout ce qui passe et que je veux transmettre à travers ma musique est issu de ma traversée du négatif de la vie. Ma « consommation » du monde actuel je la prends, je la pratique, je la digère et j’en sors le maximum de positif possible. Ce n’est pas juste du positif, c’est vraiment la conclusion et le mélange de souffrance et de joie, de bonheur et de malheur.

Le reggae est une musique qui est victime de beaucoup de clichés encore aujourd’hui et n’est pas trop diffusé. Qu’en penses-tu ?

Je pense que le reggae est une musique d’indépendants et que la plupart des groupes français actuels créent leur propre label dans la grande majorité. Quand on crée son propre label, on est pas dans le même circuit de contacts que les artistes qui signent dans des labels déjà existants qui leur permettent de passer en radio. Forcément, nous sommes moins diffusés en tant qu’artistes de labels indépendants. Et puis, il faut dire que le reggae est une musique qui se vit beaucoup en live et qui ramène beaucoup de public en festival. Pour connaître ces artistes, il faut faire l’effort d’aller chercher chez les disquaires spécialisés ou sur internet…

Tu connais, sans aucun doute, le diction qui dit que « les voyages forment la jeunesse ». Les tiens ont-ils formé ta musique et tes sources d’inspiration ?

Probablement ! Par contre, je ne saurais pas te dire dans quelle mesure… Dans la vie, je pars du principe que nous nous nourrissons de tout donc forcément les voyages, les rencontres, écouter la musique traditionnelles des pays visité, tout influence mon travail, ma musique et élargissent énormément mes sources d’inspiration.

C’est souvent la question à laquelle les artistes interviewés ont le plus de mal à répondre mais si tu devais choisir un artiste avec qui tu aimerais collaborer. Lequel choisirais-tu ?

Effectivement, ce n’est pas évident ! Pour moi, ça doit se faire manière naturelle et spontanément avec l’autre. Au gré des rencontres, nous sommes amenés à croiser la route d’artistes qui vont nous toucher et et se rapprocher de notre vision de la musique. Il y a beaucoup d’artistes que j’aime écouter mais qui ne pourraient pas forcément mélanger leur style musical avec le mien. Si je devais n’en citer qu’un, ce serait Protoje qui est un artiste reggae actuel qui marche bien en ce moment, qui est super sympa et avec qui je m’entends super bien.