Ralph Beaubrun - © Ugo Ciulla
Ralph Beaubrun - © Ugo Ciulla

Ralph Beaubrun en interview : “La création de ‘Vox’, c’était vraiment instinctif”

Le 7 mai dernier, Ralph Beaubrun dévoilait Nuances, son premier projet musical. Seulement six mois plus tard, l’artiste propose son deuxième EP, Vox. Pour l’occasion, nous avons pu échanger à ce sujet avec l’artiste…

Après plusieurs années à travailler dans l’ombre de l’industrie musicale, notamment sur la co-écriture et co-composition de plusieurs tubes pour d’autres artistes, Ralph Beaubrun décide de franchir un nouveau cap dans sa carrière d’artiste et ce, en totale indépendance. C’est dorénavant en tant qu’interprète qu’il se dévoile. Un premier pas vers cette étape qu’il fait avec le single “J’en ai besoin”, sorti le 13 janvier dernier, une date symbolique puisqu’il s’agit de son anniversaire. S’en suivent les titres “J’peux pas oublier” ainsi que “Perte de temps”, avant de partager l’intégralité de son premier EP Nuances, le 7 mai 2021.

À la grande surprise de tous, le 5 novembre, Ralph Beaubrun lève le voile sur un deuxième projet, l’EP Vox. Un enchainement rapide mais authentique et instinctif comme le souligne l’artiste dans l’interview qu’il a accordé à aficia…

Ralph Beaubrun, l’interview…

Ton premier EP Nuances est sorti en mai dernier. Désormais, tu reviens avec un deuxième projet, Vox. Mais ce ne sont pas tes premières expériences musicales car depuis de nombreuses années tu es au contact d’artistes et de projets. Alors qu’est-ce qui a déterminé que c’était le moment de te lancer ?

Ça a commencé avec le confinement, en mars 2020. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai eu un déclic. Je me suis dit que c’était le moment de commencer. Ça me trottait dans la tête mais je n’avais pas trop de temps avec les cours de danse que je donne, les autres projets à côté… Mais là, c’était le moment. On était tous confinés, il n’y avait pas d’autres choix, il fallait que je m’occupe donc j’ai choisi la musique. J’avais déjà des idées, de mélodies, de textes, de prod’… 

Comment travaille-t-on sur un projet musical en plein confinement ?

J’ai travaillé avec mes amis, avec mon frère qui a beaucoup écrit avec moi, le producteur Jordan… On était tout le temps en contact, c’est comme ça que j’ai pu avancer. Nuances a vraiment été créé en quelques mois.

La deuxième étape, c’était de savoir quand sortir le premier son qui était “J’en ai besoin”. C’est celui-ci que je voulais absolument sortir en premier. J’hésitais à le dévoiler à l’été 2020 mais on était encore en mode confinement, dans une période d’incertitude. Alors à ce moment-là, je me suis dit que le mieux était d’attendre mon anniversaire de l’année suivante. Je suis un artiste indépendant, sans maison de disques, alors avec mes amis, nous avons pensé au marketing. Comme c’était mon anniversaire et que j’allais recevoir des messages de gens que je connaissais, ou pas, je me suis dit que pendant que le focus était sur moi, il fallait que j’en profite pour sortir la musique.

Comment as-tu appréhendé la sortie de ces deux projets ?

D’abord il y a eu la sortie de “J’en ai besoin” avant que le premier EP sorte. Je ne sais pas vraiment dire si j’avais peur. Je pense que j’avais plutôt hâte, je ne savais pas du tout comment j’allais réagir. Et quand c’est sorti, voir la réaction des gens c’était vraiment quelque chose.

Pour Nuances, c’est vrai que j’étais un peu stressé car un an après, il y avait toujours cette question de covid, donc c’était un peu frustrant car je n’ai pas pu faire de vraie release party, de vraie communication… Quand il est sorti, c’était un peu comme si j’avais mon premier enfant. Pour Vox, je ne pensais pas le sortir si vite que ça…

Deux projets en seulement 6 mois !

Nuances et Vox ont seulement 6 mois d’écart. Est-ce que les titres qui composent Vox étaient déjà prêts lors de la sortie du premier EP ? Ou ce sont des titres qui te sont venus après ?

Il faut savoir que j’avais déjà plein de chansons de côté en effet. Et comme un EP ne contient pas autant de titre qu’un album, je me suis dit pourquoi ne pas rajouter ces chansons-là sur un autre EP. Les styles sont quand même un peu différents, c’est plus vocal, il y a plus d’anglais… J’ai suivi mon instinct, ma voix intérieure. D’ailleurs, quand je me suis posé la question du nom de l’EP, je me suis dit “Voix intérieure” donc j’ai écrit plein de mots en rapport avec ça, en français, en anglais et finalement, je suis tombé sur Vox qui signifie voix en latin.

Dans ton titre “It Feels right”, tu répètes ‘don’t stop’. On remarque en effet que tu ne t’arrêtes jamais entre tes projets musicaux, la danse… Finalement, est-ce que le ‘don’t stop’ ne serait pas une sorte de mantra pour toi ?

C’est pas mal ça, je n’y avais pas pensé mais c’est vraiment intéressant, je note. C’est vrai que je n’arrive pas à m’arrêter car j’aime trop ça, j’y crois. Je sais que c’est un métier très difficile, que ça prendra du temps. Mais ce n’est pas grave, je vais continuer à faire ce que je fais en espérant qu’un jour une ou des personnes croiront en moi. Et peut-être qu’un jour je ferai un zénith, qui sait ?!

Le visuel : une partie primordiale pour l’artiste

Concernant l’aspect visuel, tu as fait appel à l’artiste peintre Lionel Potin pour la réalisation de la pochette de Vox. Peux-tu nous expliquer ta démarche ?

Je n’ai pas voulu faire de photoshoot car je voulais quelque chose de très artistique. Mon ami Anthony Such m’avait invité à une soirée et je suis arrivé chez son ami qui est peintre. Je vois les tableaux que je trouve incroyables et je ne sais pas pourquoi, mais ma voix intérieure me disait de lui demander si il faisait des pochettes. Il m’a dit qu’il n’avait jamais fait ça mais que ça pouvait l’intéresser.

Je lui ai raconté mon histoire. Je lui ai dit ce que j’aimais, les couleurs qui me plaisaient. Aussi que je voulais quelque chose de tribal mais en même temps abstrait parce que c’est tout ce que j’aime et que c’est ce qui représente l’EP. Mais surtout, je lui ai dit que l’EP sortait dans 3 semaines. Il était un peu stressé mais pas moi car j’aimais vraiment beaucoup ce qu’il faisait donc j’avais confiance, il avait très peur de ne pas être dans les temps. Quelques jours après, il m’envoie le premier jet, et j’ai directement aimé, c’est exactement ce que je voulais. En fait, la création de Vox, c’était vraiment instinctif.

On remarque dans tes clips un rapport très fort à la nature, à la terre. C’est l’une de tes inspirations principales ?

Oui parce que c’est une manière pour moi de rester sur terre. Ça me rappelle chez moi, mon île Haïti, mes racines, le soleil, le ciel bleu. C’est une façon de rester avec moi-même finalement. Tous les deux-trois mois, j’essaye de quitter la ville pour aller un peu ailleurs, c’est ma deuxième grande passion, le voyage. Même si c’est un jour ou deux, je quitte Paris pour respirer, voir d’autres choses et me retrouver.

D’ailleurs, il me semble que dans le clip de “Bora bora”, tu dépasses tes peurs, avec la présence de l’eau. Comment s’est passé ce tournage ?

Même si je n’ai pas fait beaucoup de clip, c’était le tournage le plus difficile de ma vie. Malus grosse phobie c’est la noyade, alors ne sachant pas nager, je me dis tout de suite que je vais me noyer dès que je n’ai pas pied. J’ai beaucoup paniqué, mais il y avait mes amis autour de moi, on était que 4 sur ce tournage : Aurélie Serine, Gaël Grzeskowiak et Ugo Ciulla. Ils étaient là pour me parler, me rassurer. C’était très dur, sans compter le froid, car l’eau était à 11 degrés par moment, c’était assez dangereux de rester longtemps dedans, je sentais même des fourmis dans mes jambes. C’était compliqué mais je l’ai fait, c’était aussi une façon de dépasser cette peur.

Je vais faire une petite parenthèse car je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ne s’en rendent pas compte, mais au début du clip, j’ai dû apprendre les paroles à l’envers. Si on regarde bien le clip, je sors de l’eau et je ne suis pas mouillé. Ce n’est pas des effets spéciaux, il fallait que j’apprenne la chanson à l’envers pour rentrer dans l’eau, et c’était un one shot. Ugo, le réalisateur, a dû mettre le clip dans l’autre sens pour me faire sortir de l’eau sec, en disant les paroles dans le bon sens.

C’était compliqué mais je l’ai fait, c’était aussi une façon de dépasser cette peur.

Ralph Beaubrun

Est-ce que de sortir ces deux premiers projets musicaux solo, le tout en indé, ce n’est pas aussi dépasser ses peurs ?

Oui je pense. Par exemple là, on fait cette interview mais pense déjà au prochain concert qu’il faudrait que je fasse, comment faire, qui contacter. C’est un travail de fou, je suis indépendant mais je suis quand même obligé de faire appel à des professionnels qui s’y connaissent plus que moi. Je suis juste là avec Google à faire mes recherches, à demander à des amis qui connaissent des personnes… Ce n’est pas du tout évident, surtout le côté marketing.

Enfin, qu’aimerais-tu que ceux qui écoutent ta musique et s’intéressent à la globalité de l’art que tu proposes retiennent de toi ?

J’aimerais bien que les gens aient un petit sourire quelle que soit la chanson qu’ils écoutent. J’aime partager, donner de la joie, le côté solaire.

Découvrez Vox, le nouvel EP de Ralph Beaubrun

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