Nous l’avions rencontré en juin 2020. Specy Men, rappeur toulousain a depuis bien évolué. Trois albums en trois ans, construction artistique et plus récemment apparitions en festivals, le corps maigre nous a de nouveau ouvert les portes de son studio le temps d’une interview. Ambitions et confidences, un entretien signé aficia.
Depuis ses 16 ans, Combien de Bouteilles à la mer, Specy Men a-t-il jeté pour l’accomplissement de ses rêves ? Probablement autant que son nombre de Jean troué abandonnés aux tumultes d’une Piste de danse toulousaine, ou de ses innombrables cigarettes consumées à la lumière des Néons d’une Nuit d’hôtel partagée avec Roxane. Ce n’était peut-être Pas facile, mais aujourd’hui c’est avec le Sourire aux lèvres que le Mauvais garçon bien profile En coulisse une ascension prometteuse.
Interview.
Specy Men l’interview…
On s’était vu à la sortie de ton premier album, ‘Corps Maigre’, aujourd’hui, tu viens tout juste de dévoiler ‘Tout Moi’, ton dernier projet. Tout d’abord, comment est-ce que tu vas ? Tu la ressens comment l’évolution depuis trois ans ?
Eh bien, je vais très bien ! Aussi bien que quelqu’un qui vient de réussir le pari qu’il s’était lancé il y a trois ans. C’était beaucoup de travail, de persévérance de nuits blanches, de cafés, de clopes et de doutes, mais je suis soulagé, on a réussi. Cette évolution j’en suis fier, on n’est pas nombreux à avoir proposé une telle régularité si tôt dans une carrière. Je me sens aussi fier humainement que professionnellement, c’est une page qui se tourne. Cette belle vitrine est en place, on va continuer. C’est maintenant que le travail commence, j’ai presque envie de dire.
Je refuse qu’on me catégorise en rap émo, ou en rappeur rockeur
Specy Men Pour aficia
Ton actu c’est donc cette trilogie qui se referme avec Tout moi.
Ce projet en quelques mots ?
“C’est l’album de la maturité” (rires) ! Au-delà du cliché de cette phrase, c’est aussi ce que je ressens. Cet album est un juste condensé de ce que je fais de mieux. C’est le plus abouti, c’est plutôt bon signe. Il est la suite et la conclusion d’une trilogie parlant de moi, de ma ville, de mon rapport à la musique et des histoires d’un vagabond amoureux de musique.
“Avancer en groupe c’est une force. Je suis très bien entouré”
On ressent une ambiance plus intimiste, blessée, est-ce que c’était souhaité ?
L’album porte bien son nom, c’est le projet le plus proche de ce que je suis. On y retrouve le Specy décharné des premiers opus, mais petit à petit, il se dirige vers le bonheur, l’évasion par la passion musicale. Ce trait intimiste est complètement volontaire.
Un titre qui te tient particulièrement à cœur ?
Dur de n’en choisir qu’un. Mais, pour l’anecdote, j’aimerais parler de “Roxane”. Pour beaucoup, et je les comprends, c’est un titre joyeux, aux sonorités enjouées. Pourtant, c’est probablement l’un des titres les plus tristes de l’album dans son histoire. J’ai beaucoup aimé jouer de ce contraste. Je pourrais également évoquer cette intro qui devait initialement être un interlude. Elle représente à merveille les couleurs de Tout Moi. C’est mon équipe qui, après l’avoir écouté, m’a dit que c’était plus une intro. Un son qui me rappelle qu’avancer en groupe c’est une force. Je suis très bien entouré !
J’ai en tête quelque chose de complexe mais d’exaltant.
Specy Men pour aficia
On va en effet s’isoler pour faire ça, mais on va le faire bien.
Je ne veux pas décevoir celles et ceux qui m’ont accordé leur confiance.
Des influences rock de plus en plus maîtrisées, présentes, comment est-ce que tu travailles cette pâte, est-ce que tu penses le conserver pour la suite ?
C’est drôle, le rock on m’en parle souvent. Il faut dire que j’en joue beaucoup. Mais quand je scande au public qu’ils ont tous des rockeurs, je parle surtout d’attitude. Le rock est davantage une aura qui m’accompagne qu’un trait de direction artistique précis. J’ai toujours grandi avec, alors parfois, il s’exprime “Néons” “Superstar”. Mais comme lors de l’explosion de “Dernière tentative”, je refuse qu’on me catégorise en Sadrap, ou en rappeur rockeur. Je fais de la musique c’est tout. Je suis les envies d’un projet et j’y apporte les pièces qu’il lui faut.
Après l’écoute de ces trois projets aux âmes bien singulières, on a en tête des featurings qui pourraient coller (Zed Yun Pavarotti, YouvDee, Sopico…). On rêve trop ?
Les noms cités sont très intéressants. Je ne peux pas trop en dire, mais respectivement, ces artistes réalisent un travail que j’admire. Je trouve particulièrement avant-gardiste le travail du vautour…
“Vingt ou mille personnes devant moi, ce sera le même show”
Récemment, on a eu l’occasion de voir plusieurs de tes prestations scéniques (Larsen, Garorock…). Avec ton backeur Price, vous dégagez une véritable énergie, une prestation unique. Comment tu abordes l’expérience Specy Men sur scène ? Il y a une plus-value à entendre Tout Moi en live ?
C’est une chose que j’ai souhaité défendre rapidement. Vingt ou mille personnes devant moi, ce sera le même show. En tant qu’artiste, je tiens énormément aux prestations lives. On a travaillé dur pendant des mois. L’objectif est que live soit une tout autre expérience que l’écoute casque du projet. On a des passe-passe précis, des phases ou Price rappe directement. Je ne voulais pas juste mes derniers mots entendus en échos. On en revient à cette notion d’équipe, mais on avance ensemble. Specy Men c’est aussi toute une équipe d’accompagnement. Préparer Tout Moi a aussi été l’occasion d’appréhender mon corps, mon image en clips… Le live c’est une partie bien spécifique d’un projet et elle mérite d’être soignée autant que le reste. Ça fait plaisir d’entendre que le travail se remarque, on évolue !
Je me sens aussi fier humainement que professionnellement, c’est une page qui se tourne.
Specy Men pour aficia
Enfin, il y a le titre “La fin” qui conclut le projet, presque dans un cri d’adieu. Tu disais dans une story, il y a peu, que tu allais te retirer pour écrire la suite. Tu en sais plus sur la couleur que va prendre cette nouvelle aventure ? Ou tu te laisseras porter sur l’instant ?
J’ai envie de me lancer à fond dans toute autre chose. La trilogie que j’ai créé clôture bien tout ce que j’avais à dire sur ma vie toulousaine, mon enfance, mon évolution. J’ai en tête quelque chose de complexe mais d’exaltant. On va en effet s’isoler pour faire ça, mais on va le faire bien. Je ne veux pas décevoir celles et ceux qui m’ont accordé leur confiance. J’ai les cartes en main, on va s’affirmer maintenant.
Découvrez Tout moi, le dernier album de Specy Men :