Pour la sortie de son premier album, Corps Maigre, le rappeur Specy Men a accepté de répondre à nos questions. Interview découverte, elle est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur la création en indépendant. Immersion avec aficia.
19 ans, dont dix d’écriture, la carrière de l’artiste est déjà bien emplie. Révélé par le titre “Dernière tentative” et quelques scènes, Specy Men a dévoilé le 2 juin, un premier album de dix titres. Rencontré dans sa ville, à Toulouse, le rappeur nous confie l’aboutissement que représente ce projet, ainsi qu’une introspection sur son parcours.
Specy Men : l’interview…
Tout d’abord, comment te présenter au public, aux lecteurs ?
Je dirai que Specy Men, c’est un rappeur de Toulouse qui a commencé à écrire au collège. Qui a été baigné dans l’univers musical de son foyer, collectionnant les CD allant du rock, à la soul, puis enfin au rap. Après avoir découvert de véritables perles, des âmes bienveillantes ont cru en lui et l’aventure à commencé.
Nombreuses sont les personnes à vouloir se lancer dans la musique, mais sont vite découragées. Qu’est ce qui t’as fait tenir toi, donné l’envie de continuer à fond malgré les freins ?
L’humain, tout simplement. Sans les rencontres, ça n’aurait pas été pareil. C’est très motivant de réaliser que des gens croient en toi. Alors j’ai persévéré en étant bien entouré et ça a finit par fonctionner. C’est grâce à l’équipe d’aujourd’hui que je peux avancer.
Studio, photographe, beatmaker, comment on s’entoure en jeune indépendant ? Comment t’as trouvé ton entourage artistique d’aujourd’hui ?
Pour être honnête, j’ai eu beaucoup de chance. Au début, c’était pas du tout évident, je grattais à droite à gauche pour trouver de quoi payer une cession, c’était vraiment dur de rendre un son qui correspondait à mes attentes. Puis la suite est arrivée un peu par hasard.
Un artiste nommé Fascine, que je cherchais à contacter depuis un moment a parlé de moi et je me suis retrouvé au studio d’arts urbains 31. Ça fait maintenant 1 an et demi que je travaille avec eux. Coté photographie, je bosse avec mdhml, je lui ai proposé de couvrir un concert un jour et depuis il m’accompagne, ça fonctionne bien.
C’est d’ailleurs un message que tu portes souvent sur tes réseaux, l’entraide artistique est puissante, mais malheureusement encore faible. Tu penses qu’elle va se développer, qu’elle est essentielle pour réussir en indépendant ?
J’en suis persuadé, elle est essentielle. Mais malheureusement, Toulouse n’est pas un bon exemple. Beaucoup de faux-semblants et d’égoïsme par ici, il faut se battre pour se démarquer. Il y a un état d’esprit qui doit s’améliorer. Après, j’essaye de multiplier les interventions participatives entre artistes. Je pense notamment au créateur TPZ avec qui j’ai pas mal travaillé. Si ce genre de concepts se développent, ça serait génial.
Ton règlement space* approche, c’est un réel aboutissement, comment on se fait pour se montrer à la capitale quand on est à Toulouse ?
Une nouvelle fois, c’est l’entraide qui a fonctionné. Le centre des arts urbains m’a présenté avec un autre artiste et on est montés sur Paname. Ce n’est pas évident de se faire entendre. “C’est beaucoup de réseaux la musique, alors si on peut la mettre à disposition de ces jeunes artistes, ça leur permet d’avancer” ajoute son manager Karim.
En tout cas, j’en garde une super expérience !
Le million sur le titre “Dernière tentative”, un sacré nombre, comment tu as porté ce morceau jusque là ? Une communication particulière ?
Je t’avoue que ne m’y attendais pas ! A l’origine c’était un simple freestyle Instagram que j’ai un jour décidé d’enregistrer au studio. De là, s’en est suivi une déferlante sur Tik Tok qui a fait explosé le morceau, le plaçant dans des playlists tendances. On n’en revenait pas trop, j’en suis super fier ! Pour la communication, j’essaye d’être un maximum réactif et honnête avec mon public, ça fonctionne je crois.
Un album est un travail énorme, pourquoi ne pas avoir commencé par l’exercice plus petit de l’EP ? Qu’est ce qui t’as motivé pour le projet Corps Maigre ?
Comme il s’agit sans doute du projet qui va me faire découvrir, je ne voulais pas de l’EP ou de la mixtape. Ça se fait trop souvent j’ai les jeunes comme moi et je crois que ça s’oublie vite. Un album est plus marquant, c’est plus ce qui me fallait.
De plus, je voulais un projet construit, 10 titres c’est le juste-milieu dans ma tête, je sais pas comment l’expliquer (rire). J’espère que cela fonctionnera en tout cas.
Du hall de ton collège à aujourd’hui, le parcours est déjà impressionnant. Que conseillerais-tu à un collégien qui rêve d’embraser la scène et le rap aujourd’hui, en indépendant ?
Honnêtement ? Vas-y au culot. Crois en ce que tu fais. C’est bête à dire, mais je pense que ça marche comme ça. J’étais mal parti au début, puis j’ai compris que si t’es honnête et que tu travailles avec le cœur, ça va marcher. Tu peux de démarquer en étant humain. Faut bosser autant avec la tête qu’avec le cœur, c’est un travail, mais comme ça, t’es bien avec toi même et avec ton public.
Enfin dernière question, l’album est sorti le 2 juin, quelles sont désormais tes envies et ambitions pour l’avenir ?
C’est simple, on va rien lâcher. De la scène, des clips, un autre album, vivre ma passion à fond, c’est ce que je veux faire !
*Le règlement est un YouTubeur qui met avant la scène rap au travers d’analyses et freestyles.