Taloula - © Alexandra Waespi
Taloula - © Alexandra Waespi

Taloula en interview : “C’est un nouveau livre que j’ouvre !” 

Exclusivité aficia

Après trois années loin des radars, celle que l’on connais sous le nom de Tal nous présente son premier projet en indépendant lors d’une interview… Rencontre avec Taloula ! 

On ne la présente plus en France et pourtant, après 11 ans de carrière, il est désormais temps de dire aurevoir à Tal pour laisser place à Taloula. Un changement de nom qui est intervenu durant les trois dernières années où la chanteuse française a réfléchi et s’est rapprochée de ses envies, de son vraie elle.

Une connexion à soi évidente pour la chanteuse qui, depuis le début de sa carrière, rêvait de partir à Londres pour enregistrer un album en anglais. Quelque temps après, avec la détermination, l’écoute de sa voix intérieure et une belle dose de courage, Taloula nous a présenté son premier titre en septembre 2021.

C’est avec le titre “Keep On Tryin’”, synthèse de toutes ses influences, qu’elle aborde le nouveau livre de sa vie avant de nous dévoiler son EP The Evolution Of Taloula en janvier 2022.

Un départ en indépendant… !

Qu’est-ce que la liberté artistique, d’être indépendant ? Quelle musique dois-je faire ? Comment sait-on que l’on ne s’écoute plus ? Comment vaincre ses peurs et savoir que l’on avance dans la bonne direction ? Tant de questions que Taloula s’est posées et que nous avons abordées au cours de cette entrevue. 

Une manière de revenir sur ce qui l’a mené, aujourd’hui, à construire sa carrière en indépendante avec un univers musical désormais anglophone entre soul et RnB. 

Taloula : l’interview…

Déjà 3 ans que tu construis ce nouveau projet. Qu’est-ce qui a changé sur ces 3 dernières années ? 

Tellement de choses ! Toute ma vie… J’ai déménagé. Je suis indépendante depuis octobre 2019, soit 1 an après l’arrêt de mon contrat avec Warner. Ça s’est d’ailleurs bien terminé ! Je voulais vraiment être indépendante depuis longtemps car depuis que j’ai 19 ans, j’ai toujours voulu faire mon petit projet en anglais, c’est mon rêve d’enfant. Si je ne le faisais pas maintenant, j’allais le regretter plus tard donc autant aller au bout de ses rêves et y aller même si ça fait peur. 

Ça a été un gros changement pour moi parce que j’ai été finalement assez dépendante, j’avais une grosse équipe qui faisait tout, j’étais en contrat d’artiste. Même personnellement, j’ai toujours été dépendante des autres, j’en parle d’ailleurs dans mes chansons. 

L’indépendance a été quelque chose de très nouveau pour moi. Donc ça m’a aussi pris du temps à apprendre à le gérer. C’était un gros travail ! 

Donc tu as aussi gagné en confiance sur ces dernières années ? 

Je ne sais pas si j’ai gagné en confiance mais j’ai beaucoup appris, puis après tout ce temps, je repars à zéro. Je me mets vraiment dans la peau de moi-même quand j’avais 19 ans. Mais avec plus d’expérience et de maturité. 

Est-ce que ce changement de nom était une envie ou une nécessité pour tourner la page et commencer un nouveau chapitre ? 

Oui c‘est ça ! La musique que je fais aujourd’hui est vraiment très différente de ce que je faisais avant. Pour moi, c’était assez cohérent et assez naturel de changer de nom. Je trouve ça beaucoup plus en phase avec qui je suis aujourd’hui. J’ai grandi, j’ai mûri, j’ai évolué.

C’est pour cela que le nom de l’EP s’appelle The Evolution Of Taloula parce que je parle vraiment de ça dans mes chansons. Je parle de ma vie, de tout ce que j’ai vécu ces trois dernières années justement. Ce n’est pas vraiment tourner la page ou commencer un nouveau chapitre, c’est un nouveau livre que j’ouvre. 

Humainement, la connexion avec mon âme
a été la plus grosse chose ces trois dernières années.

Taloula

Du coup, qui est Taloula ? 

Quand j’étais au collège, j’écoutais énormément de soul, RnB. Au collège, on a été beaucoup influencé par la musique qu’on écoutait. Ça reste à vie, c’est ancré en nous. Ce style là, je l’ai tellement aimé qu’il est ancré en moi et c’était vraiment une envie de revenir à cette jeunesse. J’ai une âme d’enfant. Quand je me suis connectée avec mon âme, j’ai senti que je me connectais à Taloula parce que c’est un surnom qu’on me donnait au collège. 

Il y a, du coup, un côté nostalgique dans ta musique aujourd’hui ? 

Oui, carrément ! Un côté nostalgique mais j’aime beaucoup la modernité, les musiques d’aujourd’hui. Je me suis mise à la prod’ sur mon ordinateur, je fais mes propres maquettes. C’est quelque chose de nouveau dans ma vie. J’en faisais avant, mais je ne me prenais pas au sérieux. Je me suis vraiment mise dedans et j’adore ça. La recherche du son, travailler le son d’une guitare par exemple, c’est quelque chose qui me passionne. 

D’ailleurs, qu’est-ce que tu retiens musicalement et humainement parlant de ces dernières années ? 

Je me suis rendu compte que j’avais beaucoup de peurs en moi. Tu sais, la peur de faire ce que j’aime, de ne pas être acceptée, de ne pas être aimée. Humainement, la connexion avec mon âme a été la plus grosse chose ces trois dernières années. 

Je pense qu’il est nécessaire de s’écouter,
de comprendre ses angoisses,
ses traumatismes.

Taloula

Justement pour “se connecter avec son âme”, c’est par l’introspection que tu y es arrivée ? L’introspection fait-elle partie du travail de l’artiste ? 

Complètement ! L’introspection est nécessaire pour tout être humain. La période covid a vraiment aidé à être dans cette introspection. On n’avait pas vraiment l’habitude d’y être avant, on essayait mais c’était difficile parce qu’on a des vies à 1.000 à l’heure. Il faut aller travailler, il faut gagner de l’argent, il faut faire des choses… 

Je pense qu’il est nécessaire de s’écouter, de comprendre ses angoisses, ses traumatismes. Pour moi, l’introspection, c’est le commencement de la découverte de soi. C’est un peu une thérapie en vrai. 

Concernant ton nouveau titre “Keep On Tryin” sorti le 17 septembre, tu parles de détermination et d’avancer parmi les obstacles. Qu’est-ce qui fait que cette détermination est encore plus forte aujourd’hui ?

Justement, c’est en lien avec l’introspection. J’ai toujours été déterminée, depuis que je suis vraiment toute petite. À l’école, quand les professeurs demandaient “Qu’est-ce-que vous voulez faire plus tard ?”, je répondais “Je veux être chanteuse”.

Tout le monde se moquait de moi ! Mais j’ai toujours eu cette détermination. Là, elle est devenue plus forte, car quand on est plus en phase avec ce que l’on fait et plus en vibration avec, la détermination est encore plus présente. 

Cela fait vraiment partie de moi. Quand j’avais 19 ans, je voulais aller à Londres, je voulais faire mon projet en anglais… Au fond de moi j’ai toujours senti ça ! 

Un EP pour le début d’année prochaine The Evolution of Taloula… Comment décrirais- tu ton évolution ? Pour que ce soit plus parlant, de quoi es-tu partie et où en es-tu actuellement de ton chemin de vie ? 

Si on parle de l’évolution que j’évoque dans l’EP, il y a plusieurs étapes. La première année, j’étais encore en contrat chez Warner. J’étais encore en session studio avec plein de gens et tout et j’ai continué à faire des petites maquettes en français. Je sentais que je me cherchais. Je suis passée par plein de styles différents. Je faisais un peu de la trap, parce que c’était le style du moment… Je n’ai jamais été aussi perdue dans ma vie, vraiment. 

Je me cherchais. Cela a duré 6 mois. Après tout ça, j’ai dit aux équipes avec qui je bossais en studio “Stop, je vais arrêter de faire du studio, je sens que je suis trop perdue, je n’arrive pas à comprendre ce que je veux, ce que j’aime, ce que je n’aime pas, qui je suis… Je ne sais plus”. 

Après j’ai arrêté de faire de la musique, je me suis posée deux secondes : “On va se calmer”. On vit dans une société où tout va tellement vite, que tu as l’impression qu’il faut faire vite parce qu’il n’y a pas le temps. Il faut sortir des morceaux, il faut faire plaisir aux fans… Beaucoup de pression ! Je me suis rendu compte que c’est moi qui me la mettait pour rien. Ça ne m’aidait pas, je ne savais plus quoi faire. 

Après cette étape-là, j’ai vraiment fait un gros travail d’introspection. J’ai eu des moments très difficiles parce que j’étais perdue. J’étais encore chez Warner donc je ne savais pas encore m’épanouir à travers une musique qui n’était plus en phase avec qui j’étais. 

À partir du moment où j’ai écrit la première chanson du projet, il y a eu un déclic. J’ai compris qu’il fallait que je fasse mon projet en anglais, je savais qui j’étais, je savais ce que je voulais. 

Je me pose toujours 10.000 questions
parce que je suis quelqu’un de perfectionniste
et de très exigeante avec moi-même.

Taloula

Quand as-tu écrit la première chanson de ce projet ? 

La première chanson que j’ai écrite pour ce projet, c’était en septembre 2019. J’avais pris ma guitare et je ne m’attendais pas du tout à faire une chanson. C’est souvent dans ces moments-là que la magie opère. C’est quand tu n’es pas dans le contrôle et que tu es dans le lâcher-prise. Les choses arrivent naturellement, c’est pur. 

Tu me parles d’enracinement, de connexion à son âme. Est-ce qu’avec ce premier projet, nous allons pouvoir retrouver tes origines yéménites ? 

Non, mais j’y ai pensé à un moment ! C’est certain que je le ferai un jour. Je pense qu’il faut encore plus de maturité, c’est pour ça que l’EP s’appelle The Evolution Of Taloula parce que je suis encore dans une évolution. Je sens encore que j’apprends encore sur moi-même. Je sens qu’il y a encore des peurs qui sont là.

Quand je vais intégrer mes origines yéménites dans ma musique, c’est quand je n’aurais plus ses peurs, ses angoisses. Ça viendra naturellement ! Les chants yéménites, c’est sublime et je pense que ça peut être très beau, modernisé avec de la soul RnB et c’est quelque chose que l’on n’entend pas beaucoup, voir pas du tout. C’est une idée qui est dans le coin de ma tête et qui verra le jour ! 

Maintenant que tu es en indépendante, tu n’as plus toute une équipe derrière toi. Comment tu choisis les personnes qui vont travailler avec toi ? Qu’est-ce qui détermine tes choix de travailler avec ?

C’est aussi très difficile de monter une équipe parce qu’il y a beaucoup de choses. Ce que j’ai remarqué avec mon expérience d’avant, c’est qu’il n’y aura jamais une équipe parfaite. Il y aura toujours des choses qui ne vont pas. Généralement, les personnes peuvent être adorables mais dans le business, ils ont du mal, ou l’inverse. C’est difficile de trouver les deux. Que ce soit un manager, une attachée de presse, toute l’équipe dont tu as besoin autour de toi pour lancer un projet…

J’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. Les planètes se sont alignées. J’ai rencontré une superbe équipe de management. J’ai deux managers, un à Londres, un à Paris.  Ils sont supers. Il y a Marie, qui est dans l’équipe et qui est top ! 

J’ai dû monter mon équipe seule, c’est un travail de ouf. C’est quelque chose que je n’avais jamais fait avant, comment procéder… Mes manageurs m’ont présenté des gens, j’ai une agence de booking à Londres qui est super, et un super tourneur !

Je suis hyper touchée de rencontrer des gens qui croient en mon projet ! Ça rassure et ça motive encore plus. Il y a encore des moments où j’ai des doutes, des peurs, où je n’ai pas confiance en moi… Je me pose toujours 10.000 questions parce que je suis quelqu’un de perfectionniste et de très exigeante avec moi-même. Ça fait chaud au cœur de voir que ton équipe est derrière toi !

L’indépendance c’est une liberté totale.
C’est une sensation incroyable de se sentir libre.
J’adore, j’ai l’impression de voler !

Taloula

L’indépendance pour toi, ça représente quoi ? 

Ça représente une grande liberté humainement, mais aussi artistiquement. Il y a forcément plus de challenges. J’ai dû créer ma boîte, monter mon équipe, réfléchir à comment financer mon projet. Ce qui ne m’est jamais arrivé avant. C’est plus artisanal, authentique. C’est ce qui me correspond le mieux !

L’indépendance c’est une liberté totale. Par contre, ça fait extrêmement peur, tu as l’impression de sauter dans le vide, c’est vraiment un truc de fou mais c’est ce qui permet de réussir à combattre les peurs. C’est une sensation incroyable de se sentir libre. J’adore, j’ai l’impression de voler ! 

Justement, il y a de plus en plus d’artistes qui ont décidé de faire le choix de l’indépendance après avoir été suivi par une maison de disques. Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil pour les artistes qui doivent recommencer de zéro après avoir été entouré par 20 personnes durant des années ? 

Il faut déjà apprendre à se connaître réellement pour faire un projet qui ressemble à ce qu’on est artistiquement. Ça peut arriver, des artistes qui n’ont pas encore réussi à se connaître et à faire réellement ce qui veulent et ça peut se ressentir à travers leur musique parce que ça ressemble à un tel. Je pense que c’est important quand tu es en indépendant d’avoir ta propre identité. 

Après, j’avoue que c’est dur de se connaître. C’est un vrai taff qui demande beaucoup de temps ! Il ne faut pas lâcher, réfléchir à comment gérer l’indépendance surtout, être organisé 😀, être bien entouré et puis foncer ! Ce que j’ai appris c’est qu’il ne faut pas que la peur guide tes choix. Il faut accepter cette peur, la comprendre et passer à travers. Tu as tout gagné quand tu as réussi à faire ça. 

Dans ton passé, j’ai constaté que tu avais une accroche particulière avec Los Angeles. Aujourd’hui tu es basée à Londres. Qu’est-ce qui te séduit finalement le plus dans cet esprit londonien ? 

Quand j’avais 19 ans, je me rappelle très bien, j’avais dit à ma première productrice “Je veux partir à Londres, faire mon projet en anglais”. J’étais fan de pas mal d’artistes anglais, je trouvais qu’il y avait une richesse musicale qu’il n’y a pas forcément aux États-Unis, surtout en termes de soul. Aux États-Unis c’est très sophistiqué, c’est “à l’américaine”, toujours plus… À Londres, il y a un côté plus roots, plus authentique, que j’aime beaucoup. Ça a confirmé ce que je pensais quand je suis venue un mois en juillet. J’ai vraiment découvert la ville et l’univers musical. J’ai fait beaucoup de jam, j’ai rencontré beaucoup de musiciens, de chanteurs. J’adore ! 

Les gens sont hyper simples, authentiques. À Londres, il y a toutes les cultures, tous les pays qui sont réunis.  Quand tu vas dans des jam et que tu vois tous ses artistes sur scène qui ont leur influence, leur culture. Tu le ressens dans leur musique, dans leur manière de jouer. C’est une richesse musicale incroyable ! Ça me passionne.

Depuis petite, je me suis toujours sentie citoyenne du monde. Je n’ai jamais voulu me représenter en tant que israélienne, yéménite ou en tant que française parce que, vraiment, quand je voyage dans un pays, je me sens enracinée dans la culture. J’arrive très vite à m’intégrer ! 

Je fais de la musique pour réunir les gens
et essayer de leur faire du bien,
de leur ramener une certaine positivité.

Taloula

Justement, il y a plusieurs cultures, les personnes semblent être ouvertes d’esprits d’après tes propos. Comment ils réagissent vis-à-vis de ton projet ? 

C’est fou parce que comme je te disais, je faisais pas mal de jam session et parfois je chantais mon morceau, je leur expliquais mon histoire. Je leur disais “J’ai grandi à Paris, j’étais une chanteuse connue en France 😀, j’ai sorti quatre albums et là j’ai envie de faire mon petit projet à moi, en indépendante”. 

Je chante ma chanson et on est venu me voir en me disant “You’re so brave”. C’est incroyable ! Ils sont là à t’encourager encore plus. À Londres, les gens sont très sensibles aux personnes qui se connectent à eux-mêmes. Tu le ressens musicalement ! 

À l’heure d’aujourd’hui, que ce soit en France ou ailleurs en Europe, quel est le message que tu veux que les personnes retiennent en t’écoutant ? 

C’est dur comme question ! Il y a un truc qui est en moi depuis très jeune. J’ai toujours été comme ça même en tant que Tal, je suis quelqu’un de très généreuse, j’ai toujours voulu faire du bien aux autres. J’ai vraiment cette sensation de vouloir guérir les gens.

Si je fais de la musique ce n’est pas par hasard, je fais de la musique pour réunir les gens et essayer de leur faire du bien, de leur ramener une certaine positivité. C’est quelque chose qui me rend vraiment heureuse, quand j’arrive à faire du bien aux gens. Quand je suis sur scène, c’est ce que je vois et ça fait du bien de le voir. C’est très gratifiant. C’est vraiment ancré en moi ! 

aficia est précurseur de nouveaux talents. Est-ce que toi, tu as un artiste à nous faire découvrir

C’est une artiste incroyable, elle a sorti un album mi-septembre. Elle s’appelle Anaiis et son album ‘This Is No Longer A Dream‘. Elle habite à Londres. Elle a un univers incroyable ! C’est un mélange entre Solange, Daniel Cesaer… Je conseille à toutes les personnes qui vont lire l’interview d’aller écouter son album.