Frank Ocean en pleine tourmente avec le géant Universal Music

Le départ de Frank Ocean du giron d’Universal illustre bien la guerre que se livrent en coulisses les grands acteurs de l’industrie musicale. On fait le point sur ce nouvel épisode avec aficia.

Après les artistes qui livraient bataille contre les diffuseurs pour une meilleure répartition des droits d’auteur, puis la fronde menée contre YouTube et son propriétaire Google, accusé de passivité envers les vidéos exploitant illégalement des œuvres sans rien reverser à leurs auteurs, c’est un nouvel épisode de la lutte acharnée que se livrent les différents acteurs de l’industrie musicale qui vient d’éclater.

Le subterfuge de Frank Ocean

À l’origine des faits, la sortie simultanée de deux œuvres de la nouvelle pépite du R&B, Franck Ocean. Alors que les fans attendaient la venue de son deuxième album après Channel Orange, sorti en 2012, c’est Endless, un album video de 45 minutes, qui faisait son apparition en ligne sur le site Apple Music. Une production qui mettait fin à l’engagement qui le liait au label Def Jam, filiale du géant Universal. Un événement qui n’aurait pu paraître qu’une péripétie, sauf que deux jours plus tard paraissait Blonde, un vrai album cette fois, mais produit par le propre label de l’artiste, récemment créé, Boys Dont Cry, et surtout uniquement disponible en exclusivité sur le diffuseur iTunes.

La réponse d’Universal

Un revirement que n’apprécie pas du tout Lucian Grainge, le PDG d’Universal Music Group. Celui-ci, en réaction, a envoyé un mail aux diverses divisions et labels du groupe pour demander l’arrêt total des sorties d’albums d’artistes de la firme en exclusivité sur tous les sites de streaming comme Spotify, Apple Music, Tidal et autres diffuseurs.

Si l’on résume simplement, on a d’un côté un artiste qui, pour se libérer, envoi un album en bois à son label d’un côté, et de l’autre, donne un véritable album à un diffuseur, qui fait un gros chèque, qui n’est pas en bois lui, pour s’en assurer l’exclusivité. Chèque dont une partie servira à l’artiste pour rembourser le label sur les frais avancés pour les enregistrements afin que celui-ci ne puisse rien lui réclamer par la suite.

Une histoire de gros sous

D’un côté nous avons les majors dépensent énormément pour la création et la promotion de leurs artistes et attendent légitimement un retour sur investissement. De l’autre, les diffuseurs, comme Apple ou Spotify, souhaitent récupérer des artistes pour leur propre compte, mais qui en les réservant à leur seul site, limitent les possibilités d’exploitation et de revenus des œuvres. Enfin, les artistes qui veulent s’affranchir de la tutelle des majors et doivent trouver d’autres moyens de production et de diffusion, auxquels les sites de streaming, en réclamant l’exclusivité, n’offrent qu’une alternative limitée.

Bien entendu, tout cela n’est au final qu’une question de gros sous, au vu des sommes colossales mises en jeu, dont le seul véritablement perdant est l’auditeur. Mais cela n’est visiblement pas vraiment le problème puisque lui, tout ce qu’on lui demande , c’est de payer. Le fait de payer pour une oeuvre, musicale ou non, est une logique élémentaire. Mais multiplier les exclusivités sur des sites de plus en plus nombreux limite la diffusion et la découverte dans des circuits légaux.

Une lutte fratricide, qui, au bout du compte, ne fait qu’encourager les circuits illégaux au lieu de ramener vers eux ceux sans qui ils ne seraient rien, c’est-à-dire le public. Mais ça c’est une autre histoire…