Nous avons écouté « Honeymoon » de Lana Del Rey…

On ne présente plus la sirène enchanteresse qui s’est échouée -non par hasard- sur la scène musicale il y a de ça déjà presque 5 ans. Après « Ultraviolence », son dernier album en date, Lana Del Rey nous présente « Honeymoon ». Voyons voir ce que nous avons retenu de ce voyage en lune de miel avec la jolie et fascinante chanteuse sur aficia…

On connait Lana Del Rey pour ses coupes rétro des années 50, ses lèvres pulpeuses, ses clips vintage et son goût prononcé pour les phrasés mélancoliques. Avec son premier single « High By Beach », on sentait un virage musical franchement orienté vers la pop minimaliste mais contre toute attente, après l’écoute complète de ce nouvel album, une chose est sûre, la chanteuse américaine (de son vrai nom Lizzy Grant) ne prend pas le contre-pied attendu.

La pop acidulée, le nouveau crédo de Lana Del Rey ? Pas sûr…

Bien au contraire, cet album s’ouvre un titre éponyme intitulé « Honeymoon », une ballade nous entraînant avec délice dans une atmosphère vaporeuse et enivrante. On reconnaît d’emblée la marque de fabrique de l’artiste : murmures hypnotiques et tendres susurrements au coin de l’oreille sont au programme. Porté par le son d’un violon donnant un côté authentique et assez intimidant -il faut bien le dire- au titre, la voix de cette magicienne est à sa place, s’exprimant aussi pleinement dans les ténébreux graves que dans les lumineux aigus.

S’enchaînent « Music To Watch Boys To » et « Terrence Loves You », deux morceaux planants à souhaits dont seule Lana Del Rey et sa diction nonchalante ont la recette. Mais à la fin de chaque titre, on hausse les yeux au ciel, déjà coutumiers de cette proposition que nous sert la chanteuse depuis des années maintenant.

Là où « Freak » est traînant et paresseux, nous laissant  à chaque fin de couplet dans l’attente d’un refrain plus dynamique, « God Knows I Tried » n’est pas désagréable mais ses accords de guitare nous laissent penser qu’il aurait pu figurer sur l’opus précédent que cela ne nous aurait pas étonné plus que ça  … 

Et si « Art Deco »  nous surprend par son beat électro plus prononcé et son refrain convaincant, « Religion » nous plait par les envolées lyriques qui ponctuent le morceau, nous donnant envie de clore les paupières et de sombrer encore un peu plus dans les limbes du plaisir auditif. Mais rien de nouveau, le style de Lana Del Rey reste traînant, manquant même parfois de volonté.

Lana Del Rey nous offre de(ux) jolies surprises !

Puis, après avoir un peu boudé, vient l’apothéose qui ne peut que nous éclabousser d’enthousiasme. Lana Del Rey déverse tout son talent en le concentrant dans un morceau qui est sans l’ombre d’un doute le point culminant de son album : « High By The Beach ». Habité, intelligent et accompagné d’un superbe clip relatant la fuite continuelle à laquelle sont exposés les artistes pour échapper aux paparazzis, LDR -pour les intimes de la diva- signe un tube pop magnifiquement efficace. Sans conteste le morceau à côté duquel on ne peut se permettre de passer !

De plus, avec « Salvatore », Lana Del Rey signe un morceau qui aurait sans nul doute été le parfait second single de son album. Nous emmenant en Italie, sur les routes tracées entre les vignes, la chanteuse fait tourner une image au ralenti en boucle dans notre cerveau : celle de ses cheveux fouettés par le vent à l’arrière d’un Vespa, ses deux bras étreignant un homme ténébreux par la taille et sa voix lui susurrant tout son amour et son admiration au creux du cou pour lui finalement lui dire adieu (« ciao amore »).

Un final plus contrasté pour « Honeymoon »

« The Blackest Day » est typiquement un des titres intégrant l’univers sombre que la chanteuse défend. On a beau vouloir lui reprocher son manque d’originalité, le morceau est diablement percutant. La voix de Lana Del Rey y est céleste, envoûtante et on fond encore un fois.

La reprise de Nina Simone sur « Don’t Let Me Be Misunderstood » clôt brillamment un opus dans lequel Lana Del Rey se révèle studieuse sans pour autant être surprenante. Elle y délivre à la perfection ses prouesses antérieures : de jolies berceuses inspirées qui nous parlent d’amour, de déception mais sans aller voir vraiment plus loin.

Alors on pourra le juger lisse au regard des albums qu’elle nous a déjà présenté et rester quelque peu fâché contre la fiancée de tous les amoureux de jazz, de soul et de rock mielleux mais cet album ne décevra pas les plus grands fans de la chanteuse. Il lassera, à la rigueur, et fera que l’on préférera n’écouter seulement que certains morceaux (bien sélectionnés) plutôt que d’écouter tout l’album d’une traite. Mais après tout, n’était-ce pas déjà le cas ? Qui peut se targuer d’avoir écouté, de longue haleine, tout un album de Lana sans jamais s’être ennuyé (si ce n’est endormi!)  ? 

Le propre de l’artiste étant de créer, Lana Del Rey semble se complaire dans la reproduction plus que dans dans l’évolution. Les originaux « Salvatore », « High by The Beach » et « The Blackest Day » sauvent clairement cet album et nous permettent de modérer notre propos en prononçant un verdict plutôt positif et optimiste sur une artiste qui nous cache encore bien des trésors insoupçonnés. Courant le risque de servir de musiques de fond soporifiques à des scènes de séries ou de films, les morceaux de Lana Del Rey, même ceux sans prétentieux, gagneraient à être colorés par différentes tonalités et d’autres styles, à la manière de son tout premier album (Born To Die).

Cependant, alors que l’on soupirait au début -appréciant certains morceaux mais comprenant que Lana Del Rey ne ferait aucun écart non dérogerait à ses principes- au terme de cette écoute, on se sent un peu coupable d’avoir apprécié. En effet, dans le fond, est-ce qu’on en veut à Lana Del Rey de ne pas faire différemment ? On se le demande encore … Car ce qu’elle fait, elle le fait toujours, mais toujours aussi bien ! Si bien qu’elle nous fait douter de nos attentes et que cela fait baisser notre niveau d’exigence envers elle. Il parait que même les plus pugnaces des pirates ne pouvaient résister au chant des sirènes. On peut se réconforter en se disant que nous ne sommes pas ses premières victimes, ça console …

Découvrez « Honeymoon », le nouvel album de Lana Del Rey :