Le Melodifestivalen en Suède, l’antichambre du concours de l’Eurovision

Depuis 1959, le Melodifestivalen est plus qu’un événement, c’est une véritable institution et le passage obligé pour tous les prétendants à l’accession au concours annuel de l’Eurovision. Découvrons en un peu plus sur cette grand messe médiatique avec aficia.

A l’heure où fleurissent sur nos écrans les émissions de télé-crochet en tout genre comme The Voice, Nouvelle Star, Star Academy, X Factor et autres, la France devrait bien s’inspirer du modèle suédois, avec son émission phare le Melodifestivalen, pour désigner son représentant au grand concours annuel de l’Eurovision. En effet, si la France peut se targuer d’avoir remporté cinq fois le concours, il faut toutefois tempérer les ardeurs en rappelant que la dernière victoire française remonte quand même à 1977, avec le titre « L’oiseau et l’enfant » de Marie Myriam, c’est vous dire si cela commence à dater.

Pour le public, nos artistes semblent choisis on ne sait trop comment, ni même par qui d’ailleurs, sauf peut-être pour les professionnels gérants seuls les sélections et les nominations. Si l’année dernière, le choix revenait à la seule directrice des programmes de divertissement de France télévision, Nathalie Andrée, il semble que l’on soit reparti sur les mêmes bases cette année avec une formule de sélection dont le public est exclu et n’a pas le droit à la parole. Résultat, un désastre, puisque l’on nous sort des artistes improbables et des titres qui le sont parfois encore plus, ou en total décalage avec l’esprit du concours. Des choix auxquels le public ne peut s’identifier, d’où sa désaffection de plus en plus flagrante, et des artistes qui se font allègrement découper sitôt leur nom connu. Autant dire qu’après le tollé général engendré l’année dernière dans les médias et sur les réseaux sociaux suite à la sélection et la performance de la représente française, il vaudrait mieux ne pas se rater cette année sous peine d’un nouveau lynchage. Que l’on ne remporte pas le concours soit, à cause notamment des « copinages » ou affinités géopolitiques récurrents chaque année, mais si l’on pouvait éviter les naufrages de ces dernières années, les Twin Twin bons dernier en 2014 ou Lisa Angell 25e sur 27 l’an dernier, ce serait déjà bien.

Le modèle suédois

Si la plupart des pays participants au concours organisent des pré-sélections largement médiatisées, le modèle suédois est la référence du genre avec son Melodifestivalen qui existe depuis 1959. Organisé par la télé et la radio, ce programme est devenu, depuis l’an 2000, le plus populaire dans le pays et a permis à la Suède de remporter six fois le titre et de se classer à trente-quatre reprise dans le top dix du concours, révélant au passage des artistes comme le groupe ABBA avec la carrière que l’on sait. Rien que ces cinq dernières années, la Suède remportera deux fois le concours avec Loreen et son titre « Euphoria » en 2012 puis l’année dernière avec Måns Zelmerlöw et son superbe « Heroes ».

Le Melodifestivalen est, de plus, un événement qui a su se développer, s’adapter et se moderniser au fil des années. Si au départ le nombre de participants variait de cinq à douze participants, dont la sélection ne dépendait que d’un jury de professionnels, il en compte aujourd’hui trente-deux et l’élection du vainqueur revient pour moitié à un jury de professionnel et pour moitié au vote du public depuis 1999. Une formule plutôt efficace et un bon compromis aux vues des résultats des lauréats et de l’audience des émissions retransmettant ce Melodisfestivalen.

Si la Suède a remporté le titre l’année dernière, cette édition 2016 du Melodifestivalen semble à nouveau un très bon cru si l’on se réfère à quelques-uns des artistes présents aux sélections. N’oublions pas aussi que si la récompense suprême est la qualification pour représenter leur pays à l’Eurovision, ce Melodifestivalen et surtout une formidable chance de se faire connaître médiatiquement et de pouvoir produire des disques ou de se faire repérer dans ce but. À ce titre nous vous proposons trois exemples illustrant la qualité de ce concours et le talent des artistes représentés.

Les femmes à l’honneur pour l’édition 2016

On commence avec Krista Siegfrids qui, bien que finlandaise, participait au concours cette année et atteindra le stade des demi-finales avec « Faller », un titre pop très rythmé et énergique, mais qui ne lui aura pas suffi à aller plus loin, c’est vous dire le niveau. Notons aussi que le fait qu’elle ne soit pas suédoise a certainement dû jouer aussi :

À venir ensuite Molly Pettersson, jeune chanteuse de vingt ans, qui participa à l’émission Idol en 2011 où elle finit quatrième avant de se présenter une première fois au Melodifestivalen en 2015 et atteint le stade des demi-finales finissant à la sixième place. Elle revient donc cette année avec le titre « Hunger », tout un programme, un petit bijou pop mélodique sur fond d’electro qui lui permet de franchir le cap des demi-finales et d’accéder à la prochaine étape au mois de mars :

Enfin Isa qui se révèle peut-être une des meilleures chances de remporter le concours cette année. Finaliste de l’édition 2015, cette jeune femme de dix-sept à tous les atouts pour gagner. Un physique avantageux, une présence scénique remarquable et surtout un titre « I Will Wait » qui a tout pour plaire. Le titre est une ballade pop à la fois mélodique et puissante qui risque bien d’en séduire plus d’un et de procurer de belles émotions. Un morceau vraiment taillé pour l’Eurovision qui lui a pour l’instant ouvert les portes de l’étape du mois du mars, en espérant la retrouver au bout de la compétition :

Avec ces quelques exemples, il parait indéniable que la Suède risque fort bien de faire encore un carton cette année, même si l’on sait qu’un pays a peu de chances de remporter deux années de suite la compétition, les paris sont ouverts. Une formule de sélection que la France serait bien inspirée de prendre en exemple et nous éviter une nouvelle déroute, qui si elle avait pu nous faire rire jusque-là, risque carrément de nous lasser en cas de nouvel échec.